-----En
mai 1940, avant de quitter Madrid, le Maréchal Pétain avait
été reçu par le Général Franco qui
lui avait dit : "Ne partez pas, Monsieur
le Maréchal, alléguez votre âge. Vous êtes le
symbole de la France victorieuse, vous risquez de devenir l'otage du renoncement
français, vous marchez au sacrifice... Vous êtes le vainqueur
de Verdun, n'associez pas votre nom à la défaite que d'autres
ont servie".
Et le Maréchal de répondre : "Je
sais cela Général, mais ma patrie m'appelle et je me dois
à elle".
-----En fait pour sauver son pays qui risquerait
de devenir un vaste cimetière, un maréchal de France devait
se soumettre aux conditions imposées par un caporal.
-----Le 16 juin 1940, mis en minorité
-14 voix contre 6 - le Président Reynaud démissionne et
le Président de la République Lebrun fait appel au Maréchal
Pétain pour former le nouveau gouvernement.
-----Le Président Lebrun remercie
le Maréchal "qui en assumant la responsabilité
la plus lourde qui ait jamais pesé sur un homme d'état français,
manifeste une fois de plus son dévouement à la patrie".
-----Le Maréchal adresse un message
aux Français : "Je fais à
la France le don de ma personne pour atténuer son malheur. Je me
suis adressé cette nuit à l'adversaire pour lui demander
s'il est prêt à rechercher avec nous, après la lutte
et dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités".
-----Le 19 juin, les Allemands demandent
l'envoi de plénipotentiaires qui seront informés des conditions
de cessation des hostilités.
-----La délégation constituée
et dirigée par le Général Huntziger et composée
de l'Ambassadeur de France Léon Noël, des Généraux
Dulac et Bergeret et du Vice-Amiral Leluc, reçoit des instructions
bien précises et en particulier, rompre immédiatement toute
discussion si les allemands demandent
-- que leur soit remise la flotte en totalité ou en partie,
-- s'ils insistent sur l'occupation du territoire tout entier ou de l'une
ou plusieurs de ses colonies.
-----Cette demande d'armistice n'empêchait
pas l'Amiral Darlan de donner ordre de poursuivre les opérations
aéro-navales, le Général Pujol de prescrire aux rares
avions de voler, de rallier l'Afrique du Nord. Elle n'empêchait
pas non plus les troupes allemandes de poursuivre leur inexorable avance
vers la frontière espagnole, évitant la ville de Bordeaux.
-----Avant même que les conditions
imposées par l' Allemagne nous parviennent, c'est la fuite d'élus
vers l'Afrique du Nord. Le Président de la République lui-même,
des ministres préparent leur départ.
-----Le Maréchal les informe que dans
l'état où se trouve la France, le gouvernement doit prendre
ses responsabilités et rester avec ceux qui auront à souffrir
de l'occupation de notre sol. Partir se mettre à l'abri alors que
des soldats continuaient à se battre et à mourir, pourrait
être considéré comme une désertion, ce qui
provoque une confusion inextricable. Il y a ceux qui veulent partir, ceux
qui tentent de les en persuader, d'autres qui tentent de les en dissuader,
ceux qui au dernier moment renoncent à partir, ceux qui arrivent
trop tard, il y a les ordres et les contre-ordres, l'équipage du
" Massilia" -bateau mis à leur disposition - qui ne veut
plus appareiller parce que dit-il
"Maintenant que vous nous avez mis dans une salle de bain, vous fuyez
avec notre argent" cela va jusqu'aux insultes.
-----Finalement, avec retard le " Massilia"
quittera le Verdon avec une trentaine d'élus, parmi eux : Mandel,
Jean Zay, Mendés-France qui, mobilisés pouvaient être
considérés comme déserteurs.
-----Paul Reynaud, le Président du
Conseil sortant victime d'un accident d'auto au cours duquel son amie,
la Comtesse de Portes trouva la mort, reprit la route de Bordeaux.
-----Le Maréchal Pétain déclarait
: "Dès le 13 juin, la demande d'armistice
était irrévocable. J'ai été avec vous dans
les jours glorieux, chef du gouvernement, je suis et resterai avec vous
dans les jours sombres".
