Alger, Birmandreïs
Par suite d’un éboulement provoqué par les pluies
HUIT OUVRIERS SONT ENSEVELIS
dans une carrière à Birmandreîs
Le seul survivant est resté enfoui 10 heures

Echo du 30-1-1954- Transmis par Francis Rambert

Par suite d’un éboulement provoqué par les pluies
HUIT OUVRIERS SONT ENSEVELIS
dans une carrière à Birmandreîs
Le seul survivant est resté enfoui 10 heures

Dans la nuit de jeudi à vendredi, un très grave éboulement s’est produit dans une carrière de tuf située à Birmandreîs, en bordure du boulevard Maréchal-Leclerc.

A cet endroit, derrière les Ets Intertagliata, comprenant une station d’essence et une entreprise de matériaux de construction, se trouve une falaise de tuf d’une trentaine de mètres de haut et longue de soixante mètres environ. Des grottes et des galeries sont creusées à la base de cette falaise où les entrepreneurs rangent leur matériel et où les ouvriers travaillant dans les carrières, des Marocains, couchaient la nuit.

N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande
TEXTE COMPLET SOUS CHAQUE IMAGE.


mars 2025

710 ko
retour
 




Par suite d’un éboulement provoqué par les pluies
HUIT OUVRIERS SONT ENSEVELIS
dans une carrière à Birmandreîs
Le seul survivant est resté enfoui 10 heures

Dans la nuit de jeudi à vendredi, un très grave éboulement s’est produit dans une carrière de tuf située à Birmandreîs, en bordure du boulevard Maréchal-Leclerc.

A cet endroit, derrière les Ets Intertagliata, comprenant une station d’essence et une entreprise de matériaux de construction, se trouve une falaise de tuf d’une trentaine de mètres de haut et longue de soixante mètres environ. Des grottes et des galeries sont creusées à la base de cette falaise où les entrepreneurs rangent leur matériel et où les ouvriers travaillant dans les carrières, des Marocains, couchaient la nuit.

L’ÉBOULEMENT EST PASSE INAPERÇU

Il était 1 h. 40 lorsque l’éboulement se produisit. Le gardien de nuit de l’entreprise de maçonnerie qui couchait à côté, n’entendit pratiquement rien. Le bruit du vent et de la pluie qui tombait à verse, assourdit le léger grondement et il crut à un tremblement de terre et se rendormit. Pourtant, la masse de terre était venue s’arrêter à un mètre de la cloison derrière laquelle il reposait.

Le gardien du kiosque à essence se douta, quant à lui, qu’il s’agissait d’un éboulement, mais en raison de la nuit et du mauvais temps, il ne se rendit pas exactement compte de son importance. Il se borna à noter l’heure à laquelle il s’était produit.

A 6 h. 25, M. Couve, gérant de la société M.A.M., dont les bureaux et le dépôt avaient eu les cloisons défoncées et le matériel enseveli, alerta les pompiers et les services de la police. Entre temps, le gardien de nuit avait fait part de ses craintes sur le sort de huit ouvriers qui avaient couché dans une grotte de la falaise, et devaient se trouver ensevelis.

LES TRAVAUX DE DÉBLAIEMENT

Aussitôt après l’arrivée des pompiers, les travaux de déblaiement furent entrepris. M. Intartagliata fit venir une pelleteuse des Ets Roussel et une équipe d’ouvriers terrassiers munis de pelles et de pioches attaquèrent la masse effondrée estimée à plus de 400 m3.

Cependant, les travaux rapidement menés, se révélaient dangereux et d’autres éboulements étaient à craindre en raison des nombreuses fissures dans le flanc de la falaise. Le commandant Subra, commandant les sapeurs-pompiers, et son adjoint, le capitaine Hourcastagné, firent prendre des mesures de sécurité, tandis que la police d’État, sous les ordres du commissaire Pujol, assurait un strict service d’ordre pour contenir les nombreux curieux.

