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-La vie et les mœurs en Algérie : deuxième chapitre
Les travaux et les jours - 2ème partie
Cahier X du Centenaire de l'Algérie
par M. Pierre DELONCLE
Ancien élève diplômé
de l'école des Chartes,
Membre du Comité National du Centenaire

Publications du Comité National Métropolitain du Centenaire de l'Algérie
Alger, 1930
collection personnelle.

n.b : tous ces textes ont été passés à l'OCR, je ne les pas vérifiés minutieusement. Veuillez pardonner les erreurs éventuelles, vous pouvez même me les signaler.Merci
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CHAPITRE II, 2ème partie

LES TRAVAUX ET LES JOURS
VII. - Les Plaisirs (suite) : la Danse

-------On peut dire qu'à certains soirs de lune toute l'Afrique danse.

-------
En Afrique Noire les danses ont le plus souvent un sens rituel, un caractère sacré. En Afrique du Nord elles présentent une sorte de paraphrase, d'illustrations en marge de l'amour; elles miment l'approche, la rencontre des amants... et même beaucoup d'autres choses. - Il est assez rare que jeunes hommes et jeunes femmes dansent ensemble. - Généralement les femmes dansent seules, plus particulièrement les célèbres Ouled Naïls, qui viennent des montagnes de ce nom et de la région de Boghar et de Boghari. Au Maroc, les danseurs Chleuhs de Marrakech sont des éphèbes vêtus de mousselines blanches et assez semblables à des enfants de chœur. Ils ne dansent jamais, même s'ils sont conviés aux mêmes fêtes, avec les danseuses professionnelles, les " chirâh ".

-------Chez les Berbères de l'Atlas, la danse est surtout un accompagnement rythmé du chant. J'ai eu l'occasion de voir au col de Tichka, à 2.400 mètres d'altitude, une soixantaine de danseuses, alignées sur un seul rang, qui parfois se refermait en cercle. Au son d'un orchestre de tambourins, elles se balançaient d'avant en arrière en frappant les mains l'une contre l'autre, et en chantant à l'unisson en deux chœurs alternés, voix hautes et voix basses. Cadences un peu indigentes, mais non dépourvues de grâce.Paroles un peu enfantines, m'a-t-on dit : "la nuit est longue", " le jour est clair " et autres vérités premières. Mais le charme de cette séance, son indéniable poésie consistaient précisément dans le fait que la musique et la danse, comme au temps des aèdes homériques, fussent mises au service d'idées très simples. Parfois un des aèdes aux tambourins criait comme dans l'Iliade, comme dans la Chanson de Roland, une sorte d'interjection qui sériait les couplets. Et puis, sur les montagnes toutes proches, la neige étincelait sous le soleil, dans un ciel bleu, limpide et froid...

-------Voici une danse que je n'ai pas eu l'occasion de voir, où un jeune homme sert de partenaire à une jeune femme ; c'est la danse du sabre:
-------" Une jeune fille arabe voilée, tenant dans sa main un mouchoir, sortit de l'enceinte des femmes et vint danser au milieu de l'espace qui se trouve entre cette enceinte et le lieu occupé par les hommes. Elle semblait vouloir maintenir sur sa figure le voile léger destiné à la cacher, mais elle l'écartait réellement et laissait apercevoir de grands yeux noirs, de petites dents dont la blancheur était
rehaussée par le teint brun de sa peau, et de longs cheveux noirs qui pendaient en tresse sur ses épaules.
-------" Un jeune Arabe qui, dans cette danse, jouait le rôle d'amant, arriva comme un furieux pour punir sa fiancée de se montrer aux yeux des hommes ; vêtu d'une tunique serrée étroitement à la taille par une ceinture de cuir, le bras, le cou et les jambes nus, ses belles formes se dessinaient admirablement. Il était armé d'un sabre. A sa vue la jeune fille voulut fuir, mais en deux bonds, le sabre de son amant brilla menaçant sur sa tête. Elle se jeta à genoux.
-------" Le sabre tomba, mais elle s'était retirée avec agilité et son mouchoir seul fut tranché en deux parties égales. Elle fuit de nouveau et fut encore atteinte. L'amant frappa et les deux parties rejointes du mouchoir furent coupées en quatre.
-------" Enfin quand le mouchoir fut coupé en huit parties égales, elle parvint, à force de supplications et de moues séduisantes, à calmer la fureur de son amant. Elle lui son sabre, le lança loin d'elle et ils commencèrent une danse où ils se poursuivaient, s'atteignaient, s'entrelaçaient, se fuyaient, se cachaient et se retrouvaient; puis ils allèrent se perdre l'une dans le groupe des femmes, et l'autre dans celui des hommes. La musique accompagnait avec la plus grande intelligence tous les mouvements des deux acteurs de cette gracieuse pantomime, à laquelle la clarté incertaine et vacillante des torches ajoutait un charme indéfinissable. (1) "

