sur site le 18-10-2003
-Les Phéniciens ( de Carthage)
pnha, n°108, janvier 2000

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------Toutefois, les textes écrits sur cette fantastique épopée, soit en français, (voir les livres d'histoire ou les grands dictionnaires), soit en anglais, (voir les Encyclopédies ou, notamment, John Peddie et Richard Holmes, in : "HANNIBAL'S WAR) ; etc... ont tous tout mis sur le compte de HANNIBAL, et "oublié" de rendre justice à MASSINISSA. Or, que s'est-il passé dans la réalité ? L'expédition s'est déroulée en 2 temps : 1 - Recrutement, composition, unification et fusion interne avec entraînement en commun sur la terre d'Afrique de tous les éléments du corps de bataille avant leur transfert de Carthage jusqu'à Carthagène (Espagne) ; et 2 - prise de commandement de cet outil de guerre rodé et prêt pour la bataille, par Hannibal, à Carthagène, conformément aux accords convenus. Le problème des historiens est qu'à partir de Carthagène, les comptes rendus parvenus à Carthage émanaient exclusivement d'Hannibal lequel rédigeait ses messages uniquement à sa première personne. Si bien que tout le monde a cru, y compris le Sénat de Carthage, que Hannibal avait tout fait tout seul. A tel point que lorsque cette 2è guerre punique a été gagnée, le Sénat de Carthage a renié ses engagements au sujet de la citoyenneté de cette Armée d'Afrique. Voilà qui va entraîner sa perte.

------S'agissant de forces armées, les hommes et leurs montures ont été recrutés en Berbérie ; à savoir : les éléphants d'Afrique, leurs cornacs, les chevaux de bât et/ou de trait ; les chevaux de bataille ainsi que leurs cavaliers numides dont parlent tous les chroniqueurs ayant traité de ce sujet : (notamment TITE LIVE et DIO).

------Ajoutons une précision qui se passe de commentaire : Hannibal ne parlait que la langue punique de cette Espagne où il a toujours vécu, langue totalement ignorée de tous les combattants de cette armada venue de Carthage. A titre de réciprocité, lui-même ne comprenait aucun des dialectes ou langues de cette armée venue d'Afrique. Il en était le chef, selon la volonté de Carthage, mais il n'y commandait que sa garde personnelle. Il ne pouvait donc y avoir qu'un seul vrai maître sur le terrain pour diriger ces guerriers africains : Massinissa. Quant à la phase préalable et capitale, mais dont on parle le moins alors qu'elle n'a pas été le moindre de ses soucis, c'est : d'une part, l'entraînement au combat à l'étranger de chacune de ces troupes à transplanter ; d'autre part, la coordination progressive interarmes de ces éléments

 

-disparates ; et, enfin, le transfert par longue voie de terre et de mer des hommes, des familles, et des bagages ; sans compter la traversée par bateaux des chevaux et des éléphants d'Afrique. Quant à la reconnaissance des troupes amies entre elles, Massinissa a inventé un système aussi simple que génial permettant aux combattants de ne pas se tromper d'ennemi : un morceau de tissu blanc porté au bout d'un long manche. Au cours des siècles postérieurs, cet emblème a engendré ce qui s'est dénommé étendard ou oriflamme, avant de se concrétiser sous la forme de ce symbole de rassemblement national appelé : Le Drapeau. (Référence : Eugène GUERNIER). De sorte que si de nos jours les Berbères devaient se doter d'un drapeau, ils se doivent impérativement d'y mettre du blanc parmi les couleurs de sa composition...

-----Quoi qu'il en soit, l'intelligence consiste à tirer leçon de ses propres échecs. La défaite des Romains a inspiré un de leurs grands chefs SCIPION, lequel avait tout observé. Il situa avec la lucidité d'un grand stratège le point exact où se trouvait le facteur à exploiter. Passant outre toutes les considérations, il décida de tenter une opération d'un avenir exceptionnel. Tenant compte des qualités personnelles jugées supérieures de Massinissa il rechercha d'abord sa neutralité pour la 3`- guerre punique qu'il prévoyait, puis son alliance après la future victoire escomptée sur Carthage. L'histoire a montré qu'il avait raison ; alors que les historiens sont demeurés dans l'erreur. Il reste que la seule et unique importante victoire guerrière de Carthage est l'oeuvre de l'ARMEE d'AFRIQUE avec son chef Roi des Berbères. C'est pourquoi le glorieux nom de Massinissa doit être réhabilité, d'autant plus que les enseignements tirés de son expérience ont été largement exploités à travers le monde, notamment par ceux de ses compatriotes (nord) africains qui deviendront des Empereurs Romains.

Wynna Nat-IRATEN

PIEDS-NOIRS D'HIER ET D'AUJOURD'HUI - N 108 - JANVIER 2000