le boulevard Carnot - le front de mer - Alger
LE CASINO MUNICIPAL
Le futur Casino Municipal d'Alger


Le futur Casino Municipal d'Alger

Nos lecteurs trouveront ci-dessous et ci-contre les projets, de façade définitivement arrêtés de notre prochain Casino. Municipal qui doit être terminé pour 1930 et qui s'élèvera à l'angle du boulevard Carnot, de la rue Waïsse et de la rue de Constantine, sur l'emplacement actuellement occupé par les baraques, également municipales, du Conservatoire, du Commissariat Central et du Musée des Beaux-arts.

Malgré que le futur bâtiment soit d'importance considérable, bien compris, établi pour le mieux, d'une somptuosité interne et d'une beauté architecturale dont il convient de féliciter MM. A. Bluysen et Joachim Richard; les très réputés et notoires architectes qui le conçurent, on peut amèrement regretter, pour Alger, les Algérois et les Algériens le rejet du premier projet autrement splendide, grandiose et décoratif.

Tout le monde sait que le premier emplacement dévolu au Casino Municipal fut le terrain vague des Casemates, au-dessus du boulevard Laferrière. Une société se trouvait là qui venait nous faire l'offre plus qu'aimable et gentille de doter notre ville d'un véritable palais et d'entreprendre, sans nous demander un sou, mais au contraire en subventionnant la ville des travaux gigantesques, qui ne nous auraient rien coûté et qui auraient puissamment contribué à la parure, à la beauté et au développement dans tous les ordres, économique, touristique, intellectuel et artistique de la capitale de l'Afrique du Nord.

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Afrique du nord illustrée du 10-11-1928 - Francis Rambert
ici, mars 2021

 
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Le futur Casino Municipal d'Alger

Le futur Casino Municipal d'Alger
Le futur Casino Municipal d'Alger

Nos lecteurs trouveront ci-dessous et ci-contre les projets, de façade définitivement arrêtés de notre prochain Casino. Municipal qui doit être terminé pour 1930 et qui s'élèvera à l'angle du boulevard Carnot, de la rue Waïsse et de la rue de Constantine, sur l'emplacement actuellement occupé par les baraques, également municipales, du Conservatoire, du Commissariat Central et du Musée des Beaux-arts.

Malgré que le futur bâtiment soit d'importance considérable, bien compris, établi pour le mieux, d'une somptuosité interne et d'une beauté architecturale dont il convient de féliciter MM. A. Bluysen et Joachim Richard; les très réputés et notoires architectes qui le conçurent, on peut amèrement regretter, pour Alger, les Algérois et les Algériens le rejet du premier projet autrement splendide, grandiose et décoratif.

Tout le monde sait que le premier emplacement dévolu au Casino Municipal fut le terrain vague des Casemates, au-dessus du boulevard Laferrière. Une société se trouvait là qui venait nous faire l'offre plus qu'aimable et gentille de doter notre ville d'un véritable palais et d'entreprendre, sans nous demander un sou, mais au contraire en subventionnant la ville des travaux gigantesques, qui ne nous auraient rien coûté et qui auraient puissamment contribué à la parure, à la beauté et au développement dans tous les ordres, économique, touristique, intellectuel et artistique de la capitale de l'Afrique du Nord.

L'établissement de grand luxe, en tous points comparable aux casinos de Deauville, Biarritz, Ostende et autres lieux célèbres dans le monde entier, comportait théâtre, palace, pavillons divers pour toutes nos sociétés, salle de concert, bibliothèque, café, restaurant, jardins, parcs, terrasses monumentales, escaliers, perrons, péristyles grandioses comme il en est peu au monde et comme on en trouve peints sur la toile chez Véronèse et le Lorrain.

Combien cela nous eût enrichis de richesses réelles et des biens de l'esprit, pour s'en apercevoir il suffira de dire que la société demanderesse se proposait de dépenser là une cinquantaine de millions !

Or, cette affaire magnifique, pour des causes que nous n'avons pas à rechercher, l'administration n'en voulut pas. Le Champ-de-Manœuvres où l'on avait décidé d'édifier certaine cité administrative fut subitement déclaré insalubre et le terrain des Casemates fut réaffecté à sa destination primitive (ruineuse pour nous à cause de l'énormité des travaux d'utilisation du terrain cette fois effectué à nos frais - voyez budget ! -) de servir à des bureaux et à des casernes pour bureaucrates.

Tant pis, tant pis pour nous.

Péniblement, la société ainsi évincée, après plusieurs années de pourparlers et de frais préparatoires, put tout de même obtenir le terrain du boulevard Carnot : quatre mille deux cents mètres. L'impartialité exige que soient loués très hautement les ingénieux artistes qui, avec des moyens un peu limités, surent nous constituer un ensemble d'un si beau style et d'une utilisation, aussi adroite. Les documents photographiques que nous publions ont certainement plus d'éloquence que tous les mots qu'on peut dire ; on en jugera.