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A Laghouat et à In Salah, il m'a été donné d'observer une autre danse Ouled Naïl qui est infiniment gracieuse, la danse des mouchoirs

-------Nous prenons place sur des coussins et dès notre entrée deux musiciens indigènes soufflent dans leurs rhaïtas et gagnent " leur cachet en ville " de toute la force de leurs poumons. En les regardant je songe aux vers de Hugo " ... coupe-jarrets à faces renégates ".
-------" Près d'eux, en face de nous, sont assises quelques Ouled-Naïls dans leurs vêtements de parade : longues tuniques de mousselines blanches ou bleues, d'un bleu pâle et criard, comme aiment en porter les paysannes de France les jours de foire et de procession. Mais ces danseuses n'ont que ce point de commun avec les " Enfants de " Marie ". Au repos cependant leur maintien est d'une parfaite correction et même lorsque, en dansant, elles miment les gestes les plus précis de l'amour, leur visage demeure d'une impassibilité absolue. Le " chef " d'orchestre ", pour désigner à chacune son tour, l'appelle d'une onomatopée gutturale, quelque chose comme " tropp ".
-------" Aussitôt l'une de ces demoiselles se lève, faisant bruire les multiples bracelets de ses chevilles et de ses avant-bras, le bandeau de sequins qui barre son front, sous une coiffure en filigrane d'argent ou d'or. Ses pieds menus accélèrent la cadence sur le tapis de haute laine, et ce frémissement monte le long des jambes, s'amplifie au bassin en vagues de volupté, et vient mourir le long des bras levés, au<dessus de la tête immobile, dans le tremblement des doigts minces qui agitent un mouchoir de soie, ondoyant et diapré comme une flamme.
-------" Le bachaga doit connaître les goûts des Européens, car les danseuses qu'il a choisies sont minces, jeunes, nerveuses. Quand la fête est finie, bien sagement elles se rassemblent à l'ordre de leur " manager ", grand' coquin à face de bandit ; elles se drapent dans leurs mousselines, ne laissant plus voir que leurs yeux agrandis de koheul, et je les regarde partir dans le jardin de palmes, tout bleu de lune, blanches et légères comme dé petites mariées. (2)
-------Fromentin dans la région du Boghar a vu cette jolie danse Ouled Naïl:.
-------" La danse du Sud exprime avec une grâce
beaucoup plus réelle, beaucoup plus chaste, et dans une langue mimique infiniment plus littéraire, tout un petit drame passionné, plein de tendres péripéties ; elle évite surtout les agaceries trop libres qui sont un gros contresens de là part de la femme arabe.
-------" La danseuse ne montre d'abord qu'à regret son pâle visage entouré d'épaisses nattes de cheveux tressés de laines ; elle le cache à demi dans son voile ; elle se détourne, hésite, en se sentant sous les regards des hommes, tout cela avec de doux sourires et des feintes de pudeur exquises. Puis, obéissant à la mesure qui devient plus vive, elle s émeut, son pas s'anime, son geste s'enhardit. Alors commence, entre elle .:et l'amant invisible qui lui parle par la voix des flûtes, une action des plus pathétiques : la femme fuit, elle élude, mais un mot plus doux la blesse au cœur; elle y porte la main, moins montrer qu'elle est atteinte, et de l' l'autre, avec un port d'enchanteresse, elle écarte à regret son doux ennemi. Ce ne sont plus alors que des élans mêlés de résistance; on sent qu'elle attire en voulant se défendre; ce long corps souple et caressant se contourne en des émotions extrêmes, et ces deux bras jetés en avant, pour les derniers refus, vont défaillir. (3) "
-------Voici, pour en terminer avec ce chapitre de la danse, une " soirée berbère " qui fut offerte dans le grand Atlas Marocain au regretté Docteur Chatinières, un de ces admirables médecins que Lyautey envoyait en plein pays insoumis, armés seulement de leur savoir et de leur générosité, sans escorte, là où pas un soldat n'était passé avant eux. Ce texte est curieux, car il nous montre un groupe d'hommes dansant devant un groupe de femmes, mais sans se mêler à ce dernier
-------" Le cheikh, pour fêter ma venue, avait ordonné des réjouissances à là mode du pays, et à la chute du jour, quelques hommes réunis sur la place du village tapaient à coups redoublés sur de grands tambourins en peau de chèvre, appelant ainsi les montagnards et les conviant à la fête de nuit. La vallée, à ce moment, paraissait plus resserrée encore et le site plus intime. Un palmier unique, arbre du désert égaré en montagne, projetait sa silhouette grêle sur les amas sombres de verdure. Le serpent argenté de l'oued animé par la rapidité du courant, palpitait de mille reflets. Son murmure accru par le silence de la nuit se répercutait à tous les échos de la montagne, coupé par le rythme sauvage des tambourins ; à leur appel, de petites lumières vacillantes, apparaissant alors au-dessus de nos têtes, descendirent lentement en zigzags ; elles grandissaient en s'approchant, laissant bientôt distinguer de petits groupes d'hommes et de femmes, précédés d'une lanterne. Les nouveaux venus s'alignèrent, épaule contre épaule, les hommes avec les hommes, les femmes ensemble. Les deux groupes se faisaient face. Les hommes aux tambourins entonnèrent alors d'une voix criarde une vieille cantilène; les femmes reprirent l'air d'une voix douce, fine et timide. Insensiblement, ils se mirent à danser ; les épaules penchées en avant, et les têtes nonchalamment inclinées. Le groupe des hommes et celui des femmes, comme d'eux longs chapelets, se balançaient lentement et d'un seul mouvement, les genoux pliaient, les hanches oscillaient, toutes les épaules s'élevaient et s'abaissaient en même temps, les mains jointes battant en cadence et les pieds frappant le sol. Les deux groupes décrivaient lentement des courbes en ailes de moulin. Petit à petit, le rythme s'accéléra et les mouvements se précipitèrent. Brusquement, la lune se montra dans l'entrebâillement des deux sommets neigeux et chassa les ombres qui dissimulaient les danseurs. Aussitôt les physionomies fines et gracieuses des femmes se devinèrent, s'harmonisant avec leurs costumes blancs, rehaussés du voile et de la ceinture de couleur si seyante qu'elles avaient revêtue pour la fête. Les hommes paraissaient rudes et leurs muscles épais s'accordaient assez bien avec la bonhomie de leurs traits. La douce lumière que la lune répandait sur toute la vallée, le murmure si doux de l'oued, la simplicité des chants et de la danse formaient un ensemble d'une exquise et paisible harmonie. De loin, nous parvenaient les cris aigus et plaintifs du chacal en chasse et de la panthère aux aguets dans la haute forêt. On m'invita à m'étendre sur un tapis étalé à terre et on me servit du thé à la menthe pendant que les danseurs infatigables continuaient leurs ébats jusqu'à une heure avancée de la nuit. (4) "

