Bibliothèque nationale d'Alger
1.- La bibliothèque nationale d'Alger
Afrique du nord illustrée, revue mensuelle, 22-4-1933 - Transmis par Francis Rambert
mai 2021

La Bibliothèque Nationale d'Alger

Je n'entre jamais sans un serrement de cœur dans la rue de l'État-major. Elle évoque en moi des souvenirs d'enfance et les ombres du temps perdu. Quand j'étais marmouset, mon père avait là son bureau, qui était celui du " Mobacher ", alors établi dans une sombre maison mauresque à l'escalier biscornu. Des fenêtres je voyais les gens entrer au bain maure, de l'autre côté de la rue, et j'aspirais à pleines narines les effluves épicés qui s'exhalaient de l'officine d'un droguiste indigène ; le heurt sourd du pilon dans le mortier de cuivre marquait alors pour moi la fuite des heures et j'attendais avec angoisse le coup de clairon mystérieux qui dominait chaque matin le brouhaha du quartier. Ce buccin guerrier n'annonçait toutefois que l'ouverture des enchères à la salle de ventes proche.
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2.- UN PALAIS DE LÉGENDE : L'ANCIENNE RÉSIDENCE DES DEYS
A B R I T E
LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE D'ALGER

par OUDIANE

puis
Parc des Sports des Tagarins, au-dessus du stade Leclerc.
Algeria et l'Afrique du nord illustrée, revue mensuelle, nov.1949, n° 10.Édition de l'Office Algérien d'Action Économique et Touristique (OFALAC), 26 bd Carnot ou 40-42, rue d'Isly, Alger
mise sur site le 15-9-2005

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n°14 : bibliothèque
n°14 : bibliothèque
Rue de l'Etat-Major devenue rue Maupas

La bibliothèque nationale d'Alger

La Bibliothèque Nationale d'Alger

Je n'entre jamais sans un serrement de cœur dans la rue de l'État-major. Elle évoque en moi des souvenirs d'enfance et les ombres du temps perdu. Quand j'étais marmouset, mon père avait là son bureau, qui était celui du " Mobacher ", alors établi dans une sombre maison mauresque à l'escalier biscornu. Des fenêtres je voyais les gens entrer au bain maure, de l'autre côté de la rue, et j'aspirais à pleines narines les effluves épicés qui s'exhalaient de l'officine d'un droguiste indigène ; le heurt sourd du pilon dans le mortier de cuivre marquait alors pour moi la fuite des heures et j'attendais avec angoisse le coup de clairon mystérieux qui dominait chaque matin le brouhaha du quartier. Ce buccin guerrier n'annonçait toutefois que l'ouverture des enchères à la salle de ventes proche.

