Le Camp d'aviation de Blida.
Les fêtes du Centenaire
auront valu à notre ville la visite de personnages aussi considérables
que distingués et, en particulier, celle du Ministre de l'Air,
M. Laurent Eynac.
Délaissant le cortège présidentiel que des trains
spéciaux emportaient vers Constantine, il arrivait un matin,
en compagnie de M. Ricci, député, sur la plate-forme du
camp d'aviation dont il avait tenu à contrôler lui-même
les conditions d'aménagement.
Ce désir de se rendre compte de la situation du camp de Blida
et des avantages d'ordre technique et militaire qui en pouvaient résulter
s'explique fort bien, lorsqu'on songe aux convoitises qu'éveilla,
en 1923, dans toutes les grandes villes du département, l'annonce
du prochain déclassement, à cause de leur situation déplorable,
des terrains d'atterrissage d'Hussein-Dey.
L'abandon d'Hussein-Dey étant imposé par la proximité
gênante de la mer, il fallait exiger du futur camp une situation
mieux en rapport avec les exigences de l'aviation qui, cependant, ne
mit pas obstacle à l'application de plans stratégiques
nécessitant une coopération étroite de la cinquième
arme avec les autres unités stationnées pour l'aviation
les plus grandes possibilités d'atterrissage et de survol.
Blida réalisait merveilleusement ces conditions.
La
plaine de la Mitidja qu'elle regarde offrait à l'aviation
les plus grand possibilités d'atterrissage et de survol. L'Atlas,
tout près, favorisait l'étude des courants aériens
au voisinage des sommets. A moins de 20 kilomètres, il y avait
la côte, dont la surveillance, le cas échéant, devenait
ainsi très aisée ; enfin, la proximité relative
d'Alger était de nature à permettre une collaboration
étroite et continue entre le premier groupe d'Aviation et les
unités des autres armes, en garnison dans la capitale.
A sa situation éminemment favorable, Blida ajoutait les multiples
avantages que peut offrir à ses habitants, une ville relativement
importante, et surtout parfaitement salubre.
Aussitôt la procédure d'expropriation fut engagée,
les terrains acquis, la plate-forme aménagée. On entreprit,
sans retard, les travaux d'amenée d'eau et d'électricité
; on passa les marchés que nécessitait la construction
des bâtiments, ateliers et hangars.
Tous ces projets avaient été mis au point et exécutés
avec une rapidité et une méthode auxquelles la vieille
machine administrative ne nous a guère habitués. Nous
félicitons donc d'autant plus vivement M. le Capitaine du génie
Mattéi, de la chefferie de Blida, dont les initiatives heureuses
ont contribué puissamment à hâter l'achèvement
des travaux.
Lors de la visite de M. Laurent Eynac, les logements destinés
aux troupes, les cuisines et réfectoires, le pavillon réservé
au commandant du Groupe se trouvaient presque achevés. Depuis
les travaux ont encore progressé et des hangars dressent maintenant
vers le ciel leur haute carcasse métallique.
Encore quelques mois d'efforts et le camp de Blida sera en mesure d'accueillir
le premier Groupe d'Aviation d'Afrique, et notre ville n'aura plus qu'à
bénéficier des innombrables avantages moraux et matériels
de cette acquisition d'une importance capitale pour elle.
N. D. L. R. - Nous devons à l'obligeance coutumière de
M. Ricci, député, les documents que nous avons publiés
ci-dessus. Nous le remercions au nom des lecteurs du journal qui seront
certainement heureux de savoir que Blida, la ville des roses, sera aussi
désormais celle de l'aviation.