Cagayous

MUSETTE

Première partie
pochades algériennes

AU CAFÉ-CONCERT - UN FAUX CAGAYOUS - CHEZ LE PHOTOGRAPHE

mise sur site le 17-3-2010

10 Ko
retour
 

AU CAFÉ-CONCERT

L'aute soir, un enfant que je connais son frère et que dans l'ancien temps y faisait l'armée vec un tas de sacatrapes, y me donne un papier long, comme à tous les hommes et à les femmes qui marchaient rue Bab-Azoun.

- Quoi c'est tu veux que je f... avec ça ? j'y dis. Tu te crois j'ai besoin d'aller au môle ? Allez ! allez ! laisse passer le monde tranquille !
- Qué coyons ! Prends-le ; qu'est-ce que t'as peur ? C'est pour le Tréâte de le Cirque.

Alors moi je prends le papier et je me vois écrit dedans qu'un négro qu'on y dit Nowils y va jouer des choses qu'on se pisse de rire et tout.

Juste ce jour-là, moi, Embrouilloun et Gasparette nous savions pas de quoi faire pour rigoler. Parce que tout le temps de chanter
vec l'accordéion dans la nuit, c'est pas pour dire, mais ça vous fait venir la voix des allaches et on peut plus parler bien.
- Allez, nous venons à le cirque et nous faisons le potin ? Qui c'est qu'il a dix sous à la Banque ?

Embrouilloun et Gasparette tout de suite y disent oui, et le soir, à bonne heure, nous avons marché du côté lasplanade Bablouette, là où il se tient le tréâte que je parle.

Premier, avant rentrer, nous faisons une choufa chacun chez la femme oùsqu'y travaillait ce fant de loup d'Annibal. Moi, je me lèche un chocolat citron que jamais le général y s'en fait comme ça ; les autes y z'ont mangé une vanille chaque qu'elle était pas mauvaise.

Et après, une cigarette, un coup de saragata et vingà dans la boîte ; trois fauteuils de zouaves par en haut les planches. Ma parole, de tant de lastiques qu'y a, on saute en l'air si on s'assit pas doucement. Marche la route Ça fait rien. Le c... de nous autres il est dur !

Après une miquette de musique, oilà le rideau qui s'enlève et une femme y s'amène vec de la farine dessur la figure, dessin- les tétés, partout, que vous croyez son père il est pastafanque ou plâtrier.

Elle commence chanter une chanson chou arrie.

Après elle se f... le camp. On tape des pieds pour qu'elle revient, et elle chante une autre chanson où c'est qu'on parle d'une chose que si jamais on le sort dedans la rue, la poulice premier coup elle vous f... au bloc.

Quand cette femme elle a fini, une autre y vient et pis une autre qu'on l'y voit les jambes jusqu'en haut la pastèque.

Aïe ! Mariquita ! Vec de l'houile !

Gasparette y se régardait pareil que si on se Parait pnotisé comme un sonambule.

Embrouilloun qu'il est salaud comme un Apolitain de la Marine, y faisait : pppp ! vec sa main dessur la bouche.

A cause de ça, j'y ai collé une topza numéro un dessur la carabasse.

- Rigole tant qui te fera plaisir ; mais tu fais pas des saloperies ici oùs-qu'y a des femmes que peut-être elles sont mariées et tout. Oilà ! ti es prévenu. Si t'en veux une autre, parle, y en a encore dans la poche !

Ce m... là, est-ce qui commence pas à faire un escandale, me dire des insultes et taper des coups de soulier dessur les planches qu'une elle s'a oté !

La poulice elle a monté et elle a empoigné Embrouilloun qu'il a sorti dehiors bessif.

D'un peu, elle me fait sortir à moi.

Voir moi, ce fant de... je sais pas quoi, ça qu'il est cause !

Hé ! laissez qui s'en aille en galère ! Jamais je marche plus avec lui !

Quand les femmes que je dis elles ont chanté, un homme y rentre dessur le tréâte pour dire que M. Nowils il est malade et qui peut pas travailler.

Maladetta I Moi que j'avais venu rien que pour ce négro, oilà que j'ai jeté dix sous dedans la mer !

