mise sur site le 27-08-2003
Évolution de l'Algérie de 1830 à 1930 : chapitre 1
la politique française
...Au cours de ce siècle, la France a changé cinq fois de gouvernement et par conséquent de politique...
Cahiers III du Centenaire de l'Algérie
par M.E.F. GAUTIER, professeur à la Faculté des Lettres d'Alger

collection personnelle.

n.b : tous ces textes ont été passés à l'OCR, je ne les pas vérifiés minutieusement. Veuillez pardonner les erreurs éventuelles, vous pouvez même me les signaler.Merci
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CHAPITRE PREMIER

LA POLITIQUE FRANÇAISE

-------Au cours de ce siècle, la France a changé cinq fois de gouvernement et par conséquent de politique.

Restauration

-------C'est la Restauration qui a conquis Alger. C'est elle qui a déclenché l'évolution. Et plus précisément, c'est le dernier roi de la Restauration, c'est Charles X.

-------Ceci est curieux. Parce que, de tous les chefs d'État qui ont successivement présidé aux destinées de la France à travers le siècle dernier, Charles X semble bien avoir été celui qui fait la plus pauvre figure.

-------On peut faire une comparaison curieuse. Dans la succession de ce colosse génial que fut Napoléon 1er, la France n'a absolument rien trouvé. Elle a trouvé l'Algérie dans la succession de Charles X. C'est à vous dégoûter d'être un homme de génie.

-------Une nation n'a probablement pas intérêt à être conduite par un homme exceptionnel, par trop disproportionné avec la taille moyenne de l'humanité.

-------Un peuple intellectuel à l'excès, comme le nôtre, ne sent pas assez quel rôle immense et bienfaisant tiennent les hommes ordinaires dans la conduite des grandes affaires. Peut-être sont-ils une matière amorphe, et en quelque sorte un meilleur conducteur, à travers lequel passent sans résistance les effluves des forces profondes. Ils résistent moins aux poussées de la destinée, aux lois générales inexprimées qui régissent l'évolution des organismes politiques et sociaux.

Louis-Philippe

-------Le gouvernement de Louis-Philippe a continué et achevé la conquête de l'Algérie .Il l'a achevée parce qu'elle était commencée, et qu'il était pris dans l'engrenage ; parce qu'il n'a pas pu trouver de demi-mesure satisfaisante ; parce que le roi avait du sens politique; mais sans l'appui de l'opinion, indifférente et même hostile. On a pu dire que nous sommes restés en Algérie parce que nous n'avons pas pu en sortir. Ce fut une conquête à contrecoeur, par à-coups, sans plan préconçu, avec des alternatives de découragement et de recul.

-------L'homme même à qui on finit par confier les effectifs et l'autorité nécessaires pour la mener à bien, le maréchal Bugeaud, avait commencé sa carrière en signant le traité de la Tafna, qui était un demi-abandon.

-------Ce même Bugeaud pourtant avait pris pour devise un aphorisme latin : Ense et aratro ; qu'on pourrait traduire à peu près : l'épée n'a de sens que si elle cède la place à la charrue.

-------On entrevoit déjà l'avenir de l'Algérie qui était d'être une colonie au sens étymologique du mot, une colonie de colons, une colonie de peuplement.

La seconde République

-------La courte existence de la seconde République s'est écoulée dans un tumulte d'émeutes françaises et européennes. Elle a pourtant laissé sa trace en Algérie. Les déportations qui suivirent l'insurrection de juin y ont déposé des germes, dont on ne songe pas assez peut-être combien ils furent intéressants.

-------Une grande place en Algérie est occupée par les colons d'origine italienne et surtout espagnole, dont l'éducation politique était peu avancée, dans l'atavisme desquels le préjugé religieux antimusulman était prépondérant. Les déportés, aux convictions politiques ardentes, ont apporté l'esprit civique et laïc. Ils ont été un ferment de grande importance.

