BOU-SAADA * - Carte
Michelin n°172 - pli 16. voir
le PDF (18 kb) si ça vous chante.
Visitée par la plupart des touristes qui parcourent l'Algérie,
Bou Saâda ( Pour plus de détails,
lire Bou-Saâda porte du désert u par P. Fontaine (éd.
Dervy - Paris).) est une oasis aux aspects déjà
sahariens, située à 249 km d'Alger, dans la grande cuvette
du Hodna. C'est la ville la plus commerçante de toute cette région
des hauts plateaux. La place du colonel Pein est chaque jour le théâtre
de transactions pittoresques, mais c'est surtout vers la fin de l'été,
que les foires de moutons qui s'y tiennent attirent le plus de monde.
La " Cité du Bonheur ". - Bou-Saâda doit-elle son
nom signifiant " Cité du Bonheur " à un évêché
de l'Afrique romaine non encore identifié et nommé Buffada;
à l'agrément de son cadre et à la fraîcheur
de son site aux yeux des grands nomades habitués à une sécheresse
et à une aridité quasi absolues; ou à Saâda,
nom d'un chien fuyant une caravane et que sa maîtresse rappelait?
Nul ne saurait le dire. Mais la fraîcheur de la palmeraie et du
site de Bou-Saâda installée sur la rive Nord d'un mince filet
d'eau permanent, descendant des monts des Ouled-Naïl vers le chott
El-Hodna, et blottie au creux de puissantes rides de montagnes fauves
et pelées, ne manque pas de frapper tous les visiteurs et de donner
à la " Cité du Bonheur " sa signification la plus
caractéristique.
LES OULED-NAIL
Les danseuses d'une tribu pauvre.
- Le nom d'Ouled-Naïl est celui d'une grande tribu pastorale dont
les terrains de parcours s'étendent sur les pentes d'un massif
de l'Atlas saharien. La pauvreté pousse certaines filles de cette
tribu à se placer, comme danseuses, dans les cabarets des villes
des Hauts Plateaux et de la bordure saharienne, voire à constituer
l'élément de base de leurs quartiers réservés.
Mais c'est à tort qu'il a été étendu à
toutes les demoiselles indigènes de petite vertu de l'Algérie.
L'Ouled-Naïl vieillie trouve souvent un bédouin de sa race
qui fait d'elle une respectable épouse qui passe désormais
ses jours dans l'ombre de sa maison, aux murs bien clos et dont il gère
la petite fortune. Le mariage purifie tout en terre d'Islam.
Par sa proximité des monts des Ouled-Naïl, Bou-Saâda
est l'une des villes d'Algérie les plus fréquentées
par les filles de cette tribu et celle où le touriste pourra le
mieux se rendre compte de l'étrange et ancestral destin de ces
survivantes des courtisanes orientales.
Au son de la raïta. - Le soir
venu, d'étranges musiques montent du ksar où peu à
peu s'intensifie l'animation du quartier naïlate. Dans un cabaret,
un musicien, nègre souvent, souffle à perdre haleine dans
une flûte primitive à trois notes, au son grêle, appelée
raïta. L'orchestre se complète bientôt d'un tambourin
et d'un bendir dont la peau mince et tendue résonne sourdement.
Pendant que le client déguste son thé à la menthe,
surviennent les danseuses. Elles sont vêtues de robes aux vives
couleurs, très amples, garnies de volants et serrées à
la taille. La chevelure noire, presque bleuâtre, les mains rougies
par le henné, les yeux avivés par le khôl, les poignets
et les chevilles chargés de bijoux d'argent tintinnabulants, elles
portent, pendues en colliers, la collection de pièces d'or qui
constituent toute la fortune qu'elles ont su amasser.
