BOU-SAADA dans le Titteri
CHEF-LIEU D'ARRONDISSEMENTS DE LA RN 8
DESCRIPTION - GUIDE VERT MICHELIN, 1956

mise sur site : avril 2012

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BOU-SAADA * - Carte Michelin n°172 - pli 16. voir le PDF (18 kb) si ça vous chante.

Visitée par la plupart des touristes qui parcourent l'Algérie, Bou Saâda ( Pour plus de détails, lire Bou-Saâda porte du désert u par P. Fontaine (éd. Dervy - Paris).) est une oasis aux aspects déjà sahariens, située à 249 km d'Alger, dans la grande cuvette du Hodna. C'est la ville la plus commerçante de toute cette région des hauts plateaux. La place du colonel Pein est chaque jour le théâtre de transactions pittoresques, mais c'est surtout vers la fin de l'été, que les foires de moutons qui s'y tiennent attirent le plus de monde.

La " Cité du Bonheur ". - Bou-Saâda doit-elle son nom signifiant " Cité du Bonheur " à un évêché de l'Afrique romaine non encore identifié et nommé Buffada; à l'agrément de son cadre et à la fraîcheur de son site aux yeux des grands nomades habitués à une sécheresse et à une aridité quasi absolues; ou à Saâda, nom d'un chien fuyant une caravane et que sa maîtresse rappelait? Nul ne saurait le dire. Mais la fraîcheur de la palmeraie et du site de Bou-Saâda installée sur la rive Nord d'un mince filet d'eau permanent, descendant des monts des Ouled-Naïl vers le chott El-Hodna, et blottie au creux de puissantes rides de montagnes fauves et pelées, ne manque pas de frapper tous les visiteurs et de donner à la " Cité du Bonheur " sa signification la plus caractéristique.

LES OULED-NAIL

Les danseuses d'une tribu pauvre. - Le nom d'Ouled-Naïl est celui d'une grande tribu pastorale dont les terrains de parcours s'étendent sur les pentes d'un massif de l'Atlas saharien. La pauvreté pousse certaines filles de cette tribu à se placer, comme danseuses, dans les cabarets des villes des Hauts Plateaux et de la bordure saharienne, voire à constituer l'élément de base de leurs quartiers réservés. Mais c'est à tort qu'il a été étendu à toutes les demoiselles indigènes de petite vertu de l'Algérie.

L'Ouled-Naïl vieillie trouve souvent un bédouin de sa race qui fait d'elle une respectable épouse qui passe désormais ses jours dans l'ombre de sa maison, aux murs bien clos et dont il gère la petite fortune. Le mariage purifie tout en terre d'Islam.

Par sa proximité des monts des Ouled-Naïl, Bou-Saâda est l'une des villes d'Algérie les plus fréquentées par les filles de cette tribu et celle où le touriste pourra le mieux se rendre compte de l'étrange et ancestral destin de ces survivantes des courtisanes orientales.

Au son de la raïta. - Le soir venu, d'étranges musiques montent du ksar où peu à peu s'intensifie l'animation du quartier naïlate. Dans un cabaret, un musicien, nègre souvent, souffle à perdre haleine dans une flûte primitive à trois notes, au son grêle, appelée raïta. L'orchestre se complète bientôt d'un tambourin et d'un bendir dont la peau mince et tendue résonne sourdement. Pendant que le client déguste son thé à la menthe, surviennent les danseuses. Elles sont vêtues de robes aux vives couleurs, très amples, garnies de volants et serrées à la taille. La chevelure noire, presque bleuâtre, les mains rougies par le henné, les yeux avivés par le khôl, les poignets et les chevilles chargés de bijoux d'argent tintinnabulants, elles portent, pendues en colliers, la collection de pièces d'or qui constituent toute la fortune qu'elles ont su amasser.
Quand vient son tour, une danseuse se lève, le visage impassible, l'air détaché, presque absent, elle exécute, au rythme saccadé de l'orchestre, les danses lascives ou passionnées de sa tribu. Les sons criards de la raïta font se trémousser son corps malingre. Tantôt son corps entier s'agite, tantôt seules ses hanches, comme dans l'étonnante danse du ventre, ses mains ou sa tête s'animent d'un mouvement presque imperceptible.

