-----En
1934, la France traverse une grave crise économique. Des groupes
d'extrême droite, profitant des scandales financiers, Stavisky et
autres escrocs manifestent, ce qui provoque des heurts sanglants et la
démission du Président Daladier.
-----Le Président de la République
demande à Gaston DOUMERGUE, qui jouit d'une grande confiance, de
former un ministère de rassemblement national.
-----Pour rassurer l'opinion, G. Doumergue
prie le maréchal Pétain d'accepter le ministère de
la Guerre. Sur l'insistance du général Weygand, il accepte
encore qu'il eut préféré le ministère de l'Éducation
Nationale, car pensait-il c'était par l'éducation de la
jeunesse que la France pourrait être relevée. Ce qui ne l'empêcha
pas d'intervenir à plusieurs reprises pour une instruction comprenant
également une formation du corps et de l'esprit.
-----On reprochera au Maréchal de
ne pas avoir obtenu alors, tous les crédits qu'il préconisait
pour le réarmement de la France et le service de deux ans. Mais
pour le Président Doumergue cela ne pouvait se faire qu'après
une réforme de la Constitution et pour y arriver il lui fallait
modérer ses exigences.
-----Le Maréchal obtint tout de même
une rallonge de mille deux cent soixante quinze millions de l'époque
pour la défense des frontières.
-----Son passage au ministère fut
l'objet d'appréciations positives des journalistes qui pourtant
n'avaient pas leur entrée facile dans ses bureaux où les
députés avaient des difficultés à l'approcher,
les ministres eux-mêmes se voyaient refuser des promotions méritées
et il gardait son francparler et son indépendance légendaire.
-----Comme d'autres, le gouvernement Doumergue
eut une vie relativement courte et pressenti pour participer aux gouvernements
successifs, Pétain refusa.
Ambassadeur en Espagne
-----En
mai 1939, sur proposition de Georges Bonnet, ministre des Affaires Etrangères,
le gouvernement français décide d'envoyer en Espagne, un
ambassadeur qui aura pour mission principale d'obtenir la neutralité
de ce pays en cas de conflit.
-----Cette charge délicate est confiée
au Maréchal Pétain qui, pense-t-il, est le personnage susceptible
d'avoir le plus d'ascendant sur le Président-Général
Franco. Les dossiers reconstitués, les déclarations de hauts
personnages politiques, permettent de constater
-Que le Maréchal Pétain réussit dans sa tâche.
Non seulement l'Espagne n'entra pas en guerre contre la France, mais elle
manoeuvra de telle façon qu'Hitler se verra refuser le passage
du territoire espagnol pour une tentative d'occupation de l'Afrique du
Nord Française.
-II obtient la libération de français qui s'étaient
battus contre Franco.
-----Parmi les nombreuses réactions
concernant les résultats obtenus par le Maréchal Pétain,
retenons celle du Député socialiste des Pyrénées-Orientales,
Louis Nogueres "il convient de reconnaître
que les résultats obtenus par l'Ambassade du Maréchal Pétain
ont répondu à l'attente dit Gouvernement Français.
-----Obligée
de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste, elle n'a attaque la France
Républicaine, ni sur les Pvrénées, ni au Maroc. Abstention
dont il serait injuste de ne pas attribuer le mérite pour sa part,
à celui qui avait mission de l'obtenir et qui, responsable de négociations,
les a conduites heureusement à leur terme". Celle de Serrano-Suner,
ministre des Affaires Etrangères de Franco : " Ce fut, lui
seul, qui sut conquérir notre sympathie, malgré le souvenir
encore chaud et difficilement ouhliable de l'attitude de son pays. C'est
sa figure, comme autrefois son épée, qui valait à
la France permanente, le gain de cette nouvelle bataille".
-----Le 16 mai 1940, le Maréchal Pétain
toujours en poste à Madrid. est invité à rejoindre
Paris où il arrive le 17.
-----II est immédiatement reçu
par le Président Paul Reynaud. qui a remplacé E. Daladier
à la Présidence du Conseil qui. compte tenu de la situation
difficile que traverse la France, lui demande d'entrer dans son gouvernement.
Le maréchal accepte.
Dans le même temps P. Reynaud a rappelé le Général
Weysand qui se trouve en poste au Moyen-Orient pour le charger de prendre
le commandement suprême des armées.
-----Le 19 mai, le Président Reynaud
qui prend à sa charge le Ministère de la Guerre après
avoir relégué E. Daladier aux Affaires Étrangères.
peut alors s'adresser aux Français pour tenter de les rassurer
-----"Ce que
le pays attend du Gouvernement, ce ne sont pas des paroles : il n'en a
que trop entendues depuis des années. Ce sont des actes qu'il veut.".
