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Musette revit dans le bronze parmi
les fils de Cagayous
Musette, père spirituel de Cagayous,
ce titi algérois du début du siècle, possède
enfin un monument qui, à côte de son oeuvre vivante, truculente
et savoureuse, perpétuera son souvenir.
Sur la tiède petite place Dutertre, au bout de la rue de Normandie,
en limite extrême de ce quartier de Babel-Oued où vécurent
ceux dont Musette s'est inspiré pour composer son légendaire
personnage, on a érigé sans tambour ni trompette une stèle
de pierre. Dans la pierre on a scellé un médaillon de bronze
représentant les traits de celui que les enfants du quartier appellent
Cagayous, que l'on connaît surtout sous le pseudonyme de Musette
et qui, en réalité, s'appelait Robinet.
De chaque côté de la stèle, deux bancs de pierre formant
hémicycle sont fréquentés par quelques bons vieillards
du voisinage, espagnols ou maltais, qui fument placidement leur bouffarde
en regardant jouer des enfants qui sont les petits-fils de Cagayous et
qui parlent la même langue.
Comme fond, sur la gauche, il y a quelques vieilles maisons qui datent
peut-être de 1900 et que Musette et Cagayous durent connaître.
Mais sur la droite se dressent de vastes immeubles modernes dans le poudroiement
rose des poussières des carrières voisines.
Le soir venu, la place retrouve son grand calme un peu provincial que
doivent hanter seules les mânes de Scargolette, de Mecieu Hoc, de
Fifine, de tia Pepa, de celui qu'il a la calotte jaune, de Bacora et de
bien d'autres encore, tous héros de « Cagayous », l'épopée
algéroise du bon Musette.
A.-L. BREUGNOT.
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