Connaissiez-vous l'ALMA, petit village situé à
38 km à l'est d'ALGER,sur la route de Constantine,entre REGHAIA
et MENERVILLE ?
Dépendaient aussi de l'ALMA, la station balnéaire de l'ALMA-MARINE
et le petit village du CORSO.
L'ALMA, au fond de la vallée de l'oued BOUDOUAOU (nom poétique
signifiant "vers luisant") n'est plus qu'à une dizaine
de mètres d'altitude au pied du plateau de BEN-ADJEL. Le CORSO
est bâti sur un autre plateau et l'ALMA-MARINE est perché
sur une falaise.
Bénéficiant d'un climat privilégié, on y cultivait
la vigne, le tabac, les cultures maraîchères et fruitières,
particulièrement les agru-mes et les céréales
Dans cette région, il fut retrouvé des traces d'occupants
très lointains, Phéniciens, Romains ou vandales. Ensuite,
la domination turque puis le débarquement de 1830.
Suivirent les années difficiles du débutde la colonisation.
En 1837, le traité de la TAFNAentre le Général BUGEAUD
et ABD-EL-KADER mit un terme momentané aux hostilités. A
la suite de cet accord fut décidée la création d'un
centre de colonisation qui prit le nom de BOUDOUAOU.
La fondation officielle du centre de population de l'ALMA date du 25 juillet
1856. Le nom de l'ALMA fut donné en l'honneur de la victoire remportée
par les français et les anglais, le 20 septembre 1854 sur les russes
au bord du fleuve ALMA en Crimée et à laquelle des troupes
algériennes (les Zouaves) avaient puissamment contribué.
Le village fut d'abord annexé à celui de FONDOUK,dont le
1er adjoint, officier d'Etat-civil, fut M.Pierre MARTY
L'installation des fermiers colons, eut lieu le 7 octobre 1856 en présence
du Préfet LAUTOUR-MEZERAY. Le 22 août 1861, l'ALMA fut érigé
en commune de plein exercice, comprenant le hameau du CORSO
Mais en 1871 arrive un moment historique La commune de l'ALMA très
important : la rébellion kabyle avec EL
MOKRANI à sa tête. Destructions, massacres ! Mais grâce
au Général LALLEMAND, au colonel FORCHAULT et au commandant
CADET les insurgés sont arrêtés à l'ALMA.Il
faut souligner lors de ces évènements, l'action courageuse
du Curé du village et de l'adjoint au Maire, Mr Marcel GONDRAN.
C'est à cette époque que les alsaciens - lorrains, quittant
les provinces annexées par Boudouaou l'Allemagne, choisirent de
s'installer aux Etats - Unis, au Canada et en Algérie. Quinze familles
s'établirent à l'ALMA en 1873.
En 1872, l'ALMA devint chef-lieu de canton, en 1874 fut créé
le village de CORSO et en 1916, naquit la station de l'ALMA-MARINE.
Il y avait des petits cabanons construits au bord de la falaise occupés
par les familles de l'ALMA et les habitations permanentes, occupées
par les maraîchers de la région. Cette station balnéaire
souhaitait devenir, elle aussi, commune de plein exercice, mais 1962 est
arrivé !
La commune de l'Alma eut 17 maires de 1862 à 1962.
NOS MAIRES ET LEURS ADMINISTRÉS
En 1860, l'ALMA faisait encore partie de la commune du FONDOUK; Pierre
MARTY était adjoint comme officier d'Etatcivil, Martin GONDRAN
secrétaire, un adjoint de REGHAÏA et PANCHIONI adjoint du
CORSO.
A partir du 22 août 1861, la commune de plein exercice de l'ALMA
eut en annexe les villages de SAINT-PIERRE avec REGFIPJA jusqu'en 1870,
et le CORSO jusqu'en 1956. De cette date jusqu'à 1962, 18 maires
se sont succédés, aidés par leurs conseillers municipaux.
En 1956 - 59, il y avait 22 conseillers dont 9 musulmans et ensuite il
n'y en eut que 13 dont 8 musulmans. Le maire était représenté
par un caïd auprès des 17 tribus ou " fractions "
qui vivaient sur notre territoire communal. Le caïd était
un personnage important qui coordonnait l'action des 8 chefs de fractions
; il était secondé par un chaouch.
