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            |  L'Écho du studio, édité 
                par Radio PTT, 6 janvier 1930
 | Qui, 
        aujourd'hui, se rappelle seulement ce nom qui fut très populaire ?  
      Pour notre part, nous l'avons 
        découvert à travers un mélancolique article de L'Écho d'Alger. 
        Puis, nous avons retrouvé son acte de naissance et l'avis de décès publié 
        par sa famille, ce qui nous a incité à essayer de reconstituer le parcours 
        d'un de nos artistes qui fut très connu et apprécié, à Paris, en province 
        et, même à l'étranger, comme en Belgique, à la radio. Nous avons aussi pu reconstituer 
        une partie de sa généalogie. Mais, commençons par le commencement 
        ou, plutôt, par la fin. Silence 
        complet " Paris. 15 janvier. 
        Un bref écho, perdu dans un journal parisien, nous a appris la mort du 
        chansonnier Dominus, de son vrai nom Alla. Notre compatriote (il était 
        né à Alger en 1870), est disparu discrètement dans un silence complet. 
        Renseignements pris, Dominus s'est éteint, il y a trois semaines, dans 
        un hôpital parisien, miné par la maladie et la vieillesse, presque aveugle.
 Il y a un peu plus d'un an, ses camarades avaient organisé un gala en 
        son honneur à la gloire de son œuvre. À l'heure où il a succombé, 
        aucun de ses compagnons de Montmartre, emportés dans la grande tourmente, 
        n'a pu évoquer sa mémoire. La radio elle-même à laquelle, débutante, il 
        consacra son talent et son esprit est restée muette ; pourtant, lui, ne 
        l'avait pas oubliée. Son dernier ouvrage fut une brochure consacrée à 
        l'organisation de la radio nord-africaine. " L'Écho d'Alger, 16 janvier 
        1940.
  La 
        vocation et le succès rapide Difficile de retrouver 
        des détails sur sa jeunesse, sa famille et ses amis, ses études. Cependant, 
        en 1933, L'Écho d'Alger en brosse un très intéressant portrait. 
        Nous savons ainsi qu'il 
        était au lycée d'Alger avant de partir pour Paris, où il débute comme 
        " conteur " au journal Le Gaulois. C'est insuffisant pour vivre 
        et il apprend le métier de photograveur-similiste. De retour à Alger, 
        plein d'espoir, il veut créer un atelier mais manque de capitaux. Le chansonnier Henri Yan, 
        qui apprécie ses poèmes, lui fait dire dans le caveau Catacloum, situé 
        sous l'hôtel de l'Oasis, boulevard de la République, le Soliloque 
        du courrier transatlantique et quelques autres de ses œuvres. 
        Enhardi par le succès, 
        Dominus s'embarque pour Paris. Là, " coup de maître ", le 2 avril 1897, 
        il a la géniale inspiration d'organiser un concert dans les Catacombes. 
        Aidé de son compatriote, 
        le musicien Georges Jouanneau, il réussit à introduire de nuit soixante 
        musiciens et près de deux cents auditeurs dans les Catacombes ! Sortie 
        comico-macabre avec défilé de " spectres ". Vous pouvez imaginer 
        ! La police survient que d'aucuns n'ont pas manqué d'appeler... Puis, Dominus est amené à 
        regagner Alger et, en 1902, avec Jehan Le Houx, il ouvre la Boîte à clou 
        qui connaît un grand succès durant quelques mois. Finalement, il retourne 
        à Paris où il débute aux Noctambules. De là, il passe à L'Âne rouge, puis, 
        en 1903, aux Quat'z'arts. Gros succès, notamment de la " Batrachomachie, 
        ou les Grenouilles qui demandent un roi ". 
         
          |  |   Les Quat'zarts, 
              dessin d'Yves Marevéry (Gallica)
 |  
     
        Dominus s'est installé, 
        cela va de soi, " à l'ombre du moulin de la Galette ", à Montmartre. 