Quand vient son tour, une danseuse se lève, le visage impassible,
l'air détaché, presque absent, elle exécute, au rythme
saccadé de l'orchestre, les danses lascives ou passionnées
de sa tribu. Les sons criards de la raïta font se trémousser
son corps malingre. Tantôt son corps entier s'agite, tantôt
seules ses hanches, comme dans l'étonnante danse du ventre, ses
mains ou sa tête s'animent d'un mouvement presque imperceptible.
EL-HADJ-NACIR-ED-DINE
Etienne Dinet, dont le nom est maintenant inséparable
de Bou-Saâda, devint africain presque malgré lui. Après
de longues hésitations, il se décida en 1884 à accompagner
le peintre Louis Simon, chargé de recueillir une collection d'insectes
rares dans la plaine et les monts du Hodna. Dès qu'il arriva sur
les Hauts Plateaux algériens, Dinet fut conquis par la lumière
et la vie des ksour. Il devint africain dans l'âme et se fixa à
Bou-Saâda. Il se mêla à la vie de la population musulmane
dont il adopta le costume et la religion. Il effectua même, en compagnie
de son serviteur et de l'épouse de ce dernier, le pèlerinageà
la Mecque. Il se choisit un nom de consonance musulmane rappelant un peu
le sien El-Hadj-Nacir-Ed-Dine.
Une telle participation de la vie de l'Islam fit de Dinet le grand peintre
de l'oasis. Mais, au-delà des paysages de Bou-Saâda et des
scènes de la vie du ksar, il sut observer l'âme musulmane
et la traduire sur ses toiles. Il est mort à Paris en 1929 et son
corps aurait été ramené dans la koubba qui porte
son nom, sur les rives de l'oued.
VISITE (durée
2 h. environ)
Ksar. - La ville indigène
de Bou-Saâda se compose de plusieurs ksour à l'aspect saharien,
formant des quartiers nettement distincts les uns des autres et enfermés
dans de hautes murailles. Leurs habitants étaient souvent en guerre
les uns contre les autres, jusqu'à l'arrivée des Français.
Depuis un siècle, les rues du ksar ont été élargies
et redressées dans toute la mesure possible. Ces ruelles où
évoluent des coiffeurs, des fabricants de haïks, de tapis,
de bousaadis couteaux et poignards à la longue lame effilée,
de naïls sandales pour marcher dans le sable, et de babouches, sont
le théâtre de pittoresques scènes de la vie indigène.
Mosquée du palmier. - Du haut
de sa terrasse, on jouit d'une belle vue sur le ksar, les crêtes
ondoyantes et vertes des palmiers et le cadre des montagnes arides.
Promenade aux dunes. - 1 h. à pied AR. Sortir de Bou-Saâda
par la rue Gaboriau, la rouer et le petit escalier conduisant dans le
lit de l'oued dont b n suivra la vallée à gauche.
Oued Bou-Saâda. - Son lit, où
coule un mince filet d'eau, est encombré de graviers, de grosses
pierres et de superbes bouquets de lauriers roses. Il est le théâtre
de scènes pittoresques de la vie ce l'oasis: spectacle des laveurs
de laine, des lavandières, aux vêtements rouges et violets,
trépignant sur leur linge, des troupeaux qui se désaltèrent
sous la garde d'un pasteur. De part et d'autre, de petits murs abritent
des jardins dont les cultures se développent sous l'ombrage léger
des palmes.
Koubba d'Etienne Dinet. - Visite sur
rendez-vous pris au Syndicat d'Initiatives. Prendre à droite de
l'oued un sentier en montée entre des jardins. Le dernier jardin
à droite, entouré de murs renferme la koubba blanche d'Etienne
Dinet Elle abrite trois tombeaux: celui du
peintre et ceux de Slimane-Ben-Brahim-Baamer son serviteur et de l'épouse
de ce dernier.
Revenir à l'oued et poursuivre, di droite, entre les murs derrière
lesquels s'abritent les jardins, la promenade qui offre d'intéressants
coups d'oeil sur la palmeraie, vers les dunes.
Palmeraie. - Environ 24 000 palmiers.