EL-HADJ-NACIR-ED-DINE

Etienne Dinet, dont le nom est maintenant inséparable de Bou-Saâda, devint africain presque malgré lui. Après de longues hésitations, il se décida en 1884 à accompagner le peintre Louis Simon, chargé de recueillir une collection d'insectes rares dans la plaine et les monts du Hodna. Dès qu'il arriva sur les Hauts Plateaux algériens, Dinet fut conquis par la lumière et la vie des ksour. Il devint africain dans l'âme et se fixa à Bou-Saâda. Il se mêla à la vie de la population musulmane dont il adopta le costume et la religion. Il effectua même, en compagnie de son serviteur et de l'épouse de ce dernier, le pèlerinageà la Mecque. Il se choisit un nom de consonance musulmane rappelant un peu le sien El-Hadj-Nacir-Ed-Dine.

Une telle participation de la vie de l'Islam fit de Dinet le grand peintre de l'oasis. Mais, au-delà des paysages de Bou-Saâda et des scènes de la vie du ksar, il sut observer l'âme musulmane et la traduire sur ses toiles. Il est mort à Paris en 1929 et son corps aurait été ramené dans la koubba qui porte son nom, sur les rives de l'oued.

VISITE (durée 2 h. environ)

Ksar. - La ville indigène de Bou-Saâda se compose de plusieurs ksour à l'aspect saharien, formant des quartiers nettement distincts les uns des autres et enfermés dans de hautes murailles. Leurs habitants étaient souvent en guerre les uns contre les autres, jusqu'à l'arrivée des Français. Depuis un siècle, les rues du ksar ont été élargies et redressées dans toute la mesure possible. Ces ruelles où évoluent des coiffeurs, des fabricants de haïks, de tapis, de bousaadis couteaux et poignards à la longue lame effilée, de naïls sandales pour marcher dans le sable, et de babouches, sont le théâtre de pittoresques scènes de la vie indigène.

Mosquée du palmier. - Du haut de sa terrasse, on jouit d'une belle vue sur le ksar, les crêtes ondoyantes et vertes des palmiers et le cadre des montagnes arides.

Promenade aux dunes.
- 1 h. à pied AR. Sortir de Bou-Saâda par la rue Gaboriau, la rouer et le petit escalier conduisant dans le lit de l'oued dont b n suivra la vallée à gauche.

Oued Bou-Saâda. - Son lit, où coule un mince filet d'eau, est encombré de graviers, de grosses pierres et de superbes bouquets de lauriers roses. Il est le théâtre de scènes pittoresques de la vie ce l'oasis: spectacle des laveurs de laine, des lavandières, aux vêtements rouges et violets, trépignant sur leur linge, des troupeaux qui se désaltèrent sous la garde d'un pasteur. De part et d'autre, de petits murs abritent des jardins dont les cultures se développent sous l'ombrage léger des palmes.

Koubba d'Etienne Dinet. - Visite sur rendez-vous pris au Syndicat d'Initiatives. Prendre à droite de l'oued un sentier en montée entre des jardins. Le dernier jardin à droite, entouré de murs renferme la koubba blanche d'Etienne Dinet Elle abrite trois tombeaux: celui du
peintre et ceux de Slimane-Ben-Brahim-Baamer son serviteur et de l'épouse de ce dernier.

Revenir à l'oued et poursuivre, di droite, entre les murs derrière lesquels s'abritent les jardins, la promenade qui offre d'intéressants coups d'oeil sur la palmeraie, vers les dunes.