Ça fait rien 1 J'y dis à Gasparette que nous restons pour voir les autres choses. Lui y veut, qué !

Si vous ariez enrégardé sa figure, on se croit qu'il a la fiève thypholide de tant rouge qu'elle était. Chaque coup y me disait

---- Dis, quand c'est que la femme qu'elle est grosse elle chante encore ?

Qu'est-ce que je sais, moi ! Chète-toi un programme, spèce de fourneau. Ti es en chaleur ou quoi ? Dis la vérité.

Rien y répondait. Mais je vous jure que si j'y mets la cigarette en devant un oeil, tout de suite elle s'allume.

Un peu à la fin, comme ça, çuilà qu'on pelle Staing il est venu dire des histoires qu'on crève de rire. Çuilà-là y travaille bien, vous savez ! Pour sortir des tchaldes aucun ici l'attaque. Bien y parle vec des mots que tous y comprend et qu'on a pas besoin se prendre chaque coup le dictionnaire.

Taïba, Staing !

Quand cet homme-là il a parti, moi et Gasparette nous nous avons tiré.

Gasparette il a pas parlé jusqu'à le milieu de la rue Bablouette.

Là, tout d'un coup, y s'arrête contre les arcades pour changer l'eau des olives.

Moi aussi.

Après y me dit :
- Cagayous, ti as cinq sous ?
- Pour quoi c'est faire ?
Parle ! Ti as cinq sous ?
- Allez, oui j'ai cinq sous ; qu'est-ce qui a ? Tu veux m'assassiner pour venir riche ? Tu fais pas des yeux comme ça, tu te ressembles un taureau de muerte, je te jure !
- Rigole pas ; prête-moi cinq sous ; demain je te les donne. Que le Bon Dieu y m'enlève la figure si c'est pas vrai.

Moi, j'y prête dix sous, pourquoi quand même il est naz, c'est un camarade qu'il est gentil.
- Oùsque tu t'en vas à présent ? j'y parle.
Lui y s'approche côté moi et y dit comme ça :
- Tu sais, Cagayous, jamais t'y dis à ma mère, ni à mon grand frère, hein ? Je monte... par en haut...
Aouah ? Ti es fou ?
- Passe-moi que je suis fou : le sang y me pique la même chose que si je m'arais mangé des orties. Adios !
Et ce rosse-là y s'a f... à courir par la rue Casbah...
Ça c'est la femme grosse de le tréâte qu'elle est cause.
Apariez tout ça que vous voulez !

UN FAUX CAGAYOUS

Voir moi comme y en a qui se veulent faire des embarras vec ça que les autres y z'ont sorti tout seul sans que personne il y dit rien !
L'autre après-midi que le gargal y tapait pas beaucoup et que les eaux elles étaient un peu blanches, y me vient le goût aller pêcher les mulets dedans le Kassour, vec Bacora, mon camarade.

Ça va bien. Oilà que nous achetons du pain, nous faisons du sable, un peu, pourquoi ces fants de loup des fois y touchent à la sardine, des autes fois par force y demandent du fromage pourri. Maintenant, y mangent à la pâte. Bon !

Moi et Bacora, à deux heures, comme ça, nous commençons descendre par la corde de le boulevard des soldats que juste elle est en dessus le Kassour.

En bas, nous prenons la pastéra et quand nous avons trouvé la peschéra de nous autres, nous commençons donner fond à la proa, à la popa et pis encore en côté la toletière pour pas le courant y nous casse les...

Ça va bien. Un coup de broumitche ou deux, après nous armons un caris chacun et vingà de caler.

Zinzinzin... Zinzinzin... les mulets fin y suçaient, pourquoi y la connaissent dans les coins ces m... là !

Un qui sait pas bien, jamais il en tire si c'est des caboutes. Les galta-rodges tous y z'en attrapent. Ça c'était des caboutes quarante sous chaque, je vous jure !

J'y dis à Bacora : donne-z-y du broumitche, donne ! Nous faisons une corbeille de trente francs, bessif !