Son léger couvert de palmes protège du soleil une abondante
végétation d'arbres fruitiers: figuiers, grenadiers, orangers,
citronniers, de piments, courges, pastèques, melons, de fèves
de céréales et de légumes.
Dunes. - A l'extrémité
de la palmeraie, vers le Nord, s'étend un petit massif de dunes
de sable fin. Il a servi de décor aux films "Samson et Dalila
" et "Au Sud d'Alger ". Il est le théâtre.
en été, de curieux bains de sable. Les patients sont enfouis
jusqu'au cou dans le sable chaud et protégés du soleil par
de larges ombrelles. Ces bains provoquent une forte sudation qui assure
une élimination rapide des toxines et revivifie l'organisme tout
entier.
Rentrer à Bou-Saâda par l'avenue Etienne-Dinet.
Table d'orientation. - Elle est située
un peu en dehors de Bou-Saâda, au sommet d'un petit djebel, à
droite du D 26, en direction de Biskra, à hauteur d'une vaste propriété
bordée de murs. De ce point, on jouit d'une vue excellente à
l'Est sur le site de Bou-Saâda et à l'Ouest sur le village
nègre dont les cases s'alignent dans le fond d'une vallée
étroite.
ENVIRONS
Environs de Bou-Saâda
|
Promenade au moulin Ferrero*:
sites. Environ 2 h. à pied AR dans le lit de l'oued Bou-Saada .
Les touristes qui redoutent la fatigue d'une marche à pied prolongée
pourront se faire prendre par une voiture au moulin Ferrero. S'entendre
avec un chauffeur.
Quitter Bou-Saâda par la rue Gaboriau, la rampe et le petit escalier
conduisant dans le lit de l'oued que l'on prendra à droite.
A proximité de Bou-Saâda, l'oued est encore le cadre de pittoresques
scènes de la vie indigène Plus loin, d'anciens moulins le
bordent à droite sa vallée se resserre entre des arêtes
rocheuses plissées et redressées à la verticale.
L'eau. le sable, les graviers, quelques palmiers et de petits canaux d'irrigation
prenant naissance dans l'oued donnent à cette promenade à
pied beaucoup de charme. La fin du parcours est la partie la plus belle
mais aussi la plus pénible. Brusquement le moulin Ferrero, installé
dans un cirque de montagne, avec ses créneaux fortifiés,
ses terrasses superposées et sa roue à aubes, apparaît
à un détour de l'oued retenu par un barrage rocheux naturel.
El-Hamel. - 30 km en auto AR, plus
1/2 h. de visite. Quitter Bou-Saâda par le D 26 en direction de
Biskra. 8 km plus loin, prendre à gauche
la piste vers El-Hamel. Elle descend d'abord dans la vallée puis
s'élève, par une large boucle vers la ville qui apparaît
sur la droite, sur l'arête de la montagne. Laisser la voiture sur
une terrasse qui s'étend devant la mosquée.
El-Hamel doit son origine, dit la légende, au passage d'un saint
pélerin. Son bâton, planté en terre à cet endroit,
se couvrit spontanément de feuillage et l'on vit sourdre une source
à ses pieds. El-Hamel est habitée par des cheurfas, ou descendants
du prophète, qui sont restés ethniquement purs et se sont
gardés de contracter des unions avec la tribu voisine des Ouled-Naïl.
Cette petite cité silencieuse et austère, établie
sur les pentes dune montagne pittoresque, surplombant ses jardins en terrasses,
est dominée par la masse des bâtiments blancs de sa zaouia.
Pieuse fondation des Rhamania (voir p. 50), cette zaouia, édifiée
en 1863 par Sidi-Mohammed-Ben-Bel-Kacem, reçoit plusieurs centaines
d'étudiants. Sa mosquée moderne, couverte de coupoles, est
décorée de mosaïques vertes et abrite le tombeau du
fondateur de la zaouia et celui de sa fille Lalla-Zinab, qui la dirigea
après la mort de son père.
|