Palmeraie. - Environ 24 000 palmiers. Son léger couvert de palmes protège du soleil une abondante végétation d'arbres fruitiers: figuiers, grenadiers, orangers, citronniers, de piments, courges, pastèques, melons, de fèves de céréales et de légumes.

Dunes. - A l'extrémité de la palmeraie, vers le Nord, s'étend un petit massif de dunes de sable fin. Il a servi de décor aux films "Samson et Dalila " et "Au Sud d'Alger ". Il est le théâtre. en été, de curieux bains de sable. Les patients sont enfouis jusqu'au cou dans le sable chaud et protégés du soleil par de larges ombrelles. Ces bains provoquent une forte sudation qui assure une élimination rapide des toxines et revivifie l'organisme tout entier.

Rentrer à Bou-Saâda par l'avenue Etienne-Dinet.

Table d'orientation. - Elle est située un peu en dehors de Bou-Saâda, au sommet d'un petit djebel, à droite du D 26, en direction de Biskra, à hauteur d'une vaste propriété bordée de murs. De ce point, on jouit d'une vue excellente à l'Est sur le site de Bou-Saâda et à l'Ouest sur le village nègre dont les cases s'alignent dans le fond d'une vallée étroite.

ENVIRONS

Environs de Bou-Saâda
Environs de Bou-Saâda

Promenade au moulin Ferrero*: sites. Environ 2 h. à pied AR dans le lit de l'oued Bou-Saada . Les touristes qui redoutent la fatigue d'une marche à pied prolongée pourront se faire prendre par une voiture au moulin Ferrero. S'entendre avec un chauffeur.

Quitter Bou-Saâda par la rue Gaboriau, la rampe et le petit escalier conduisant dans le lit de l'oued que l'on prendra à droite.

A proximité de Bou-Saâda, l'oued est encore le cadre de pittoresques scènes de la vie indigène Plus loin, d'anciens moulins le bordent à droite sa vallée se resserre entre des arêtes rocheuses plissées et redressées à la verticale. L'eau. le sable, les graviers, quelques palmiers et de petits canaux d'irrigation prenant naissance dans l'oued donnent à cette promenade à pied beaucoup de charme. La fin du parcours est la partie la plus belle mais aussi la plus pénible. Brusquement le moulin Ferrero, installé dans un cirque de montagne, avec ses créneaux fortifiés, ses terrasses superposées et sa roue à aubes, apparaît à un détour de l'oued retenu par un barrage rocheux naturel.

El-Hamel. - 30 km en auto AR, plus 1/2 h. de visite. Quitter Bou-Saâda par le D 26 en direction de Biskra. 8 km plus loin, prendre à gauche
la piste vers El-Hamel. Elle descend d'abord dans la vallée puis s'élève, par une large boucle vers la ville qui apparaît sur la droite, sur l'arête de la montagne. Laisser la voiture sur une terrasse qui s'étend devant la mosquée.

El-Hamel doit son origine, dit la légende, au passage d'un saint pélerin. Son bâton, planté en terre à cet endroit, se couvrit spontanément de feuillage et l'on vit sourdre une source à ses pieds. El-Hamel est habitée par des cheurfas, ou descendants du prophète, qui sont restés ethniquement purs et se sont gardés de contracter des unions avec la tribu voisine des Ouled-Naïl. Cette petite cité silencieuse et austère, établie sur les pentes dune montagne pittoresque, surplombant ses jardins en terrasses, est dominée par la masse des bâtiments blancs de sa zaouia. Pieuse fondation des Rhamania (voir p. 50), cette zaouia, édifiée en 1863 par Sidi-Mohammed-Ben-Bel-Kacem, reçoit plusieurs centaines d'étudiants. Sa mosquée moderne, couverte de coupoles, est décorée de mosaïques vertes et abrite le tombeau du fondateur de la zaouia et celui de sa fille Lalla-Zinab, qui la dirigea après la mort de son père.