Moment après que j'ai parlé, zac ! je m'accroche un morceau de mulet pareil un lion. Bacora il empoigne le salabre, et moi, travaille que tu travailles : j'y donne un peu de la canne, j'y tire, j'y donne, j'y tire, et à force à force, je me l'amène à Bacora qui me le salpe par en dessous.

Allez, tac, tac ! quatre castagnes dessur la tête avec le tolet et vingà de broumitcher vite, et après caler.

Nous avons sorti moi et lui quatorze mulets et un sar, joli, hein !

Tout d'un coup, un homme que je le voyais pas y se f... à crier :

- Cagayous ! Ho ! Cagayous ! amène-toi, des femmes y te demandent !

Amane ! à moi des femmes elles me demandent ? D'aoù c'est qui sort çuila-là ? Peut-être j'y dis à Bacora, c'est Rémédio vec les autres qui s'a venues pour faire une caldéra ?

Alors je commence de salper la corde pour voir quoi c'est y voulaient ces figueras que çuila qui les a... y mange plus de sel !

L'homme que je le voyais pas y se f... à gueuler un autre coup :

--- Ho ! Cagayous ! allez tu viens ou non ! Moi j'y crie :

- Oilà, je viens ! Pas besoin tu fais un escandale que tous les poissons y sortent la tête d'en dessous la mer pour voir ta fatche de katz !

Allez, vogue, Bacora !

A peine nous avons sorti dehiors, que nous entendons un Apolitain qu'il était dedans une pastère oùsqu'y pêchait au tchirimbec une bouillabaisse de misère, qui se f... à parler à l'homme qu'il était à terre la même chose que si Cagayous ça serait lui.

Alorss oui !

---- Scie ! j'y dis à Bacora, scie, laisse voir ça qui va faire ce naps là !

L'Apolitain y tire la corde et y se met à ramer fort, côté le bain Delson. Nous autres nous marchons darrière lui, et nous arrivons en même temps à la plage des femmes.

La je m'entends l'homme de tout à l'heure qui l'y dit :

- Allez, dépêche-toi, Cagayous, les femmes y t'attendent depis une heure !

Christo ! je saute dedans la mer où c'est que j'avais pied et je monte dessur la plage comme le vent.

- Où c'est qu'il est Cagayous ?

- Oilà ! y me dit l'Apolitain qu'il a une moustache grande, pis des yeux ronds pareils un méro blanc.

Le feu y me brûlait la tête.

- Qui c'est qui t'a donné la permission qu'on t'appelle avec le nom qu'il est à moi ? Allez parle ! Pourquoi moi, tu sais, j'y mange les... à la trimille... de sa soeur, à çuilà qui vient voler le nom que mon père y m'a jeté

Lui y me dit :

- Qu'est-ce que je sais, moi ! Tous y m'appellent comme ça à la pêcherie, à le bain, partout, à cause que dans le temps j'avais mal dans les yeux. Mon nom véritable, c'est pas comme ça.

Pourquoi alors tu laisses ? Pour faire la fantasie vec le nom que tous y connaissent, qu'il est le premier, la même chose le roi de tous les salaouetches ?

- Aouah .! Je te jure c'est pas pour ça. Tiens, que le bon Dieu y me lève les yeux si c'est pas la vérité !

-- Ça va bien. Si un y t'appelle encore une fois Cagayous que c'est mon nom à moi, à la coupe je vends le melon que ti as dessur les épaules. Fais entention !
-- C'est ma faute à moi, si tous y me disent Cagagous? En oilà encore un ! Ti veux j'y sors la langue au monde ou quoi ?

- Ça me régarre pas ! Fais-toi écrire des- sur la gorra que tu t'appelles pas. comme ça.

Cagayous c'est moi, basta. Oilà ça que je dis ! - Alors, comment je m'appelle ?

- Moi, si je serais des femmes que t'y apprends à nager, je te sors le nom de Bomarole à cause que ti es rouge pareil la tomate...

- A poutan-y-mame !

- Tu veux un autre mieux ? Dis-y qu'on t'appelle : Soubressade !

- Fets...

---- Assez ! tu sors plus des insultes en apolitain au monde qu'il est poli, spèce de fourneau ! Fais-toi appeler comme c'est lu voudras, je m'en f... A présent ti es prévenu. Demain je viens. Adios !

