Conçue selon la technique la plus
moderne la centrale thermique de Bône
marque une étape importante dans l'équipement électrique
de l'Algérie
Elle sera mise en service à la fin de l'année
La réalisation du
très important programme d'équipement électrique
de l'Algérie se poursuit sans trêve. Les pièces
maîtresses de ce programme sont avec les installations l'Oued-Agrioun,
la nouvelle centrale thermique de Bône, le poste d'interconnexion
de Bône-Duzerville et la centrale d'Oran. Ces ouvrages monumentaux
vont apporter au développement industriel de ce pays une contribution
décisive.
En effet, avec la création d'une industrie déjà
puissante dont l'organisation s'améliore sans cesse, l'augmentation
des besoins énergétiques de l'Algérie sont, par
voie de conséquences, de plus en plus grands. Pour les satisfaire,
le service d'électricité du Gouvernement général
avait, dès 1944, dressé un vaste plan exécutable
en vingt années aboutissant en 1956 à une production d'un
milliard de kwh. Pour atteindre ce résultat prodigieux, un immense
effort a été accompli. Une uvre d'une ampleur extraordinaire
qui fait honneur au génie de la France, est actuellement menée
à bien. Nous en trouvons le témoignage dans l'exemple
saisissant qui nous est fourni dans la région bônoise où
Électricité et Gaz d'Algérie mettra en service
à la fin de l'année une usine génératrice
dont le fonctionnement marquera une étape importante dans la
voie du progrès.
Les bâtiments
Les imposants bâtiments de la centrale thermique de Bône
dressent leur masse imposante sur le terre-plein sud du quai. Dans le
choix de cet emplacement sont intervenus divers facteurs qui ont joué
en faveur de la grande cité de l'Est constantinois. Les ingénieurs
ont dû tenir compte, en effet, de la longueur des lignes de transport,
de la possibilité de disposer des énormes quantités
d'eau nécessaire pour la réfrigération, de la proximité
des sources de combustible, enfin de la nature du terrain, dont dépendait
le prix des fondations appelées à supporter une charge
pouvant dépasser cent mille tonnes.
Les travaux
Les travaux commencèrent en juillet 1949. Ils occupèrent
une moyenne de plus de mille ouvriers par jour
Un des ouvrages les plus grandioses par sa conception hardie allait
être ainsi mené à bien. Trois tranches étaient
prévues pour l'accomplissement de cette uvre.
Marquant l'allumage de la première chaudière, c'est-à-dire
la mise sous tension d'un groupe, les drapeaux symboliques viennent
de flotter sur les cheminées qui dominent ce palais de l'électricité
à soixante mètres de hauteur. Et l'on vit pour la première
fois une épaisse fumée sortir d'une cheminée. Cet
événement, qui consacrait une besogne fantastique, se
déroula en présence des plus éminentes personnalités
du Gaz et de l'Électricité d'Algérie.
L'expérience fut concluante et la visite qui la suivit profondément
réconfortante.
Une puissance de 200.000
CV.
Conçue suivant les principes de la technique la plus moderne
et comparable aux dernières réalisations des techniques
européennes et américaines, la nouvelle centrale de Bône
comporte en première étape deux groupes de 25.000 kw.,
sa puissance totale devant être ultérieurement portée
a 150.000 kw., soit plus de 200.000 CV. A cette puissance, le débit
d'eau nécessaire aux condensateurs, débit aspiré
dans le port et restitué réchauffé de sept degrés
environ vers l'estuaire de la Seybouse, atteindra 30.000 mètres
cubes à l'heure. soit près de dix mètres cubes
à la seconde, débit supérieur à celui de
bien des rivières.
La. production totalisée des usines génératrices
d'Oran et de Bône représentera entre 1953 et 1960, prés
de la moitié de la production indispensable à l'Algérie,
ce qui souligne la valeur d'un projet magnifique appelé à
prendre une part essentielle dans l'essor de l'Algérie française.