C'est avec plaisir que je vais évoquer pour toi
les "délocalisations" successives du LBA. La première
se situe en Octobre 1939 date à laquelle le lycée a été
occupé par l'Armée Française.
Je suis donc rentré en Octobre1939, en Sixième, à
la BOUZAREAH
dans les locaux de l'Ecole
Normale d'Instituteurs., et les camarades des années
antérieures y ont été transférés.
Ce déménagement a été marqué par
l'abandon de l'uniforme de lycéen (bleu marine à boutons
dorés) seuls quelques anciens avaient gardé leur casquette
dont ils avaient cassé la visière (comme les vieux légionnaires!)
comme preuve de leur ancienneté.
En Octobre 1940, réintégration dans les locaux de Ben-Aknoun.
C'était le temps de la "Révolution Nationale"
de Vichy, avec lever des couleurs et chants "patriotiques"
(Maréchal nous voilà!! etc...)
C'était aussi la période des lois antijuives et seuls
sont restés nos camarades israélites dont les pères
étaient d'anciens combattants.
C'est aussi l'époque où nos camarades musulmans prenaient
conscience de leur particularisme, et lorsque le Dimanche soir, nous,
potaches, reprenions, place du Gouvernement , le Trolleybus qui allait
nous conduire à Chateauneuf, lesdits camarades entonnaient des
chants nationalistes, avec comme chef de Choeur AIT-AHMED (qui était
dans ma classe.).
Deuxième boulversement : novembre 1942, les Anglos-Saxons (surtout
Américains) débarquent le 8, le 15 nous évacuons
le lycée
pour que les alliés y installent, comme tu l'as dit, un hôpital.
Pendant cette période de 8 jours, nous avons été
pris "sous le feu"des Américains qui tentaient de prendre
le "Chateau Douïeb": sur la Colline(*) entre Ben-Aknoun
et Chateauneuf, "Château" tenu par desTirailleurs sénégalais
qui faisaient un "Baroud d'honneur", à notre connaissance
il n'y a eu ni mort ni blessé de part et d'autre.
Mais cette semaine a été pour nous, potaches, du délire
; alertes sur alertes, mises à l'abri dans le souterrain de Ben-Aknoun,
le tout dans le chahut et la rigolade.
Nous fûmes donc dirigés vers des "centres de repli"
en fonction de la situation géographique des parents : Guyotville
(Centre de repli créé spécialement pour Ben-Aknoun,
et qui avait récupéré une bonne partie du corps
professoral) , les collèges de Médéa
et de Milianah,
et certains cours complémentaires, comme celui de CHERCHELL
où je débarquais avec 5 autres camarades. Nos études
furent pour le moins chaotiques !!
En Octobre 1944 retour à Ben Aknoun qui réouvre ses portes,
avec les classes de premières sous les "ghorfas", dont
tu parles, je ne sais qui les a construites, Américains ? Education
Nationale ?
Mais elles ont défiguré le magnifique parc du lycée....et,
il y faisait trés chaud.
Il faut préciser que ce retour a été marqué
par 2 "révolutions":
- la première, c'était l'arrivée à BEN-AKNOUN
de classes qui étaient alors réservées à
BUGEAUD
: les secondes et les premières
(les "terminales" Math'élèm, philo et "philo-sciences")
restaient à BUGEAUD.
Jusqu'alors le Lycée de Ben-Aknoun n'accueillait les élèves
que jusqu'en troisième incluse, c'était le "Petit
Lycée"(dénomination officielle) par opposition au
"Grand-Lycée" (BUGEAUD)
Les élève étaient à 90% des internes.
- la seconde "révolution" c'était la mixité
: à l'époque, trés timide, puisque ma classe ne
comptait que 3 filles sur 40 élèves!
Elles faisaient l'objet de toutes les sollicitudes des "mâles"
mais je ne me souviens pas d'avoir connu un " heureux élu"!
Si ces précisions ont retenues ton attention, j'en suis heureux.
Bien amicalement.
Clément VAQUEZ, Sholm's pour les grands anciens.
(*) Je crois avoir constaté, lors d'un voyage
effecué en 2004 (avec pélerinage à Ben-Aknoun)
que sur cette colline avait été édifié un
grand complexe sportif.