-Alger, la casbah :
1.-La forteresse de la Kasba
1592-1830

L'Afrique du Nord illustrée 12-7-1930- Transmis par Francis Rambert

La forteresse de la Kasba
1592-1830

De tous les vieux monuments militaires de l'ancien Alger, il n'y en a peut-être pas un de plus intéressant que la forteresse de la Casba, ce type de l'art militaire au XVIème siècle.

Avant la construction de cette citadelle en l'année 1591-1592, il existait déjà une citadelle antique qui remontait à l'origine de la création de la cité gréco-romaine, puisque le nom antique de la ville d'Alger vient du grec Icos, qui veut dire vingt et qui se rapporte bien à la vieille tradition du IVème siècle après J.-C. qui voulait que cette ville ait été fondée par vingt colons grecs. Cette tradition est relatée du reste par Caïus Julius Solinus qui vivait en l'an 320 de notre ère...

L'on sait que lorsque les Grecs fondaient des colonies, après la cérémonie de la consécration du feu sacré, ils procédaient aussitôt à la construction d'une citadelle afin d'assurer la défense de la cité naissante, cette construction était faite sur un plateau élevé, ainsi qu'il en existait un dans le voisinage de la Mosquée Sidi-Ramdan, laquelle de temps immémorial fut désignée sous le nom de Djama-el-Kasbah-el-Kedima (Mosquée de la vieille Kasba...).

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mai 2021

2.-
La forteresse de la Kasba

Forteresse de la Kasba.

En parlant de la Forteresse de la Kasba, nous touchons à l'un des points les plus anciens de l'histoire de la ville d'Alger.

Sommet culminant de la ville, que le colonel de Lamothe désigne comme la terrasse géologique de 115 mètres, il est évident que ce vaste plateau, dès son origine, tenta les premiers colons grecs qui vinrent au VIIe ou VIIIe siècle avant Jésus Christ et s'établirent, au nombre de vingt, dans le lieu qui devait, après bien des siècles, devenir la ville d'Alger.

Il y avait à ces époques reculées un cérémonial toujours observé lors de la fondation de colonies, qu'il est peut-être bon de rappeler et qui éclairera un peu la légende des vingt compagnons d'Hercule.

Voici la façon dont les Grecs fondaient leurs colonies et dont fut fondée Icosion, latinisée plus tard en Icosium (Alger).
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L'Afrique du Nord illustrée 22-9-1934- Transmis par Francis Rambert
juin 2021

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La forteresse de la Kasba

La forteresse de la Kasba
1592-1830

De tous les vieux monuments militaires de l'ancien Alger, il n'y en a peut-être pas un de plus intéressant que la forteresse de la Casba, ce type de l'art militaire au XVIème siècle.

Avant la construction de cette citadelle en l'année 1591-1592, il existait déjà une citadelle antique qui remontait à l'origine de la création de la cité gréco-romaine, puisque le nom antique de la ville d'Alger vient du grec Icos, qui veut dire vingt et qui se rapporte bien à la vieille tradition du IVème siècle après J.-C. qui voulait que cette ville ait été fondée par vingt colons grecs. Cette tradition est relatée du reste par Caïus Julius Solinus qui vivait en l'an 320 de notre ère...

L'on sait que lorsque les Grecs fondaient des colonies, après la cérémonie de la consécration du feu sacré, ils procédaient aussitôt à la construction d'une citadelle afin d'assurer la défense de la cité naissante, cette construction était faite sur un plateau élevé, ainsi qu'il en existait un dans le voisinage de la Mosquée Sidi-Ramdan, laquelle de temps immémorial fut désignée sous le nom de Djama-el-Kasbah-el-Kedima (Mosquée de la vieille Kasba...).

Cette vieille Kasba remonte-t-elle à une époque si lointaine ? L'histoire est muette sur ce point ; ce qui est certain, c'est qu'en l'année 1915, l'on découvrit au pied du bastion construit en 1572-1573, par un corsaire du nom de Yaya Arraez, les fondations d'une tour antique de forme demi-ronde comme on les construisait à l'époque gréco-romaine, et que dans cette partie de quartier d'après des titres de propriété arabe l'on trouva signalée l'expression singulière des Tombeaux des Enfants du roi. Ce qui confirmerait à nouveau cette expression, c'est la même formule de " Sepolcro del Figliolo di Sarifo ", portée sur deux plans anciens, l'un remontant à l'année 1572-73 et l'autre à l'année 1610, soit "Tombeau des Enfants de Sarifo" ? Il nous a été impossible de trouver la signification de ce dernier nom. Qu'était ce Sarifo ?