VIII. - Les Plaisirs (suite) la Cuisine

-------La cuisine arabe est délicieuse. Elle est régie par un principe : n'offrir que des viandes très cuites. Les principaux plats sont composés à l'aide du mouton, du poulet ou des pigeons. Le mouton est servi rôti et entier : c'est le fameux méchoui qui est exquis, et s'il est gras, garde, même en plein air vif et frais, toute sa chaleur sous la graisse que revêt la peau croustillante. Les poulets sont généralement servis en ragoût. Le repas commence souvent par un potage très épicé - et par des brochettes de foies ou de rognons grillés. Il continue par le méchoui et les poulets présentés en divers ragoûts, puis par les tourtes feuilletées aux amandes et aux pistaches dont les pâtes légères comme des crêpes fines enveloppent des pigeons. Puis vient le couscous (semoule ou riz, accompagné de légumes), enfin, diverses pâtisseries au miel, aux amandes, aux pistaches, terminent ces agapes pantagruéliques... et coûteuses, même en Afrique. (Chiffrez le prix de revient d'un menu pareil à Paris, en songeant seulement qu'il y a au moins 3 ou 4 ragoûts de poulets, et 3 à 5 poulets par ragoût). Je trouve pour ma part que si rien n'est plus charmant que d'accepter l'invitation à dîner que vous adresse de lui-même et gracieusement un ami indigène, rien n'est plus odieux que de voir le sans-gêne et la goinfrerie de certains voyageurs européens qui s'invitent ou se font inviter par curiosité ou par gourmandise. Si ces gens-là savaient le mépris qu'ils éveillent chez leur hôte, j'aime à penser qu'ils sauraient mettre plus de discrétion dans leurs procédés. Au reste jamais ce mépris n'apparaîtra dans l'accueil de ceux qui le ressentiront. Mais pour qui est doué d'un peu de tact, quelle différence n'y a-t-il pas entre le repas offert (presque par ordre) et le repas où l'on vous a prié parce que l'on vous connaît déjà et que l'on vous considère comme un ami ! Que de délicieuses
soirées j'ai passées ainsi à Marrakech, à Safi, à Fez, à Rabat, à El Goléa ! Chers amis lointains, si vous saviez combien je vous trouvais infiniment plus intéressants, plus agréables et d'une " classe ", d'un " style " de civilisation infiniment plus élevés que la plupart des " gens du monde " avec qui je dîne à Paris, ou que je coudoie dans les grands restaurants ! Un Chinois me disait un jour : " La France et
la Chine sont deux grands pays parce qu'elles ont su
toutes deux garder en honneur une religion, une politesse et une cuisine ". Il y a beaucoup de vrai dans ce propos d'après-dîner. Mais s'il est exact, rendons hommage à l'Afrique du Nord qui a su garder elle aussi une religion, une politesse et une cuisine.

