L'étude rapide que vient de faire François 
          Beuscher sur la ligne Bône, Tunis, Ajaccio, Marseille. vous a, 
          une fois de plus, démontré l'intérêt de l'aviation 
          méditerranéenne.
          
          II vous a confirmé, dans sa conclusion, les projets formés 
          par la Société Air-Union d'organiser la rocade aérienne 
          Bône, Constantine, Alger qui sera en liaison avec celle d'Alger 
          à Casablanca.
          
          Il me donne ainsi l'occasion d'insister sur la nécessité 
          d'organiser à Alger la grande gare aérienne permettant 
          les correspondances régulières et immédiates entre 
          les grands services qui doivent aboutir à la capitale.
          
          Il faut, pour que cette gare soit pratique, qu'elle puisse servir à 
          la fois aux hydravions venant de Marseille ou, le cas échéant, 
          suivant les côtes algériennes, et aux avions de toutes 
          natures, de toutes dimensions, partant vers le Sud, l'Est ou l'Ouest. 
          
          
          Or, je le répète, il y a actuellement une très 
          bonne base d'aviation à Maison-Blanche, 
          il n'y a qu'une base d'hydraviation provisoire à l'arrière-port 
          de l'Agha. 
        
           
            |  Arrière port de l'Agha, 
                1936 | 
        
        
          
          Celle-ci doit disparaître à bref délai par suite 
          de l'agrandissement du port. Il est donc indispensable d'en prévoir 
          une nouvelle si l'on veut que les services fonctionnent sans interruption
          
          Or, voici des projets.
          Je les reproduis sommairement sché matiquement. Ils ne font, 
          en somme, que concrétiser des idées qui demandent des 
          études complètes et chiffrées.
          
          L'un d'eux utilise le terrain de Maison-Blanche, dont une partie est 
          transformée en un lac artificiel sur lequel se poseraient les 
          hydravions. C'est un conception originale et très soutenable 
          On peut seulement reprocher à cette base son éloignement 
          du centre d'Alger .C'est également l'inconvénient des 
          aéroports de Croydon, du Bourget, de Marignane - (45 minutes, 
          nous a dit Beucher, de Marignane à Marseille) et nécessité 
          d'imaginer la création d'un rvice rapide spécial).
        
          
            |  Terrain aviation Hussein-Dey,1936 | 
        
        L'autre mettrait à profit l'ancien 
          terrain d'aviation d'Hussein-Dey, entre route moutonnière 
          et la Méditerranée, mais qui serait agrandi par emprise 
          sur la mer pour fournir une large base terrestre. Celle-ci serait encadrés 
          par une jetée permettant l'amérissage et le départ 
          des hydravions en eau calme dans toutes les directions.
          
          Entouré par le cimetière d'Hussein-Dey, les terrains militaires 
          de la caserne 
          Holbecq, le champ de courses, la future gare de triage du 
          P.-L.-M., ce terrain est protégé ainsi contre les constructions 
          élevées qui auraient pu gêner le passage des avions. 
          Comme il est militaire, il semble qu'il pourrait facilement être 
          rendu à l'aviation, même civile, et il présente 
          le considérable avantage d'être situé aux portes 
          d'Alger.
          
          Quel est celui des deux qui aura la faveur des administrations intéressées 
          ? Si personnellement je préfère Hussein-Dey à cause 
          de sa proximité, je suis tout disposé à m'incliner 
          devant un autre projet.
          
          Ce que je demande, c'est qu'on les étudie tous, car il est urgent 
          que des décisions soient prises.
          
          Nous avons la possibilité de faire d'Alger la grande plaque tournante 
          des trains aériens de l'Afrique du Nord. 
          
          Il ne faut pas que des hésitations, des tergiversations, des 
          vues trop courtes, en un mot une fausse compréhension d'un avenir 
          que nous pouvons diriger, entrave l'essor des ailes françaises 
          en Afrique du Nord.
        Edmond BERLUREAU.