L'AVIATION COMMERCIALE EN ALGERIE (1923-1962)
Le 22 avril 1922, un Doran AR de la Société
du réseau transafricain effectue le vol inaugural Alger - Biskra.
Cette première ligne aérienne cessera son activité
le 1er juin 1923 et, entre-temps, les lignes aériennes Latécoère
essaient plusieurs trajets pour relier la métropole à
l'Algérie selon une bretelle de la ligne Toulouse - Maroc. La
médiocrité des avions mis en oeuvre rend l'entreprise
difficile ; quelques vols sont effectués à partir du 6
octobre 1922 entre Casablanca et Oran par des Bréguet 14 et des
Latécoère 15. La ligne Alicante - Oran est ouverte le
10 avril 1924 avec des hydravions Lioré-Olivier H13 ; ces mêmes
hydravions sont mis en service sur Alicante - Alger le 15 mai 1925.
Cette dernière ligne sera fermée en décembre 1925,
alors que les vols sur Oran cesseront fin 1927. Le survol de la Méditerranée
par les vétustes H13 n'a amené que des déboires
et leur exploitation n'est qu'une suite de pannes et de naufrages.
Bréguet 14 des lignes Latécoère à
Maison-Blanche , 1925
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Les efforts sont alors reportés sur le trajet
Marseille - Alger qui est exploité, à partir du 22 août
1928, avec les hydravions SPCA 63 Météore, Latécoère
21, puis CAMS 53 et 58, avec escale aux îles Baléares,
par la Compagnie générale Aéropostale (anciennes
lignes Latécoère). Cette ligne n'est ouverte aux passagers
que le 1er juin 1934, avec la mise en service des hydravions Lioré-Olivier
242 par la Compagnie Air France nouvellement créée, qui
utilisera ensuite des Bréguet 530 Saïgon. Malgré
l'emploi d'hydravions de plus en plus perfectionnés, plusieurs
incidents et accidents graves sont enregistrés sur ce trajet.
La ligne Toulouse - Casablanca, assurée par des trimoteurs Dewoitine
333 ou des bimoteurs Bréguet 293, fait escale à Oran à
partir du 13 juillet 1935.
Hydrobase d'Alger, l'Agha,
1935.
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D'autres compagnies s'efforcent de créer un réseau
aérien : Compagnie générale Transsaharienne (de
Georges Estienne) sur Alger - Gao et Bône - Tunis en 1935, Société
des transports tropicaux (du baron Wauthier) vers l'Afrique noire, Air-union
sur Bône - Tunis, Air Sahara vers Ouargla et Djanet...
Seules, les Lignes aériennes nord-africaines (LANA), créées
par Henry Germain, originaire de Mouzaïaville,
obtiennent un certain succès. Le 6 décembre 1934, le chef-pilote
Georges Descamps inaugure la ligne Alger - Oran avec un Farman 190 ;
l'arrivée d'un Fokker VII permet d'ouvrir la ligne Alger - Bône
le 20 avril 1935, avec escale à Constantine. Les Farman 190 sont
remplacés par des bimoteurs De Havilland 84 Dragon et la ligne
est prolongée jusqu'à Tunis le 7 novembre 1935. Les LANA,
remarquablement bien organisées, obtiennent une très bonne
régularité et fonctionnent sans incident jusqu'à
la fin 1936. Cependant, la concession de la transversale nord-africaine
leur est retirée au profit d'Air Afrique.
La Régie Air Afrique est l'oeuvre du commandant Jean Dagnaux
qui avait entrepris toute une série de voyages aériens
à travers l'Afrique à partir de 1919. Il fonde, en 1928,
la Société transafricaine de navigation aérienne
avec le chef-pilote Charles Poulin et prépare l'itinéraire
Alger - Brazzaville. La Société Transafricaine devient
Régie Air Afrique, puis Air Afrique. Après plusieurs vols
expérimentaux avec ses trimoteurs Bloch 120, Air Afrique prend
des passagers à partir de mai 1935 sur la ligne Alger - Brazzaville,
avec escales à El Goléa et Aoulef. La ligne est prolongée,
le 9 novembre 1936, jusqu'à Madagascar. A partir de février
1935, la compagnie belge SABENA utilise, en partie, le même trajet
pour relier Bruxelles à Kinshasa (Congo Belge) avec des trimoteurs
Fokker VII, puis Savoia S83. Air Afrique reprend la transversale Oran
- Tunis, ouverte par les LANA, le 15 avril 1937 et reçoit des
bimoteurs Caudron 444 Goéland, Potez 56 et Lockheed 14 Electra.
Durant la guerre, les réseaux et les matériels d'Air France
et d'Air Afrique sont repris par le Service civil des liaisons aériennes
(Vichy), puis, après le débarquement allié, par
les Lignes aériennes militaires dirigées par Lionel de
Marmier. Maison-Blanche devient alors la plaque tournante de tout le
trafic africain et méditerranéen.
Après la guerre, le développement économique de
l'Algérie permet à l'aérodrome
de Maison-Blanche de rester une escale importante desservie
par plusieurs compagnies, dont Air France qui met en oeuvre des Douglas
DC3 et DC4, des Junkers 52, des Bloch 165 Languedoc et des Lockheed
Constellation.
Languedoc d'Air-France à Maison-Blanche, 1950
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En plus de la Compagnie générale Transsaharienne,
d'autres entreprises nouvellement créées assurent les
lignes intérieures, quelques liaisons avec la métropole,
ou des transports à la demande avec des Junkers 52, des Douglas
DC3 ou des Bristol Freighter : Avions bleus, Transports aériens
intercontinentaux, Société des transports aériens,
Air océan, Compagnie algérienne de transports aériens,
Aérotec, Escadrille Mercure... Maison-Blanche sert également
d'escale aux compagnies étrangères : TWA, Société
des transports libanais, LAMS (Angleterre)...
Début 1947, apparaît la compagnie Air-Algérie qui,
créée sous l'impulsion de Jean Lignel, se hissera rapidement
au niveau des principales compagnies aériennes mondiales et assurera,
avec Air France, la plus grande partie du trafic vers la métropole
au départ d'Alger, Oran ou Constantine.
Le quadrimoteur Bréguet 763 Provence, familièrement appelé
Deux-Ponts, est mis en service par Air France en mars 1953. La même
compagnie met en service le biréacteur SE 210 Caravelle sur la
ligne Alger - Paris le 15 décembre 1959, suivie de peu par Air
Algérie en janvier 1960.
Bréguet Deux_ponts d'Air-France à Maison-Blanche,
1960
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A partir de 1955, avec la découverte du pétrole
et le début de la rébellion, les besoins en transport
aérien de personnel et de frêt augmentent considérablement
et l'Algérie et le Sahara se couvrent d'un réseau très
dense, alors qu'un véritable pont aérien est mis en place
sur la Méditerranée ; pont aérien qui connaîtra
son maximum d'activité durant les moments dramatiques de l'exode.