-------Voici une chanson que cite Jérôme Tharaud (qui s'y " connaît en cuisine ") et où l'on trouvera la liste de la plupart des plats de la cuisine arabe "
-------Louange à Dieu, dit la chanson,
-------" qui a créé les doigts pour prendre
-------" les bouchées dans le plat
-------" et les dents pour déchirer
-------" la viande du mouton et du poulet
-------et la langue pour proclamer
-------" la douceur du concombre,
-------" des raisins et des grenades !
-------" Louange à Dieu, parmi les hommes libres,
-------" aussi bien que chez les esclaves !
-------" Louange à Dieu, qui nous a gratifiés
-------" du prince célèbre dans toutes les tribus,
-------" notre maître, le glorieux Kouss-kouss,
-------" et des crêpes trempées dans l'huile,
-------" et des poules farcies d'amandes,
-------" et du très adorable vermicelle au beurre,
-------" et des beignets au safran et au miel,
-------" et de cette pâte feuilletée
-------"garnie de fruits et d'épices indiennes,
-------" et du ragoût, fils des cendres,
-------" et de sa soeur bien-aimée,
-------" la sefa aux coings sucrés
-------" dans la viande de mouton ! (5) "

IX. - La Justice

-------Après les petits métiers, le commerce, l'agriculture, il était peu de " fonctions sociales " que pussent remplir avant notre venue les indigènes. La justice, qui chez nous fait vivre tant de gens, est infiniment plus simple en terre d'Islam où la loi religieuse et la loi civile se confondent. Combien pourrions-nous à cet égard envier les Arabes Lisez plutôt ce tableau du tribunal du kadi.
-------" Je suis entré l'autre jour au tribunal du kadi. J'ai vu comment est rendue la justice; c'est une chose si facile, si intime et si familière, qu'on ne saurait imaginer de formalités plus attrayantes ni plus capables de faire excuser les procès. Le tribunal est situé rue de la Marine, dans la cour de la Mosquée. La même porte mène au prétoire et à l'église, la même enceinte enferme la justice et la religion ; le justiciable et le juge sont de la sorte aussi près que possible de œil de Dieu. La cour est dallée et fermée de balustrades à l'extrémité qui donne sur la mer. Au centre et faisant vestibule à la mosquée, parmi des arbustes, des rosiers, de grands bananiers constamment verts, s'élèvent une fontaine et deux pavillons. Le plus petit, le moins fréquenté, appartient au muphti, qui représente la cour d'appel ; l'autre, reconstruit il y a peu d'années, et par les soins de l'administration française, dans un style approximativement arabe, est la Chambre de première instance, occupée par le kadi. L'auvent, très saillant et de forme asiatique, protège un large perron de deux marches, où les clients déposent leurs savates et s'assoient à l'ombre en attendant l'appel de leur cause. Une grande porte ouverte à deux battants permet au public d'assister de l'extérieur au débat, et éclaire en même temps la salle, qui n a pas d'autre ouverture. Cette salle, petite, carrée blanchie seulement à la chaux, est disposée et meublée de la manière la plus simple : de chaque côté, une rangée de banquettes appuyées au mur derrière une rangée de tables-bureaux, où se tiennent les scribes ou greffiers, assesseurs du kadi. A l'entrée, un tabouret de bois pour l'huissier ou chaouch; par terre, des nattes où les clients s'accroupissent.

.........................................

-------" Quatre ou cinq scribes, un huissier armé d'une baguette, un juge à figure belle et douce, qui représente en sa personne le conseil, l'autorité, la jurisprudence et la loi : voilà toute la magistrature. Pas d'avoués, ni d'avocats, ni de ministère public; ni délais, ni procédure à suivre, ni complications, ni lenteurs. On entre avec son adversaire. On s'assied par terre à côté de lui; chacun à son tour exposé son affaire ; le débat contradictoire compose à la fois l'enquête et les plaidoyers. Rien n'est plus sommaire. C'est à peu près la justice de paix, c'est-à-dire la juridiction la plus logique, la plus humaine et la mieux nommée, s'il est vrai que le premier but de la justice doive être de concilier. Si l'accord est impossible, alors le kadi juge, dans sa sagesse et dans sa conscience, comme Salomon. (6) "

X. - La Chasse

-------Je n'infligerai pas au lecteur de récit de chasse à la façon de nos jours; mais pour donner à ce recueil un petit parfum de centenaire romantique et tenter un " à la " manière de... Delacroix ! ", je prendrai, dans les souvenirs si vivants de Léon Roches, le tableau d'une chasse au lion où il assista pendant les premiers temps de son séjour auprès d'Abd et Kader. Il n'y a plus guère hélas ! de lions en Algérie. Il en reste encore quelques-uns dans l'Atlas. Dernièrement un avion en photographiait un dans une gorge sauvage où il avançait magnifiquement, comme un grand seigneur qui foule la terre dont il sait qu'il sera dépossédé
-------" Dès que le jour commença à poindre, nous montâmes à cheval. Je comptai environ deux cents cavaliers, qui étaient précédés par un nombre égal de fantassins, la plupart armés de fusils ; les autres tenant les chiens en laisse.