J'ai repris, il y a quelques jours, le chemin de la vieille maison mauresque où j'avais passé de si savoureuses heures dans mon enfance. Je revécus mes impressions d'enfant. Le décor n'avait pas changé. La cour mauresque était toujours égayée par un jet d'eau ; mais le musée avait disparu, transporté en un local plus commode avec les momies et les amphores kabyles. Par ailleurs, M. Esquer, administrateur de la Bibliothèque nationale, n'a aucun des traits qui m'avaient frappé jadis dans l'aspect de M. Mac Carthy. Toutefois, l'autorité supérieure, en désignant à ce poste cet ancien chartiste, a obéi à la tradition qui veut qu'à Alger un savant éminent ait occupé, depuis, le 13 octobre 1835, date de la fondation de la bibliothèque, les fonctions de conservateur. Le grand érudit Adrien Berbrugger constitua les premiers fonds de l'établissement, qui, après des fortunes diverses, fut logé en 1863. dans le palais actuel, édifié à la fin du XVIII° siècle par le dey Mustapha Pacha. Mac Carthy lui succéda. Puis ce fut Emile Maupas, chartiste devenu biologiste et des plus notoires. Enfin M. Esquer prit en mains les destinées de nos collections. Ses ouvrages sont familiers aux historiens et chers à tous les Algérois : " Le commencement d'un empire ; la prise d'Alger (1830) ". " Iconographie historique de l'Algérie ", merveilleux recueil de documents introuvables. Ce lettré d'élite est aussi le plus aimable des hommes d'esprit. Je parcours avec lui, à nouveau, le labyrinthe des couloirs, des escaliers dérobés, des passages encombrés de rayons. La bibliothèque, blottie dans des coins sombres, regorge de livres à en crever ; il s'en entasse ici plus de 90.000. Les travailleurs s'abîment la vue dans les salles étroites, sans vues sur l'extérieur, où quelques lampes électriques dispensent une sordide lumière. Cabinets et cellules sont encombrés, du rez-de-chaussée aux anciens harems, des appartements de la favorite aux geôles d'esclaves ; le cabinet de l'administration est établi dans l'ancien bain maure du dey ; c'est la seule pièce à peu près habitable du local actuel ; elle est tapissée de carreaux de Delft et bellement dallée de marbre. L'ancienne salle à manger de M. Mac Carthy, réduit en forme d'équerre, est réduite à l'état de boyau par des rangées d'énormes bouquins ; sa cuisine abrite quelques bustes de savants et parmi eux celui de Berbrugger. Mac Carthy, chargé de famille, devait être ici bien à l'étroit. M. Esquer me rappelle que ce fut ce géographe qui fournit à l'explorateur vicomte de Foucauld sa documentation sur le Sahara ; on a conservé, à la Bibliothèque, deux fiches rédigées jadis par M. de Foucauld, et sa photographie qu'il avait donnée en 1884 à M. Mac Carthy.

Le personnel de la Bibliothèque nationale comporte, avec M. Esquer, deux bibliothécaires et un garçon. Elle dispose d'un budget de 125.000 fr. pour achat de livres, abonnements, reliures, frais de bureau. Ces ressources sont diminuées de 20 % pour l'exercice 1933. En 1910, elles n'étaient, au surplus, que de 4.800 fr. Inutile de dire que ces crédits sont fort insuffisants ; ils ne permettent guère d'assurer la reliure, qui est indispensable pour la conservation des périodiques dont on reçoit environ 150 à la bibliothèque.

Celle-ci est des plus fréquentées par l'élite intellectuelle, tant européenne qu'indigène, d'Alger. En 1913, il y eut 6.600 lecteurs. En 1932, il y en avait 11.675.
On communiquait sur place 13.000 volumes en 1913 et 23.000 en 1932. Les emprunts à domicile furent de 4.389 en 1913 et de 6.393 en 1932. Chaque année, les collections de livres s'accroissent en moyenne de 1.300 volumes, sans compter les revues et périodiques divers. Malgré les épis qui s'avancent dans les salles déjà étroites, la place manque. Dans trois, ou quatre ans, la bibliothèque, déjà pléthorique, ne pourra recevoir un volume de plus. Il est temps que l'autorité supérieure prenne des mesures pour le déplacement d'une collection unique de livres et de manuscrits, précieuse à l'Algérie entière ; un palais à son usage devait être édifié, paraît-il, devant les nouveaux bâtiments du Gouvernement Général ; il y eut un concours en 1930, des plans furent déposés. Des rivalités d'architectes paralysèrent, me dit-on, la bonne volonté des Pouvoirs publics. Il est assez normal en France, voire à la Colonie, que les intérêts particuliers aient le pas sur l'intérêt général. Quoi qu'il en soit, le grand établissement scientifique de l'Algérie est à ce jour le plus incommode qui soit, comprimé dans les alvéoles obscures et humides d'un palais turc. Mais l'administration, à Alger, tient plus de la Béotie que d'Athènes.

 

------------"QUEL agréable et délicieux palais, élevé par le pacha d'Alger, Mustapha_ C'est l'asile de la félicité, de la gloire, de la puissance, de la splendeur, réunies au calme et à la sérénité. L'esprit émerveillé s'écrie, en le voyant : il a été achevé au moment du plus favorable augure, de l'indice le plus assuré de prospérité et d'abondance ".

