
Par suite dun éboulement
provoqué par les pluies
HUIT OUVRIERS SONT ENSEVELIS
dans une carrière à Birmandreîs
Le seul survivant est resté enfoui 10 heures
Dans la nuit de jeudi à
vendredi, un très grave éboulement sest produit
dans une carrière de tuf située à Birmandreîs,
en bordure du boulevard Maréchal-Leclerc.
A cet endroit, derrière les Ets Intertagliata, comprenant une
station dessence et une entreprise de matériaux de construction,
se trouve une falaise de tuf dune trentaine de mètres de
haut et longue de soixante mètres environ. Des grottes et des
galeries sont creusées à la base de cette falaise où
les entrepreneurs rangent leur matériel et où les ouvriers
travaillant dans les carrières, des Marocains, couchaient la
nuit.
LÉBOULEMENT EST PASSE INAPERÇU
Il était 1 h. 40 lorsque léboulement se produisit.
Le gardien de nuit de lentreprise de maçonnerie qui couchait
à côté, nentendit pratiquement rien. Le bruit
du vent et de la pluie qui tombait à verse, assourdit le léger
grondement et il crut à un tremblement de terre et se rendormit.
Pourtant, la masse de terre était venue sarrêter
à un mètre de la cloison derrière laquelle il reposait.
Le gardien du kiosque à essence se douta, quant à lui,
quil sagissait dun éboulement, mais en raison
de la nuit et du mauvais temps, il ne se rendit pas exactement compte
de son importance. Il se borna à noter lheure à
laquelle il sétait produit.
A 6 h. 25, M. Couve, gérant de la société M.A.M.,
dont les bureaux et le dépôt avaient eu les cloisons défoncées
et le matériel enseveli, alerta les pompiers et les services
de la police. Entre temps, le gardien de nuit avait fait part de ses
craintes sur le sort de huit ouvriers qui avaient couché dans
une grotte de la falaise, et devaient se trouver ensevelis.
LES TRAVAUX DE DÉBLAIEMENT
Aussitôt après larrivée des pompiers, les
travaux de déblaiement furent entrepris. M. Intartagliata fit
venir une pelleteuse des Ets Roussel et une équipe douvriers
terrassiers munis de pelles et de pioches attaquèrent la masse
effondrée estimée à plus de 400 m3.
Cependant, les travaux rapidement menés, se révélaient
dangereux et dautres éboulements étaient à
craindre en raison des nombreuses fissures dans le flanc de la falaise.
Le commandant Subra, commandant les sapeurs-pompiers, et son adjoint,
le capitaine Hourcastagné, firent prendre des mesures de sécurité,
tandis que la police dÉtat, sous les ordres du commissaire
Pujol, assurait un strict service dordre pour contenir les nombreux
curieux.
Les travaux se poursuivirent sous îa direction de M. Cas, architecte
communal, et à 11 h. 15, la grotte où les huit ouvriers
étaient ensevelis était enfin repérée. Le
travail se poursuivit à la pelle et à la pioche.
RESTÉ ENSEVELI PENDANT 10 HEURES UN OUVRIER EST SAUVÉ
Peu après, les sauveteurs entendirent des plaintes et des cris.
Aussitôt, des bouteilles doxygène et un compresseur
étaient mis en batterie et un tuhe était passé
par une petite ouverture pour lenvoi de lair. Les travaux
devinrent alors plus fébriles et plus prudents, car les sauveteurs
ne voulaient pas risquer un autre éboulement. C'est à
la main et à la pelle que se poursuivit le déblaiement
et un quart dheure plus tard le visage d'un homme apparaissait.
Mais ce nest quà 12 h. 17 quil était
dégagé. Deux minutes plus tôt, on avait exhumé
le cadavre dun de ses compagnons.
Le blessé, SNP Mohamed ben Mohamed, originaire du Maroc, recevait
les premiers soins du Dr Schieffer, de Birmandreis, qui le faisait transporter
à lhôpital de Mustapha où il était
admis avec une fracture de la cuisse gauche et le défoncement
de plusieurs côtes.
Malheureusement, et on devait le savoir par la suite, SNP Mohamed devait
être le seul rescapé de cette catastrophe.
TROIS NOUVEAUX CORPS SONT DÉCOUVERTS
A 13 h., M. lingénieur des travaux publics Colomb se joignait
aux sauveteurs et sur ses conseils, la pelleteuse reprenait son travail
et attaquait lamas de tuf de lautre côté en
passant par la cour des Ets Couve.
Ce nest quaprès une heure defforts quun
troisième ouvrier put être dégagé. Il avait
cessé de vivre.
On ne devait également retirer deux autres cadavres quà
14 h. 35 et 15 h.
LES TRAVAUX SONT ARRÊTÉS PAR LA PLUIE
Cest alors que le commandant Subra fit suspendre les travaux de
déblaiement. Un gros bloc de tuf en suspens au-dessus des sauveteurs,
menaçait leur sécurité et le commandant des sapeurs-pompiers
jugea plus prudent de le faire tomber.
A 17 h. 30, les travaux reprenaient à la lumière des projecteurs
et avec laide de la pelleteuse. Cependant en fin de soirée,
la pluie tombant en averse, rendait le travail des sauveteurs particulièrement
dangereux.
Cest alors que le commandant Subra prit la sage décision
darrêter le déblaiement, la menace de nouveaux éboulements
se faisant de plus en plus précise. Les corps des trois autres
ouvriers encore ensevelis ont été repérés
et seront dégagés ce matin
. LA PLUIE, CAUSE DE LÉBOULEMENT ?
On na pu établir lidentité des victimes. Le
seul rescapé, SNP Mohamed ben Mohamed était trop faible
pour être interrogé. Toutefois, on sait que les malheureux
ouvriers sont tous originaires du Maroc. Parmi eux se trouverait un
nommé Mohamed ben Abdelaziz ainsi que les deux frères
de lentrepreneur de la carrière, SNP Abdesselem ben Stitou,
demeurant au lotissement Djenan à Hussein-Dey, qui lexploitait
au compte de la Société du matériel agricole moderne
de Birmandreis.
Dès quelles furent prévenues de cet accident, de
nombreuses personnalités se sont rendues sur les lieux.
On notait la présence de MM. Faivre, conseiller général,
maire de Birmandreis, et ses adjoints : MM. Janer, Payen et Duquesnois
; MM. Bonomme et Abdelhamid, adjoints au maire dAlger ; Cheik,
caïd de Birmandreis ; Brial, secrétaire général
de la mairie de Birmandreis, auxquels vint se joindre M. le président
Laquière en début daprès-midi.
Il est très difficile de déterminer exactement les causes
de cette catastrophe. Lenquête seule pourra létablir,
mais on suppose que les violentes pluies de ces derniers jours ont certainement
provoqué des in filtrations qui ont causé léboulement.