-----Voici la première décision
que je viens de prendre : "Le vainqueur de Verdun. celui grâce
à qui les assaillants de 1916 n'ont pas passé. celui grâce
à qui le moral de l'Armée française en 1917 s'est
ressaisi pour la victoire. le Maréchal Pétain est revenu
ce matin de Madrid où il a rendu tant de services à la France.
II est désormais à mes côtés comme Ministre
d'Etat, Vice-Président du Conseil. mettant toute sa sagesse et
sa force au service du pays. Il y restera jusqu'à la victoire".
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-----Et le 21 mai
au Sénat
-----"Messieurs la Patrie est en danger".
A l'annonce de l'arrivée du Maréchal Pétain, les
applaudissements n'en finissent plus
A ce moment-là, rien ne peut permettre de penser que la guerre
peut être gagnée. il est surtout question d'éviter
la débâcle.
-----Les membres du Gouvernement et leurs
suites laissent la capitale pour la Touraine puis pour Bordeaux, un repli
de quelques centaines de kilomètres en quelques jours. Cessation
des hostilités ? C'est la question qui se pose avec insistance.
-----Ceux, conscients de la situation dramatique,
parmi eux le général en chef Weygand et le Maréchal
Pétain qui l'approuvent.
-----Ceux, qui sont contre, le Président
Paul Reynaud, le général à titre provisoire Charles
De Gaulle et l'Angleterre, notre seule alliée de l'époque
qui nous utilise comme bouclier.
-----L'Angleterre
- qui avait fait retirer du nord, son Corps Expéditionnaire commandé
par le général Gort, sans en avertir le Haut Commandement
dont il dépendait.
- qui avait obtenu de Paul Reynaud la signature d'un accord secret qui
n'avait été entériné ni par le Conseil des
Ministres, ni par l'Assemblée, accord qui interdisait aux deux
pays de conclure aucun armistice ou signer un traité de paix séparé.
- qui, secrètement, par l'intermédiaire de la Suède,
était entrée en pourparlers avec les Allemands pour une
éventuelle cessation des hostilités.
- qui craignant une invasion allemande à brève échéance,
nous poussait à poursuivre la lutte et à résister,
région par région, ville par ville, quartier par quartier,
à, procéder à des actions de guérillas pour
gagner du temps et ainsi lui permettre de nous aider... par la suite !
-qui nous menace de représailles. Ce qu'elle fit -est-ce un hasard
? -à Mers-el-Kébir.
-----Pour continuer la guerre, le Président
Reynaud et ses partisans préconisaient dans un premier temps, la
constitution d'un réduit breton, puis, l'évacuation de nos
troupes, de nos armes et de notre matériel de guerre vers l'Afrique
du Nord pour y continuer la lutte.
-----Comment ? avec qui ? avec quoi ? pour
quels résultats ? Ce sont des questions auxquelles ils ne pouvaient
répondre car ils ne se les étaient pas posées.
-----De nombreux Généraux,
des vrais, dont le général Noguès, Président
Général de France au Maroc, commandant en chef du théâtre
d'opérations en Afrique du Nord, avaient envisagé la poursuite
de la guerre. Après une étude rapide de la situation et
une évaluation sérieuse des renseignements réunis,
cette position fut très vite abandonnée.
-----Darlan lui-même Amiral de la Flotte,
aurait envisagé de se replier sur Alger avec tout son Etat-Major.
-----Les Allemands avaient prévu cette
éventualité et un corps expéditionnaire avait été
constitué. II aurait franchi le Détroit de Gibraltar avant
même que nous ayons été en mesure de mettre une seule
chaloupe à la mer à Marseille, à Port-Vendres ou
ailleurs.
-----Gibraltar se trouvait alors sous le
feu des canons allemands et avait une défense jugée plutôt
défectueuse.
-----L'Afrique du Nord ne disposait que de
quelques bataillons mal instruits, équipés d'armes et de
matériels dépassés.
-----Sans ravitaillement, elle aurait été
rapidement controlée par les forces de l'Axe.
-----La France aurait été complètement
envahie, gouvernée par un " gauleiter", avec toutes ses
conséquences et ses drames, Dachau puissance dix.
-----L'Afrique du Nord aurait été
occupée très rapidement, elle ne serait pas devenue "la
plate-forme de la libération, ce qui aurait accentué les
difficultés de l'Amérique et provoqué un retard considérable
ce qui, nous le savons, ne pouvait être qu'un avantage considérable
pour l'Allemagne.(à suivre)
Roger Dhostie
-----II y a 45 ans,
le Maréchal de France , Philippe Pétain, détenu à
l'île d'Yeu, rendait son dernier soupir à l'âge de
quatre-vingt-quinze ans.
-----Ceux qui l'avaient fait juger, condamner,
incarcérer, dans des conditions inhumaines, ne pourront plus alors
que se présenter devant Dieu pour payer leur acte d'injustice dont
ils deviendront les victimes expiatrices.
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