L'Écho du studio, édité
par Radio PTT, 6 janvier 1930
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Qui,
aujourd'hui, se rappelle seulement ce nom qui fut très populaire ?
Pour notre part, nous l'avons
découvert à travers un mélancolique article de L'Écho d'Alger.
Puis, nous avons retrouvé son acte de naissance et l'avis de décès publié
par sa famille, ce qui nous a incité à essayer de reconstituer le parcours
d'un de nos artistes qui fut très connu et apprécié, à Paris, en province
et, même à l'étranger, comme en Belgique, à la radio.
Nous avons aussi pu reconstituer
une partie de sa généalogie.
Mais, commençons par le commencement
ou, plutôt, par la fin.
Silence
complet
" Paris. 15 janvier.
Un bref écho, perdu dans un journal parisien, nous a appris la mort du
chansonnier Dominus, de son vrai nom Alla. Notre compatriote (il était
né à Alger en 1870), est disparu discrètement dans un silence complet.
Renseignements pris, Dominus s'est éteint, il y a trois semaines, dans
un hôpital parisien, miné par la maladie et la vieillesse, presque aveugle.
Il y a un peu plus d'un an, ses camarades avaient organisé un gala en
son honneur à la gloire de son œuvre. À l'heure où il a succombé,
aucun de ses compagnons de Montmartre, emportés dans la grande tourmente,
n'a pu évoquer sa mémoire. La radio elle-même à laquelle, débutante, il
consacra son talent et son esprit est restée muette ; pourtant, lui, ne
l'avait pas oubliée. Son dernier ouvrage fut une brochure consacrée à
l'organisation de la radio nord-africaine. " L'Écho d'Alger, 16 janvier
1940.
La
vocation et le succès rapide
Difficile de retrouver
des détails sur sa jeunesse, sa famille et ses amis, ses études. Cependant,
en 1933, L'Écho d'Alger en brosse un très intéressant portrait.
Nous savons ainsi qu'il
était au lycée d'Alger avant de partir pour Paris, où il débute comme
" conteur " au journal Le Gaulois. C'est insuffisant pour vivre
et il apprend le métier de photograveur-similiste. De retour à Alger,
plein d'espoir, il veut créer un atelier mais manque de capitaux.
Le chansonnier Henri Yan,
qui apprécie ses poèmes, lui fait dire dans le caveau Catacloum, situé
sous l'hôtel de l'Oasis, boulevard de la République, le Soliloque
du courrier transatlantique et quelques autres de ses œuvres.
Enhardi par le succès,
Dominus s'embarque pour Paris. Là, " coup de maître ", le 2 avril 1897,
il a la géniale inspiration d'organiser un concert dans les Catacombes.
Aidé de son compatriote,
le musicien Georges Jouanneau, il réussit à introduire de nuit soixante
musiciens et près de deux cents auditeurs dans les Catacombes ! Sortie
comico-macabre avec défilé de " spectres ". Vous pouvez imaginer
! La police survient que d'aucuns n'ont pas manqué d'appeler...
Puis, Dominus est amené à
regagner Alger et, en 1902, avec Jehan Le Houx, il ouvre la Boîte à clou
qui connaît un grand succès durant quelques mois. Finalement, il retourne
à Paris où il débute aux Noctambules. De là, il passe à L'Âne rouge, puis,
en 1903, aux Quat'z'arts. Gros succès, notamment de la " Batrachomachie,
ou les Grenouilles qui demandent un roi ".
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Les Quat'zarts,
dessin d'Yves Marevéry (Gallica)
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Dominus s'est installé,
cela va de soi, " à l'ombre du moulin de la Galette ", à Montmartre.
Il devient même le premier adjoint au maire de la commune libre du Vieux-Montmartre
(qu'il représente ès-qualités à Lyon, en 1933).