        Il devient même le premier adjoint au maire de la commune libre du Vieux-Montmartre 
        (qu'il représente ès-qualités à Lyon, en 1933). Il figure naturellement 
        dans l'Annuaire des artistes de 1906 mais, sautons quelques années et 
        nous voici en 1909 où, dans sa livraison du 15 mai, L'Afrique du Nord 
        illustrée raconte que  " dimanche dernier, a paru, à Alger, le 
        premier numéro de la Revue chansonnière algéroise, publiée sous la direction 
        de Jean Glénat et E. Friess, a vec Pariot et Ch. Giraud comme secrétaires 
        de rédaction. Ce premier fascicule contient de très intéressants articles 
        de nos meilleurs auteurs algériens ; des chansons de Xavier Privas, Francine 
        Lorée, Joyeuse, Alfred Rousse, Dominus, Dousseau, Fiori, etc., et les 
        adhésions multiples des meilleurs chansonniers français au nouveau Cercle 
        chansonnier algérois. " 
Coqueluche 
        des cabarets  Quelques mois plus 
        tard, le Papa-Louëtte du 27 mars 1910 annonce une publication 
        : "  Le vrai Chanteler " vient de paraître chez 
        Labbé, éditeur à Paris.  C'est notre vieux 
        copain Dominus, notre camaro du cabaret Catacloum de joyeuse mémoire algérienne, 
        qui vient de lancer sa parodie corsée de l'œuvre filandreuse de Rostand. 
         Souhaitons qu'un théâtre 
        d'ici monte la pièce abracadabrante de notre excellent ami Alla.  
        Nous en publierons 
        bientôt quelques fragments afin de montrer, aux Parigots d'ici que lorsque 
        les Algériens s'en mêlent, ils ont autant d'esprit que les intellectuels 
        de la capitale.  Avouons seulement 
        que notre ami Alla est devenu depuis longtemps la coqueluche algérienne 
        des cabarets montmartrois de Paris.  Bravo Alla. Alla il 
        Allah ! Dominus nous saoulera ! vive toi, et nous avec !  Dominus n'a pas été 
        mobilisé en 1914 en raison de sa très grande myopie mais apporte la gaieté 
        au théâtre des armées. Et, " à Riquebourg, le général Dégoutte, commandant 
        la division marocaine, eut l'heureuse idée de faire appel à Dominus et, 
        sur ce lopin de front, ce fut la résurrection émouvante de la terre d'Afrique 
        avec ses noubas, ses fanfares, ses défilés et aussi le festin traditionnel 
        avec l'inévitable couscous ".  En 1921, Dominus revient 
        se produire à l'Alhambra d'Alger. Les Annales africaines (20 avril) le 
        relatent :  Avec ses scènes entièrement 
        renouvelées, l'amusante revue de Dominus Et moi j'te dis qu'elle tap' 
        dans l'œil, a repris un nouvel essor et connu de nouveaux succès. 
        D'excellents artistes, des chœurs nombreux, des ballets harmonieux 
        un orchestre renforcé, des décors nouveaux et de superbes costumes lui 
        assurent de plaire longtemps encore.  L'Amicale 
        de nos artistes à Paris  Dominus n'oublie 
        pas Alger. Jamais ! Par exemple, Maurice de Guy, dans les Annales africaines, 
        en témoigne régulièrement.  Les artistes africains 
        habitant Paris ont constitué une association amicale et se sont réunis 
        dans un " banquet du couscouss ". Les artistes africains 
        fixés à Paris seront désormais en rapport les uns avec les autres et sauront 
        où se réunir.  Il vient en effet 
        de paraître, sous la direction de notre ancien confrère algérien Edouard 
        Blois et du chansonnier Dominus, Africa, journal artistique, touristique 
        et sportif, organe de l'Association amicale des Artistes africains (...) 
        M. Paul Jobert présidait, entouré de Mme Le Trocquer, remplaçant le ministre 
        empêché, et Mlle ; M. Gaston Thomson, ancien ministre, et Mme ; M. Emile 
        Morinaud, député de Constantine, et Mme, M. Roux-Fraissineng, député d'Oran 
        ; M. Sabatier, président des Délégations financières (...) Mlle G. Orane 
        Demazis (2)... M. Gaston Thomson, 
        prenant (...) la parole, estime que M. Paul Jobert est tout désigné pour 
        mener à bien (...) l'œuvre qu'il vient de développer avec clarté 
        et faveur. C'est un Algérien de Tlemcen (...)  " Ce qu'il faut, 
        dit-il, c'est que les écrivains de l'Algérie et des deux protectorats 
        voisins fassent connaître la caresse de notre air si limpide et si pur. 
