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site le 28/03/2002
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-------Avant d'être le bastion de la famille HERNANDEZ et de la Résistance pour le maintien de la présence française, BAB-EL-OUED (Porte de la rivière) est un creuset où se sont mélangées au fil des années de très nombreuses races. -------C'est le quartier populaire par excellence qui n a rien de commun avec les autres quartiers qui composent le "Grand Alger ". Il a pour lui son folklore très particulier, personnel et coloré. |
--------BAB-EL-OUED s'éveille tôt le matin où depuis la place Dutertre (Basseta), forteresse des laitiers d'origine maltaise... les Fenech, Casassus et autres Missud... et leurs chevaux fougueux qui sous le claquement du fouet s'élancent dans la ville pour livrer leur breuvage fraîchement sorti des pistes. C'est aussi les gros attelages qui dévalent le boulevard de Champagne pour aller décharger les blocs de pierre à la "Plage des Familles" à la Consolation pour la protéger des grosses lames d'une éventuelle tempête. |
-------C'est le marché avec son déroulement typique propre au quartier et à ses habitants. Mohamed qui interpelle son ami Auguste pour qu'il sache qu'il est bien achalandé en légumes frais. Ali, le poissonnier, qui harangue la foule de sa voix puissante : « Fraîche..., fraîche.., la sardine fraîche, les beaux pageots, les beaux rougets... Y'a Madame !». |
-------C'est aussi Dolorès la petite cigarière, ravissante sous sa petite jupette et son chemisier, mettant ses formes en valeur et qui traverse difficilement la foule sous les regards brûlants de ses nombreux admirateurs lui rendant le passage difficile pour se rendre aux étalages ou à la boulangerie, pour acheter le le pain espagnol, la fougasse, les cocas et toutes les bonnes spécialités du coin, agréables à sentir, regarder, et surtout à déguster. |
-------Depuis l'Hôpital Maillot et après de nombreuses manuvres, le coup de sifflet du contrôleur qui libère le convoi des T.A. qui s'élance à l'assaut de l'avenue des Consulats, dans un fracassant bruitde rails, amplifié par |
avenue des Consulats |
les pavés qui résonnent
comme le grondement d'un orage s'abattant sur la ville, et c'est le premier
arrêt au marché, où le tramway est littéralement
pris d'assaut par les nombreux travailleurs .
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-------Les
portes de la jardinière difficilement fermées, le convoi
s'élance et prend avec gravité le virage en épingle
à cheveux dans un grincement infernal sans omettre cependant de
saluer au passage les "Trois Horloges " toujours aussi coriaces
à leur poste.
-------C'est l'avenue de la Bouzaréah qui est alertement traversée, et dont le passage est ponctué par de nombreux coups d'avertisseur signalant aux habitants que la nuit est finie, et qu'il est l'heure de se lever. Avant de s'élancer vers l'avenue de la Marne, un salut amical est adressé au wattman du convoi en provenance du dépôt, avant qu'il ne se catapulte avenue Durando. Remontant la rue de Châteaudun en longeant le poste des Sapeurs Pompiers, c'est le grand bâtiment de l 'Ecole Lelièvre avec sa place ombragée. C'est l'église Saint-Joseph où par couples, filles et garçons pénètrent dans ce sanctuaire pour prononcer leurs vux de première Communion. C'est aussi le patronage Sainte-Thérèse. |
-------En regardant cette école, les souvenirs sont là présents avec une pensée émue pour nos instituteurs dont bon nombre ont dû disparaître; le directeur M. PADOVANI, la classe de 8è avec M. BIAGGI, M. SUSINI en 6è, M. COGAN en 5è, M. AMBLARD en 4è, M. STORA en 3è, et bien d'autres dont les noms échappent aux souvenirs. -------Quelle animation pendant la récréation, c'est l'attente du père François avec sa plaque de Calentita, c'est le régal du matin, ce sont les retrouvailles avec les copains CUESTA (dit Fannou), Gaston BOUZIZ, SPENATO, POLIN, PACIFICO, etc... Ce sont aussi les défis lancés de classe en classe pour des matchs de foot, des relais en course à pieds et très souvent des combats qui se poursuivaient après les classes derrière l'Hôpital Maillot, bd de Champagne où souvent nous sommes séparés par des adultes qui nous traitent de voyous; mais il y a toujours promesse de revanche pour le lendemain ou les jours suivants... -------Le
centre principal de ce quartier de plus de 100.000 âmes se situe
depuis la Cité des Eucalyptus, la place Lelièvre avec son
école que l'on surnommait "L'Université de Bab-el-Oued
". Chez Coco et Riri, le petit magasin situé près de
l'entrée de l'école et tous les gamins venaient faire leurs
petites emplettes avant de rejoindre leur classe. |
-----La rue des Moulins, très fréquentée, débouchait sur le grand marché couvert, où toutes les ménagères venaient faire leurs emplettes, et surtout en profitaient pour papoter avec leurs amies. Le marché de Bab-el-Oued avait une très grande renommée. Il y entrait et sortait une foule considérable. Cela ressemblait à une ruche d'abeilles au travail. Sur les étals, les fruits et les légumes étaient artistiquement bien exposés, tandis que du côté opposé, sur des dalles de pierre, s'étalaient toutes les variétés de poissons encore frétillants. A cause d'une très dense circulation, il était extrêmement difficile de se frayer un passage au travers des allées. Tout autour, se situaient les magasins de volailles, viandes, charcuterie, où tous les marchands, à haute voix, vantaient la qualité de leurs produits; ainsi ces couleurs donnaient avec l'apport du soleil, un éclat merveilleux. |
--------Mais
certainement le plus agréable, c'était le soir quand le soleil
brillait encore avenue de la Bouzaréah, où l'empreinte de
ses rayons avait marqué notre peau. A cette heure très appréciée
on "faisait" l'avenue, surtout les nuits d'été après
le repas familial, c'était le "bol d'air ", pris au balcon,
devant l'entrée de l'immeuble, où tout le monde se réunissait.