Il figure naturellement
dans l'Annuaire des artistes de 1906 mais, sautons quelques années et
nous voici en 1909 où, dans sa livraison du 15 mai, L'Afrique du Nord
illustrée raconte que " dimanche dernier, a paru, à Alger, le
premier numéro de la Revue chansonnière algéroise, publiée sous la direction
de Jean Glénat et E. Friess, a vec Pariot et Ch. Giraud comme secrétaires
de rédaction. Ce premier fascicule contient de très intéressants articles
de nos meilleurs auteurs algériens ; des chansons de Xavier Privas, Francine
Lorée, Joyeuse, Alfred Rousse, Dominus, Dousseau, Fiori, etc., et les
adhésions multiples des meilleurs chansonniers français au nouveau Cercle
chansonnier algérois. "
Coqueluche
des cabarets
Quelques mois plus
tard, le Papa-Louëtte du 27 mars 1910 annonce une publication
: " Le vrai Chanteler " vient de paraître chez
Labbé, éditeur à Paris.
C'est notre vieux
copain Dominus, notre camaro du cabaret Catacloum de joyeuse mémoire algérienne,
qui vient de lancer sa parodie corsée de l'œuvre filandreuse de Rostand.
Souhaitons qu'un théâtre
d'ici monte la pièce abracadabrante de notre excellent ami Alla.
Nous en publierons
bientôt quelques fragments afin de montrer, aux Parigots d'ici que lorsque
les Algériens s'en mêlent, ils ont autant d'esprit que les intellectuels
de la capitale.
Avouons seulement
que notre ami Alla est devenu depuis longtemps la coqueluche algérienne
des cabarets montmartrois de Paris.
Bravo Alla. Alla il
Allah ! Dominus nous saoulera ! vive toi, et nous avec !
Dominus n'a pas été
mobilisé en 1914 en raison de sa très grande myopie mais apporte la gaieté
au théâtre des armées. Et, " à Riquebourg, le général Dégoutte, commandant
la division marocaine, eut l'heureuse idée de faire appel à Dominus et,
sur ce lopin de front, ce fut la résurrection émouvante de la terre d'Afrique
avec ses noubas, ses fanfares, ses défilés et aussi le festin traditionnel
avec l'inévitable couscous ".
En 1921, Dominus revient
se produire à l'Alhambra d'Alger. Les Annales africaines (20 avril) le
relatent :
Avec ses scènes entièrement
renouvelées, l'amusante revue de Dominus Et moi j'te dis qu'elle tap'
dans l'œil, a repris un nouvel essor et connu de nouveaux succès.
D'excellents artistes, des chœurs nombreux, des ballets harmonieux
un orchestre renforcé, des décors nouveaux et de superbes costumes lui
assurent de plaire longtemps encore.
L'Amicale
de nos artistes à Paris
Dominus n'oublie
pas Alger. Jamais ! Par exemple, Maurice de Guy, dans les Annales africaines,
en témoigne régulièrement.
Les artistes africains
habitant Paris ont constitué une association amicale et se sont réunis
dans un " banquet du couscouss ".
Les artistes africains
fixés à Paris seront désormais en rapport les uns avec les autres et sauront
où se réunir.
Il vient en effet
de paraître, sous la direction de notre ancien confrère algérien Edouard
Blois et du chansonnier Dominus, Africa, journal artistique, touristique
et sportif, organe de l'Association amicale des Artistes africains (...)
M. Paul Jobert présidait, entouré de Mme Le Trocquer, remplaçant le ministre
empêché, et Mlle ; M. Gaston Thomson, ancien ministre, et Mme ; M. Emile
Morinaud, député de Constantine, et Mme, M. Roux-Fraissineng, député d'Oran
; M. Sabatier, président des Délégations financières (...) Mlle G. Orane
Demazis (2)...
M. Gaston Thomson,
prenant (...) la parole, estime que M. Paul Jobert est tout désigné pour
mener à bien (...) l'œuvre qu'il vient de développer avec clarté
et faveur. C'est un Algérien de Tlemcen (...)
" Ce qu'il faut,
dit-il, c'est que les écrivains de l'Algérie et des deux protectorats
voisins fassent connaître la caresse de notre air si limpide et si pur.
