mise sur site le 25-10-2003
-La pacification du Sahara et la pénétration saharienne (1852-1930)
INTRODUCTION
Cahier II du Centenaire de l'Algérie
par
le général O.MEYNIER
Directeur des Territoires du Sud
Publications du Comité National Métropolitain du Centenaire de l'Algérie
Alger, 1930
collection personnelle.

n.b : tous ces textes ont été passés à l'OCR, je ne les pas vérifiés minutieusement. Veuillez pardonner les erreurs éventuelles, vous pouvez même me les signaler.Merci
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INTRODUCTION


------En 1930, l'Algérie va célébrer d'un coeur unanime le Centenaire du débarquement des troupes françaises à Sidi Ferruch. Tandis que les fils des premiers colons et, à côté d'eux, les émigrés européens venus de différents pays, montreront avec orgueil le fruit d'un labeur déjà centenaire, les indigènes du Tell comme ceux du lointain Sahara, libérés, par notre intervention, d'une tyrannie anarchique et de la misère endémique, pourront mesurer les bienfaits que leur a apportés l'intervention française, par la paix, la justice et le bien-être qu'elle a partout introduits.
------Dans cette même année 1930, l'Algérie célébrera le trentenaire de l'arrivée au Tchad de la mission Foureau-Lamy, en élevant aux deux chefs de cette mission à Ouargla, qui fut leur première étape vers le désert, un monument de reconnaissance.
------Ainsi seront commémorées les deux étapes essentielles de la création algérienne : prise de possession d'abord des régions fertiles du Nord de l'Afrique, dans des fins de progrès économique et humain. Main mise en second lieu, sur les solitudes désertiques, qui ouvrit des voies nouvelles à l'expansion française, en réalisant, par-dessus le Sahara, l'unité de la plus grande France.
------Il ne pouvait y avoir de date plus favorable pour faire une étude générale et porter un jugement d'ensemble sur les efforts de la pénétration française au Sahara, sur les résultats acquis, sur les espérances permises.
------C'est ce que l'on a tenté d'esquisser brièvement dans les pages suivantes.
------Dans les débuts de l'occupation de l'Algérie, plus d'une fois se posa la question même du principe de cette occupation. On sait que ce problème fut sérieusement débattu à plusieurs reprises en plein Parlement et qu'il s'en fallut de peu que nos troupes ne fussent invitées à se rembarqué pour le continent.
------Cependant, il était bien évident pour les bons esprits, que la France ne pouvait, après s'être engagée dans cette affaire, s'en désintéresser soudain. D'un côté, on pouvait estimer que son honneur, ou tout au moins l'amour-propre national, se trouvait engagé à la poursuivre. Qu'auraient dit les autres nations, si elles avaient constaté cette nouvelle preuve de " la légèreté et de l'inconstance du peuple français " ? D'ailleurs, dès le début, des intérêts nouveaux s'étaient créés dans la colonie. Des indigènes, des israélites s'étaient mis à notre service et compromis pour nous. La colonisation avait fait ses premiers débuts. Allait-on abandonner tout cela?... Une fois de plus, une idée lancée avait abouti à une force irrésistible et on ne pouvait plus en faire fi. La France s'installa de plus en plus solidement dans sa nouvelle acquisition; l'histoire venait démontrer encore une fois que l'avenir est aux audacieux et aux entreprenants puisque aussi bien l'Algérie allait devenir, en moins d'un siècle, une partie intégrante et non la moins riche de l'Empire Français.

 

------Mais de même qu'une fois le débarquement de Sidi Ferruch effectué, la France n'était plus libre de poursuivre ou non l'occupation du reste de l'Algérie - de même, ayant conquis le Tell et les Hauts-Plateaux, elle allait se trouver en face d'un nouveau problème, celui du Sahara, dont elle ne serait plus maîtresse de se désintéresser.
------Dans une première période qui s'étend de la conquête jusqu'en l'année 1852, l'Algérie resta coupée presque complètement du Sahara par les possessions plus ou moins temporaires des grands chefs arabes. Abd el Kader jusqu'en 1848, le bey de Constantine jusqu'en 1840, avaient fermé à notre activité les grandes rives sahariennes.
------Mais déjà le désert attirait la curiosité de nos administrateurs et de nos soldats par les mystères de son immensité. De ces régions encore très fermées et lointaines, c'est à peine si quelques voyageurs arabes et deux ou trois explorateurs européens avaient levé un coin du voile. Laing avait été assassiné à Tombouctou; les récits de René Caillié, premier Français qui eût traversé le Sahara de bout en bout, étaient assez généralement mis en doute. Barth et ses compagnons d'exploration étaient occupés à pénétrer le mystère africain, mais le récit de leurs voyages n'avait pas encore été publié.
------Bref, en matière scientifique on devait s'en tenir à des essais de géographie critique, établis au moyen de recoupements nombreux par des officiers et géographes distingués. Du point de vue politique tout restait à faire.
------Le jour où Abd el Kader vaincu, le bey de Constantine disparu, les dernières résistances dans le Tell abattues, nos troupes vinrent border le désert saharien, de nouvelles destinées allaient s'ouvrir et la France ne pouvait plus arrêter le mouvement irrésistible de ses officiers, de ses administrateurs, de ses missionnaires et de ses explorateurs.
------Tant il est vrai que lorsqu'une nation civilisée est entrée au contact d'une contrée encore barbare et non policée, il lui est impossible de limiter son action et d'arrêter son expansion avant d'avoir atteint, serait-ce au delà d'immensités désertiques, d'autres contrées déjà occupées par ses soldats ou ceux d'une autre nation policée.