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Une température atmosphérique de 45°,
un vent violent du Sud soufflant pendant plusieurs jours et nuits favorisèrent,
durant l'été de 1956, l'incendie de la forêt de Baïnem.
Malgré l'intervention de plusieurs centaines d'hommes les neuf
dixiemes du lotissement. soit 430 hectares, furent détruits.
Quarante-huit heures avaient suffi à annihiler les efforts tenaces
des forestiers qui, depuis la fin du siècle, avaient jusqu'ici
réussi à préserver la forêt dominicale malgré
quarante incendies plus ou moins graves (150 ha ravagés en 1893).
Ce sont deux arrêtés ministériels pris en 1852 et
1861 qui ont soumis au régime forestier les terrains domaniaux
de Baïnem alors recouverts de lentisques et de bruyères.
Il avait fallu 40 ans de labeur pour mener à terme la totalité
du boisement où eucalyptus, pins d'alep, chênes-liège,
chênes et pins maritimes dominaient.
En trente mois, les
forestiers ont reconstitué la forêt
Après une exploitation rapide des bois incendiès
qui donnèrent 13.000 stères de bois de chauffage et 13.000
m3 de bois d'uvre, les travaux de préparation du sol et de
plantation ont été entrepris six mois après le sinistre.
En un an la totalité de la surface incendiée accessible
aux tracteurs a été défoncée et un réseau
de banquettes de 150.000 mètres de longueur créé.
Puis un ensemble de tranchées parce-feu élargies de 50 mètres
et s'étendant sur 12 km. mis en place.
Ensuite les forestiers plantèrent des essences à croissance
rapide du type eucalyptus en même temps que les résineux
classiques : pins d'alep, cyprès, pins pignons, pins maritimes
et cèdres afin de permettre la reconstitution rapide de la forêt.
Actuellement les travaux de plantation de Bainem porte sur la mise
en terre de 400.000 plants.
Ainsi la forêt de Baïnem que les anciens forestiers avaient
mis 40
à établir a été exploitée et reconstituée
en 30 mois.
Déjà les Algérois ont repris l'habitude de se rendre
à Bainem. Les
parcelles d'eucalyptus sont suffisamment denses pour offrir de l'ombrage
et, d'ici trois ans la forêt aura, sur les crêtes du massif
dominant le littoral repris sa couronne de verdure.
R. SICARt.T.
(Croquis de Ch. BROUTY.)
De la forêt de Baïnem, on aperçoit
par de belles échappées la côte et le phare
du cap Caxine tels que les a croqués la plume de Ch.
Brouty, il y a trois ans déjà.
L'incendie est passé par là, on s'en souvient. Durant plusieurs
jours, des hommes courageux luttèrent contre le feu qu'activait
un fort vent de nord-est. Las pins, se tordant sous les flammes, s'abattaient
les uns après les autres. Et ce fut le désert. Mais l'Administration
des Eaux et Forêts s'est mise à l'uvre pour rendre
à la forêt son clair visage d'autrefois, et déjà,
sur les banquettes, des arbustes poussent. Petit arbre deviendra grand...
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