          (...) Le spectacle 
        commence par le chansonnier Dominus, qui, tout souriant et tout simplement, 
        nous dit, d'une très spirituelle façon, l'Histoire de la boxe, ainsi que 
        le Marchand de tapis, et d'autres fantaisies... (15 février et 3 mars 
        1923).Célébrité 
        du sans-fil L'Afrique du Nord 
        illustrée raconte : En présence, notamment, 
        de Paul Cuttoli, député de Constantine, le lundi 3 février [1930], 
        un splendide gala musical a été diffusé par [la radio de] l'Ecole supérieure 
        des PTT pour célébrer notre centenaire algérien. Ce radio-concert a été 
        relayé par l'ensemble des stations d'émission du réseau de l'Etat. C'est 
        dire qu'il a été entendu non seulement en France, mais aussi à l'étranger. 
          (...) Dominus, 
        qui, on le sait, est non seulement une des plus marquantes célébrités 
        du sans-fil, mais aussi algérois féru de propagande nord-africaine, Dominus, 
        au nom de L'Afrique artistique, dont il est un des vice-présidents, prononça 
        quelques paroles (...)  " Je suis heureux 
        de pouvoir dire, ici, quelques mots pour interpréter, moi, Français d'Algérie, 
        les sentiments des membres de L'Afrique artistique, qui sont ceux de tous 
        mes amis algériens. (...)  " Nous, Algériens, 
        sommes d'autant plus confus de gratitude pour ceux qui nous offrent une 
        telle manifestation que ce radio-concert célébratif et apologétique est 
        donné en dehors de toute contribution des services algériens et des comités 
        de commémoration, avec le seul appui de l'Association générale des auditeurs. 
        " Animateur hors-pair, 
        les radios le sollicitent beaucoup. Il a des émissions régulières. C'est un habitué de 
        plusieurs stations : Radio PTT, Radio Paris, Radio Vitus, Radio Tour Eiffel, 
        Émissions Radiola, entre autres, notamment  " Revue de la semaine 
        de Dominus ", des " radio-concerts bonimentés par M. Dominus ".  
        Quelques titres de ces émissions : Scènes pittoresques de la rue d'Alger, 
        A travers les métiers, Un voyage en Afrique du Nord, un voyage dans le 
        désert, avec des scènes pittoresques, La Chéchia, saynète sabir..,  
        Chaque semaine, les 
        auditeurs peuvent suivre les radio-concerts qui réunissent des chanteurs 
        connus, des musiciens et, bien sûr des chansonniers dont les sketches 
        font beaucoup rire.Souci 
        humanitaire Dans le domaine radiophonique, 
        justement, en 1928, Radio PTT (qui édite le magazine L'Écho du Studio) 
        présente l'émission de la TSF à l'hôpital avec, par exemple, Aux oiseaux, 
        fantaisie ornithologique de Dominus.  Un peu avant, en 1926, 
         " les antennes sud-est parisiennes, de la Varenne-Saint-Hilaire, 
        [ont donné] un gala artistique suivi d'un bal de nuit au profit de la 
        commune de Saint-Masme (Marne), sa filleule de guerre, [dévastée]. La 
        troupe du théâtre radiophonique interprétera Onde là-dessus, de 
        Dominus… Plus tard, le 24 décembre 
        1930, toujours sur Radio-PTT, Concert offert par l'œuvre " La 
        radio aux aveugles ", avec le concours de... Dominus. Noël d'Afrique, 
        de Dominus.   Puis, rapporte L'Afrique 
        du Nord illustrée, en 1931,  " il vient de se former à Alger 
        un groupement : " La TSF à l'hôpital ". C'est en quelque sorte une filiale 
        de l'œuvre qui existe en France et qui est si activement dirigée 
        par M. Victor Charpentier, lui-même brillamment secondé par notre excellent 
        confrère Dominus ". (…) Notre confrère a ajouté qu'il espérait beaucoup 
        de l'activité de l'œuvre algérienne [Président : Raoul de Galland, secrétaire 
        : Mlle L. Alary] et qu'il comptait sur le concours du gouvernement général 
        de l'Algérie, des conseils municipaux, de Radio-Alger, du Groupe des Industries 
        radio-électriques et du public pour assurer à cette nouvelle société philanthropique 
        le développement le plus rapide. "  Et, encore, en 1932,  " à 
        l'occasion de la semaine de bonté, une soirée artistique sera donnée demain 
        vendredi dans les salons de l'hôtel Majestic, avenue Kléber, au profit 
        de la section de TSF des malades incurables de l'hôpital de la Pitié. 
