
IL Y A 270 ANS A LEMPLACEMENT DE
L'AMIRAUTÉ D'ALGER
JEAN LE VACHER consul de France et vicaire apostolique mourait à
la bouche dun canon
Des documents ont été rassemblés en faveur de la
cause de béatification
LALGÉRIE est
riche de souvenirs. Aussi serait-il dommage de ne pas les rappeler
surtout lorsquil s'agit dévénements anciens
à l occasion dune fête de circonstance, dun
anniversaire, dun centenaire.
Cest ainsi que la mémoire de Jean Le Vacher, consul de
France en Afrique du Nord et vicaire apostolique, na pas été
évoquée publiquement en ce 270e anniversaire de sa mort
héroïque. Il est vrai que le canon à la bouche duquel
mourut Jean Le Vacher a été transporté à
Brest en 1830. Et il ne reste plus à l'endroit du môle
où le martyr consomma son sacrifice quune plaque commémorative
que fit placer le Comité du Vieil Alger. Cet emplacement est
situé à lAmirauté.
Nous ne retracerons pas ici lhistoire et luvre spirituelle,
patriotique et charitable de Jean Le Vacher que Jules Tournier a si
bien condensées dans son ouvrage publié en 1947 (1). Un
homme extraordinaire
Rappelons seulement quelques traits qui montreront le caractère
et la personnalité de cet homme extraordinaire qui assuma, en
des temps extrêmement difficiles, les plus grandes responsabilités
dÉtat les charges délicates de sa mission religieuse.
Cest en novembre 1647, après une longue maladie, que Jean
Le Vacher, à peine convalescent, quittait Toulouse pour Tunis.
Il dut user de perspicacité, dintelligence et de patience
pour obtenir quelques adoucissements au régime des esclaves,
réduire lactivité des trafiquants et faire connaître
le vrai visage de la France. Il obtient, par son zèle et son
dévouement, la libération de beaucoup desclaves
et réussit à couvrir certaines dettes, évitant
ainsi daugmenter le nombre des esclaves français.
Après avoir obtenu, dès son arrivée, la célébration
du culte dans les bagnes, ce qui releva le moral des prisonniers, il
créa luvre des esclaves, dont le but était
dapporter aux malheureux une aide, matérielle par des dons
fréquents.
Toutes ces réalisations ne furent pas exemptes dobstacles
et Le Vacher eut à souffrir de la jalousie et des intrigues.
En venant à Alger en 1667, le consul de France te trouva devant
une situation beaucoup plus difficile.
Mais, précédé dun groupe de prêtres
de la Mission (Congrégation à laquelle il appartenait
et que saint Vincent de Paul avait fondée), Jean Le Vacher put
développer le service des hôpitaux et daide aux malades.
Mais ce fut bientôt la peste, la famine... et, de nouveau, le
sabotage de ses uvres.
Lattitude de Duquesne et celle dun employé du Bastion
de France, la trahison de Mezzamorto, otage libéré, la
lâcheté dun renégat devaient être fatales
à notre consul.
Il est bon aujourdhui de nous en souvenir, ne serait-ce que pour
mieux comprendre les conséquences de nos dissentiments. Une mort
héroïque
Cétait le 28 juillet 1683.
Alors quAlger vivait dans la confusion et que la flotte française
était alignée devant le port, un renégat anglais'
voyant du linge blanc flotter à la terrasse du consulat, ameuta
la population, affirmant que le consul qui souffrait dune
infirmité faisait des signaux dans le but de diriger le
tir des navires.
Aussitôt, une troupe de janissaires sempara du consul malade,
le transporta sur une chaise jusquau môle et le plaça
à la bouche dun canon. Là, on lui proposa de renier
sa foi. Il refusa net. On hésita alors.
Mais un renégat approcha la torche enflammée de la poudre.
Le forfait était accompli.
Le même jour, dix autres victimes périssaient dans les
mêmes conditions. La pièce meurtrière, nous lavons
dit, fut transportée à Brest.
Cest une couleuvrine. longue de sept mètres qui avait été
fondue en 1542 par un Vénitien. Elle avait une portée
denviron 4.000 mètres. Appelée « Baba Merzoug
» (le père fortuné), on ne la nomma plus que «
La Consulaire » après la mort de Jean Le Vacher.
Ajoutons que dimportants documents ont été rassemblés
en faveur de la cause de la béatification de Jean Le Vacher,
« courageux athlète du Christ », ainsi que la
écrit le regretté Mgr Gounot, archevêque de Carthage