Le second Empire

-------La politique du second Empire fut en Algérie, encore que négativement, extrêmement intéressante. A titre d'expérience avortée elle éclaire le sens de l'évolution.
-------Le second Empire a suivi une politique exactement inverse de celle du gouvernement précédent, et surtout du suivant. Il a vigoureusement remonté le courant.
-------«Ç'a été l'époque du Royaume Arabe » : Napoléon III, empereur des Français, était conçu comme sultan des musulmans algériens, à peu près comme François-Joseph était empereur d'Autriche et roi de Hongrie. Il mettait un simple lien personnel entre deux entités politiques aussi indépendantes que possible.
-------Pratiquement, cela signifiait une barrière aux progrès de la charrue européenne. Les colons étaient parqués dans des réserves autour de quelques grandes villes. Tout le reste était le royaume arabe. Les indigènes, gouvernés par les officiers des bureaux arabes, y étaient efficacement séparés de la colonisation, tenus sous cloche, abandonnés à leur propre puissance évolutive.

-------C'était une idée intéressante. Une certaine analogie est évidente avec ce que nous appelons aujourd'hui le protectorat. .

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Le second Empire, gouvernement autoritaire, a tenu solidement le gouvernail algérien. Il fut même un temps où il a voulu le prendre directement en main. Il créa à Paris un ministère de l'Algérie, qui fut confié au prince Napoléon. La grande innovation était que l'Algérie dût être gouvernée à distance, de Paris directement, par un ministre. C'est l'effort d'administration directe le plis marqué qui ait été jamais fait par la métropole. Qu'il ait été fait par l'Empire, rien de plus normal.

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Cet effort échoua très vite. On dut reconnaître l'impossibilité de gouverner d'aussi loin, hors de tout contact avec les réalités. L'esprit faux que fut le prince Napoléon était tout désigné pour une entreprise chimérique. Son cousin l'empereur, qui ne l'aimait pas, la lui a confiée peut-être avec l'arrière-pensée qu'elle était condamnée à l'échec.
Mais après comme avant le prince Napoléon, l'Algérie fut aux mains d'un gouverneur général tout puissant, qui fut invariablement un militaire, chef naturel des bureaux arabes, tout dévoué à l'idée du royaume arabe.

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Les colons, contenus et bridés, ont eu pour les bureaux arabes une haine passionnée, injurieuse. Ils en ont dit beaucoup de mal, ce qui était de bonne guerre. Mais il ne faut pas les en croire : les violences de polémique sent nécessairement d'une extrême injustice. Les officiers de bureaux arabes furent et sont encore dans l'ensemble un corps magnifique d'hommes pénétrés de leurs devoirs, admirablement au courant de leur besogne. Ils ont fait et ils font encore dans la société indigène une très belle œuvre de pacification des esprits.

-------L'expérience du royaume arabe a donc été faite dans les meilleures conditions, continuée pendant près de vingt ans, avec esprit de suite, par des hommes dévoués et compétents.

-------Or, voici les résultats qu'elle a donnés. On les trouvera exposés plus en détail aux chapitres II et III.

-------En gros, dans le royaume arabe, pendant la durée du second Empire, les statistiques ont accusé dans le chiffre de la population indigène un recul d'un cinquième. Elle est tombée de 2.500.000 à 2.000.000 d'habitants, en pleine paix, par simple insuffisance de vie moderne et de prospérité matérielle, pendant que la colonisation marquait le pas.

-------En face de ce fait brutal, un esprit impartial peut difficilement se refuser à la conclusion : il faut admettre un lien entre la prospérité des colons et celle des indigènes.

-------En tout cas, la IIIè République a tiré cette conclusion. Elle a fait l'épreuve du fait dont le second Empire avait fourni la contre-épreuve.