- Michel Victor GILLES (1862 - 1867) - Baron Etienne de SCHOENEN (1867
- 1873) - Martin GONDRAN (1874 - 1883) - Daniel WAGNER (Membre laïque
du consistoire provincial d'ALGER, culte protestant)) (1883 - 1892) -
Maurice TREMAUX (1892 - 1896) - Frédéric MONNIN (1896 -
1904) - Alfred FUBERT (1904 - 1908) - Auguste SAUVIN (1908- 1909) - Fernand
ANCEY (1910 - 1912) - Louis GONTHIER (En 1915 - 1916, maire et adjoint
sont mobilisés. Adjoint délégué : Jules KLEBER))
(1912 - 1920) - Edouard PURTSCHET (1920 - 1941 - Henri PIGNODEL (mai -
juillet 1941) - Léon SCHERNE (1941 - 1943) - Pierre GOUBET (1943
- 1947) - Léon SCHERNE (1947 - 1958) - Emile CONSTANT (1958 - 1962)
- Roland SOLBES Délégué jusqu'au 3)7)1962 avec ZEBOUDJ
et GARRIGOS (l'ALMA-MARINE)
Quelques nombres sur la population :
Années |
Français |
Musulmans |
Israélites |
Etrangers |
1861
|
158 |
41 |
5 |
190 |
1884 |
618 habitants |
1930 |
1166 |
6084 |
|
|
1948 |
1190 |
8755 |
|
|
1956 |
1686 |
9005 |
|
46 |
1961 |
960 |
10376 |
CORSO exclus |
Quelques commentaires :
En 1861, si les Français, israélites et étrangers
(Espagnols, Allemands, Suisses, Italiens ...) étaient répertoriés,
le nombre des musulmans ne doit pas correspondre à la réalité.
Ces derniers étaient composés d'Arabes, de Kabyles et des
descendants des Turcs ayant une même religion : l'islam ; ils n'étaient
pas encore totalement recensés par l'administration française.
En 1884, nous n'avons pas de détails.
En 1930, la plupart des étrangers et quelques musulmans ont demandé
la nationalité française.
En 1948, le CORSO comptait 286 habitants. En 1956, l'ALMA avait 9347 habitants
dont 1824 au centre ville, 1057 à l'ALMA-MARINE et dans les fermes,
1390 au CORSO et 6466 dans les fractions.
Après l'historique de notre village, nous
pouvons en commencer la visite :
La RN 5 à la sortie Est d'ALGER, nous conduit au village. Avant
la grande descente, nous laissons à notre droite le camp militaire
BONVALOT, puis nous descendons en laissant à gauche le cimetière
et nous apercevons au loin le massif du BOUZEGZA.
En entrant dans le village, nous passons devant le presbytère où,
dans une grande salle, nous assistions aux séances de cinéma,
tous les dimanches après-midi. C'est notre prêtre, l'Abbé
JEGO, arrivé en 1937, qui créa cette activité qu'il
exploitait lui-même depuis sa cabine de projection.
Un peu plus loin, nous voici devant la place de l'église et, face
à elle, la place de l'imposante mairie datant des années
20.
Sur celle de l'église, le monument aux morts, inaugurés
en 1930, représentant une pleureuse. Cette statue était
l'oeuvre d'un sculpteur originaire de Marseille, Louis DIDERON, pensionnaire
à ALGER de la villa ABD-ELTIF (l'équivalent de la villa
Médicis à Rome). Elle fut brisée dès le 5
juillet 1962.
Après la mairie, la Poste sur la rue principale animée par
divers commerces : cafés, épiceries, magasins, etc ...
Il y avait aussi un grand marché couvert qui s'étendait
sur l'esplanade centrale tous les dimanches matin. Mais c'était
plus un souk qu'un marché ! On y trouvait de tout : des légumes,
des tissus, des vêtements, des chaussures, de la quincaillerie et,
un peu plus loin, le marché aux bestiaux, le coin des magiciens
et des charlatans qui vendaient des potions miracles, des arracheurs de
dents ainsi que des vendeurs d'huile d'olive, de figues sèches
et de céréales. Il y avait
également des barbiers et des poseurs de ventouses qui aspiraient
le sang des pauvres malades !
Bien entendu, ce village avait des écoles, sa gendarmerie, un parc
des sports, un stade de foot, un court de tennis, un terrain de basket,
une piste de moto-cross, des bains- maures et une belle salle des fêtes.
Un dispensaire, tenu par des religieuses et en particulier par la soeur
de Mgr DUVAL, fut inauguré en 1953.
L'église, prévue dès 1855, fut terminée en
1863. Elle a connu deux évènements exceptionnels : la visite
de l'Empereur NAPOLEON accompagné de l'Impératrice Joséphine.
Ils offrirent un magnifique tableau " La présentation au temple
" qui fut hélas ! détruit lors d'un incendie en 1910,
et la visite de Mgr RONCALLI, futur Pape JEAN XXIII, en avril 1950. Il
y eut 9 prêtres jusqu'un 1962.
Les cloches de notre église ont été rapatriées
et sont actuellement installées dans le clocher de la cathédrale
de Carcassonne.
LA VIGNE
L'économie générale de l'Algérie a été
conditionnée de façon heureuse par la culture de la vigne.
Elle assurait aux ouvriers ruraux des salaires réguliers,
elle contribuait au développement des compagnies de transport et
engendrait une activité secondaire : tonnellerie, engrais, etc...