(...) Le spectacle
commence par le chansonnier Dominus, qui, tout souriant et tout simplement,
nous dit, d'une très spirituelle façon, l'Histoire de la boxe, ainsi que
le Marchand de tapis, et d'autres fantaisies... (15 février et 3 mars
1923).
Célébrité
du sans-fil
L'Afrique du Nord
illustrée raconte :
En présence, notamment,
de Paul Cuttoli, député de Constantine, le lundi 3 février [1930],
un splendide gala musical a été diffusé par [la radio de] l'Ecole supérieure
des PTT pour célébrer notre centenaire algérien. Ce radio-concert a été
relayé par l'ensemble des stations d'émission du réseau de l'Etat. C'est
dire qu'il a été entendu non seulement en France, mais aussi à l'étranger.
(...) Dominus,
qui, on le sait, est non seulement une des plus marquantes célébrités
du sans-fil, mais aussi algérois féru de propagande nord-africaine, Dominus,
au nom de L'Afrique artistique, dont il est un des vice-présidents, prononça
quelques paroles (...)
" Je suis heureux
de pouvoir dire, ici, quelques mots pour interpréter, moi, Français d'Algérie,
les sentiments des membres de L'Afrique artistique, qui sont ceux de tous
mes amis algériens. (...)
" Nous, Algériens,
sommes d'autant plus confus de gratitude pour ceux qui nous offrent une
telle manifestation que ce radio-concert célébratif et apologétique est
donné en dehors de toute contribution des services algériens et des comités
de commémoration, avec le seul appui de l'Association générale des auditeurs.
"
Animateur hors-pair,
les radios le sollicitent beaucoup. Il a des émissions régulières.
C'est un habitué de
plusieurs stations : Radio PTT, Radio Paris, Radio Vitus, Radio Tour Eiffel,
Émissions Radiola, entre autres, notamment " Revue de la semaine
de Dominus ", des " radio-concerts bonimentés par M. Dominus ".
Quelques titres de ces émissions : Scènes pittoresques de la rue d'Alger,
A travers les métiers, Un voyage en Afrique du Nord, un voyage dans le
désert, avec des scènes pittoresques, La Chéchia, saynète sabir..,
Chaque semaine, les
auditeurs peuvent suivre les radio-concerts qui réunissent des chanteurs
connus, des musiciens et, bien sûr des chansonniers dont les sketches
font beaucoup rire.
Souci
humanitaire
Dans le domaine radiophonique,
justement, en 1928, Radio PTT (qui édite le magazine L'Écho du Studio)
présente l'émission de la TSF à l'hôpital avec, par exemple, Aux oiseaux,
fantaisie ornithologique de Dominus.
Un peu avant, en 1926,
" les antennes sud-est parisiennes, de la Varenne-Saint-Hilaire,
[ont donné] un gala artistique suivi d'un bal de nuit au profit de la
commune de Saint-Masme (Marne), sa filleule de guerre, [dévastée]. La
troupe du théâtre radiophonique interprétera Onde là-dessus, de
Dominus…
Plus tard, le 24 décembre
1930, toujours sur Radio-PTT, Concert offert par l'œuvre " La
radio aux aveugles ", avec le concours de... Dominus. Noël d'Afrique,
de Dominus.
Puis, rapporte L'Afrique
du Nord illustrée, en 1931, " il vient de se former à Alger
un groupement : " La TSF à l'hôpital ". C'est en quelque sorte une filiale
de l'œuvre qui existe en France et qui est si activement dirigée
par M. Victor Charpentier, lui-même brillamment secondé par notre excellent
confrère Dominus ". (…) Notre confrère a ajouté qu'il espérait beaucoup
de l'activité de l'œuvre algérienne [Président : Raoul de Galland, secrétaire
: Mlle L. Alary] et qu'il comptait sur le concours du gouvernement général
de l'Algérie, des conseils municipaux, de Radio-Alger, du Groupe des Industries
radio-électriques et du public pour assurer à cette nouvelle société philanthropique
le développement le plus rapide. " Et, encore, en 1932, " à
l'occasion de la semaine de bonté, une soirée artistique sera donnée demain
vendredi dans les salons de l'hôtel Majestic, avenue Kléber, au profit
de la section de TSF des malades incurables de l'hôpital de la Pitié.