La troisième République

-------On sait que l'empire colonial français a été l'œuvre de la IIIè République. La Tunisie et le Maroc, le Soudan tout entier et le Congo, Madagascar, le Tonkin et l'Annam. Conquêtes républicaines que tout cela. Mais ce qu'on ne sait pas assez, c'est que l'Algérie elle-même, l'Algérie des colons, l'Algérie économique, est elle aussi, on le dira plus longuement aux chapitres suivants, œuvre républicaine; le grand élan est postérieur à 1870. Comme tout l'empire colonial français, l'Algérie, qui en est la clef de voûte, a été l'œuvre de la IIIè République.
-------En bonne justice, il faut faire hommage des résultats obtenus à la politique suivie. Ce fut exactement le contraire de la politique impériale.
-------Un grand fait capital, source d'émotions intenses, fut la nomination d'un gouverneur général civil. Dans les toutes premières années de la IIIè République, le gouverneur général, qui avait toujours été jusque-là un militaire, fut pour la première fois un civil, Albert Grévy, le frère du président. L'événement fut accueilli par les colons comme un triomphe et c'en était un.
-------L'Algérie a pris alors sa curieuse figure de prolongation de la France métropolitaine, au point de vue administratif, et électoral. Trois départements français avec tous leurs organes, préfectures et sous-préfectures, dont une attribution essentielle est naturellement la préparation des élections à la Chambre et au Sénat.
-------Cette conquête du bulletin de vote pour les Chambres françaises, l'Algérie l'avait saluée avec enthousiasme, mais elle ne s'en contenta pas longtemps.
-------Le 15 décembre 1898, le gouverneur-général, M. Laferrière, inaugurait les Délégations financières, petit parlement algérien. C'était une concession aux émeutes dites antijuives. L'Algérie désormais, tout en conservant sa représentation au parlement français, a son autonomie financière. Un résultat de cette création fut que l'Algérie, qui avait été jusque-là plus ou moins à la charge de la France, en est venue bien vite à ne plus coûter un sou au contribuable métropolitain.

-------Tels sont les grands tournants de l'histoire politique algérienne sous la IIIè République. Le sens général de cette évolution a été manifestement l'extension à l'Algérie des principes politiques de la démocratie métropolitaine. La direction politique de la colonie a été mise progressivement aux mains des colons eux-mêmes.
-------En face des résultats obtenus, il est difficile de nier que les colons ont fait un bel usage du pouvoir qui leur était confié.

Les Personnalités marquantes

-------Le gouvernement français a toujours été représenté par des Gouverneurs généraux. Il n'est pas à l'échelle du présent travail d'en donner la liste complète, qui serait longue, ni de s'essayer à dégager la part de chacun. Beaucoup ont été des hommes éminents, des personnalités attachantes: Bugeaud, Mac-Mahon, Chanzy, Cambon... pour ne citer que les plus anciens.

 

 

-------Il serait injuste de ne pas citer le nom de M. Jonnart. Entre 1900 et 1920 environ, ses trois proconsulats mis bout à bout ne doivent pas faire loin d'une quinzaine d'années, ce qui est un record. Le début du XXè siècle fut le moment où la grande prospérité économique éclata en Algérie comme une explosion. ]Jonnart a eu plus longtemps qu'aucun autre gouverneur général l'honneur de présider à cette magnifique évolution.
-------- D'autres hommes, qui ne furent pas gouverneurs généraux, ont pesé de la façon la plus heureuse sur l'évolution de l'Algérie.

-------Jules Ferry n'a pas seulement déclenché l'établissement en Tunisie du protectorat français. Comme rapporteur du budget algérien, il a exercé une action profonde.

-------Burdeau fut un autre rapporteur du budget, dont le rapport en 1892 fut une date importante.

-------Paul Bert n'a guère touché directement aux affaires algériennes; mais son œuvre dans la politique coloniale de la IIIè République a eu sa répercussion en Afrique du Nord.

-------Parmi les parlementaires d'Algérie, M. Etienne a occupé une place à part. Il était un type excellent du colon algérien, avec ses qualités et sans doute aussi ses défauts. Pour exercer une action, il n'a pas eu seulement à sa disposition les ressources propres de son tempérament. II a eu l'immense avantage de durer très longtemps. II représentait le département d'Oran, où le corps électoral est moins instable qu'à Alger.

