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DANS UN DÉCOR DACCUEILLANTE
VERDURE
Lécole professionnelle de lAir de Cap-Matifou dispose
de nouvelles installations
Une soufflerie expérimentale et la section « Appareils
de bord »
placent l'établissement à la tête de l'enseignement
professionnel
Bien des gens connaissent
lécole nationale professionnelle de lair de Cap-Matifou.
Mais ils la connaissent mal : ses bâtiments modernes contrastant
avec quelques vieilles constructions - rappel discret de la vocation
agricole du domaine où naquit le centre, voici sept ans - ont,
en effet, la valeur dun symbole : celui de lAlgérie
à lavant-garde de lenseignement professionnel.
Un internat pas comme les autres
Un calme quasi monastique règne sur ses 76 hectares. Six cent
cinquante personnes (professeurs, élèves et membres du
personnel) habitent pourtant ce village technique.
Il est administré avec une souriante autorité par M. Malaterre,
entouré de collaborateurs aussi compétents que dévoués
: MM. Longhi, Laurent, Audoire, Pauchet, Chabrol .. Un décor
daccueillante verdure, des terrains de sports et surtout labsence
de toute clôture confèrent à lécole
un cachet particulier. En vérité, les quelques centaines
de jeunes gens qui sy préparent aux carrières aéronautiques
ne doivent, à aucun moment, de sentir soumis au régime
de linternat.
Un mot, en passant sur les élèves et lenseignement
quils reçoivent : LE.N.P.A. draine toutes les jeunes
vocations, éparses en Afrique du Nord et même dans la métropole.
Elle en précise les tendances, en formant les catégories
de spécialistes quexige laviation ; mais aussi elle
se préoccupe de donner à tous ces techniciens une culture
générale parallèle.
En un mot, lE.N.P.A. est un lycée technique. Beaucoup plus
même, car les étudiants en « maths spéciales
» peuvent y faire un stage avant dobtenir en France un diplôme
dingénieur aéronautique.
Sous le signe de la précision
Cette formation technique dès ses débuts est placée
sous le signe de la précision : quelques mois après leur
entrée, les élèves savent déjà travailler
au 1-100e de mm. Cette minutie répond aux besoins de laéronautique
moderne, beaucoup plus exigeante que les mécaniques terrestres
ou maritimes.
Une récente visite à Cap-Matifou nous a permis de constater
que lécole, sous limpulsion dune direction
dynamique, a encore bénéficié de nouvelles Installations
: elle avait déjà un banc dessai de 800 CV et une
gamme de réacteurs qui en faisaient un modèle du genre.
Elle a maintenant mieux encore : une soufflerie expérimentale
et surtout une nouvelle section denseignement : les appareils
de bord.Une soufflerie aérodynamique d'un type unique en A.F.N.
Disons tout de suite que la dernière acquisition de lécole
nest pas comme pourrait le faire penser ce terme de soufflerie,
une gigantesque machine de recherches. Un ensemblage de tuyaux dorgue
et d'alvéoles où sengouffrent des cyclones déchaînés
par l'homme. Du tout : il sagit d'un outil détudes
et de travaux pratiques.
Elle est dailleurs d'un type dit « Gottingen .» (à
circuit fermé) ; il en existe deux exemplaires semblables en
Europe : lun à lÉcole des arts et métiers
de Châlons-sur-Marne ; lautre à la Faculté
des sciences de Zurich. Ses caractéristiques principales sont
les suivantes : Longueur de la veine guidée, 13 m. 15 ; diamètre
de la veine de mesure, 510 mm. : longueur de la veine de mesure, 350
mm. ; vitesse minimum du fluide, 30 m.-s soit 108 km. à
lheure ; vitesse maximum du fluide, 50 m.-s., soit 180 km.-h.
; puissance du moteur actionnant la turbine, 32 CV.
La balance de mesures est du type Lafay, elle a été construite
dans les ateliers de l'école et elle permet de déterminer
les valeurs en grandeur et en direction de la résultante générale
des forces aérodynamiques.
Dans la zone où seffectuent les mesures, la veine est libre,
ce qui permet de les effectuer à la pression atmosphérique.
Son but est de concrétiser les notions par trop abstraites -
pour le technicien moyen - de laérodynamique. Les théories
et les formules ardues de cette science, toute nouvelle, sont en quelque
sorte visualisées. Pour le plus grand bien des élèves.
Cocktail technique : horlogerie, mécanique, électricité
et électronique...
Passons maintenant à la dernière-née des spécialités
de lENPA : les appareils de bord. Le rôle de ces instruments
revêt de nos jours une Importance capitale dans la navigation
aérienne. Mais cette branche - ne court pas les écoles
professionnelles, tant sen faut - participe, aussi bien de lhorlogerie,
de la petite mécanique de précision, que de lélectricité
et de lélectronique.
En somme, un véritable cocktail de connaissances techniques.
LENPA du Cap-Matifou est, à lheure actuelle, le seul
centre national formant ces « super-spécialistes ».
Certes, cette section est toute nouvelle. Quelques semaines à
peine.
Mais déjà elle s'enorgueillit, à juste titre, de
posséder une gamme dappareils peu commune : colonnes à
mercure, cloche à vide, anémomètres, variomètres,
machmètres (pour les avions à réaction). Citons
encore les bancs dessais et déquilibrage, les tables
tournantes et oscillantes, destinés à vérifier
et à mettre au point le matériel inséparable du
pilote : gyrocompas, conservateurs de cap, horizons artificiels, pilotes
automatiques, etc... Le grand souffle de l'aviation
Le champagne de lamitié réunissait, à lissue
de la visite, M. Malaterre, quelques-uns de ses professeurs et une promotion
délèves.
Cette petite réunion avait une haute signification, car il nous
a été loisible de bavarder avec ces jeunes tous frais
émoulus dune école moderne.
La plupart dentre eux rêvent daller à Colomb-Béchar
se familiariser avec les mystérieux « Téléguidés
» de la base. Ils ont encore, au terme de six années détudes,
soif dapprendre. Soif dapprendre tout ce qui concerne laviation,
dont le grand souffle na cessé depuis un demi-siècle
dengendrer de fidèles adeptes des savants, des héros
et des martyrs.