Quans nous avons parti vec Bacora et que nous avons passé à côté le djemmel, que c'est un rocher gros comme une maison, l'Apolitain y commence à faire bacchanal après moi.

Si ça serait pas été à cause du poisson qui se séchait dedans le bateau... Mé cago !

Laissez ! ça fait rien ; une autre fois, moi et lui nous parlerons ensemble L.

Le baylek payé, deux verres de l'anisette, un sou un sou de galantita, nous avons fait six francs et huit sous chacun.

Hé ! toujours c'est bon !

CHEZ LE PHOTOGRAPHE

Çuilà qu'on l'appelle M. Leroux, pourquoi y tire le portrait au monde, y m'a demandé, l'aute jour que je viens chez lui pour qui me fait la photographie, et moi j'a été tout de suite vec Tape-à-l'oeil, à cause que marcher tout seul chez les mecieux ça vaut rien.

Je me mets le pantalon des dimanches, chemise riche, foulard qu'elle m'a fait cadeau Remédio pour ma fête et tout ça qui faut, bien et tout.

Oilà que moi et mon camarade nous commençons aller chez le photographe à cinq heures de le matin, avant que le soleil y sort, pourquoi on m'a dit que pluss c'est à bonne heure, plus mieux la figure elle est fraîche.

Nous frappons la porte de le magasin et y s'amène un arabe qui se vend des fleurs, qui dit comme ça que M. Leroux y dort jusqu'à sept heures, et qu'on fait pas le portrait quand le magasin il est fermé.

Ça fait rien. Moi et Tape-à-l'oeil nous f... le camp côté le boulevard en tendant qui monte le jour. Seurement pour pas que la figure elle vient vilaine, nous se mettons en dessous les arcades.

Au bout d'une heure comme ça, Tape-à-l'oeil qui se tenait un trou dans le ventre pareil un tonneau vide, y me parle :

- Ho ! Cagayous, nous faisons un champoreau au lait à chez Tabone : ma barrique elle s'a ouvert la porte d'en haut ?

- Tu payes ?

- Qué, je paye I Chacun pour sa peau...

Ce fant de garce qui se mange pas assez pour... jamais y paye rien, vous savez ! Mais comme il a pas beaucoup de l'argent dans la poche, parce que sa mère elle a mal aux yeux et qu'elle travaille pas, moi j'y dis que je paye le champoreau et le croissant.

Lui, de content qu'il est, y commence de faire trois ou quatre cabrioles en-dessous les arcades, et après y se f... à chanter fort :

" Aux riches, aux riches,
" Faut li casser la gueule !...


Jamais vous avez vu un fourachaux comme ça. Si ça serait pas été pour le portrait que je veux pas aller tout seul, j'y arrée une patate dessus la miche que le sel il y monte dans la langue. Patience !...

Après le champoreau, nous promenons un coup à la place de Chartres. Mais la... de sa mère à ces rosses de pendules, aucune elle marchait vite !

Pour que le temps y passe, nous faisons un sou des figues Barbarie oùsqu'on en donne huit.

Tape-à-l'oeil qui connaît rien, y veut s'avaler une figue à la manière des Arabes, et d'un peu le vent y rentre plus dedans sa potrine.

Oilà ça que c'est quand on veut faire le malin !

Moi que je commençais me faire vieux de tant de temps que je promène pour rien, j'y dis à Tape-à-l'oeil :

- Allez ! marchons ! Si le photographe y dort encore, ma parole, j'y f... un bloc dessur le magasin et hessif y vient !

Nous s'en allons par en bas l'escalier et quand nous passons à côté les Deux Magots, Tape-à-l'oeil y se met en devant une glace et vingà de tirer la langue et de faire une fatche pareille un châdi.

- Amane ! Des fois que tu serais giron, dis la vérité. Ti as pas honte d'arrégarder une tête de n... bon matin ! Tu vois pas que la glace elle vient rouge ! Allez, lève de là, lève, spèce de pourpe !

-- Laisse, ho ! J'a une épine de figue Barbarie qui m'a rentré dans la langue.

- Va-t'en à la m... vec ton épine !