En 1890, pour nos villages de l'ALMA et du CORSO situés dans la
région des vins de plaine, 3000 ha de terrain étaient propres
à la culture de la vigne, mais 300 ha seulement lui étaient
dédiés, donnant une récolte de 20500 hl. Le sol y
était accidenté, d'où il résultait des nuances
marquées dans ses produits. Les vignes plantées en plaine
et en coteaux, produisaient en général des vins fortement
constitués, riches en couleur.
1948 fut une bonne année avec 48383 hl pour une superficie de 1054
ha et 1956 donna 40068 hl pour 1141 ha avec des degrés alcooliques
variant de 11 à 12.
En 1900, les deux coopératives réunissaient les viticulteurs
puis certains d'entre eux possédèrent leur cave particulière
et d'autres vinifièrent en louant une cave ou bien vendirent leur
récolte sur pied. Les vendanges commençaient vers la mi-août
et longtemps le travail de la taille fut la spécialité des
saisonniers venus de la région d'Alicante.
LE CRIN VEGETAL
En Algérie, le palmier nain (le " doum " des arabes),
était une plante dite " industrielle ", spontanée
et non cultivée, comme l'alpha. C'était une sorte de buisson
bas qui formait des broussailles souvent compactes avec des racines longues
et traçantes.
Les feuilles fibreuses de ce petit palmier, après dessiccation
au soleil, furent utilisées en remplacement du crin animal pour
les matelas, les cordes, les ficelles, les nattes, les paniers et les
chapeaux dit " kabyles ". A l'ALMA, ce sont les familles BATAILLER
et PERRETTO qui travaillèrent ce crin végétal jusqu'en
1935 car les friches ayant disparu peu à peu, la production diminua
et cette activité ne fut plus rentable.
LE TABAC
Dans notre région de l'ALMA, le CORSO et St PIERRE - St PAUL, la
culture du tabac était la première ressource vitale pour
certains indigènes. Il était du genre " Paraguay ",
à feuilles larges de coloration brune, d'arôme chocolaté
et de combustibilité satisfaisante. Les tabacs du BOUZEGZA étaient
les plus estimés de cette zone.
En 1920, les planteurs se regroupèrent en une coopérative
dénommée " Tabacoop kabyle ".
C'est en 1923 que furent terminés les docks et en 1955, les bâtiments
ont été considérablement agrandis.
Plus de deux cent cinquante planteurs cultivaient une superficie totale
de 300 ha et en 1954, ce fut l'apogée avec une récolte de
plus de 3000 tonnes.
Après le départ des français en 1962, cette activité
disparu complètement en quelques années seulement et cette
belle Tabacoop de l'ALMA a été transformée en fabrique
de bonbons !
LES BRIQUETERIES
Trois importantes briqueteries (MAS, TORRELLI et S.B.TA.) fabriquaient
des briques pleines ou creuses (3,6 et 9 trous) et pouvaient fournir jusqu'à
30 000 briques par jour, grâce à une bonne argile extraite
de la colline surplombant l'oued Boudouaou.
LE CAMP BONVALOT
En 1943, une commission britannique vint contrôler l'état
de santé de prisonniers italiens, installés dans le marché
du village. Ils décidèrent de construire un hôpital
sur le plateau de BEN-ADJEL pour accueillir des blessés militaires.
Après la guerre, le colonel BONVALOT décida l'implantation
dans ces bâtiments désormais inutilisés, d'un "Centre
d'instruc tion du service du Matériel ". Vers la fin de: années
50, outre la formation militaire, on n prépara des jeunes musulmans
de 17 à 11 ans, dans la spécialité d'aides mécanicien.
diésélistes.
Un village de regroupement de 1600 personnes fut ensuite crée avec
une école fréquentée par 200 élèves,
garçons et filles, scolarisés à mi-temps et des cours
du soir furet organisés pour les adultes. Il y eu aussi une bibliothèque
de 3500 livres, une salle de cinéma, un labo photo, une salle omnisport,
une salle de théâtre, de musique et des ateliers de peinture,
de modélisme, de repoussage de cuivre, lithographie, reliure, céramique,
poterie, etc...
Une véritable petite ville champignon, sur 18 ha, avait ainsi vu
le jour sur la commune l'ALMA.
Voici un bref résumé de l'historique de ne village. Un livre
de 430 pages sur l'ALLA l'ALMA-MARINE et le CORSO lui a été
ré cemment consacré. Outre la présentation
géographique, historique et économique, ce beau recueil
comprend les souvenirs personnels de ses habitants.
Vous pouvez le commander au prix de 50 €, port compris, à
Mr Emile ESPASA - 15, avenue Léonard de Vinci - 33160 ST MEDARD
EN JALLES par chèque à l'ordre de l'Association l'ALMA -
LE CORSO
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