------------T ELLE est l'inscription, en langue arabe, qui accueille, dès le vestibule de cette magnifique demeure, actuellement Bibliothèque nationale d'Alger, les pèlerins de la pensée et de l'étude. Inscription véritablement prophétique, si l'on considère la date de son apposition : " L'An 14 après 200 et 1.000 de l'Hégire du Prophète ", c'est-à-dire 1214, soit 1.799 de notre ère.
------------Le lyrique anonyme inspiré par l'ordonnance de ce palais, qui allie la noblesse de la forme au charme d'exquis détails, sut trouver les mots dignes de célébrer à tout jamais son prestige. Par une grâce dévolue aux poètes, avait-il eu la vision des cent dix mille volumes, des deux mille manuscrits que recèlent aujourd'hui ces murs illustres ?
------------Marches de marbre, colonnes, arceaux, portes et balustrades de bois précieusement sculptés, forment ici un cadre rêvé aux trésors de l'esprit.
------------Primitivement destinées à abriter la vie privée de Mustapha Pacha, dey d'Alger en 1798 de notre ère, ces beautés architecturales et décoratives assument de nos jours un rôle plus austère.
------------Savants, historiens, géographes, écrivains français et musulmans, étrangers proches ou lointains, ceux du passé et du présent confondent ici leurs ouvrages en une fraternité spirituelle propre d'ail-leurs à tous ces temples de l'Intelligence que sont les Bibliothèques, patrimoines nationaux épars dans le monde.
------------II est heureux que, sur le sol algérois, le cadre de cette fraternité intellectuelle soit un palais de style mauresque.
------------Mais empruntons l'étroite rue Emile-Maupas (anciennement rue de l'état-major), qui conduit à la princière demeure. Celle-ci s'ouvre dans un redan de cette voie tortueuse et pittoresque. Pierre Gavault, dans un article paru en 1894, trouvait à cet emplacement une raison défensive. En effet, les assaillants éventuels du Palais du Dey pouvaient, de cette manière, être pris en enfilade sous le feu des défenseurs
------------Un auvent de cèdre sculpté abrite une première porte à clous de bronze, encastrée dons une arcade reposant sur des colonnes jumelées en marbre blanc. Une deuxième porte défendait également l'accès de la demeure. On y voit un heurtoir en forme de lyre et la traditionnelle serrure découpée dans une épaisse feuille de cuivre

.porte  de la residence
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Mais plus évocateurs sont encore les deux grands heurtoirs qui la surplombent. Ils étaient destinés aux cavaliers, ainsi que la petite ouverture grillagée au-travers de laquelle pouvaient parlementer gardiens et visiteurs.
------------Les portes " cochères " étaient ignorées des demeures indigènes ; " la grande porte s'ouvrait elle-même rarement, un guichet ayant précisément pour but de ne laisser pénétrer qu'une personne à la fois ".
------------Tout le caractère secret, la proverbiale prudence, nécessités par les circonstances de la vie d'alors, se manifestent dès cette entrée.

------------Le pacha Mustapha, ancien balayeur élevé à la dignité de " Kasnadji " (Ministre des Finances), n'avait vraisemblablement pas un train de vie luxueux. Mais le Prince Ibrahim a laissé parmi les personnages qu'il y reçut plus tard, avec un faste seigneurial, le souvenir durable de ses magnificences.

------------Dans le vestibule, orné de niches et de banquettes de marbre s'imaginent aisément l'eunuque noir, qui faisait alors l'office de portier et le mameluck, gardien officiel du palais. En leur riches costumes et leurs armes damasquinées, ils devaient étinceler dans la pénombre.

