------Toutefois, les
textes écrits sur cette fantastique épopée, soit
en français, (voir les livres d'histoire ou les grands dictionnaires),
soit en anglais, (voir les Encyclopédies ou, notamment, John Peddie
et Richard Holmes, in : "HANNIBAL'S WAR) ; etc... ont tous tout mis
sur le compte de HANNIBAL, et "oublié" de rendre justice
à MASSINISSA. Or, que s'est-il passé dans la réalité
? L'expédition s'est déroulée en 2 temps : 1 - Recrutement,
composition, unification et fusion interne avec entraînement en
commun sur la terre d'Afrique de tous les éléments du corps
de bataille avant leur transfert de Carthage jusqu'à Carthagène
(Espagne) ; et 2 - prise de commandement de cet outil de guerre rodé
et prêt pour la bataille, par Hannibal, à Carthagène,
conformément aux accords convenus. Le problème des historiens
est qu'à partir de Carthagène, les comptes rendus parvenus
à Carthage émanaient exclusivement d'Hannibal lequel rédigeait
ses messages uniquement à sa première personne. Si bien
que tout le monde a cru, y compris le Sénat de Carthage, que Hannibal
avait tout fait tout seul. A tel point que lorsque cette 2è guerre
punique a été gagnée, le Sénat de Carthage
a renié ses engagements au sujet de la citoyenneté de cette
Armée d'Afrique. Voilà qui va entraîner sa perte.
------S'agissant de forces armées,
les hommes et leurs montures ont été recrutés en
Berbérie ; à savoir : les éléphants d'Afrique,
leurs cornacs, les chevaux de bât et/ou de trait ; les chevaux de
bataille ainsi que leurs cavaliers numides dont parlent tous les chroniqueurs
ayant traité de ce sujet : (notamment TITE LIVE et DIO).
------Ajoutons une précision qui se
passe de commentaire : Hannibal ne parlait que la langue punique de cette
Espagne où il a toujours vécu, langue totalement ignorée
de tous les combattants de cette armada venue de Carthage. A titre de
réciprocité, lui-même ne comprenait aucun des dialectes
ou langues de cette armée venue d'Afrique. Il en était le
chef, selon la volonté de Carthage, mais il n'y commandait que
sa garde personnelle. Il ne pouvait donc y avoir qu'un seul vrai maître
sur le terrain pour diriger ces guerriers africains : Massinissa. Quant
à la phase préalable et capitale, mais dont on parle le
moins alors qu'elle n'a pas été le moindre de ses soucis,
c'est : d'une part, l'entraînement au combat à l'étranger
de chacune de ces troupes à transplanter ; d'autre part, la coordination
progressive interarmes de ces éléments
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-disparates ; et,
enfin, le transfert par longue voie de terre et de mer des hommes, des
familles, et des bagages ; sans compter la traversée par bateaux
des chevaux et des éléphants d'Afrique. Quant à la
reconnaissance des troupes amies entre elles, Massinissa a inventé
un système aussi simple que génial permettant aux combattants
de ne pas se tromper d'ennemi : un morceau de tissu blanc porté
au bout d'un long manche. Au cours des siècles postérieurs,
cet emblème a engendré ce qui s'est dénommé
étendard ou oriflamme, avant de se concrétiser sous la forme
de ce symbole de rassemblement national appelé : Le Drapeau. (Référence
: Eugène GUERNIER). De sorte que si de nos jours les Berbères
devaient se doter d'un drapeau, ils se doivent impérativement d'y
mettre du blanc parmi les couleurs de sa composition...
-----Quoi qu'il
en soit, l'intelligence consiste à tirer leçon de ses propres
échecs. La défaite des Romains a inspiré un de leurs
grands chefs SCIPION, lequel avait tout observé. Il situa avec
la lucidité d'un grand stratège le point exact où
se trouvait le facteur à exploiter. Passant outre toutes les considérations,
il décida de tenter une opération d'un avenir exceptionnel.
Tenant compte des qualités personnelles jugées supérieures
de Massinissa il rechercha d'abord sa neutralité pour la 3`- guerre
punique qu'il prévoyait, puis son alliance après la future
victoire escomptée sur Carthage. L'histoire a montré qu'il
avait raison ; alors que les historiens sont demeurés dans l'erreur.
Il reste que la seule et unique importante victoire guerrière de
Carthage est l'oeuvre de l'ARMEE d'AFRIQUE avec son chef Roi des Berbères.
C'est pourquoi le glorieux nom de Massinissa doit être réhabilité,
d'autant plus que les enseignements tirés de son expérience
ont été largement exploités à travers le monde,
notamment par ceux de ses compatriotes (nord) africains qui deviendront
des Empereurs Romains.
Wynna Nat-IRATEN
PIEDS-NOIRS D'HIER ET D'AUJOURD'HUI
- N 108 - JANVIER 2000
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