 

-------" Le chef de la chasse était l'agha de Djendal, El Hadj Bou Aalêm ben Cherifa, le cavalier et le chasseur le plus renommé du Chélif. Il ordonna aux traqueurs de lâcher les chiens de piste, qui sont d'une race très petite et qui, seuls de tous les animaux, n'ont pas peur du lion, sans doute parce que celui-ci les méprise à cause de leur taille exiguë. - Ils ne donnent jamais de la voix en suivant la piste, mais dès qu'ils aperçoivent le lion, ils poussent un petit aboiement aigu, auquel les traqueurs ne se trompent pas. La tradition dit qu'ils doivent alors prononcer d'une voix tranquille : " Le lion n'est pas là ". " Le lion qui comprend, disent les Arabes, qu'il n'a pas été aperçu et que pourtant une attaque est dirigée contre lui, quitte sa tanière et cherche à se cacher, en se faufilant derrière les massifs de lentisque . Car, il ne faut pas l'oublier, le lion a peur de l'homme.

-------" Au bout d'une heure de quête par les traqueurs et leurs roquets, pendant laquelle le plus grand silence régnait parmi les chasseurs, nous entendîmes deux petits cris aigus, poussés à quelque distance l'un de l'autre. Deux animaux étaient donc signalés. La tanière du lion était creusée dans un rocher abrupt. Les cavaliers, sur l'ordre de l'agha, formèrent, un grand arc de cercle, dont les deux extrémités aboutissaient à la base de la colline à laquelle était adossée la tanière du lion.
-------" Le terrain compris entre elle et la ligne de cavaliers était légèrement incliné vers la plaine.
-------" Les fantassins armés formèrent en même temps un cercle plus étroit parallèle à celui des cavaliers. J'étais placé au centre à côté de Sidi Lantseri. Nous pûmes apercevoir distinctement le lion qui se dérobait entre les maquis. Le cercle se resserrait. Deux ou trois coups de feu retentirent, nous vîmes alors le noble, animal s'élancer en quelques bonds sur une large clairière, se coucher à plat ventre, appuyer son énorme tête sur ses deux nattes de devant et se frapper les flancs de sa queue avec une telle force, que nous entendions résonner les coups.
-------" La fusillade crépita ; les chasseurs étaient ou bien émotionnés, ou bien maladroits, car le lion se contentait de secouer les oreilles, tandis que les balles soulevaient la terre autour de lui, le cercle se rétrécissait de plus en plus, le lion fit d'un coup trois énormes bonds et deux hommes tombèrent.
-------" Il se coucha de nouveau, fit encore trois bonds, et trois hommes furent renversés ; puis il força le cercle des fantassins, arriva aux cavaliers qui prirent la fuite à son approche et s'élança dans la plaine ; mais il était blessé et ne tarda pas à être achevé par des cavaliers plus hardis qui le poursuivirent.
-------" A peu près en même temps, la lionne forçait le cercle des fantassins dans notre direction. Je voulais suivre les cavaliers qui se mirent à sa poursuite; mais Sidi Lantseri saisit les rênes de mon cheval et me retint auprès de lui. Un des cavaliers fut renversé ainsi que son cheval par la lionne qui atteignit les maquis voisins et disparut. Les deux lionceaux âgés de quatre mois avaient été tués. (7) "

-------Avec beaucoup moins de monde, il est possible d'organiser au Sahara une chasse fort palpitante. Il suffit, comme le raconte Maupassant, d'enfermer dans une caisse à savon un ourane (lézard) et une lefaa (vipère des sables)
-------" Le combat de ces deux animaux est d'ailleurs plein d'intérêt. Il a lieu généralement dans une vieille caisse à savon. On y dépose le lézard qui se met à courir avec une singulière vitesse, cherchant à fuir ; mais, dès qu'on a vidé dans la boîte le petit sac contenant la vipère, il devient immobile. Son œil seul remue très vite. Puis il fait quelques pas rapides, comme s'il glissait, pour se rapprocher de l'ennemi, et il attend. La léfaa, de son côté, considère le lézard, sent le danger et se prépare à la bataille ; puis, d'une détente elle se jette sur lui. Mais il est déjà loin, filant comme une flèche, à peine visible dans sa course. Il attaque à son tour, revenu d'une lancée avec une surprenante rapidité. La léfaa s'est retournée, et tend vers lui sa petite gueule ouverte, prête à mordre de sa morsure foudroyante. Mais il a passé, frôlant le reptile qu'il regarde de nouveau, hors d'atteinte, de l'autre bout de la caisse.
-------" Et cela dure un quart d'heure, vingt minutes, parfois davantage. La lefaa, exaspérée, se fâche, rampe vers l'ourane quai fuit sans cesse, plus souple que le regard, revient, tourne, s'arrête, repart, épuise et affole son redoutable adversaire. Puis soudain, ayant choisi l'instant, il file dessus si vite qu'on aperçoit seulement la vipère convulsée, étranglée par la forte mâchoire triangulaire du lézard qui l'a saisie par le cou, derrière les oreilles, juste à la place où la prennent les Arabes. (8) "

