Le môle Billiard
Cent tonnes entre ciel et terre
LE TRANSFORMATEUR GÉANT DE L'ARBA A ÉTÉ DÉCHARGÉ
HIER MATIN A ALGER
UN MOIS APRÈS SON DÉPART DE SUISSE
14 heures, Môle Billiard...
Sous un soleil de plomb, au milieu des cageots, des poutres et des câbles,
une nuée d'ouvriers en salopettes bleues s'agite fébrilement.
Tout contre le quai est ancré un cargo large et trapu. C'est
le " Moulay-Bouchaïb " qui, tôt dans la matinée,
a franchi la passe, transportant dans ses flancs le transformateur géant
de L'Arba.
Le transformateur est mis à terre
Ce matin, à. 7 h.
30, les remorques ont été débarquées. Pesant
35 tonnes, elles comptent 48 roues et seront amenées à
l'Arba par un camion-tracteur de l'E.G.A.
Le transformateur a son tour, va être mis à terre. Une
foule de curieux est venue assister à l'opération et,
sur le quai, les commentaires vont leur train...
Véritable bijou enfermé dans son écrin, le transformateur
est solidement fixé dans la cale qui semble avoir été
spécialement conçue pour le recevoir. Déjà,
les élingues sont fixées aux crochets. Remorqué
par l' " Atalante ", l'" Atlas ", ponton-grue qui
va assurer le transbordement, s'approche lentement. Le voici a pied
d'uvre. Les câbles se tendent. Un craquement... La grue
soulève lentement le transformateur. Brusquement allégé,
le cargo tremble et s'élève. Une masse grise émerge
progressivement, décorée de deux drapeaux, suisse et français.
Elle décrit un arc de cercle, puis s'immobilise, à quai,
sur des cales de bois que l'énorme charge fait crisser.
Presque au terme de son grand voyage, le transformateur de l'Arba prend
enfin pied sur le sol africain.
De Sécheron à l'Arba
Le transport de cette masse posait des problèmes nombreux et
délicats qui, grâce à des trésors d'ingéniosité
et d'énergie, ont pu être favorablement résolus.
Parti de Sécheron, près de Genève, le 16 juillet,
à 4 h. 30, le convoi emprunta la route jusqu'à Lyon.
Cette partie du trajet fut émaillée de petits incidents
: le plus notable fut le pénible passage du mont Cerdon où
l'altitude, l'état de la route et la chaleur contraignirent le
tracteur à rouler constamment à... 1 km. 500 à
l'heure.
De Lyon, le convoi gagna Marseille par la voie fluviale, le transformateur
et ses remorques reposant sur des chalands. Mis à bord du "
Moulay-Bouchaïb ", au moyen d'une grue spéciale, l'énorme
machine quittait Marseille et arrivait hier à Alger.
Placée sur ses remorques, vers 17 heures, elle prendra, ce matin
à 7 heures, la route de l'Arba.
Les caractéristiques de l'appareil
Long de sept mètres. large de trois et haut de quatre, ce transformateur
est un appareil du type triphasé, 50 périodes, élévateur
et abaisseur de tension, à 3 enroulements de 150.000, 60.000
et 11.000 volts. La distribution à 90.000 volts est possible
grâce au couplage des bornes. En ordre de marche, son poids est
de l'ordre de 162.000 kgs dont 50.000 kgs d'huile.
La station de l'Arba est un poste d'inter-connexion assurant la liaison
entre Constantinois et Tunisie d'une part, Oranie et Maroc d'autre part.
Réception à bord du " Moulay-Bouchaïb "
Un apéritif, offert par le commandant Fabre, commandant du "
Moulay-Bouchaïb ", réunissait, à l'issue de
la manuvre - d'ailleurs remarquablement accomplie - les représentants
de divers organismes : E. G.A., Société générale
d'électricité (chargée en collaboration avec les
ateliers de Sécheron de la construction de l'appareil), Transports
internationaux Martefon (chargés avec les Transports Welti-Furrer
de son transport). la Compagnie Mérigot. La presse y avait été
cordialement invitée.
Nous avons remarqué : MM. Martiez, Haour, Muraour, de l'E.G.A.
; Teboul, directeur général de la S.O.G.E.L. : Rivet,
capitaine d'armement et Touillou, de la Compagnie Mérigot ; de
Vichet, des Transports Martefon, et le commandant Carabin, expert maritime.