Ainsi qu'annonce en a été faite, c'est le 11 du présent
mois de février qui a marqué le centenaire de la mort
du capitaine d'artillerie, de Lyvois, victime de son dévouement
au cours de la terrible tempête maritime de 1833. Alger n'avait
alors qu'une amorce de jetée au delà de la darse.
La ville, n'étant à cette époque, presque exclusivement
approvisionnée que par mer, nombreux se trouvaient dans ses
eaux les navires de provenances française ou étrangère.
Ceux-ci, sans abri, furent cruellement éprouvés. Beaucoup
sombrèrent. Il n'y en eut pas moins de dix-huit dont certains
de la marine de guerre. Un bâtiment russe, " La Vénus
", se trouva, entre autres, en perdition devant les rochers
Kherratine. Sur ces rochers passe aujourd'hui, la partie du Boulevard
située entre les rues Bosa et de la Flèche.
D'un navire échoué là, de Lyvois lança
à " La Vénus ", une amarre à laquelle
il se suspendit pour accéder à ce bateau. Un mouvement
de la mer ayant détendu le câble, l'officier, pour
toujours, disparut dans les flots. La tempête qui fit encore
rage, le lendemain, causa la mort de quatorze marins. Les pertes
matérielles s'élevèrent à trois millions,
somme énorme pour un port naissant.
Une souscription ouverte dans l'armée et la population permit
d'élever, au petit môle de la Santé, le monument
de marbre dont nous donnons une reproduction, et où l'épigraphie
exprime que le Capitaine mourut, âgé de 33 ans.
Il eut été heureux à notre avis qu'au retour
de la date séculaire du 11 février, un petit drapeau
de France, une gerbe de fleurs algéroises fussent offerts
là, en hommage à cet intéressant souvenir.
Cela ne se fit pas. On ne peut que le regretter en espérant
toutefois, que s'il pense encore à la chose en l'au-delà,
le vaillant officier qui, si généreusement jadis,
sacrifia sa vie pour ses semblables, a non moins généreusement
accordé déjà son pardon, aux actuels oublieux
de sa mémoire.
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