------------C'est au-dessus de la baie donnant accès dans la " squifa " que se trouve l'inscription mentionnée plus haut.
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------------Cette vaste " squifa ", qui prolonge le vestibule, servait de salon de réception. Sous le portique du fond siégeaient le maître et les hôtes de marque qu'il tenait à honorer. Sur les dalles de marbre, les tapis orientaux et les coussins de soies vives alliaient leur éclat à celui des faïences hollandaises et siciliennes qui recouvrent les murs. L'imagination, sollicitée dès cet abord par tant d'objets attachants, se perd en une foule d'évocations brillantes. Il est malheureusement impossible de détailler ici les merveilles trop nombreuses recelées en ce palais. Des érudits les ont décrites pour la joie des architectes et des spécialistes. Mais, à l'intention du simple visiteur épris d'histoire et de légende, de belles formes et de couleurs, arrêtons-nous dans le " patio ", avant de prendre l'escalier qui mène au premier étage.
------------Au centre de cette cour intérieure, une vasque arrondie laisse pleuvoir dans un bassin l'eau dont elle déborde. Le ciel s'y reflète, des oiseaux viennent y boire. Une paix étonnante règne en ce lieu, qui rappelle curieusement, avec ses colonnes patinées de soleil et l'ombre bleue de sa galerie, quelque cloître de couvent d'Italie.

-------------Ce patio est pourvu de deux étages d'arcades élégantes. En levant la tête, la vision des arceaux supérieurs, dans le chatoiement des faïences où se joue la lumière, saisit par son charme et sa majesté. Autour des portiques se succèdent des chambres étroites et longues, dont quatre ont conservé leurs portes de cèdre sculpté, d'une exécution remarquable. La première des pièces, à droite, était celle où la femme du Dey recevait ses amies.
------------A gauche, un escalier mène à la " douïra ". Ce mot signifie " petite maison " en langue arabe. La " douïra " était rigoureusement réservée au " Maître ". Il y traitait ses affaires, y recevait ses amis et ses favorites du moment, y organisait ses loisirs. L'entrée en était sévèrement interdite aux femmes de le maison...
------------Revenons à l'escalier principal qui mène au premier étage. Il est orné de niches à la fois décoratives et confortables.
------------La légende raconte que le pacha aimait à s'y tenir en été pour couper la fatigue de la montée, et prendre des rafraîchissements.


------------Voici enfin la galerie du premier étage, véritable centre d'attraction de tout cet édifice. Son portique est constitué par seize colonnes, soutenant leur " arcs brisés ". Cannelées en torsades, avec leurs petits chapiteaux corinthiens pourvus de croissants minuscules, le temps les a revêtues d'une patine chaude
------------La décoration des arcs, faite de faïences de Delf violettes et bleues au rez-de-chaussée, est ici plu brillante : c'est une céramique sicilienne à fond jaune.

-----------Sertissant la galerie au bord du patio, une balustrade de bois découpé à jour déroule ses treillis et de bouquets. Cette balustrade, d'un travail savant, rappelle par son dessin la grâce des enluminures persanes.
------------La disposition des pièces du dessous est là reproduite dans son ensemble. Ouvertes sur la galerie, ces chambres sont l'asile des livres : Étagères, tables modestes, chaises et bureaux y accueillent les studieux fidèles, contrastant par leur austérité avec le raffinement du décor... Mais que dire des petites tables, à place unique, disséminées sous le portique ? Elles évoquent de touchants souvenirs d'écoles d'autrefois. Qui prend place devant elles, livres et notes en mains, retrouve en son âme je ne sais quelle fraîcheur enfantine, douce à savourer, tandis que bruit au dehors le " torrent " du monde.
------------Mais voici qu'un étroit passage, sur la gauche, conduit à la " chambre fraîche " où le Dey faisait la sieste à la chaude saison. A droite, quelques marches, dans le couloir, mènent à l'ancien petit " bain maure "... Et toujours, partout recouvrant les murs, ces joyeuses, ces chatoyantes faïences dont Dar Mustapha possède une collection unique par sa richesse, sa diversité, sa beauté.
------------Revenant à l'escalier dont les marches se font ici plus resserrées, l'on accède à la terrasse du deuxième étage.
------------Dans le mur d'appui, à l'entour de la cour centrale, se voient huit anneaux de marbre, de forme carrée. Ils étaient destinés à recevoir les poteaux qui supportaient le " velum " au-dessus du patio, tout comme dans les antiques maisons romaines.

------------Donnant sur la terrasse, sont encore des chambres entièrement carrelées de faïences multicolores. Un certain nombre de pièces moins intéressantes, probablement destinées aux gens de service, se mêlent au plan plus compliqué de cet étage.

