-----------Ce sont
des souvenirs bien lointains que je vais évoquer car 60 ans se
sont écoulés depuis qu'avec ma famille nous avons résidé
à Birtouta.
-----------Tout
d'abord à la ferme de l'institut Pasteur mentionné dans
un précédent article (voir).
Mon père Y. était en effet employé comme commis durant
deux années. J'avais alors 13 ou 14 ans et certains souvenirs sont
encore bien présents dans la mémoire.
-----------Je
revois par exemple les machines à défoncer, les fameuses
Fowler- Marchal qui arrivaient à la période des labours.
Ces machines m'impressionnaient. Elles étaient énormes et
fonctionnaient à la vapeur. Elles possédaient sous leur
ventre un tambour de treuil qui devait faire trois mètres de diamètre,
autour duquel s'enrouler un énorme câble qui tractait la
charrue-bascule, dont le soc s'enfoncer à 80 cm et plus dans la
terre.
-----------Ces
machines travaillaient à deux. Chacune d'elles se plaçaient
à chaque extrémité du champ et tiraient, tour à
tour, la charrue qui basculait à chaque bout et qui repartait tractée
par l'engin d'en face. Après deux ou trois aller-retours, les machines
avançaient de quelques mètres et il en était ainsi
jusqu'aux limites du champ. Cette technique de labour a été
abandonnée à l'arrivée sur le marché des puissants
tracteurs à chenilles, mais ces machines constituées une
réelle attraction pour le jeune garçon que j'étais.
-----------Après
avoir quitté cette ferme, mon père a été employé
dans une autre propriété de la région dirigée
par le gendre de la propriétaire (dont je tairai le nom), individu
fourbe, menteur et malhonnête. Je n'en dirai pas plus sur ces deux
années passées dans cette ferme tant j'ai conservé
de ce séjour de mauvais souvenirs et ce pour avoir vu mon père,
travailleur infatigable, exploité par ce patron " sueur de
burnous " qui ne payait ces employés qu'avec des promesses.
FOOT à BIRTOUTA
-----------Mais
comment parler de Birtouta sans évoquer la J. S. B., club de foot
local, refondé après la guerre.
-----------Je
me souviens avoir aidé les dirigeants à planter les poteaux,
en bois, lors de l'aménagement du petit stade à la sortie
du village.
-----------J'ai
ensuite joué au sein de l'équipe junior dirigée par
Severino Parra. Le président de l'époque était Georges
Goasse., transporteur local où travaillait d'ailleurs mon frère
Daniel.
-----------C'est
à bord d'un de ses camions que s'effectuaient les déplacements
des équipes. Certains déplacements dans les petits bleds
alentour s'avéraient assez périlleux car c'est bien souvent,
surtout en cas de victoire, que nous nous faisions "caillasser"
à la sortie. Notre salut, nous le devions aux ridelles du camion
derrière lesquelles nous nous abritions. Je n'ai pas oublié
non plus notre cri de guerre : « la J. S. B., oui! oui !oui ! la
J. S. B. non! non! non! la J. S. B. ne périra pas ! »
-----------Les
terrains gazonnés? nous ne connaissions pas. Ils étaient
le plus souvent en terre battue et d'une platitude toute relative. Je
me souviens de celui d'Hydra aménagé, disons plutôt
taillé dans une carrière de tuf, du vrai béton !
! Celui de Crescia,(entre Alger et Douéra) situé à
l'aplomb d'un ravin. Quand le ballon y descendait, on faisait une pause
en attendant qu'un joueur ou un spectateur dévoué aille
le récupérer et le remonte. J'ai souvenirs aussi de ballon
qui éclatait après un shoot, le cuir s'écrasait alors
sur le terrain comme une figue molle et cela déclenchait bien sûr
l'hilarité générale. C'est que des ballons, nous
n'en n'avions pas des masses, deux, trois peut-être dont un se trouvait
souvent chez le cordonnier du village pour couture et rustine à
la vessie. Nous ne disposions pas non plus suffisamment de chaussures
pour toute l'équipe. Les remplaçants récupéraient
les chaussures de sortants, sans être trop exigeants sur la pointure
" qui peut le plus que le moins " c'était vraiment les
temps héroïque du football ! ! !
-----------J'ai
par contre oublié certains noms de joueurs de l'équipe première.
Je me souviens néanmoins de Loulou Parra, le "renard des surfaces",
d'Ernest Testanière le portier en titre, de Roger Ferrer, de J.C.Bagur,(voir
le nom "Bagur")des frères Ruitort, de Georges
Parra, les oubliés voudront bien excuser.
-----------Je
garde globalement un bon souvenir des quatre années passées
à Birtouta, ce petit village où je m'étais fait de
nombreux copains.
Claude Ferrer.
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