Au programme : Mme Jane Montange, de l'Opéra-Comique, le chanteur Dominus...
"
On n'est pas étonné
qu'il passe sur les ondes de Radio Alger.
Ainsi, le 23 avril
1931, elle " diffuse à une heure de grande écoute, 21 h, l'humoriste
Dominus dans ses œuvres ( chants, monologues et revuettes) ". Le
31.juillet suivant, elle " diffuse à 19 h 35 des sketches en sabir algérien
et tunisien, dont le Marchand de tapis ". Puis, le 13 août, à 19
h 45, " quelques disques comiques : Visite à la mosquée et Le mariage
d'Ahmed ".
Célébrité des cabarets
Un
joyeux drille
Les comiques, les humoristes
sont souvent réputés pour être tristes dans la vie privée. Et puis, de
nos jours, vous en connaissez sûrement quelques-uns aigris de toute évidence
car, outre leur engagement souvent à sens unique, ils semblent vouloir
se venger de quelque chose (leur carrière ? ) ou de quelqu'un… N'est pas
Raymond Devos, Fernand Raynaud ou Laurent Gerra qui veut...
Ce ne fut certainement
pas le cas de Dominus. Reste que, " inimitable ", " cocasse ", il est
décrit comme un pince-sans-rire, un remarquable diseur et, même, un joyeux
drille. Rien de plus normal pour un chansonnier, me direz-vous.
On l'a même désigné
comme " l'endiablé Dominus " ! Avec lui, le rire est forcément au rendez-vous.
Dans ses sketches,
il s'amuse beaucoup à employer le sabir. On peut en entendre au moins
un extrait et, surtout, sa gouaille :
http://www.musicme.com/#/Dominus/albums/Chansons-Coloniales-&-Exotiques-3700368471333.html
On sait que Dominus
se produit dans de nombreux établissements.
Citons-en quelques-uns
: L'Alhambra (Alger), Cabaret des Quat'zarts (" c'est chaque jour
une salle archi-comble qui fait fête aux bons chansonniers "), théâtre
des Capucins, La Lune rousse, Le Moulin de la chanson, Triboulet, Le Caméléon,
La Chaumière, Taverne Henri-IV (Paris), Le Cagibi (Toulouse), Le Coq gaulois
(Bruxelles)...
En 1907, il a trente-sept
ans, il fonde même, avec le poète-chansonnier Gaston Couté (ci-contre)
et avec Gaston Dumestre, tous trois étant codirecteurs, le cabaret de
La Truie qui file. Celui-ci, comme beaucoup d'autres, fermera assez vite.
Le succès de Dominus
ne se dément pas : en 1923, " c'est à un Algérien, le bon chansonnier
montmartrois Dominus, que la direction du Moulin de la Chanson a
fait appel pour écrire la nouvelle revue de la coquette salle du boulevard
de Clichy ".
Soirée
Dominus... et africaine
Mieux, " le Caméléon
consacrait la semaine dernière une soirée à Dominus et ses œuvres.
Ce fut une séance
très brillante, éminemment artistique, et divertissante à la fois. Elle
fut marquée de manifestations enthousiastes pour Dominus, notre célèbre
compatriote, humoriste, savoureux et délicieux poète.
Une causerie étincelante
de verve, d'esprit joyeux, nuancée d'amicale sensibilité fut faite par
le poète Roger Toziny. Il parla délicieusement du chansonnier, du revuiste,
de l'humoriste que nous connaissons si bien, et aussi du poète, de l 'écrivain,
que nous ne connaissons pas assez.
Des œuvres
de Dominus, très diverses de ton, lyriques ou gaies, furent interprétées
par de remarquables artistes.