-----Cela fait 300 jours que la guerre est
déclarée, 45 jours que les Allemands ont lancé leur
première attaque sur la Belgique et la Hollande, en une vingtaine
de jours la France a été occupée aux deux tiers.
Vingt jours, même pas le temps de penser, de s'organiser, de se
défendre, seulement le temps de fuir, d'être prisonnier,
blessé ou de mourir.
-----Contrairement à ce qu' espéraient
De Gaulle et Paul Reynaud qui auraient dit : "J'espère
qu'elles ne seront pas trop modérées". Compte
tenu de l'effondrement de nos armées, des positions que nous occupons
au moment où elles sont relevées, ces positions ne le sont
plus au moment où elles sont transmises, car nous décrochons
à vive allure, les conditions imposées par l'Allemagne apparaissent
très raisonnables. Quant à l'Italie, le Maréchal
Badoglio, Président du Conseil après la chute de Mussolini
déclarait : " Je souhaite que la
France se relève. C'est une grande nation, elle a une grande histoire
et je suis certain qu'elle assumera son avenir. Cela de soldat à
soldat, c'est ce que je souhaite de tout mon coeur".
-----Le 25 juin, le Maréchal s'adresse
aux Français. Sa déclaration résume parfaitement
la situation dans laquelle se trouvait le pays. : " Je
m'adresse aujourd'hui à vous, Français de la métropole
et Français d'outre-mer, pour vous expliquer les motifs des deux
armistices conclus, le premier avec l'Allemagne, il y a trois jours, le
second hier avec l'Italie.
-----Ce qui faut d'abord souligner, c'est
l'illusion profonde que la France et ses alliés se sont faite sur
la véritable force militaire de l'Allemagne.
La bataille des Flandres s'est terminée sur la capitulation de
l'armée belge, l'encerclement des divisions anglaises et françaises.
Ces dernières se sont battues bravement ; elles formaient l'élite
de notre armée.
-----Une deuxième bataille s'est livrée
sur l'Aisne et la Saône. Pour tenir cette ligne soixante divisions
ont lutté contre cent cinquante divisions d'infanterie et dix divisions
cuirassées allemandes.
-----L'exode des réfugiés a
pris dès lors des proportions inouïes. Dix millions de Français,
rejoignant un million et demi de belges, se sont précipités
vers l'arrière de notre front, dans des conditions de désordre
et de misère indescriptibles.
-----A partir du 15 juin, l'ennemi franchissait
la Loire, se répandant sur le reste de la France.
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-----Devant
une telle épreuve, la résistance armée devait cesser.
-----L'armistice
est conclu, le combat a pris fin. En ce jour de deuil national, ma pensée
va vers les morts, à tous ceux que la guerre a meurtris dans leur
chair et dans leurs affections. Leur sacrifice a maintenu haut et pur
le drapeau de la France. Qu'ils demeurent dans nos mémoires et
dans nos cmurs.C'est vers l'avenir que, désormais, nous devons
tourner nos efforts. Un ordre nouveau commence.
C'est à un redressement intellectuel et moral que d'abord je vous
convie. Français, vous l'accomplirez et vous verrez, je le jure,
une France neuve surgir de votre ferveur. Les conditions auxquelles nous
avons dû souscrire sont sévères. -----Une
grande partie de notre territoire va être temporairement occupée.
Dans tout le nord et dans l'ouest du pays, depuis le lac de Genève
jusqu'à Tours, puis le long de la côte de Tours jusqu'aux
Pyrénées,l 'Allemagne tiendra garnison.
-----Nos
armées devront être démobilisées, notre matériel
remis à l'adversaire. Notre flotte désarmée dans
nos ports. Nul ne fera usage de nos avions et de notre flotte. Nous gardons
les unités terrestres et navales nécessaires au maintien
de l'ordre dans la métropole et dans les colonies. La France ne
sera administrée que par des Français".
-----Fallait-il continuer la guerre
en Afrique du Nord ? Sur ce point le Maréchal a été
très clair : "Je ne serais pas digne
de rester à votre tête si j'avais accepté de répandre
le sang de Français pour prolonger le rêve de quelques Français
mal instruits des conditions de la lutte. Ce n'est pas moi qui vous bernerai
par des paroles trompeuses. Je hais les mensonges qui vous ont fait tant
de mal. Je n'ai pas voulu placer hors de France, ni ma personne, ni mon
espoir. C'est à un redressement intellectuel et moral que, d'abord
je vous convie".