Les conversations s'échangeaient entre voisins, et tout le monde
savourait ces plaisirs coutumiers. Tout Bab-el-Oued veillait, en partie
éclairé par les lueurs des cigarettes que l'on distinguait
à tous les balcons. On apercevait quelques personnes qui revenaient, le pas nonchalant, de chez "Grosoli" en dégustant une sicilienne ou sortaient d'un cinéma du quartier Marignan, Majestic ou Palace. ------- ------ Minuit n'était pas loin et Bab-el-Oued allait s'endormir. -------Du haut de la colline, aux pieds de Notre-Dame d'Afrique, où l'on domine tout le périmètre du cimetière morcelé symétriquement par les haies de cyprès, et tout en bas longeant le bord de mer, le stade Saint-Eugène et sa tribune de béton, lieu sacré des sportifs, là où se sont déroulées de prestigieuses épreuves de football; les matches A.S.S.E.Mouloudia, A.S.S.E.-G.S.A.,/ A.S.S.E.-F.C.B.,/ A.S.S.E. O.H.D./, A.S.S.E.-R.U.A /., A.S.S.E.-U.S.O.M. En cyclisme, des manifestations avec la participation des plus grands champions internationaux de tous les temps Moeskop-Falk Hensen, Jef Scherens, Miehard-Faucheux, sans oublier nos champions locaux : Arrambourg, Redmani, Torres, Meziane, Antoine et Louis Guercy et les grands combats de boxe Youg Perez-Al Brown, Cerdan-Charon, Cerdan-Kouidri, Cerdan-Walzak, etc.. |
----La
basilique de Notre-Dame d'Afrique domine majestueusement Saint-Eugène,
Bab-el-Oued et la Méditerranée avec en toile de fond le cap
Matifou. -------Les Algérois étaient fiers de leur quartier avec ses cent mille habitants, ses usines, ses manufactures, ses lycées, le tout pouvant être comparé à une grande cité métropolitaine. ------ ----- -En pente très sévère, elle vient s'éteindre près de la mer. Sur sa gauche, la Consolation, le stade Marcel Cerdan, la place Jules Ricome et son prolongement, le boulevard Pitolet, vers l'Eden Plage, Le Petit Chapeau, Les Deux Chameaux, point de rassemblement des écoliers du quartier qui faisaient "mancaoura ", c'est-à-dire l'école buissonnière, pour aller prendre un bain. |
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-----En
remontant la Consolation ( plage des Familles), c'est l'avenue Malakoff
qui longe les derniers remparts de l'Hôpital Maillot, pour rejoindre
d'une part la rue Borely La Sapie en passant devant le majestueux Majestic
ou en rejoignant la rue Géricault, avec un arrêt chez Grosoli
pour la dégustation d'une bonne Sicilienne. -------C'est le square Nelson où tous les vendredis soirs, tout Bab-el-Oued se rassemble pour écouter le traditionnel concert symphonique et retrouver les petites cigarières et les copains, la fête se poursuivant sur les plages par le bain de minuit dans la tenue la plus simple. Le faubourg de Bab-el-Oued apparaît à hauteur du jardin Guillemin côté bain Padovani et les rues Rochambeau et Mizon, tandis que se profile la large et longue avenue de la Marne bien délimitée par ses arcades. -------En regardant tous ces immeubles, ces cités, ces boulevards et ces avenues qui l'embellissent, il est difficile de pouvoir imaginer que Bab-el-Oued sombre dans le néant, en pensant à ceux qui trimèrent durant leur vie et qui moururent bien souvent au même niveau qu'ils débutèrent, mais en ayant la conviction d'être riches pour le bonheur qu'ils avaient créé, tous ces conquistadors venant d'Espagne, d'Italie, de France et qui ont donné une vie à ce qui ne ressemblait a rien. |
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