XI. - La Fantasia

-------Le grand sport arabe, celui qui réunit à la fois les attraits de l'équitation, de la chasse et de la guerre, c'est la fantasia. Nul n'a su la dépeindre mieux que Fromentin dans les pages suivantes
-------" Le premier départ fut magnifique; douze ou quinze cavaliers s'élançaient en ligne. C'étaient des hommes et des chevaux d'élite. Les chevaux avaient leurs harnais de parade; les hommes étaient en tenue de fête, c'est-à-dire en tenue de combat : culottes flottantes, haïks roulés en écharpes, ceinturons garnis de cartouches et bouclés très haut sur des gilets sans manches, de couleur éclatante. Partis ensemble ils arrivaient de front, chose assez rare pour des Arabes, serrés botte à botte, étrier contre étrier, droits sur la selle, les bras tendus, la bride au vent, poussant de grands cris, faisant de grands gestes, mais dans un aplomb si parfait, que la plupart portaient leurs fusils posés en équilibre sur une coiffure en forme de turban, et de leurs deux mains libres manœuvraient soit des pistolets, soit des sabres. A dix pas de nous, et par un mouvement qui ne peut se décrire, tous les fusils voltigèrent au-dessus des têtes ; une seconde après, chaque homme était immobile et nous tenait en joue. Le soleil étincela sur des armes, sur des baudriers. sur des orfèvreries; on vit, dans un miroitement rapide, briller des étoffes, des selles brodées, des étriers et des brides d'or; ils passèrent comme la foudre, en faisant une décharge générale qui nous couvrit de poudre et les enveloppa de fumée blanche. Les femmes applaudirent. Un second peloton les suivait de si près, que les fumées des armes se confondirent, et que la seconde décharge répéta la première, comme un écho presque instantané. Un troisième accourait sur leurs traces, dans un nouveau tourbillon de poussière, et tous les fusils abattus vers la terre. Il était conduit par le nègre Kaddour, un cavalier accompli, célèbre dans la plaine où sa jument grise a fait des miracles. Cette jument est un petit animal efflanqué, très souple et fluet, couleur de souris, complètement rasé, sans crinière et dont la queue tondue ressemble au fouet des chiens courants. Des argenteries fanées, des grelots, des amulettes, une multitude de chaînettes pendantes, la décoraient d'une sorte de parure originale pleine de bruissements et d'étincelles. Kaddour était en veste écarlate, en pantalon de couleur pourpre. Il portait deux fusils, l'un sur la tête, l'autre dans la main gauche ; dans la droite il avait un pistolet dont il fit feu ; puis il fit feu de ses deux fusils, l'un après l'autre, en les changeant de main, les lança comme un jongleur fait de deux cannes, et disparut étendu sur le cou de sa bête, son menton touchant la crinière.

-------" La mousqueterie ne cessa plus. Coup sur coup, sans relâche, des cavaliers se succédèrent à travers un rideau de poussière et de poudre enflammée, et les femmes, qui continuèrent de battre des mains et de pousser des glapissements bizarres, purent respirer pendant une heure l'ardente atmosphère d'un champ de bataille. Imagine ce qui ne pourra jamais revivre dans ces notes, où la forme est froide, où la phrase est lente ; imagine ce qu'il y a de plus impétueux dans le désordre, de plus insaisissable dans la vitesse, de plus rayonnant dans des couleurs crues frappées de soleil. Figure-toi le scintillement des armes, le pétillement de la lumière sur tous ces groupes en mouvement, les haïks dénoués par la course, les frissonnements du vent dans les étoffes, l'éclat, fugitif comme l'éclair, de tant de choses brillantes, des rouges vifs, des orangés pareils à du feu, des blancs froids qu'inondaient les gris du ciel ; les selles de velours, les selles d'or, les pompons aux têtières des chevaux, les œillères criblées de broderies, les plastrons, les brides, les mors trempés de sueur ou ruisselants d'écume. Ajoute à ce luxe de visions, fait pour les yeux, le tumulte encore plus étourdissant de ce qu'on entend : les cris des coureurs, les clameurs des femmes, le tapage de la poudre, le terrible galop des chevaux lancés à toute volée, le tintement, le cliquetis de mille et mille choses sonores. Donne à la scène son vrai cadre que tu connais, calme et blond, seulement un peu voilé par des poussières, et peut-être entreverras-tu, dans le pêle-mêle d'une action joyeuse comme une fête, enivrante en effet comme la guerre, le spectacle éblouissant qu'on appelle une fantasia arabe. (9) "