-----La France subissait les conséquences
de sa cuisante défaite : la zone nord-est étant provisoirement
considérée comme annexée, elle était partagée
en trois zones
-- La zone occupée
-- La zone atlantique interdite
--La zone libre
mais elle conservait ses colonies et plus particulièrement l'Afrique
du Nord qui servit de base de départ pour la libération
et la victoire finale.
-----Pour sa défense extérieure
elle obtint
--territoire français: 100 000 hommes
--Afrique du Nord: 120 000 hommes
--Afrique Occidentale : 55 000 hommes auxquels le Maréchal adjoindra
60 000 hommes de l'armée de métier, les jeunes appelés
dans les chantiers de jeunesse et les jeunes mouvements de jeunesse comme
les compagnons de France.
-----Le comportement, les positions,
les déclarations du Maréchal Pétain provoquent les
réactions de personnalités diverses parmi elles :
François Mauriac : "Les paroles du Maréchal
Pétain rendaient un son presque intemporel. Ce n'était pas
un homme qui nous parlait mais, du plus profond de notre histoire, nous
entendions monter l'appel de la grande nation humiliée .Ce vieillard
était délégué vers nous par les morts de Verdun".
Jeanneney, Président du Sénat : "J'atteste à
Monsieur le Maréchal Pétain notre vénération
et la pleine reconnaissance qui lui est due pour un don nouveau de sa
personne. Il eut fallu épargner à nos enfants le lamentable
héritage que nous allons lui laisser".
Edouard Herriot, Maire de Lyon, Président de la Chambre
des Députés :"Autour du Maréchal Pétain,
dans la vénération que nous inspire à tous, notre
nation s'est groupée en sa détresse. Prenons garde de ne
pas troubler l'accord qui s'est établi sous son autorité".
Paul Reynaud , Président du Gouvernement jusqu'au 16 juin
1940 : "J'ai gardé de notre travail en commun, un tel souvenir
qu'il me serait odieux qu'il put être terni par un soupçon
.Veuillez agréer, Monsieur le Maréchal, l'expression de
ma haute considération et de mes sentiments dévoués".
-----Il ne fait aucun doute que ces
personnages, principaux responsables de la pénible situation dans
laquelle se trouvait la France, étaient sincères dans l'expression
de leurs sentiments pour le Maréchal Pétain. Cela ne les
empêchera pas de demander la tête du Maréchal au cours
du procès. Nous y reviendrons.
Docteur Bareis, Chef de la Résistance en Alsace-Lorraine
: "Toute l'Alsace a estimé que l'armistice était dû
uniquement au Maréchal Pétain et à la mise en valeur
de son passé de glorieux soldat. Il a évité à
la France de devenir un immense camp de concentration et de connaître
les déportations en masse.
W. Churchill, Premier Ministre Anglais :"L'armistice nous
a en somme rendu service. Hitler a commis une faute en l'accordant. Il
aurait dû aller en Afrique du Nord, s'en emparer pour poursuivre
sur l'Egypte. Nous aurions eu alors une tâche bien difficile".
-----La liste est longue, les réactions
sont semblables, citons encore :
Kenneth de Concy, secrétaire général de parti
conservateur anglais : " En ce qui concerne l'armistice, cela a été
une immense contribution à la sécurité de mon pays".
Charles Swenty- U. S. A.: "L'armistice a sauvé la guerre".
William Langer - Historien américain : "La généralité
des Français dans ces jours sombres approuvèrent l'acte
du Maréchal Pétain. La France avait au moins, grâce
à l'armistice, la possibilité de vivre. Il y avait une France
non occupée, gouvernée et administrée par des Français.
Et si on ajoute l'Afrique du Nord, qui resta non occupée, ce qui
ouvrit finalement le chemin de l'Europe, la cause de l'armistice semble
entendue".
Et Charles De Gaulle, qui reconnait sans citer son bienfaiteur
"Qu'on imagine ce qu'eut été le développement
du conflit, si la forte Allemagne avait pu disposer des possessions françaises
d'Afrique. Au contraire, quelle fut l'importance de notre Afrique du Nord
comme base de départ pour la libération de l'Europe".
Roger Dhostie
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