Plus tard, les Turcs construisirent sous le règne de Mohammed et de Kheudeur, fils de ce dernier la Kasba actuelle, ainsi qu'il en résulte de l'inscription qui surmonte la porte à la chaîne, indiquant que cette Kasba fut terminée en l'année 1591-1592. Un historien de l'époque, le Bénédictin Haedo, qui fut esclave à Alger, nous dit qu'entre les deux murs se trouvaient quelques maisons habitées par des anciens janissaires qui avaient la garde de l'Arsenal.

En étudiant bien les anciens plans, nous voyons qu'il y avait aussi un endroit où se tenaient les esclaves chrétiens en attendant que l'on distribue le travail : " Loco dove s'allogliano Christiani per andar a lavorare".

C'est donc entre 1550 et 1592 que fut édifiée la Kasba actuelle, à laquelle fut faite de nombreuses modifications au cours des âge.

Nous ne pouvons faire une étude détaillée de cette forteresse, nous signalerons simplement quelques faits principaux.

Le Divan tenait ses séances dans cette Kasba le samedi de chaque semaine, et le dimanche, le lundi et le mardi, les séances se tenaient au Palais de la Djenina, les indigènes qui voulaient obtenir justice du Dey venaient secouer la chaîne de la porte en criant ou plutôt en hurlant " Chera Allah " (la loi de Dieu). Au-dessus de cette porte, il y avait un magnifique auvent sculpté qui protégeait de la chaleur les gardes du pacha, au-dessus de cette porte se voyait un encorbellement tapissé de carreaux de faïence blancs et jaunes et blancs et verts soutenu par sept rondins, et percé de deux fenêtres grillagées, une au Sud et une à l'Est, et de six lucarnes, cinq au Sud et une à l'Est. C'est dans cette partie qu'était dressé le mât de pavillon de la citadelle, terminé par une boule creuse en cuivre élevée de 148 m. 20 au-dessus de la mer. Le drapeau que l'on arborait était, les grands jours de fête, de forte dimension, vert brodé d'or.

Il y eut, dans cette Kasba, bien des scènes de carnage très sanglantes, l'incendie en détruisit plusieurs parties, les Koulouglis firent sauter la poudrière et la plupart des conjurés furent ensevelis sous les ruines en l'année 1629 sous Hussein Khodja.

L'avant-dernier dey d'Alger quitta le Palais de la Djenina pour habiter la Kasba, en emportant le trésor de la Régence. Ce fut au rez-de-chaussée, dans la cour du palais de la Kasba que le dernier Dey Hussein frappa le Consul français Delval d'un coup d'éventail, ce qui nous valut la prise d'Alger en 1830.

Il y a des spécimens curieux d'Art musulman dans ce palais, malgré les restaurations malheureuses qui ont été faites à différentes époques. L'on remarque notamment la porte d'entrée à pointes de diamant, connu sous le nom de porte à la chaîne, une autre porte en entrant qui se trouve à gauche décorée de marbres de couleurs, puis la tour octogonale décorée de faïences en damier, en face l'on remarque une porte datant de l'époque romaine, qui est très bien conservée, les serrures anciennes méritent un moment d'attention, puis en passant dans un couloir à angle droit, l'on arrive dans la cour du palais, c'est dans cette cour que se trouvait la fontaine appelée fontaine Garoué, actuellement au Cercle Militaire. C'est sur le bord de cette merveilleuse fontaine munie d'un jet d'eau que fut sciée la tête de l'interprète Garoué, en 1830, par ordre du Dey Hussein, cette fontaine était à main gauche au fond de la cour en entrant.
C'est en face, sous la galerie que siégeait le Divan et c'est à cet endroit que fut donné le coup d'éventail. Sous la galerie du fond de la cour se trouvaient les caveaux où était renfermé le fameux trésor d'Alger qui, au moment de la prise de la ville, se montait à la somme de 48 millions 684 mille francs. Au premier étage, au-dessus du trésor, logeait le Harem qui occupait tout un quartier et trois cours. Les appartements du Dey étaient à côté et donnaient sur la galerie. Dans le harem étaient les bains qui s'ouvraient sur une cour. Il y avait aussi une mosquée qui fut appelée la Salle du Trône où est actuellement une exposition rétrospective du Vieil Alger.

Il y avait aussi le quartier des nourrices gardé par des eunuques.

Il faudrait tout un volume pour décrire un peu en détail ce qui reste de cette citadelle qui est un des types le mieux conservé de l'architecture militaire du XVIème siècle.

Henri Murât,
ingénieur.



2.- La forteresse de la Kasba

Forteresse de la Kasba.

En parlant de la Forteresse de la Kasba, nous touchons à l'un des points les plus anciens de l'histoire de la ville d'Alger.

Sommet culminant de la ville, que le colonel de Lamothe désigne comme la terrasse géologique de 115 mètres, il est évident que ce vaste plateau, dès son origine, tenta les premiers colons grecs qui vinrent au VIIe ou VIIIe siècle avant Jésus Christ et s'établirent, au nombre de vingt, dans le lieu qui devait, après bien des siècles, devenir la ville d'Alger.

