Birtouta - Un village d'Algérie :
Je me souviens... Birtouta
par Claude Ferrer
sur site le 9-9-2005

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-----------Ce sont des souvenirs bien lointains que je vais évoquer car 60 ans se sont écoulés depuis qu'avec ma famille nous avons résidé à Birtouta.
-----------Tout d'abord à la ferme de l'institut Pasteur mentionné dans un précédent article (voir). Mon père Y. était en effet employé comme commis durant deux années. J'avais alors 13 ou 14 ans et certains souvenirs sont encore bien présents dans la mémoire.
-----------Je revois par exemple les machines à défoncer, les fameuses Fowler- Marchal qui arrivaient à la période des labours. Ces machines m'impressionnaient. Elles étaient énormes et fonctionnaient à la vapeur. Elles possédaient sous leur ventre un tambour de treuil qui devait faire trois mètres de diamètre, autour duquel s'enrouler un énorme câble qui tractait la charrue-bascule, dont le soc s'enfoncer à 80 cm et plus dans la terre.
-----------Ces machines travaillaient à deux. Chacune d'elles se plaçaient à chaque extrémité du champ et tiraient, tour à tour, la charrue qui basculait à chaque bout et qui repartait tractée par l'engin d'en face. Après deux ou trois aller-retours, les machines avançaient de quelques mètres et il en était ainsi jusqu'aux limites du champ. Cette technique de labour a été abandonnée à l'arrivée sur le marché des puissants tracteurs à chenilles, mais ces machines constituées une réelle attraction pour le jeune garçon que j'étais.
-----------Après avoir quitté cette ferme, mon père a été employé dans une autre propriété de la région dirigée par le gendre de la propriétaire (dont je tairai le nom), individu fourbe, menteur et malhonnête. Je n'en dirai pas plus sur ces deux années passées dans cette ferme tant j'ai conservé de ce séjour de mauvais souvenirs et ce pour avoir vu mon père, travailleur infatigable, exploité par ce patron " sueur de burnous " qui ne payait ces employés qu'avec des promesses.

FOOT à BIRTOUTA


-----------Mais comment parler de Birtouta sans évoquer la J. S. B., club de foot local, refondé après la guerre.
-----------Je me souviens avoir aidé les dirigeants à planter les poteaux, en bois, lors de l'aménagement du petit stade à la sortie du village.
-----------J'ai ensuite joué au sein de l'équipe junior dirigée par Severino Parra. Le président de l'époque était Georges Goasse., transporteur local où travaillait d'ailleurs mon frère Daniel.

-----------C'est à bord d'un de ses camions que s'effectuaient les déplacements des équipes. Certains déplacements dans les petits bleds alentour s'avéraient assez périlleux car c'est bien souvent, surtout en cas de victoire, que nous nous faisions "caillasser" à la sortie. Notre salut, nous le devions aux ridelles du camion derrière lesquelles nous nous abritions. Je n'ai pas oublié non plus notre cri de guerre : « la J. S. B., oui! oui !oui ! la J. S. B. non! non! non! la J. S. B. ne périra pas ! »
-----------Les terrains gazonnés? nous ne connaissions pas. Ils étaient le plus souvent en terre battue et d'une platitude toute relative. Je me souviens de celui d'Hydra aménagé, disons plutôt taillé dans une carrière de tuf, du vrai béton ! ! Celui de Crescia,(entre Alger et Douéra) situé à l'aplomb d'un ravin. Quand le ballon y descendait, on faisait une pause en attendant qu'un joueur ou un spectateur dévoué aille le récupérer et le remonte. J'ai souvenirs aussi de ballon qui éclatait après un shoot, le cuir s'écrasait alors sur le terrain comme une figue molle et cela déclenchait bien sûr l'hilarité générale. C'est que des ballons, nous n'en n'avions pas des masses, deux, trois peut-être dont un se trouvait souvent chez le cordonnier du village pour couture et rustine à la vessie. Nous ne disposions pas non plus suffisamment de chaussures pour toute l'équipe. Les remplaçants récupéraient les chaussures de sortants, sans être trop exigeants sur la pointure " qui peut le plus que le moins " c'était vraiment les temps héroïque du football ! ! !
-----------J'ai par contre oublié certains noms de joueurs de l'équipe première. Je me souviens néanmoins de Loulou Parra, le "renard des surfaces", d'Ernest Testanière le portier en titre, de Roger Ferrer, de J.C.Bagur,(voir le nom "Bagur")des frères Ruitort, de Georges Parra, les oubliés voudront bien excuser.
-----------Je garde globalement un bon souvenir des quatre années passées à Birtouta, ce petit village où je m'étais fait de nombreux copains.

Claude Ferrer.