Mmes Aimée Morin,
Simone Frézy, Lucienne Mignon, Luce Oréanda, MM. Lynel, Barthus, Goûté,
nos compatriotes Jouanneau et Ben Danou1, avec le conférencier et l'auteur
nous donnèrent trois heures d'enchantement, en nous faisant entendre plus
de trente œuvrettes, qui sont autant de chefs-d'œuvre.
De la plus simple
chanson à ces dix incomparables ballades, tout nous a affirmé, encore
une fois ce grand et souple talent de ce fils d'Alger, dont nous accueillons
avec joie chaque succès.
Chacune des fêtes
nord-africaines à Paris est l'occasion de l'applaudir, car Dominus est
inlassablement dévoué à ce qui touche l'Algérie. " (Annales africaines
du 1er janvier 1927).
Pour
le Centenaire
L'œuvre de
la " T. S. F. à l'hôpital " vient d'organiser, au studio de l'École supérieure
des PTT, un concert à l'occasion du Centenaire du débarquement des troupes
françaises en Algérie, le 14 juin 1830. (...) M. André Mallarmé, ministre
des PTT, député d'Alger et algérien de naissance, avait tenu à assister
à cette manifestation. A l'issue de la séance, il a félicité les animateurs
de cette œuvre artistique et bienfaisante, notamment M. Dominus, et il
a remercié très vivement les artistes qui lui ont apporté leur concours.
(L'Ouest-Éclair, 21 juin 1930).
Un an avant sa disparition,
ses amis avaient tenu à lui rendre hommage. Voici comment Le Petit
Parisien l'annonça le 9 mai 1938 :
En l'honneur
du chansonnier Dominus
Une grande matinée
artistique, organisée en l'honneur du chansonnier Dominus, aura lieu le
samedi 14 mai, à 15 h, à la Lune-Rousse, sous la présidence de M. Dominique
Bonnaud.
Au programme figurent
les noms de quarante vedettes parmi lesquelles nous pouvons notamment
citer Joë Bridge, Romeo Carlès... Pierre Dac, René Dorin (...) Gabriello
(…) Jean Marsac, Maurice Rostand, Raymond Souplex, Jane Sourza...
La matinée aura
lieu à bureaux fermés. On trouve des cartes (au prix de 15 F) à la Lune-Rousse
et au Caveau de la République.
Pour
conclure...
...provisoirement,
peut-être, car nous espérons que nos lecteurs possèdent et pourront nous
communiquer des documents sur notre compatriote : programmes, etc.
Pour l'heure, il nous
a paru bon de rappeler un peu ce que fut cet homme d'Alger, très fier
de ses origines, qui connut des heures de gloire et, aujourd'hui, totalement
oublié, même si l'on rencontre parfois son nom dans des journaux anciens..
Un regret, toutefois
: nous n'avons pas pu retrouver dans quel cimetière Dominus a été inhumé
après son décès, à Paris, le 24 novembre 1939.
Dans les premiers mois
de la Seconde Guerre mondiale, en effet, Dominus s'est éteint, dans
un hôpital parisien, miné par la maladie et la vieillesse, presque aveugle...
Retour
généalogique
Nous avons peu de renseignements
personnels sur Jules Alla, dit Dominus, sinon par l'état civil.
Par son acte de naissance,
nous savons qu'il est né le 21 juin 1870 à Alger, où ses parents, Alfred
Désiré Alla et Rosalie Ganne, se sont mariés le 29 janvier de la même
année.
Débitant de boissons,
son père, Alfred, est né à Lyon le 29 mai 1836, de Jean Joseph Babet (Babé,
sur son acte de naissance) Alla, greffier du Conseil de guerre, chevalier
de la Légion d'honneur, décédé à La Chiffa, le 4 septembre 1861, et de
Marie Piconot, décédée à Lyon, le 16 novembre 1846.
Rosalie, sa mère, quant
à elle, est née à Saint-Martin-de-Ré le 8 juillet 1843, de Thomas Victor,
décédé à Saint-Martin, le 25 décembre 1863, et d'Anne Elisabeth Lallemand,
décédée à Mustapha le 24 janvier 1869. Elle est décédée à Alger le 11
juin 1928.
