Cagayous

MUSETTE

Première partie
pochades algériennes

MON LIVRE
- PEAU NEUVE

mise sur site le 6-3-2010

10 Ko
retour
 

MON LIVRE

A présent que le livre que j'ai fait, moi, il est sorti, tous y se l'achètent pourquoi, c'est pas pour dire, hein, joli qu'il est ! Si vous verriez combien des mecieux et pis des femmes qui viennent au magasin où c'est qu'on le vend, on se croit qu'y a un scandale.

Le goût, je vous dis !

Seurement, y en a qui z'empêchent que le monde y se prend le livre en s'y prêtant une fois qui z'ont fini lire.

Ça c'est pas de jeu ! Ça c'est jouer à voler !

Oilà ea que je dis ! Çuilà gui veut se le lire, pas besoin qu'il attend qu'un autre il aille lu. Alorss quoi ! Moi je m'esquinte travailler pour la peau ? Ceuss-là qui z'ont la misère dans la poche, qui sortent ! Moi j'y fais cadeau pour rien un livre et qui s'en aillent se faire f... avec I

Enfin ça fait rien, l'argent y rentre pareille chez le boulanger, et quand tous y seront vendus, nous nous mangeons un riz vec les camarades que la pantcha elle s'esclaffe, ma parole !

L'aute fois que j'étais mesloute, j'ai dit à la femme de le magasin si y avait pas moyen qu'elle me donne quelque chose pour me faire neuf ? Tout de suite elle me tire cinquante francs de dedans le tiroir en disant comme ça si j'en ai assez.

- Coyons ! c'est tout ça qui faut. Qu'est que vous croyez alorss je m'en vais me marier ? Gardez-moi l'argent, vous avez pas peur ! Un aute jour je viens le chercher !

Après ça je f... le camp grande vitesse chez un marchand de tout, qui vend des choses un peu vieilles et encore bonnes, mème qui en a qu'on dirait qu'elles sont neuves. Là je avais vu un accordéion double qui sonne f m'ort la même chose la musique des zouaves. Quito, mon camarade, qui s'en sort pour jouer, y l'a essayé et y m'a dit que jamais il a entendu un accordéion comme çuilà de tant de bon qu'il est. Moi j'y demande à l'homme combien juste il en veut. Lui y me le monte 25 francs, soi-soi.

De l'envie qui me venait de prendre cet accordéion, je pose tout de suite l'argent sans marchander et je me l'emporte. Aïe I qué coup de polka je m'a sonnée par la rue I D'un peu le monde y me suit.

Côté place de Chartres, je commence acheter un foulard jaune et rouge tout de la soie, un chapeau gris la même couleur la cendre du cigare, riche, hein ! et encore une paire bottines à lastiques, bleues, vec tout plein des boutons en huître que quand les filles elles se les voient, par force elles se font l'amour !

Grande fantasie, je vous dis !

Pélé j'étais ! mais ça fait rien, l'argent y manque pas à la Banque, et quand c'est je veux prendre une pièce pour faire un verre, besoin demander, basta !

Maintenant que je m'ai habillé en dimanche, je me quitte pas le magasins oùsqu'on se vend le livre que moi je l'ai fait, pour voir ceuss-là qui se l'achètent.

D'un côté la porte, juste, y se tient une petite table du café et tout le temps l'anisette y marche. A tous j'y paye ! Laissez, ô ! la sanche y tape !
Et quand tout le monde y vient pas beaucoup, beaucoup, moi je m'empoigne l'accordéion et j'y donne un air que tous les chiens y se f... à gueuler de contents qui sont.

N'aute fois, j'y dis à Toffoul qui porte la guitare et, moi et lui, nous faisons un coup de flamenco battel !

PEAU NEUVE

Depuis que je m'ai sorti le livre que tous on se prend à cause qu'il est joli et tout, un tas de tchalifeurs y se mêlent à m'écrire des lettres que je sais pas ousqu'y font été se sortir tout ça qui y a dedans.

A qui c'est qui se croyent monter le cou, ici ?

Trop petits y sont ! Besoin qui vont à l'école encore, va !

Vous voulez que je vous dis la vérité, hein ? Tous y z'ont la rage pourquoi l'argent elle commence o rentrer dans la poché de nous au tes.
- Allez, parlez ! Vous avez honte ou quoi ? Vous voulez une pièce ou deux pour acheter la khoubisa vec un sou des olives ? Moi je vous donne !

Qu'un y sorte s'il a le courage, j'y fais cadeau pour rien un baril des spindjès pour qui s'en va faire la fête avec la... d'sâ soeur !

Miséria I Qué goût y z'ont tous ces f... la faim des blocs de faire marronner le monde qui fait rien à personne ?

Jaloux qui sont à cause que je marche pas avec euss à présent que le flous y s'esclaffe le portemonnaie.

Vous croyez, je sais pas moi ?

O ! laissez qu'un y me casse encore les..., d'un doigt, moi, j'y lève le... de son petit frère.

Combien vous êtes, allez ?

Tsss ! Si c'est pas malheureux voir ça !

Par force alorss, moi je m'en vais m'enfouracher vec ceuss là que je veux pas ?

Mon kats spèces de tchouches !

Un mecieu, je viens maintenant. Et alorss ?

Qui c'est qui m'empêche !
Paletot neuf, bien comme y faut, chape lau melon, la cravate que pas un il en a pareile... Est-ce que je sais combien des choses je m'a achetées ! Pour qui me vient pluss du courage à cause que j'ai pas l'habitude, je m'habille premier coup le jour des carnavals.
Je m'ai emmené Embrouilloun place de Chartres où c'est que j'y ai payé le costume marron grand, qu'on dirait un chose de les Trappistes, avec le chapeau casque blanc que le juif y me la sorti quinze sous pourquoi il a un asting en côté par en haut. Et après, vingà dehiors, cigare, la canne à la main...

Riche, quoi !

J'y dis à Embrouilloun qui fait entention pas rigoler et que si jamais y se mouche encore comme y font les Arabes, vec le gros doigt qui s'envoie la saloperie de le nez l'aute côté la rue, j'y f... une patate dessur la figure qu'il y saute trois dents...

Comme ça, si des fois y en a qu'on se connaît à nous autes, y se croyent nous faisons carnaval. Si aucun y rigole, mella ! après toujours nous restons bien habillés.

Coup de compass, oui ou non ?
Le goût y m'avait venu de mettre le lorgnon, mais ce faut de loup y veut pas rester dans sa place ; à la force de tomber y s'a trinqué les verres.

Neuf sous dedans la mer !

Qu'ça f... ! Le lorgnon ça vaut rien ; la tète y tourne, vous pouvez pas bouger la figure, et pis de quoi on voit ?

La peau !