XII. - La Guerre (le baroud)

-------La plus belle fantasia était celle que le cavalier arabe exécutait avec des fusils chargés à balles. C'était le baroud. C'était le combat tel qu'il ,l'a si longtemps soutenu contre les spahis de Yusuf et les chasseurs d'Afrique de Morris. Ce combat avait l'élégance d'un sport, la grâce et l'aisance d'un jeu... où la mort servait de mise. Il avait autrement de noblesse et supposait une autre valeur personnelle chez les combattants que la guerre à l'allemande avec un masque à gaz sur le visage et un flammenwerfer à la main.
-------" C'est un spectacle toujours pareil et toujours assez passionnant, ces engagements de harka. On dirait un ballet guerrier, une figure de carrousel. Les deux partis sont face à face. L'un d'eux s'élanceventre à terre, derrière ses porte-étendards, décharge ses fusils, tourne bride, et toujours à fond de train s'enfuit, ses drapeaux déployés. Alors, l'autre parti de s'élancer à son tour, lui aussi bride abattue. Il tire, fait une volte rapide, puis revient à toute allure sur ses pas, poursuivi par son adversaire qui a rechargé ses armes, galope, lâche son coup de feu et se dérobe à nouveau. Et cela indéfiniment, comme dans une fantasia, où le risque de la mort ne fait qu'ajouter au plaisir. (10) "

XIII. - La Mort

-------Un proverbe arabe dit : L'amour dure sept secondes. la fantasia sept minutes, et la misère toute la vie. Après avoir aimé, avoir brillé à la chasse ou dans les combats, après avoir gagné sa vie par un labeur ou un autre, le plus souvent après avoir vécu pauvrement dans un pays où les meskines (les pauvres) sont plus nombreux que les riches, la destinée conduit l'Arabe, au chant d'un iman et de ses amis (ces mélopées funéraires sont souvent très belles), à la petite tombe OÙ il est basculé d'une civière, dans son linceul. Du haut de la tour des Oudayas, à Rabat, qui domine le plus émouvant des cimetières musulmans, celui près duquel la mer se lamente à jamais, celui que recouvre, comme d'un tapis de velours vert usé, une herbe folle toute pâlie de sel, ou à Tlemcen sous de hautes allées de cyprès noirs, j'ai vu des enterrements de pauvres gens. Certes dans nos églises, avec nos déchirantes liturgies et la grandeur des prières latines; la mort est enveloppée, drapée de grandeur et de respect. Mais que dire de ces convois à travers nos villes trépidantes dont la fièvre supporte mal, avec une indifférence polie mais impatienté, le lent passage ! Que dire de ces prétendus amis, vêtus de noir, mais qui parlent de leurs affaires, de leurs pauvres petites préoccupations de vivants, en suivant un cercueil Comme je comprends la volonté de Dinet de reposer à Bou Saada, loin de cette terre parisienne où ne plane jamais le silence et où les pauvres morts n'ont pas pour être bercés dans leur sommeil lés vagues de l'Océan, comme à Rabat, ou comme à Tlemcen le chant des oiseaux qui viennent boire sur leur tombe, après avoir chanté la vie dans la lumière d'un matin parfumé d'iris !

-------" Les tombes arabes sont très simples, même les plus opulentes, et se ressemblent toutes, ce qui, philosophiquement, est d'un grand goût. C'est un bloc en maçonnerie, d'un carré long, peu élevé au-dessus du sol, portant à ses deux extrémités soit un turban grossièrement sculpté sur un petit fût de colonne, et rappelant assez exactement la forme d'un champignon de couche sur sa tige, soit un morceau d'ardoise triangulaire posé debout comme le style d'un méridien. La dalle de pierre ou de marbre est couverte de quelques inscriptions arabes : noms du mort et préceptes du Coran. Quelquefois cette dalle est taillée en forme d'auge et remplie de terre végétale. On y voit alors un peu de gazon et quelques fleurs, soit qu'on les y ait plantées, soit que le vent lui-même en ait apporté les semences. Quelquefois encore on prend soin de creuser aux deux extrémités de la pierre deux petits trous, en forme de coupe ou de godet, où la pluie se dépose et fait un réservoir d'eau.