D'après les éléments
retrouvés, Jules Alla avait un frère, Alfred, né en 1868, et une sœur,
Julie Joséphine Désirée, née en 1872, ainsi qu'une demi-sœur, Zélia
Rosalie, née en 1880, mariée en 1900 à Jean Baptiste Alary, et un demi-frère,
René Henri (1883-1884), sa mère Rosalie s'étant remariée en 1883 avec
Yvan Pradeaux, né en 1849 à Limoges.
Tableau généalogique
Textes
choisis
Les
zouaves à Paris
Ballade
d'hiver en forme de pétition au ministre de la Guerre
(Général Louis André)
1904
Paris
les voit : large culotte,
Semblant danser sur leurs mollets
Le plus aguichant des ballets :
Le Bal des Falzards... Ça ballote !
Mais leurs membres sont tout gelés,
Leur gland bleu pend comme une épave...
Donnez, vous qui les cajolez,
Une capote, pour nos Zouaves.
Exhibant des mines falotes,
Têtes basses, nez violets,
Les pauvres zouzous désolés,
Renfoncent encor leurs calottes...
Petits cabans, si courts, si laids,
Sur les épaules de nos braves,
Ah ! sûrement, vous ne valez
Une capote, pour nos Zouaves.
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Les
tristes " chacals " qu'on dorlote
Rentrent leurs cous, du froid cinglés ;
Naguère au soleil rissolés,
Ces fiers Zouaves ont la tremblotte...
Parisiens, si vous voulez
Ravigoter leurs faces hâves,
Réclamez pour ces exilés !
Une capote !... pour nos Zouaves.
Envoi
Prince,
qui n'y peux voir d'entraves,
André, sans frapper, sans délais,
Donne vite, les temps sont graves,
Avant qu'arrivent les Anglais,
Une capote, pour nos Zouaves.
(Les refrains
de la Butte)
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Dominus n'oublie jamais
sa terre natale. Mieux, il ne cesse d'en faire la promotion. En voici
un exemple avec un article de 1928.
Les
vins algériens
J'ai trouvé, en Lorraine,
un restaurant d'hôtel qui fait figurer sur sa carte des vins un Sahel
et un Miliana au milieu de bordelais, de bourguignons et, naturellement,
de mosellans et alsaciens.
Mon cœur d'Algérien
tressautant à trouver sur les bords de la Meurthe de ce jus délectable
formé du soleil de mon patelin, je n'hésitais pas à arroser la quiche,
la meurotte et la potée lorraine du menu avec les crus barbaresques.
Comme je manifestais
mon étonnement de voir ces vins cotés sur la liste, l'hôtelier me dit
que le mérite en revenait au hasard. Dans la vente d'une cave particulière,
il avait acheté une barrique de rouge et quelques douzaines de bouteilles
de blanc d'Algérie.
Ayant goûté et fait
déguster, il les avait trouvés excellents. Ayant pu être renseigné sur
leur origine, il en avait fait venir et s'en trouvait heureux. " Ma
clientèle, conclut-il, ne peut pas toujours mettre vingt-cinq francs dans
une bouteille de Volney ou de Moulin-à-Vent, elle hésite devant le prix
d'un bon Chablis et je la contente avec ce Miliana et ce Sahel généreux,
savoureux. Soit dit entre nous, je ne croyais pas que notre colonie donnait
de tels produits et s'il en est d'autres, je voudrais bien les connaître.
"
Vous pensez que je
ne me fis pas prier pour lui indiquer quelques bons crus de chez moi,
depuis le Clos Grellet jusqu'au Royal-Kébir. Je lui citai des noms de
régions : Staouéli, Chéragas, Rouïba, Médéa, Mascara, Miliana, Philippeville
et d'autres noms, de quoi remplir une belle page et maintes belles caves.
Mon interlocuteur était
tout surpris d'apprendre que la France possède, en plus de ses magnifiques
splendeurs vinicoles métropolitaines, un trésor aussi riche, aussi précieux,
aussi varié par-delà la mer bleue.