-------La pacification du Sahara et du Maroc a été de grande conséquence pour l'Algérie, oui doit assurément une part clé reconnaissance au général Laperrine et au maréchal Lyautey.

-------Au berceau de l'Algérie, on n'a que l'embarras du choix peur signaler une foule de personnalités marquantes. Mais cet embarras du choix est grand. On serait fort embarrassé pour désigner l'homme en particulier qui puisse revendiquer pour lui cette œuvreéminemment collective que fut la mise en valeur de l'Algérie.

-------Dans cette œuvre collective il faut souligner celle du Gouvernement général, organisé en services et bureaux. Pendant que les gouverneurs passaient, en grand nombre, sous leur succession souvent rapide, le gouvernement général durait immuable. C'est la condition essentielle du travail utile.
-------La carrière administrative en Algérie a été une carrière fermée; le fonctionnaire y entre au début de la vie, pour devenir plus tard, s'il réussit, un directeur à cheveux gris; il n'en sort pas : aucune porte n'ouvre normalement sur d'autres administrations françaises ou coloniales. Le résultat est que le gouvernement général est pénétré d'esprit algérien: il a l'instinct de la situation, le senti­ment inné des réalités et des possibilités.
-------Si par impossible le Gouvernement général oubliait l'Algérie, elle aurait vite fait de se rappeler à lui. Les colons ont leur vie politique, leurs assemblées, leurs journaux ; une opinion publique parfois acariâtre apporte incessamment au Gouvernement Général l'appui rectificatif de son contrôle. Entre l'Algérie et son gouvernement, il y a symbiose.
-------L'œuvre du gouvernement général n'en a été que plus avisée et par conséquent plus efficace. Mais c'est une œuvre de collaboration.
-------Le gouvernement général a suivi l'Algérie, il ne prétend pas l'avoir faite, pétrie de ses mains.
-------Non, ces initiatives individuelles qui ont construit l'Algérie il ne faut pas les chercher seulement au haut de l'échelle administrative. Elles furent innombrables et obscures. L'Algérie s'est (bâtie un peu comme une fourmilière, anonymement. Personne n'a fait l'Algérie exprès, en accord avec des principes, suivant un plan établi.
-------Un historien récent de l'Empire Romain prétend que Rome a conquis son empire sans l'avoir voulu, par inadvertance, sous la pression inaperçue des événements. C'est peut-être ainsi que se font toutes les grandes choses.

L'Interdépendance de la France et de l'Algérie

-------Cette force intérieure de développement et d'autonomie, qui s'est attestée en Algérie, il faut noter qu'elle a ses limites.
L'Algérie a été conquise par l'armée française et elle ne tient que par l'armée française. Le colon, homme pratique, en est extrêmement conscient.

-------N'en concluez pas que l'indigène gît écrasé sous la botte. Rappelez-vous simplement que jamais depuis 2.000 ans, l'Afrique du Nord n'a été capable, sans le secours de l'étranger, d'organiser elle-même son ordre et sa paix. Elle en est aujourd'hui aussi incapable que jamais.

-------Songez encore, que la viticulture est la grande ressource économique de l'Algérie, qui est donc étroitement liée au consommateur Français. Ceci aussi va très profond. L'Afrique du Nord depuis 2.000 ans n'a été prospère que lorsqu'elle faisait partie d'un empire extérieur à elle, dont les marchés lui étaient ouverts.

-------On a souvent rappelé la proximité matérielle d'Alger et de Marseille. Cette proximité est le moindre des liens qui unissent les deux pays. L'hypothèse de l'indépendance algérienne est inconcevable.

