LE TEMPLE PROTESTANT DE LA RUE DE CHARTRES
Lorsque l'architecte, M.
Guiauchain, construisit, en 1845, le temple de l'Église réformée
de France rue de Chartres, nul n'avait songé au développement
que prendrait Alger et l'usage qu'on ferait de cette artère étroite,
embouteillée et souvent malpropre.
" Située jadis dans le quartier aisé de la jeune
ville française, l'église de la rue de Chartres disparaît
aujourd'hui dans une véritable cour des miracles et le dimanche,
il faut presque jouer des coudes pour atteindre le porche encombré
par les mendiants et les marchands ambulants ", écrit dans
un rapport, M. le pasteur Chatoney
Si bien qu'il a fallu protéger l'entrée d'une grille en
fer.
D'un style simple, le sanctuaire s'honore cependant d'une façade
assez originale qui ressemble un peu à la " Madeleine "
de Paris, elle rappelle surtout l'église de la rue Grignan, à
Marseille.
Le portique, au fronton duquel est gravée l'inscription : "
Au Christ rédempteur ", repose sur quatre colonnes
d'ordre toscan.
L'intérieur, aux lignes sobres, est riche de souvenirs. De grandes
cérémonies se déroulèrent, depuis que le
comte Guyot inaugura le temple. Citons, par exemple, la mémorable
distribution des prix, le 1er août1853, de l'école protestante
dirigée par Mme de Costeplane. Le préfet Lantour-Mézeray
présidait la cérémonie entouré de M. Duval,
inspecteur d'Académie, du général Chabaud-Latour
et de nombreuses personnalités.
C'est dans ce temple, qu'eurent lieu les obsèques du ministre
malgache Rainilaïrivony (17 juillet 1896), de la princesse Razindranoro
(9 décembre 1901) et de la reine Ranavalo (24 mai 1917).
La grande galerie où chaque dimanche les chantres se rassemblent
pour ajouter, à la célébration du culte, l'harmonie
de leurs voix, ne résout plus le problème que soulève
l'exiguïté de l'édifice.
Celui-ci n'a guère que 350 places, ce qui est insuffisant depuis
la suppression de la chapelle de la rue Denfert-Rochereau et en raison
de l'augmentation de la population.
Aux murs, des plaques de marbre rappellent le souvenir des fidèles
et des grands bienfaiteurs de l'église réformée.
A ce propos il convient d'évoquer le nom du pasteur Sautter,
de Genève, qui créa l'oratoire de Dely-Ibrahim, celui
du pasteur Dür, de Strasbourg, qui recueillit, en Allemagne, des
fonds pour l'orphelinat de Dély-Ibrahim, et celui du pasteur
Caron, aumônier militaire.
tombe' pendant la guerre 1939-1945.
On peut remarquer, exposée sur la table de communion, une très
belle Bible offerte par la duchesse d'Orléans et que le gouverneur
général Jonnart fit classer comme pièce historique.