Combien de fois ai-je
rencontré l'ignorance quant à ce pays français plus vaste que la France
d'Europe, si merveilleux déjà et plus prometteur encore ! Les ressources
indus-trielles et agricoles sont à peine déclenchées et sont déjà considérables.
Le seul domaine du
vin nous occupe ici. Bien que les " Algériens " aient triomphé d'une calomnieuse
réputation que de fallacieuses étiquettes leur avaient infligées, bien
que déjà appréciés et souvent préférés, on ne les connaît pas encore assez
et l'on ne sait à peu près rien de la situation des vignobles et de leur
différenciation.
Il est un fait incontestable,
c'est que notre Afrique du Nord est le pays d'élection de la vigne. Nul
sol et nul climat ne semblent mieux convenir au raisin. Si l'Algérie -
comme le sera la Tunisie et comme on peut l'augurer du Maroc - est grande
productrice de vin et de bon vin, c'est par prédestination.
L'Afrique
du Nord illustrée, 3 mars 1928
Batrachomachie
(extrait) Chant Deuxième
Pour
notre France en désarroi
Les grenouilles veulent un roi
Qui ramène le Moyen-Âge.
Elles, dont la date natale nage
En souvenirs flous, nuageux,
Prenant des airs moyen-âgeux
Qu'aucune n'abdique
Elles aiment les sports, les jeux
De ce brave temps héraldique...
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Petits
contes arabes
La hâte de naître
Chez le Cadi, Lakdar
el Maskri le marchand de beignets, demande le divorce.
Ce dialogue s'engage entre le juge et lui.
" Pourquoi veux-tu répudier ta femme ?
- Sidi Cadi, j'ai épousé cette Safla il y a cinq mois. Voici huit jours,
elle a mis au monde un petit garçon.
- Allah a donc béni ton union, ô mon frère !
- Mais cinq mois, ça n'est pas un terme pour que je sois le père.
- Connaissais-tu cette femme, quand tu l'as épousée ?
- Je l'avais vue la veille, au matin. A midi je l'ai demandée à son père;
Le soir j'ai payé la dot, trois cents douros.
Le lendemain je l'ai épousée.
- Alors, ami, permets-moi d'être étonné. Tu ne mets pas deux heures pour
décider une affaire qui demande plusieurs jours pour réflexion. Tu mets
à peine un jour pour accomplir une action que les autres n'effectuent
qu'en quelques semaines.
- C'est que je fais toutes choses plus vite que les autres.
- Alors, ô homme ! Ne sois pas étonné toi-même d'avoir créé en cinq mois
ce que les autres font en neuf mois ou, au minimum, en sept. L'enfant
est bien ton fils. Il vient de toi. Il a été très pressé de naître. "
Annales
africaines, 15 novembre 1935
Quelques-unes
des œuvres publiées
Ce serait une gageure
que de vouloir énumérer tous les sketches, chansons, revues et " revuettes
", etc., dont Dominus fut l'auteur, les émissions produites ou animées
par lui. Seulement quelques exemples ont été donnés dans ces colonnes.
Néanmoins, on peut encore
trouver sur Internet certains enregistrements, se procurer des livres
qu'il a publiés. Dans des journaux de l'époque, on retrouve aussi ses
" petits contes arabes " dans lesquels il excellait.
Batrachomachie. Les
grenouilles qui demandent un roi. Poème épicocasse de Dominus, dessins
de Z. Brunner. 1908
Chansons de Dominus. Le Mari de la maîtresse de l'amant de ma femme,
monologue créé par Lejal à la Scala. Paroles de Dominus. L.-Maurel, édit.,
1906
Double conférence (La), saynète à deux personnages, 31 p. L'Afrique
artistique. 1926
Humour médecin (L'). 1939
Marchand de tapis (Le). Scènes, fables, chansons, récits. 1934
Poèmes de Dominus (Les). Marcel-Labbé édit., 1926
Radio nord-africaine (La). Identité de Radio Alger et de Radio Maroc
: les émissions françaises et indigènes, les difficultés financières.
31 p. 1938
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