Birtouta
- Un village d'Algérie :
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Ko / 17 s
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-------Le
jour de la rentrée avec nos tabliers neufs à carreaux, nos
gros souliers et chaussettes montantes, (vêtements et chaussures que
nous gardions pendant l'année scolaire, même si nous avions
un rechange (pas deux) nous étions fiers comme Artaban. Mais le hic!!
c'est qu'avant d'arriver à notre école, il fallait passer
devant la forge et là, la peur au ventre derrière ce cheval
que l'on ferrait, une patte en l'air, un autre qui piaffait, attaché
à un pieu, je vous dis que c'est en courant et en quelques secondes
que l'endroit fatidique était traversé. Le cartable était
secoué et surtout le panier d'osier où se trouvait notre repas
de midi, tant pis pour l'omelette qui s'y trouvait, on respirait mieux après. -------Il n'y avait pas encore de cantine en ce temps-là. Plus tard, les jeunes en ont profité. Toutefois en hiver, la maîtresse nous permettait d'entrer dans la classe et nous chauffions notre repas sur le poêle. -------Le jeudi, c'est souvent les cousines du village qui montaient chez nous. Oh ! que de parties avons-nous faites ! -------Jeux de balles, osselets, mais ce qui nous passionnait le plus c'était de grimper dans les figuiers. Il y en avait tout le long de la route. Leurs branches étaient si feuillues que l'on ne se voyait pas d'un arbre à l'autre. -------C'étaient nos maisons où l'on se rendait visite, après les parties de cache-cache. C'est fourbus, les genoux et les bras couverts de coups et de bosses, que nous entendions enfin les appels de notre mère nous priant de rentrer. Et c'est toujours ces souvenirs de l'enfance qui restent gravés en nos mémoires. Peu après ce fut l'implantation d'une briqueterie, usine créée par Père et Fils PÉLIZZARI venus d'Italie, avec une particularité, c'est que chaque employé travaillant à l'usine devait jouer d'un instrument de musique de cuivre. -------Ce fut ainsi que la première société musicale " S.M.B. " vit le jour à BIRTOUTA avant la guerre 14-18. Le dimanche des concerts avaient lieu sur la place du village réunissant les villageois à la grande joie de chacun. -------On savait prendre du plaisir simplement en ce temps-là, et la vie s'écoulait tranquille. -------Beaucoup plus tard, une autre usine s'ouvrait " LA CELLUNAF ", usine de papier d'alpha qui employait beaucoup d'ouvriers. C'était le temps où il n'y avait pas encore de chômeurs. -------Ce fut à l'âge de 5 ans en 1926, que je découvris mon village pour la première fois. A cette époque, il y avait déjà une école maternelle, une communale pour les filles, une autre pour les garçons, une église construite en dur après la première chapelle en bois, que je n'ai pas connue. Mais BIRTOUTA, dès sa création, ne resta pas un village inerte, mais au contraire au fil des ans et grâce au travail acharné de tous nos ancêtres, parents et amis. Ils formaient une immense famille où il faisait bon vivre. -------Nous restions ma soeur Laurette et moi toute la semaine chez la mémé BAGUR qui tenait une épicerie au village, ce qui nous évitait des allées et venues pour aller à l'école. -------Les parents avec leurs nombreux enfants et leur travail n'avaient pas beaucoup de temps pour nous y conduire chaque jour. Nous remontions à la ferme le jeudi et le samedi soir. Ils avaient tant à faire. Et là, je remonte un peu à mes souvenirs, au temps où nous habitions à la petite ferme, là-haut sur la colline, je crois qu'à ce moment-là, ils ont beaucoup souffert, pas de récolte dans ce terrain pierreux et aride et surtout pas d'eau. Les légumes venaient mal et la famille qui s'agrandissait après Laurette en 1923, Mathilde en 1924, Jeanine en 1927 (les plus jeunes Georgette, Gilberte et Jean-Paul) plus tard dans la grande maison que mon père hérita à la mort de la grand-mère. -------Le lendemain c'était l'école -------Après avoir nettoyé notre bureau en bois noir avec un morceau de bougie, l'avoir reluit avec un chiffon de laine, les encriers remplis par les élèves de service, la classe pouvait commencer " premièrement leçon de morale " chaque jour, instruction civique, suivant les jours, lectures, dictées, calcul, un programme bien établi avec une maîtresse sévère, mais juste. Elle voulait que toutes " ses filles " donnent le meilleur d'elles-mêmes, elle s'en donnait la peine, et au certificat d'études, très peu d'échec. -------Je lui dois mes meilleures années d'études. Chère Madame GUSTIN, c'est à vous que je dois ce goût de la lecture, des mots profonds si bien expliqués. Cela, je ne l'oublierai jamais et je vous dis un grand merci. -------Il y avait aussi une école coranique où les jeunes Arabes étudiaient le coran et le français. Le fils de l'instituteur " SERMNOUN " allait lui à l'école des Français. Quelques filles venaient à notre école pour apprendre notre langue, cela se passait très bien entre nous, nous échangions souvent notre pain avec leur galette, point de haine ni de racisme à cette époque. -------Les Arabes respectaient les " Roumis ", c'est-à-dire nous, les Français, et à notre tour nous respections et leur religion et leurs traditions. |
--------Pour
les fêtes arabes par exemple (l'aïd El Kébir) qui
est la Pâque chez eux, ils nous apportaient du mouton et des pâtisseries
orientales. Marie ORFILA
COLL |