------------Un escalier extrêmement raide et fantaisiste conduit enfin à la terrasse supérieure, d'où la vue, s'étendant sur la ville et sur la mer, est maintenant gâtée par les maisons construites ou surélevées après 1830. La famille du Dey se réunissait souvent dans le " kouchek ", sorte de kiosque, ou pavillon, dont les plus belles pièces sont, après la " squifa " et les galeries, les plus gracieusement décorées et les plus gaies de tout l'édifice.

------------La plus vaste est garnie de curieux petits vitrages et de portes sculptées.

------------Maintenant que voilà, très rapidement esquissée, cette brève promenade à travers Dar Mustapha, il est nécessaire de rappeler, non moins brièvement, son histoire. Nous l'emprunterons en partie aux " Feuillets d'El-Djezaïr " d'Henri Klein, où elle se trouve résumée.

------------Ce palais fut construit en 1798, pour le Dey d'alors, Mustapha Pacha, qui habitait ordinairement la Jenina. II ne se rendait à son habitation particulière que le jeudi, encadré par ses gardes qui, l'escortant à l'allée, venaient le reprendre le lendemain à midi. Mais l'infortuné Mustapha habita peu sa luxueuse demeure. A la suite d'une émeute suscitée par ses adversaires, il fut destitué par les janissaires et tué au seuil d'une mosquée où il avait tenté de se réfugier et " dont la porte se referma devant lui ".

------------Le Dey Hamed, succédant à Mustapha, occupa son palais qui devint, après la conquête, la résidence du général de Trobriant.

------------Le 17 décembre 1834, Dar Mustapha fut remise entre les mains du prince Ibrahim, fils du feu Dey, lequel, à sa mort, le légua à son fils Mustapha, personnage des plus populaires de l'ancien Alger. Connu sous le nom de " Prince Moustafa ", son type turc, sa corpulence, et jusqu'à sa moustache noire, rappelaient paraît-il, son grand-père le Pacha.

------------En 1846, à la suite d'un procès qui dura huit années, la demeure des héritiers du " Prince Moustafa " fut vendue pour la somme de cent mille francs. En 1863, le Département acquit cette maison, (dont il fit la " Bibliothèque-Musée " d'Alger), ainsi qu'une villa de Mustapha-Supérieur provenant également de l'héritage de l'ancien Dey, et dans laquelle fut installé l'Orphelinat Saint-Vincent de Paul.

------------Rappelons encore que le premier fonds de cette Bibliothèque nationale fut constitué par Adrien Berbrugger, avec 2007 manuscrits rapportés en 1837 de Constantine.

------------A cette époque (1838), un local de la rue Bab-Azoun fut le noyau, ou plus justement " le berceau ", de l'actuelle
------------De très intéressants détails nous sont donnés, par les ouvrages déjà cités, au sujet des personnages célèbres qui furent les hôtes de Dar Mustapha.
------------Ibrahim Pacha y reçut le Duc d'Orléans. Celui-ci, superbement honoré, y demeura quelque temps. Bolle, en 1839, écrivit une éblouissante description de ce palais, qu'enrichissaient alors les trésors artistiques possédés par Ibrahim. Ces pages scintillent comme le plus étonnant conte des Mille et Une Nuits et nous lèguent l'image vivante de la prestigieuse demeure.

------------Tel fut le passé de cet actuel domaine de l'Étude.

------------Une atmosphère tranquille, et comme décantée, s'y respire aujourd'hui.

------------Sur cette galerie du premier étage il est doux d'interrompre, de temps à autre, quelque attachante recherche, pour écouter le cri des rapides martinets, dont le vol sillonne le carré de ciel bordé de tuiles vertes, en haut du patio. En bas, dans l'ombre, la cour où murmure la vasque au bassin verdi exhale sa fraîcheur.

------------Les cloches de la cathédrale voisine emplissent parfois l'édifice de leurs vibrations, mêlant leur grave harmonie aux criailleries des moineaux sur les terrasses... Et de cet isolement, et de ces bruits, au cœur de la vieille cité, naît le recueillement propice aux créations futures de l'esprit.