        Au programme : Mme Jane Montange, de l'Opéra-Comique, le chanteur Dominus... 
        "  On n'est pas étonné 
        qu'il passe sur les ondes de Radio Alger. Ainsi, le 23 avril 
        1931, elle  " diffuse à une heure de grande écoute, 21 h, l'humoriste 
        Dominus dans ses œuvres ( chants, monologues et revuettes) ". Le 
        31.juillet suivant, elle " diffuse à 19 h 35 des sketches en sabir algérien 
        et tunisien, dont le Marchand de tapis ". Puis, le 13 août, à 19 
        h 45, " quelques disques comiques : Visite à la mosquée et Le mariage 
        d'Ahmed ". Célébrité des cabarets 
        Un 
        joyeux drille Les comiques, les humoristes 
        sont souvent réputés pour être tristes dans la vie privée. Et puis, de 
        nos jours, vous en connaissez sûrement quelques-uns aigris de toute évidence 
        car, outre leur engagement souvent à sens unique, ils semblent vouloir 
        se venger de quelque chose (leur carrière ? ) ou de quelqu'un… N'est pas 
        Raymond Devos, Fernand Raynaud ou Laurent Gerra qui veut... Ce ne fut certainement 
        pas le cas de Dominus. Reste que, " inimitable ", " cocasse ", il est 
        décrit comme un pince-sans-rire, un remarquable diseur et, même, un joyeux 
        drille. Rien de plus normal pour un chansonnier, me direz-vous. On l'a même désigné 
        comme " l'endiablé Dominus " ! Avec lui, le rire est forcément au rendez-vous. 
        Dans ses sketches, 
        il s'amuse beaucoup à employer le sabir. On peut en entendre au moins 
        un extrait et, surtout, sa gouaille : http://www.musicme.com/#/Dominus/albums/Chansons-Coloniales-&-Exotiques-3700368471333.html 
        On sait que Dominus 
        se produit dans de nombreux établissements.   Citons-en quelques-uns 
        : L'Alhambra (Alger), Cabaret des Quat'zarts (" c'est chaque jour 
        une salle archi-comble qui fait fête aux bons chansonniers "), théâtre 
        des Capucins, La Lune rousse, Le Moulin de la chanson, Triboulet, Le Caméléon, 
        La Chaumière, Taverne Henri-IV (Paris), Le Cagibi (Toulouse), Le Coq gaulois 
        (Bruxelles)... En 1907, il a trente-sept 
        ans, il fonde même, avec le poète-chansonnier Gaston Couté (ci-contre) 
        et avec Gaston Dumestre, tous trois étant codirecteurs, le cabaret de 
        La Truie qui file. Celui-ci, comme beaucoup d'autres, fermera assez vite. 
        Le succès de Dominus 
        ne se dément pas : en 1923,  " c'est à un Algérien, le bon chansonnier 
        montmartrois Dominus, que la direction du Moulin de la Chanson a 
        fait appel pour écrire la nouvelle revue de la coquette salle du boulevard 
        de Clichy ".  Soirée 
        Dominus... et africaine Mieux, " le Caméléon 
        consacrait la semaine dernière une soirée à Dominus et ses œuvres.  