Dis-y au forgeron qui te l'arrache. Allez, démarrons.

Cette fois le photographe il était ouvert. Vive nous autres !

Un mecieu de le magasin y nous fait rentrer, et pis après y nous rouvre une petite porte par derrière et y nous dit monter jusqu'en haut la
terrasse.

Moi et Tape-à-l'oeil nous montons et nous se voyons M. Leroux qui me touche la main et qui nous fait rentrer dans une chambre vec des carreaux bleus que c'est là qu'on tire le portrait.

Moment après qu'un homme il a fini arrangé la boîte, le verre et tout, M. Leroux y me parle que je m'assis dessur une chaise et y me monte un truc en errière qui m'engantche la carabasse...

- Zoop ! je veux pas qu'on me fait la photographie vec un morceau de fer que tous y se croient que j'avais pas le courage ! Moi tout
seul je me tiens.

Lui y commence m'espliquer que ce chose là on le met à tout le monde et que rien on voit après.

- Enfin, pisque ça vous fait plaisir, laissez qui reste.

Oilà qui me tourne la tête, y me tourne la potrine, y me fait arrégarder un endroit tout le temps, qu'à force à force les yeux y me brûlent la même chose que quand on pluche des oignons.

Qué travail ! Moi je me croyais que pour tirer le portrait on s'empoigne une mécanique et que tchac ! la carte y sort. Combien des embrouilles y faut

Entention ! bougeons plus, y dit l'homme.
J
uste quand y sort le tiroir et qui s'enlève le chapeau du tuyau de devant, Tape-à-l'oeil qui se voulait voir comment la figure elle rentre dans le verre, y se met derrière de moi.

Le photographe y se f... à gueuler, pourquoi, c'qui paraît, le portrait y s'avait manqué.

- Christo ! laissez que j'y tape une calbote à ce f... de... là

Mais l'homme y me dit :
- Bougez pas, nous allons recommencer.

Et après il a fait sortir Tape-à-l'oeil. Quand ce foulafaim il a passé côté de moi, j'y ai lâché un coup de pied que si y se l'avait reçu, les deux jambes j'y casse ; mais comme je peuvais pas bouger, j'ai manqué.

En sortant je le mange, que le Bon Dieu... - Entention !
Y asta !

L'homme y ferme le tiroir, y sort une boîte et y s'ensauve vite avec, dedans une chambre qu'elle est noire pareille une cave.

Je sais pas quoi c'est il a fabriqué là-dedans ; si s'a fait bouillir mon portrait, ou y s'a fait la bataille des jésuites avec !

Personne y connaît rien !

Demi-heure après l'homme y s'amène vec un carreau mouillé, et y me fait voir soisandisant mon portrait.

--- Allez, rigolez pas. C'est moi, ça ? Des cheveux blancs et des yeux aveugles, j'ai, moi ? Si vous savez pas travailler, disez-le ; mais vous savez, si vous voulez vous f... de mon kilo, moi je vous casse !

- Vous fâchez pas, qui me dit M. Leroux, ça c'est le cliché.

-- Cliché... cliché !... Moi j'a venu ici pour le portrait. Oùsqu'il est ? Vous êtes pas capable le faire voir, oilà ça que je sais !

Alors lui y prend le, verre par en côté et y me fait tourner un peu.

Ce coup-là je m'a vu naturel... Amane ! Quel fourbi c'est ça ?

-- Eh bien, vous êtes content à présent ? y parle M. Leroux.

-- Maintenant, je dis pas. Seurement pourquoi vous avez pas fait les jambes ? On se voit pas le pantalon. Mettez, mettez le carreau dedans la boîte et faisez-moi ça qui manque !

Y se f... à rigoler et y me dit qu'y a pas moyen mais que une aute fois y me tire tout entier.

Taïba !

Quand j'ai parti, M. Leroux y m'a demandé la permission qu'on met mon portrait en-dessous les arcades Bab-Azoun.

Moi j'y réponds que oui. Seulement j'y dis que si jamais y vient des femmes pour se l'acheter, on le vend à personne, pourquoi Remédio elle me mange les ....(Je dis pas quoi, mais quand même tous y comprend, pas vrai ?).