La bâtisse couvrira les quatre mille deux cents mètres dont on dispose, mais avant d'entrer dans le détail, peut-être ne sera-t-il pas mauvais pour permettre au lecteur d'apprécier la solidité de la société, dont M. Manesse est le concessionnaire et l'administrateur délégué, d'en dire quelques mots.

Cette société constituée entre quelques amis, ne fait appel à aucun concours financier extérieur. Elle groupe de très hautes personnalités, entre autres MM. Duhamel, président, propriétaire-fondateur des Grands Hôtels Parisiens " Ambassador ", "Commodore", "Savoy" ; etc.; Alletti, administrateur général des Grands Hôtels de Vichy ; Carrus, ingénieur en chef de la Ville de Paris, propriétaire du Trianon-Lyrique et commanditaire de l'Opéra-Comique ; Tassard, directeur Commercial de la Compagnie Générale d'Électricité de Paris ; Lebrun, président de la Chambre Syndicale des Hôteliers de France, et, enfin M. Manesse, créateur, administrateur délégué. C'est indiquer en peu de phrases tout le sérieux et toute la respectabilité qui s'attachent à l'entreprise.

Quelques précisions s'imposent également sur les buts et moyens. En principe, la création à Alger d'un théâtre, qui sera un vrai théâtre, avec des programmes de véritable musique, d'incontestable opéra et d'art indéniable, autant que l'attrait du jeu, le bénéfice du confort et la grâce du cadre est faite pour attirer de ce côté-ci de l'eau la grande clientèle internationale et de luxe qui recherche, sans toujours le trouver, dans les sites les plus réputés de la Métropole et même de l'Europe, l'oubli de soi-même, la fièvre du plaisir et l'abrègement sinon la réduction totale de la douleur que nous éprouvons tous d'être seulement des hommes dans un univers où l'on s'ennuie. Programmes, vedettes, grand luxe

Les moyens ne sont pas moins considérables. Le coût du casino, sauf imprévu - et l'on sait aussi ce que cela veut dire - s'élèvera à 35 millions de francs, non compris l'ameublement et la décoration. Le style sera moderne, méditerranéen et de grandes pages sauront s'écrire sur les murs, dues à nos artistes les meilleurs et qui rediront, avec une éloquence intense et colorée, le prestige et les charmes de l'Afrique Mineure, ce morceau de l'Europe jeté à l'avant-garde du continent mystérieux. Les oliviers du Tell, la douceur des jardins virgiliens où le cyprès se mêle à la rose et le jasmin d'Islam au laurier de la Grèce, la mer, la colline, la montagne farouche, le sable illimité du Sud et l'intense mélancolie des terres désertiques s'y exprimeront en des raccourcis brefs et des synthèses significatives. L'art n'y perdra rien, pas plus que le commerce, que la circulation des richesses et la circulation des idées.

Ceci dit, venons-en aux précisions d'exécution. L'énorme cube de quatre mille deux cents mètres de base se départagera dans la hauteur en six étages.
C'est d'abord le Théâtre municipal dont la salle contiendra deux mille places, six cents de plus que notre actuel Opéra. La visibilité sera parfaite, l'acoustique impeccable, la scène plus spacieuse que celle de l'Opéra-Comique. On y accédera par deux entrées, une rue de Constantine, l'autre boulevard Carnot. Le confort, - sièges, décoration, commodités diverses, fumoirs, buvette, température toujours égale obtenue par des moyens spéciaux de chauffage et de réfrigération - y sera tel qu'aucun théâtre du inonde n'en pourra présenter d'équivalent ou de pareil.

C'est ensuite, ouvrant au rez-de-chaussée sur la rue de Constantine, une salle de cinéma luxueuse, d'une contenance de 1.000 places.

C'est encore au 1er étage, le Casino municipal, dont la superficie sera au moins aussi grande que celle du plus grand Casino de France.

Dès le troisième étage, séparé du théâtre par une cour extérieure, commencera le palace, chambres, salles de bains, couloirs, dégagements, cela sur les quatre façades et cela éclairé et aéré au centre par une cour-jardin plantée d'arbres, de massifs et de fleurs qui s'ouvrira au niveau du troisième étage.
Tout en haut enfin et sur toute la portée de la bâtisse s'étalera une immense terrasse avec pergolas, loggias, jardins suspendus.

De plus, la place nécessaire sera réservée pour l'installation d'un Conservatoire municipal de musique et de chant vraiment digne de l'essor artistique d'Alger et des aspirations de sa jeunesse : 12 vastes classes et une salle d'auditions.

Et nous devons citer encore le grill-room, le restaurant-dancing du premier étage, le large hall séparant le Casino du théâtre, les salles de boule et de baccara, le privé....

Tel est dans ses grandes lignes, et comme on le voit par les photos reproduites des dessins et maquettes, le futur Casino-Théâtre municipal d'Alger.

Nous pensons traduire l'opinion générale de nos concitoyens en déclarant qu'il nous donne entière satisfaction, en félicitant les promoteurs et en faisant les vœux les plus ardents pour qu'il passe le plus vite possible du règne théorique du papier et des dessins à l'ère pratique et que nous apprécions plus, de la réalisation.