        Ce fut une séance 
        très brillante, éminemment artistique, et divertissante à la fois. Elle 
        fut marquée de manifestations enthousiastes pour Dominus, notre célèbre 
        compatriote, humoriste, savoureux et délicieux poète.  Une causerie étincelante 
        de verve, d'esprit joyeux, nuancée d'amicale sensibilité fut faite par 
        le poète Roger Toziny. Il parla délicieusement du chansonnier, du revuiste, 
        de l'humoriste que nous connaissons si bien, et aussi du poète, de l 'écrivain, 
        que nous ne connaissons pas assez. Des œuvres 
        de Dominus, très diverses de ton, lyriques ou gaies, furent interprétées 
        par de remarquables artistes.  Mmes Aimée Morin, 
        Simone Frézy, Lucienne Mignon, Luce Oréanda, MM. Lynel, Barthus, Goûté, 
        nos compatriotes Jouanneau et Ben Danou1, avec le conférencier et l'auteur 
        nous donnèrent trois heures d'enchantement, en nous faisant entendre plus 
        de trente œuvrettes, qui sont autant de chefs-d'œuvre.  De la plus simple 
        chanson à ces dix incomparables ballades, tout nous a affirmé, encore 
        une fois ce grand et souple talent de ce fils d'Alger, dont nous accueillons 
        avec joie chaque succès.  Chacune des fêtes 
        nord-africaines à Paris est l'occasion de l'applaudir, car Dominus est 
        inlassablement dévoué à ce qui touche l'Algérie. " (Annales africaines 
        du 1er janvier 1927).  Pour 
        le Centenaire L'œuvre de 
        la " T. S. F. à l'hôpital " vient d'organiser, au studio de l'École supérieure 
        des PTT, un concert à l'occasion du Centenaire du débarquement des troupes 
        françaises en Algérie, le 14 juin 1830. (...) M. André Mallarmé, ministre 
        des PTT, député d'Alger et algérien de naissance, avait tenu à assister 
        à cette manifestation. A l'issue de la séance, il a félicité les animateurs 
        de cette œuvre artistique et bienfaisante, notamment M. Dominus, et il 
        a remercié très vivement les artistes qui lui ont apporté leur concours. 
        (L'Ouest-Éclair, 21 juin 1930).  Un an avant sa disparition, 
        ses amis avaient tenu à lui rendre hommage. Voici comment Le Petit 
        Parisien l'annonça le 9 mai 1938 :   En l'honneur 
        du chansonnier Dominus   Une grande matinée 
        artistique, organisée en l'honneur du chansonnier Dominus, aura lieu le 
        samedi 14 mai, à 15 h, à la Lune-Rousse, sous la présidence de M. Dominique 
        Bonnaud.   Au programme figurent 
        les noms de quarante vedettes parmi lesquelles nous pouvons notamment 
        citer Joë Bridge, Romeo Carlès... Pierre Dac, René Dorin (...) Gabriello 
        (…) Jean Marsac, Maurice Rostand, Raymond Souplex, Jane Sourza... 
         La matinée aura 
        lieu à bureaux fermés. On trouve des cartes (au prix de 15 F) à la Lune-Rousse 
        et au Caveau de la République.  Pour 
        conclure... ...provisoirement, 
        peut-être, car nous espérons que nos lecteurs possèdent et pourront nous 
        communiquer des documents sur notre compatriote : programmes, etc. Pour l'heure, il nous 
        a paru bon de rappeler un peu ce que fut cet homme d'Alger, très fier 
        de ses origines, qui connut des heures de gloire et, aujourd'hui, totalement 
        oublié, même si l'on rencontre parfois son nom dans des journaux anciens.. 
        Un regret, toutefois 
        : nous n'avons pas pu retrouver dans quel cimetière Dominus a été inhumé 
        après son décès, à Paris, le 24 novembre 1939. Dans les premiers mois 
        de la Seconde Guerre mondiale, en effet, Dominus s'est éteint, dans 
        un hôpital parisien, miné par la maladie et la vieillesse, presque aveugle... 
         Retour 
        généalogique Nous avons peu de renseignements 
        personnels sur Jules Alla, dit Dominus, sinon par l'état civil. Par son acte de naissance, 
        nous savons qu'il est né le 21 juin 1870 à Alger, où ses parents, Alfred 
        Désiré Alla et Rosalie Ganne, se sont mariés le 29 janvier de la même 
        année. Débitant de boissons, 
        son père, Alfred, est né à Lyon le 29 mai 1836, de Jean Joseph Babet (Babé, 
        sur son acte de naissance) Alla, greffier du Conseil de guerre, chevalier 
        de la Légion d'honneur, décédé à La Chiffa, le 4 septembre 1861, et de 
        Marie Piconot, décédée à Lyon, le 16 novembre 1846. Rosalie, sa mère, quant 
        à elle, est née à Saint-Martin-de-Ré le 8 juillet 1843, de Thomas Victor, 
        décédé à Saint-Martin, le 25 décembre 1863, et d'Anne Elisabeth Lallemand, 
        décédée à Mustapha le 24 janvier 1869. Elle est décédée à Alger le 11 
        juin 1928. D'après les éléments 
        retrouvés, Jules Alla avait un frère, Alfred, né en 1868, et une sœur, 
        Julie Joséphine Désirée, née en 1872, ainsi qu'une demi-sœur, Zélia 
        Rosalie, née en 1880, mariée en 1900 à Jean Baptiste Alary, et un demi-frère, 
        René Henri (1883-1884), sa mère Rosalie s'étant remariée en 1883 avec 
        Yvan Pradeaux, né en 1849 à Limoges.  