Perspective d'Avenir

-------Un centenaire est une coupure artificielle dans une évolution. Mais celui-ci coïncide, à peu de chose près, avec un événement énorme, la fin de la grande guerre c'est-à-dire peut-être avec un grand tournant de l'histoire de France.
-------La France vient de réaliser son rêve séculaire. Toutes les monarchies de l'Europe ont croulé : la démocratie est victorieuse partout. La France dé 89 est un peu dans la situation d'un parti politique qui a réalisé son programme.
-------En conséquence il semble que les préoccupations coloniales tiennent une place croissante dans l'opinion publique. Notre empire africain était, naguère encore, coupé en deux par le Sahara. Il ne l'est plus depuis que le Sahara se traverse en quatre jours dé diligence automobile.
-------Si nous considérons les choses sous cet angle, l'Algérie répond à la question angoissée que nous voyons si souvent posée dans la presse : « Ah, si nous avions des colons! » Vous moquez-vous? Vous avez en Afrique du Nord 1.100.000 colons enracinés, entraînés, aventureux, et qui commencent à se sentir à l'étroit. A la fin du XVIIIè siècle l'Amérique du Nord avait en tout et pour tout 2.000.000 de colons Anglais, pas davantage.
-------On n'envisage presque jamais le phénomène colonial dans son ensemble; en dehors de ses modalités particulières dans le temps et dans l'espace. On ne généralise pas assez le problème. II est évident que depuis trois ou quatre siècles, depuis Vasco de Gama et Christophe Colomb, nous sommes entrés dans une crise de colonisation aiguë, progressivement phagédénique. Au XVIIè et au XVIIIè siècle, 1 Europe a colonisé l'Amérique tout entière de la Terre de Feu à la baie d'Hudson. Au XIXè siècle, la colonisation ou la civilisation Européenne ont pénétré toute l'Afrique du Nord au Sud. Au XXè siècle, la question qui se pose sous nos yeux est de savoir si la vieille Asie sera européanisée ou si elle s'européanisera elle-même. Il y a là une courbe d'une ampleur, d'une continuité impressionnantes.
-------Nous n'avons encore que des histoires nationales, à base scolaire, ad usum Delphini, à l'usage du petit citoyen. Nous ne pouvons pas avoir autre chose : la vie est trop dure; il y a là une question de vie ou de mort, une question pragmatique
-------Quand le recul du temps permettra la création d'une histoire universelle, planétaire, il est probable que le phénomène colonial apparaîtra dans les temps modernes le phénomène central autour duquel tout le reste se groupe.

-------C'est à peu près ainsi que dans l'antiquité, dans les siècles qui ont précédé l'ère chrétienne, toutes les histoires nationales convergent vers le grand phénomène colonial, l'Empire Romain, c'est-à-dire la colonisation par l'homme gréco-romain, ou par sa civilisation, de tout le monde alors connu.

-------Il semble évident en effet que dans le passé humain, tel que nous le connaissons, la période moderne a un prototype, et un seul, la période gréco-romaine.

-------Il semblerait se dégager une sorte de loi. Toutes les fois que, sur un point déterminé de la planète, il se crée une accumulation énorme de forces, d'intelligences, de richesses, de ressources, alors cette accumulation se déverse tout autour; c'est un écoulement irrésistible; il est rendu inévitable par le déséquilibre, et il continue jusqu'à ce que l'équilibre soit rétabli. Cette loi humaine du phénomène colonial aurait de l'analogie avec la loi physique des vases communicants.

-------Sur notre petite planète, l'humanité, à tout prendre, tend nécessairement vers une certaine unité. Cette unité ne peut être que le résultat d'un brassage. Le phénomène colonial serait une modalité de ce brassage. Une autre modalité serait peut-être les invasions de barbares, mais ceci est une autre paire de manches.

-------Si on considère le phénomène colonial sous cet angle, et je ne vois pas comment on pourrait contester la légitimité du point de vue, alors nos discussions momentanées, nos répugnances esthétiques, nos indignations politiques et sociales, et d'ailleurs aussi inversement nos convoitises, apparaissent réduites à une échelle extraordinairement petite, et on a peut-être le droit d'en faire abstraction.

-------Dans l'espèce, dans l'ensemble de l'Afrique française, notre devoir évident est d'éveiller à la vie moderne, comme nous l'avons fait en Algérie, et avec son aide, notre moitié de continent.