Musique
à Birkadem, près Alger
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------------Le
petit village de Birkadem fut un véritable creuset de bons musiciens
dont certains s'illustrèrent brillamment au Grand concours international
de musique en juin 1930. En effet, la célébration du centenaire
de l'Algérie fut l'occasion de multiples manifestations culturelles
et sportives dont Alger, Oran et Constantine furent le théâtre.
Gaston Doumergue, le président de la République vint en
faire l'inauguration. |
-----------Les
répétitions avaient lieu, deux fois par semaine, dans l'arrière
salle du café tenu par M. Doumergue, situé en face de la place
et les murs résonnent encore des envolées des trompettes,
des roulements des tambours et des "pom-pom" du tuba. L'harmonie
de l'amicale bouliste avait un répertoire varié, allant du
morceau classique tel : les saltimbanques, passant par la musique de genre
: carnaval de Venise. Antoine Tudury, le chef, aimait donner libre cours
à son talent en exécutant l'une des partitions très
difficiles pour un trompettiste, le célèbre "Nora Staccato"
de Heifetz fait d'accélérations, de variations où le
souffle et le "coup de langue" du soliste sont essentiels. ------------Le concert se poursuivait ensuite avec une sauterie car les amateurs de danse étaient nombreux, à Birkadem. C'était l'époque du quadrille avec ses figures accomplies par des couples de danseurs ; venaient ensuite polkas, mazurkas et valses en vogue. Le fameux air d'Alexandre Petit, "Myrto", était joué. ------------Antoine Tudury avait été formé très jeune, à Birkadem, par M. Joseph Henry qui était le chef de musique, au début du siècle, de "L'Union des enfants de Birkadem" où, sur la photo du groupe prise en 1906, on peut mettre quelques noms : en partant du porte-drapeau, à gauche, Jean Henry, le frère du chef ; à son côté, Augustin Borderie (père de Gustave Borderie, le dernier maiîre du groupe et tenant sur ses genoux son fils : Octave)... Le président de l'Union, M. Mazella qui a, à sa droite, le second frère du chef : Louis-Henry, est debout, juste derrière le chef de musique. Enfin, sur la rangée du chef, à sa droite et encerclé, Antoine Tudury qui deviendra, plus tard, le chef de musique de Birkadem. La chorale féminine birkadémoise, formée d'une vingtaine d'éléments, était composée de : Renée Capo, Madeleine Colona, Lucie Colona, Renée Joly, Andrée Llorens, Jeanne Palisser, Sylvie Perrot, Simone Ruitort, Céline Sastre, Jeanne Yvars... ------------Au concours international de musique, le 8 juin à Alger, l'Harmonie de Birkadem dirigée par A. Tudury, va se trouver en compétition directe avec : ------------- La Fanfare de Saint-Germain-du-Plain, dirigée par M. Briard-Mollard ; ------------- La Fanfare de saint-Jeoire-en-Faucigny (Hte-Loire) conduite par M. A. Broisin. ------------Ce sont deux gros "morceaux" pour nos "vieux de Birkadem". ------------Le concours a lieu, rue de Constantine, à la manutention militaire ; les trois groupes doivent interpréter un morceau imposé en l'occurrence "Au pays Limousin", une fantaisie de D. Regent. Ensuite, chacun exécute le morceau de son choix et nos birkademois ont choisi "L'étoile du bonheur" une fantaisie de N. Labole. Sous la baguette de leur chef, ils font une réalisation sans faute. C'est l'explosion de joie lorsque le président du jury : M. Paul Breda (président d'honneur de la fanfare "La sirène de Paris") annonce qu'ils ont gagné le premier prix. ------------A l'inverse de ce qui se pas-sait souvent, dans ce genre de manifestation, les organisateurs et mélomanes de l'époque s'accordèrent pour dire que le Concours international de musique fut d'un haut niveau et d'une parfaite tenue ; que nos sociétés algériennes de musique méritèrent, à ce propos, les plus vives félicitations. A côté de partitions faciles, du genre "Monte là-dessus" ou de "Vous n'aurez plus l'Alsace ou la Lorraine" ou encore de pas-redoublé, les morceaux symphoniques et classiques choisis par les participants marquèrent d'indéniables progrès et une volonté de mettre en évidence la plus belle musique. Guy Tudury |