        Tableau généalogiqueTextes 
        choisis  
        Les 
          zouaves à Paris Ballade 
          d'hiver en forme de pétition au ministre de la Guerre(Général Louis André)
 1904
          | Paris 
                les voit : large culotte, Semblant danser sur leurs mollets
 Le plus aguichant des ballets :
 Le Bal des Falzards... Ça ballote !
 Mais leurs membres sont tout gelés,
 Leur gland bleu pend comme une épave...
 Donnez, vous qui les cajolez,
 Une capote, pour nos Zouaves.
 
 Exhibant des mines falotes,
 Têtes basses, nez violets,
 Les pauvres zouzous désolés,
 Renfoncent encor leurs calottes...
 Petits cabans, si courts, si laids,
 Sur les épaules de nos braves,
 Ah ! sûrement, vous ne valez
 Une capote, pour nos Zouaves.
 | Les 
                tristes " chacals " qu'on dorlote Rentrent leurs cous, du froid cinglés ;
 Naguère au soleil rissolés,
 Ces fiers Zouaves ont la tremblotte...
 Parisiens, si vous voulez
 Ravigoter leurs faces hâves,
 Réclamez pour ces exilés !
 Une capote !... pour nos Zouaves.
 Envoi  
                 
               Prince, 
                qui n'y peux voir d'entraves, André, sans frapper, sans délais,
 Donne vite, les temps sont graves,
 Avant qu'arrivent les Anglais,
 Une capote, pour nos Zouaves.
 
 (Les refrains 
                de la Butte)   
             |  
Dominus n'oublie jamais 
        sa terre natale. Mieux, il ne cesse d'en faire la promotion. En voici 
        un exemple avec un article de 1928.
 Les 
        vins algériens
J'ai trouvé, en Lorraine, 
        un restaurant d'hôtel qui fait figurer sur sa carte des vins un Sahel 
        et un Miliana au milieu de bordelais, de bourguignons et, naturellement, 
        de mosellans et alsaciens. Mon cœur d'Algérien 
        tressautant à trouver sur les bords de la Meurthe de ce jus délectable 
        formé du soleil de mon patelin, je n'hésitais pas à arroser la quiche, 
        la meurotte et la potée lorraine du menu avec les crus barbaresques. Comme je manifestais 
        mon étonnement de voir ces vins cotés sur la liste, l'hôtelier me dit 
        que le mérite en revenait au hasard. Dans la vente d'une cave particulière, 
        il avait acheté une barrique de rouge et quelques douzaines de bouteilles 
        de blanc d'Algérie. Ayant goûté et fait 
        déguster, il les avait trouvés excellents. Ayant pu être renseigné sur 
        leur origine, il en avait fait venir et s'en trouvait heureux. " Ma 
        clientèle, conclut-il, ne peut pas toujours mettre vingt-cinq francs dans 
        une bouteille de Volney ou de Moulin-à-Vent, elle hésite devant le prix 
        d'un bon Chablis et je la contente avec ce Miliana et ce Sahel généreux, 
        savoureux. Soit dit entre nous, je ne croyais pas que notre colonie donnait 
        de tels produits et s'il en est d'autres, je voudrais bien les connaître. 
        "  Vous pensez que je 
        ne me fis pas prier pour lui indiquer quelques bons crus de chez moi, 
        depuis le Clos Grellet jusqu'au Royal-Kébir. Je lui citai des noms de 
        régions : Staouéli, Chéragas, Rouïba, Médéa, Mascara, Miliana, Philippeville 
        et d'autres noms, de quoi remplir une belle page et maintes belles caves. 
        Mon interlocuteur était 
        tout surpris d'apprendre que la France possède, en plus de ses magnifiques 
        splendeurs vinicoles métropolitaines, un trésor aussi riche, aussi précieux, 
        aussi varié par-delà la mer bleue. Combien de fois ai-je 
        rencontré l'ignorance quant à ce pays français plus vaste que la France 
        d'Europe, si merveilleux déjà et plus prometteur encore ! Les ressources 
        indus-trielles et agricoles sont à peine déclenchées et sont déjà considérables. 