Il y avait à ces époques reculées un cérémonial toujours observé lors de la fondation de colonies, qu'il est peut-être bon de rappeler et qui éclairera un peu la légende des vingt compagnons d'Hercule.

Voici la façon dont les Grecs fondaient leurs colonies et dont fut fondée Icosion, latinisée plus tard en Icosium (Alger).

Nous voyons, d'après l'historien Julius Caïus Solinus, qu'Hercule, explorateur grec vint fonder Icos ; nous retrouvons plusieurs fois trace de cet Hercule, sur le littoral méditerranéen, jusqu'à Tolède et aux Colonnes d'Hercule, aujourd'hui le détroit de Gibraltar. On y lit que ses vingt compagnons choisirent un emplacement et y élevèrent des murailles, puis, selon le cérémonial usité en la circonstance, allumèrent le feu sacré, avec du feu apporté d'un sanctuaire de la ville d'où ils venaient.

La ville d'Icosion fut édifiée 7 à 800 ans avant notre ère, ayant, comme la plupart des villes grecques, un côté à pic d'où l'on précipitait les condamnés à mort. Il y a quelques années notre ami regretté l'ingénieur Bizet avait retrouvé, lors de la construction des casernes d'Orléans, des vestiges de tours rondes avec des soubassements carrés et des restes de vieilles poteries. Nous avons retrouvé à Alger des chapiteaux grecs qui portaient des Cariatides.

Afin de mieux assurer la défense de la ville les forteresses étaient, comme on le voit dans plusieurs villes de la Grèce antique, entourées de rues à escaliers placées en éventail et fermées en hauteur par des portes désignées sous le nom de portes de quartier. Il en existe encore à Alger, dans la haute-ville, dont la plupart sont voûtées comme l'étaient les rues des villes antiques.

Le souvenir s'est conservé très longtemps d'appellations royales telles que : Tombeaux des enfants du roi, d'anciennes Kasba comme la Kedima-el-Kasba.
Mais ce qui est intéressant et dont aucun historien n'a fait mention c'est l'existence d'un tombeau grec, qui se trouvait encore visible eu XVIe siècle, celui de l'enfant de Zaripha, il était situé près de la porte de secours donnent dans la campagne. Quel était cet enfant ? Nous savons, d'après des citations découvertes par M. Devoulx dans des anciens titres de propriétés voisines d'un cimetière, que celui-ci renfermait les Tombeaux des enfants du Roi. Ce qu'il y a de certain c'est que ce nom de Zariphû est grec et que si ce tombeau fut conservé jusqu'au XVIe siècle c'est vraisemblablement eue cet enfant appartenait à une souche princière.

On ne commença à construire de nouveaux bâtiments sur l'emplacement de la plus ancienne forteresse qu'après l'arrivée des Turcs à Alger. La nouvelle Kasba qui remplaça le Kasba-el-Kedima fut construite entre les années 1555 et 1592. C'est à cette époque que fut placée la porte de style romain provenant d'un ancien édifice que l'on voit aujourd'hui. Il existe d'anciennes colonnes en marbre antique, soit grecques, soit romaines, disséminées dans la forteresse et dont l'étude est à faire en détail. En 1579, les fortifications comprenaient sept tours carrés reliées par des courtines appartenant à l'architecture militaire du XIIe au XIVe siècle et élevées probablement par l'émir Abou-Tachefin, le même qui édifia le minaret de la Grande Mosquée.

Car, nous disent deux manuscrits arabes, vers l'année 1320 Abou Tachefin revenant d'une expédition de Bougie, pour ne pas laisser son monde oisif l'occupa à construire une enceinte assez spacieuse, une mosquée qu'on appelle encore la Grande Mosquée dont le minaret fut achevé le 15 juillet 1323, et une Topane dite de Sidi Ramdan. Cette Topane était un arsenal que plus tard l'on appela la Kasba-el-Kedima. Peut-être cet arsenal succéda-t-il à l'ancienne forteresse construite par les premiers occupants, car c'était la coutume de réemployer les matériaux anciens.

L'on voit sur la reproduction " Algieri fortificato " de l'année 1579, deux bastions, à droite et à gauche, appelés boulevards, remplaçant d'anciennes tours carrés du XIVe siècle. Sous le n°40, le Tombeau de l'enfant de Zaripha, l'emplacement du cimetière des Enfants du Roi. Sur un autre plan de 1576 on lit, au-dessus des tours carrés, le nom latin Armamentaria qui veut dire arsenal, lieu où l'on dépose les munitions de guerre pour la défense des villes.

C'est tout ce qui concerne l'inconnu de la Forteresse de la Kasba. Des fouilles exécutées avec méthode apporteraient certainement des découvertes intéressantes pour l'histoire de la ville d'Alger, surtout pour ce qui a trait à ses origines grecques.