Les travaux se poursuivirent sous îa direction de M. Cas, architecte communal, et à 11 h. 15, la grotte où les huit ouvriers étaient ensevelis était enfin repérée. Le travail se poursuivit à la pelle et à la pioche.

RESTÉ ENSEVELI PENDANT 10 HEURES UN OUVRIER EST SAUVÉ

Peu après, les sauveteurs entendirent des plaintes et des cris.

Aussitôt, des bouteilles d’oxygène et un compresseur étaient mis en batterie et un tuhe était passé par une petite ouverture pour l’envoi de l’air. Les travaux devinrent alors plus fébriles et plus prudents, car les sauveteurs ne voulaient pas risquer un autre éboulement. C'est à la main et à la pelle que se poursuivit le déblaiement et un quart d’heure plus tard le visage d'un homme apparaissait. Mais ce n’est qu’à 12 h. 17 qu’il était dégagé. Deux minutes plus tôt, on avait exhumé le cadavre d’un de ses compagnons.

Le blessé, SNP Mohamed ben Mohamed, originaire du Maroc, recevait les premiers soins du Dr Schieffer, de Birmandreis, qui le faisait transporter à l’hôpital de Mustapha où il était admis avec une fracture de la cuisse gauche et le défoncement de plusieurs côtes.

Malheureusement, et on devait le savoir par la suite, SNP Mohamed devait être le seul rescapé de cette catastrophe.


TROIS NOUVEAUX CORPS SONT DÉCOUVERTS

A 13 h., M. l’ingénieur des travaux publics Colomb se joignait aux sauveteurs et sur ses conseils, la pelleteuse reprenait son travail et attaquait l’amas de tuf de l’autre côté en passant par la cour des Ets Couve.

Ce n’est qu’après une heure d’efforts qu’un troisième ouvrier put être dégagé. Il avait cessé de vivre.

On ne devait également retirer deux autres cadavres qu’à 14 h. 35 et 15 h.

LES TRAVAUX SONT ARRÊTÉS PAR LA PLUIE

C’est alors que le commandant Subra fit suspendre les travaux de déblaiement. Un gros bloc de tuf en suspens au-dessus des sauveteurs, menaçait leur sécurité et le commandant des sapeurs-pompiers jugea plus prudent de le faire tomber.

A 17 h. 30, les travaux reprenaient à la lumière des projecteurs et avec l’aide de la pelleteuse. Cependant en fin de soirée, la pluie tombant en averse, rendait le travail des sauveteurs particulièrement dangereux.
C’est alors que le commandant Subra prit la sage décision d’arrêter le déblaiement, la menace de nouveaux éboulements se faisant de plus en plus précise. Les corps des trois autres ouvriers encore ensevelis ont été repérés et seront dégagés ce matin

. LA PLUIE, CAUSE DE L’ÉBOULEMENT ?

On n’a pu établir l’identité des victimes. Le seul rescapé, SNP Mohamed ben Mohamed était trop faible pour être interrogé. Toutefois, on sait que les malheureux ouvriers sont tous originaires du Maroc. Parmi eux se trouverait un nommé Mohamed ben Abdelaziz ainsi que les deux frères de l’entrepreneur de la carrière, SNP Abdesselem ben Stitou, demeurant au lotissement Djenan à Hussein-Dey, qui l’exploitait au compte de la Société du matériel agricole moderne de Birmandreis.

Dès qu’elles furent prévenues de cet accident, de nombreuses personnalités se sont rendues sur les lieux.

On notait la présence de MM. Faivre, conseiller général, maire de Birmandreis, et ses adjoints : MM. Janer, Payen et Duquesnois ; MM. Bonomme et Abdelhamid, adjoints au maire d’Alger ; Cheik, caïd de Birmandreis ; Brial, secrétaire général de la mairie de Birmandreis, auxquels vint se joindre M. le président Laquière en début d’après-midi.

Il est très difficile de déterminer exactement les causes de cette catastrophe. L’enquête seule pourra l’établir, mais on suppose que les violentes pluies de ces derniers jours ont certainement provoqué des in filtrations qui ont causé l’éboulement.