sur site le 10/02/2002
-Vergé, le destin hors pair
Le 7 décembre 1841 parut une ordonnance qui créait trois bataillons d'infanterie sous le titre de Bataillons de tirailleurs indigènes ; un d'eux devait être affecté à...
pnha n°45 avril 1994

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-------Le 7 décembre 1841 parut une ordonnance qui créait trois bataillons d'infanterie sous le titre de Bataillons tle tirailleurs indigènes ; un d'eux devait être affecté â chacune des provinces ; les indigènes se recruteraient par des engagements volontaires pour une durée de cinq ans. Le bataillon d'Alger, le premier organisé, eut pour chef le commandant Vergé ; celui d'Oran fut commandé par le commandant Valicon.
-------Vergé était un homme plein de décision et d'initiative. Il faisait son droit à Paris, quand le tambour de 1830 vint faire vibrer son âme de vingt ans ; il partit pour l'Algérie, s'engagea aux zouaves, et par un contact de tous les jours, apprit bien vite la langue et les moeurs des indigènes. Son ardeur, qui le portait toujours aux premiers rangs, le fit bientôt remarquer, et à vingt-deux ans, il était sergent-major sous Lamoricière.
-------En ce moment, dans la tribu des Beni-Khelïl, prés de Boufarik, le kaïd Bouzïd fut assassiné comme ami des Français, et l'anarchie s'installa parmi les siens. Pour faire preuve d'autorité, on nomma comme kaïd le fils de celui qui avait été assassiné ; mais c'était un enfant de seize ans, faible et maladif, en un poste où il aurait fallu un homme énergique et habile. Vergé qui avait eu des relations avec le père, offrit de servir de tuteur et de guide l'enfant, et on lui donna volontiers cette mission.
-------Le jeune sergent-major partit avec son pupille et alla s'installer au milieu de la tribu farouche et turbulente. Par son audace, son entrain, sa familiarité, il n'eut bientôt que des amis ; il flatta, promit, menaça, employa tour à tour ces procédés diplomatiques où excellent les indigènes, et fit si bien qu'un jour, au grand marché de Boufarïk, toute la tribu se décida à reconnaêtre pour chef le fils de Bauzïd et à lui faire les présents d'usage. Quelques mois plus tard on reconnut que cet enfant avait vraiment 1"esprit insuffisant et on élut pour le remplacer le Français qui lui servait de guide, qui avait toujours montré beaucoup de justice, de modération et de fermeté.

 

-------Sous le nom de Caïd-el-Major, le jeune Vergé devint donc caïd des Benï-Khelil, intronisé selon les formules les plus solennelles, consacrées par la tradition. Il partait déjà le costume musulman ; il eut une garde : il n'avait qu'un mot à dire pour avoir cinq cents cavaliers à sa suite. On le voyait fréquenter les marchés, rendre la justice, traiter de la guerre et de la paix, jouer au petit souverain. Pendant trois ans, il eut dans sa main la tribu, la tenant soumise à la France et fidèle, et quand, las enfin et sa tâche remplie, il rentra au corps des zouaves, on ne peut lui refuser l'épaulette.
-------Tel était l'homme qu'on chargeait en 1841 d'organiser le 1er bataillon de tirailleurs indigènes. Le recrutement se fit assez facilement ; des Turcs, des Koulouglis, quelques hommes qui avaient déjà servi, un bon nombre de Kabyles vinrent s'engager. Mais on n'avait pas encore réglé la question de l'uniforme ; on n'avait que des crédits insuffisants pour vêtir et armer les hommes. Le 1er août 1842, quand le commandant les passa en revue sur l'esplanade de Mustapha, le bataillon présentait encore un aspect étrange, des vestes, des burnous, des haillons, couvraient ces indigènes robustes, aux teints bronzés, aux figures mâles. Malgré ce que leur organisation avait d'incomplet, ils rendirent des services en travaillant aux routes de la plaine, aux dessèchements de la Maison-Carrée, de la Rassauta. Cinq cents d'entre eux, qu'on avait enfin pu habiller, participèrent à une expédition contre les Kabyles de Ben-Salem ; grimpant à travers les broussailles, s'élançant sur l'ennemi avec des cris sauvages, ils montrèrent une bravoure impétueuse, qui leur valut d'être cités à l'ordre du jour du 5 octobre.
-------Toute l'année 1843, les compagnies indigènes furent en campagne clans la région du Chélif, prenant part aux mille petits combats, aux razias incessantes, par lesquels Changarnier réduisait peu peu les tribus les plus remuantes, Il en fut de même encore en 1845 et les années suivantes

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