-------" D'après une coutume des Maures, on a creusé au milieu de cette pierre un léger enfoncement avec le ciseau. L'eau de la pluie se rassemble au fond de cette coupe funèbre, et sert, dans un climat brûlant, à désaltérer l'oiseau du ciel. Je n'ai pas vu d'oiseau voler vers ces tombes arides, ni boire aux coupes taries ; mais je pense au Dernier Abencerrage chaque fois à peu près que j'entre dans le cimetière de Sid-Abd-el-Kader. (11) "

-------Dans les pays musulmans les cimetières deviennent le vendredi le lieu de réunion des femmes. Cette coutume est générale en Afrique du Nord, tout comme à Stamboul dans les cimetières que Loti a décrits:
-------" Il y a un jour par semaine, ce doit être le vendredi, où, sous prétexte de rendre hommage aux morts, les femmes d'Alger se font conduire en foule au cimetière, à peu près comme à Constantinople on se réunit aux Eaux-Douces. C'est tout simplement un rendez-vous de plaisir, une partie de campagne autorisée par les maris pour celles qui sont mariées, et j'ai des raisons de croire que c'est le plus petit nombre. D'ailleurs ce rendez-vous se renouvelle à peu près tous les jours, et il est rare que, dans l'après-midi, le champ de Sid-Abd-el-Kader ne soit pas égayé, autant qu'il peut l'être, par les conversations et les rires. On fait plus que d'y converser; on y mange. On s'installe sur les tombes; on y étend des haïks en guise de nappe; la pierre tumulaire sert à la fois de siège et de table à manger, et l'on s'y régale, par petits groupes, de pâtisserie et d'oeufs au sucre et au safran. Les grands voiles, qui sont de trop quand nul indiscret ne se montre dans le voisinage, flottent suspendus aux cactus ; on laisse voir les toilettes de dessous fort brillantes, quelques-unes splendides, car c'est une occasion de vider ses coffres, de faire faste de ses parures, de se couvrir de bijoux, de s'en mettre au cou, aux bras, aux doigts, aux pieds, au corsage, à la ceinture, à la tête, de se peindre avec des couleurs plus vives les sourcils et le bord des yeux, et de s'inonder des odeurs les plus violentes. Qui pourrait dire, mon ami, ce qui se passe alors pendant ces quelques heures d'indépendance entre toutes ces femmes échappées aux sévérités du logis fermé? Qui sait ce qu'elles racontent de médisances, d'histoires de quartier, de commérages, d'indiscrétions domestiques, d'intrigues et de petits complots? Plus libres ici qu'elles ne le sont au bain, elles n'ont pour confidents et pour témoins que des gens fort discrets, ceux qui dorment sous leurs pieds. J'assiste assez souvent à ce spectacle d'un peu loin, caché dans un observatoire ombreux ,que j'ai choisi exprès. Je vois tout, mais n'entends rien qu'un chuchotement général mêlé de notes gutturales ou suraiguës, une sorte de ramage comparable à celui d'une grande troupe d'oiseaux bavards. Les rangs s'éclaircissent à mesure que le soir approche. Des-omnibus qui stationnent à peu de distance du cimetière, comme nos fiacres à la porte des lieux de plaisir, emportent par charretées ces dévotes mondaines vers Alger. Et les morts n'ont de repos que lorsque la nuit est de nouveau descendue sur eux. (12) "

(1) Léon Roches. - Dix ans à travers l'Islam. 1834-1844. Paris Perrin et Cie, 1904, in-18, p. 58-59.
(2) Pierre DELONCLE. - La Caravane aux éperons verts. Paris, Plon, 1927.in-18, p. 17-18.
(3) FROMENTIN. - Un été dans le Sahara. Paris, Crès et Cie, in-12.p. 57-58.
(4) Docteur Paul CHATINIÈRES. . Dans le Grand Atlas marocain. Paris, Plon, 1919, in-12, p. 126 et 127.
(5) ,j -J. THARAUD. - Rabat ou les heures marocaines. Paris, Plon. in-12, p. 198.
(6) FROMENTIN. - Une année dans le Sahel. Paris, Plon, éd. 1-,25, in-18. . 91, 92 et 94.
(7) Léon ROCHES. - Dix ans à travers l'Islam. 1834-1844. Paris, Perrin et Cie, 1904, in-18, p. 59 à 61.
(8) MAUPASSANT. - Au Soleil. Paris, Coanard. 1928, in-8°, p. 120, 121 et 122.

(9) FROMENTIN. - Une année dans le Sahel. Paris, Plon, éd. 1925, in-18, p. 265 à 268.
(10) Jérôme et jean THARAUD. - Marrakech ou les Seigneurs de l'Atlas, Paris, Plon, 1920, in-l6, p. 257 et 258.
(11) FROMENTIN. - Une année dans le Sahel. Paris, Plon, éd. 1925, in-18, . 68 et 69.
(12) FROMENTIN. - Une année dans le Sahel. Paris, Plon, éd. 1925, in-18, p.70 et 71.