        Le seul domaine du 
        vin nous occupe ici. Bien que les " Algériens " aient triomphé d'une calomnieuse 
        réputation que de fallacieuses étiquettes leur avaient infligées, bien 
        que déjà appréciés et souvent préférés, on ne les connaît pas encore assez 
        et l'on ne sait à peu près rien de la situation des vignobles et de leur 
        différenciation. Il est un fait incontestable, 
        c'est que notre Afrique du Nord est le pays d'élection de la vigne. Nul 
        sol et nul climat ne semblent mieux convenir au raisin. Si l'Algérie - 
        comme le sera la Tunisie et comme on peut l'augurer du Maroc - est grande 
        productrice de vin et de bon vin, c'est par prédestination. L'Afrique 
        du Nord illustrée, 3 mars 1928 
        
          
          | Batrachomachie 
                 (extrait) Chant Deuxième  
               Pour 
                notre France en désarroiLes grenouilles veulent un roi
 Qui ramène le Moyen-Âge.
 Elles, dont la date natale nage
 En souvenirs flous, nuageux,
 Prenant des airs moyen-âgeux
 Qu'aucune n'abdique
 Elles aiment les sports, les jeux
 De ce brave temps héraldique...
 
 |  |  Petits 
        contes arabes La hâte de naître 
        Chez le Cadi, Lakdar 
        el Maskri le marchand de beignets, demande le divorce. Ce dialogue s'engage entre le juge et lui.
 " Pourquoi veux-tu répudier ta femme ?
 - Sidi Cadi, j'ai épousé cette Safla il y a cinq mois. Voici huit jours, 
        elle a mis au monde un petit garçon.
 - Allah a donc béni ton union, ô mon frère !
 - Mais cinq mois, ça n'est pas un terme pour que je sois le père.
 - Connaissais-tu cette femme, quand tu l'as épousée ?
 - Je l'avais vue la veille, au matin. A midi je l'ai demandée à son père; 
        Le soir j'ai payé la dot, trois cents douros.
 Le lendemain je l'ai épousée.
 - Alors, ami, permets-moi d'être étonné. Tu ne mets pas deux heures pour 
        décider une affaire qui demande plusieurs jours pour réflexion. Tu mets 
        à peine un jour pour accomplir une action que les autres n'effectuent 
        qu'en quelques semaines.
 - C'est que je fais toutes choses plus vite que les autres.
 - Alors, ô homme ! Ne sois pas étonné toi-même d'avoir créé en cinq mois 
        ce que les autres font en neuf mois ou, au minimum, en sept. L'enfant 
        est bien ton fils. Il vient de toi. Il a été très pressé de naître. "
 
Annales 
        africaines, 15 novembre 1935 
Quelques-unes 
        des œuvres publiées   Ce serait une gageure 
        que de vouloir énumérer tous les sketches, chansons, revues et " revuettes 
        ", etc., dont Dominus fut l'auteur, les émissions produites ou animées 
        par lui. Seulement quelques exemples ont été donnés dans ces colonnes. 
        Néanmoins, on peut encore 
        trouver sur Internet certains enregistrements, se procurer des livres 
        qu'il a publiés. Dans des journaux de l'époque, on retrouve aussi ses 
        " petits contes arabes " dans lesquels il excellait. Batrachomachie. Les 
        grenouilles qui demandent un roi. Poème épicocasse de Dominus, dessins 
        de Z. Brunner. 1908Chansons de Dominus. Le Mari de la maîtresse de l'amant de ma femme, 
        monologue créé par Lejal à la Scala. Paroles de Dominus. L.-Maurel, édit., 
        1906
 Double conférence (La), saynète à deux personnages, 31 p. L'Afrique 
        artistique. 1926
 Humour médecin (L'). 1939
 Marchand de tapis (Le). Scènes, fables, chansons, récits. 1934
 Poèmes de Dominus (Les). Marcel-Labbé édit., 1926
 Radio nord-africaine (La). Identité de Radio Alger et de Radio Maroc 
        : les émissions françaises et indigènes, les difficultés financières. 
        31 p. 1938
 
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