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-La vie et les mœurs en Algérie : conclusion
Cahier X du Centenaire de l'Algérie
par M. Pierre DELONCLE
Ancien élève diplômé
de l'école des Chartes,
Membre du Comité National du Centenaire

Publications du Comité National Métropolitain du Centenaire de l'Algérie
Alger, 1930
collection personnelle.

n.b : tous ces textes ont été passés à l'OCR, je ne les pas vérifiés minutieusement. Veuillez pardonner les erreurs éventuelles, vous pouvez même me les signaler.Merci
url de la page : http://alger-roi.fr/Alger/cahiers_centenaire/vie_moeurs/textes/conclusion.htm

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CONCLUSION


---------Nous croyons avoir, dans les pages qui précèdent, donné quelques images justes capables de faire comprendre le charme de l'Afrique du Nord. Nous aurions pu multiplier encore les citations ; nombreux sont les écrivains disparus ou heureusement bien vivants, dont nous n'avons cité aucun passage. Qu'ils veuillent bien excuser les lacunes de cette brochure aux dimensions modestes et imposées comme telles; qu'ils ne pensent pas avoir été les victimes de je ne sais quel mystérieux ostracisme.
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Il nous est arrivé souvent de citer des passages relatifs au Maroc pour faire comprendre tel ou tel trait de mœurs, telle ou telle forme de pittoresque commune à toute l'Afrique du Nord. ------
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J'espère que le lecteur ne nous en fera
le reproche, car il ne peut manquer de savoir que là où nous avons le mieux respecté le décor extérieur de la vie indigène et les mœurs indigènes, c'est dans l'empire du Moghreb. Pour revoir de nos yeux l'Algérie de Fromentin, il faut aller visiter aussi le Maroc des Chevrillon et des Tharaud. L'explication en est simple : au début de présence en Algérie, la France avait désappris la pratiqué coloniale, ou plutôt c'est depuis notre arrivée en Algérie que nous avons formé peu à peu une doctrine coloniale nouvelle. Cette doctrine est aujourd'hui fixée : elle
vise non pas l'assimilation des indigènes à notre propre civilisation, mais le respect de leurs villes, de leurs coutumes, de leur pensée, l'association de leurs intérêts avec lés nôtres. À la lumière de l'expérience acquise depuis un siècle, ne soyons pas trop sévères pour ceux qui, en Algérie, ont transformé les villes, ont un peu trop bousculé les paysages. C'est de leurs erreurs, comme de leur succès, qu'est sortie cette expérience. Puisse-t-elle nous aider sûrement désormais, puissent les hommes de demain
déférer dans toute l'Afrique du Nord au désir qu'exprimaient Jérôme et Jean Tharaud, dans une belle page écrite pour le seul Maroc. Ce sera à la fois notre dernière citation et notre conclusion
---------"Au Maroc, la claire raison du général Lyautey, et chose encore plus rare, son profond sentiment de la beauté musulmane et de la nôtre propre, s'emploient à nous épargner le spectacle de destructions imbéciles, et à faire respecter ici une noble manière de comprendre la vie, qu'ailleurs, mal avertis encore, nous avons méprisée. Dans cet immense bled qu'envahit derrière moi le crépuscule, il a construit des routes, pacifié des tribus, aménagé des ports, bâti des cités nouvelles, retenu sur le bord de l'abîme de grands vestiges du passé, que les indigènes eux-mêmes laissaient aller à la ruine, sauvé de vieux métiers, remis les artisans sur la trace de leur génie d'autrefois ; là où l'immobilité ressemblait trop à la mort, il a apporté la vie ; les sentiments du vieux Moghreb, ses traditions, ses moeurs, rien n'a été brutalisé ; et devant moi, ce soir, ces deux cités d'Islam, si paisibles sous la lumière déclinante, peuvent s'endormir dans leurs murailles, au moins avec l'illusion qu'elles ont gardé leur secret... Dans ce pays du Sultan Noir où tout est dominé par quelque influence invisible, puisse l'esprit du Général vivre toujours au fond des choses et l'emporter sur des façons brutales et des égoïsmes grossiers ! Puissions-nous ne pas déranger un seul pli au blanc linceul de chaux qui couvre Rabat et Salé ! Dans l'âge de fer où nous vivons, on ose à peine écrire qu'il est permis de tout attendre de l'intelligence et de l'amour. C'est vrai, on n'ose pas le dire, mais il faut pourtant l'espérer... (J. THARAUD. - Rabat ou les heures marocaines. Paris, Plon, in-12, p. 279 à 281.)