sur site le 13-2--2003
-REPRÉSENTATIONS CONSULAIRES ÉTRANGÈRES EN ALGÊRIE EN 1862
Selon "l'Annuaire diplomatique et consulaire" de l'EMPIRE FRANÇAIS de 1862 et pour les trois départemnts d'ALGÉRIE
extrait revue du gamt, n°60, 1997/4...adhérez !

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-----Selon "l'Annuaire diplomatique et consulaire" de l'EMPIRE FRANÇAIS de 1862 et pour les trois départe d'ALGÉRIE
-----1°) L'ANGLETERRE était représentée par un Consul général (de carrière) à ALGER (M. BELL) et par un vice-consul (de carrière) à ORAN (M. Anthony BOOZO).
-----N.B. : la communauté anglaise en ALGÉRIE n'était alors composée que de quelques dizaines de commerçants insulaires mais la protection consulaire anglaise s'appliquait aussi à l'époque aux dizaines de milliers de maltais qui étaient venus s'installer dans les trois départements français "africains" depuis 1832. Plus tard, après le percement du canal de Suez (1869), ALGER et ses environs deviendront une "station climatique" dans laquelle de très nombreux fonctionnaires militaires britanniques venaient se réadapter quelques semaines au climat européen au cours de leurs voyages de retour desINDES.

-----2°) L'AUTRICHE était représentée par un Consul général (de carrière) à ALGER (M. COUPUT), par un vice- consul (de carrière) à ORAN (M. SGITCOWICH) et par un vice-consul (honoraire) à BONE (M. BOURGOIN).
-----N.B. : à l'époque l'empire austro-hongrois était une puissance maritime méditerranéenne puisqu'il possédait alors en ITALIE les ports de VENISE et de TRIESTE ainsi que divers autres ports alors importants de l'Adriatique orientale.

-----3°) Le Royaume de BELGIQUE y était représenté par un Consul (honoraire) à ALGER (M. BOUNEVIALLE), par un Consul (honoraire) à BONE (poste alors vacant) et par un Consul (honoraire) à ORAN (M. GIULIANI).

-----4°) Le BRÉSIL était représenté par un Consul (honoraire) à ALGER (M. Francisco RAVAN) et un vice-consul (honoraire) à ORAN (M. MASUREL).

-----5°) Le DANEMARK était représenté par un Consul (honoraire) à ALGER (M. BOURSIER) et par un vice-consul (honoraire) à ALGER (M. LAUGIER).

-----6°) L'ESPAGNE était représentée par un Consul général (de carrière) à ALGER (M. de ZUGASTI), par un vice-consul (de carrière) à ALGER (M. BAS-MORO), par un Consul (de carrière) à ORAN (M. ORTUNO) et par un vice-consul (de carrière) à ORAN (M. AMORES y SOUZA).
-----N.B.: l'implantation consulaire (de carrière) espagnole montre l'importance à l'époque de l'immigration ibérique en ALGÉRIE, principalement dans les départements d'ALGER et d'ORAN. Toutefois la crise économique que traversait alors le Royaume d'ESPAGNE ne permettait à la représentation consulaire espagnole en ALGÉRIE que d'apporter une aide sociale (secours, rapatriements...) succincte à ses ressortissants.

-----7°) Les ETATS-UNIS D'AMERIQUE étaient représentés par un Consul (de carrière) à ALGER (poste alors vacant).
-----N.B. : le bassin méditerranéen a toujours tenu une place importante dans la diplomatie et le commerce américain ("le chant" des "Marines" évoque encore "les plages de TRIPOLI" où ils débarquèrent au début du XIXè siècle) et, sous la souveraineté française en ALGÉRIE un Consul de carrière "yankee" a toujours été en poste à ALGER
-----L'absence de titulaire en 1862 s'explique par la "Guerre de Sécession" qui avait à l'époque totalement désorganisé l'administration diplomatique et consulaire américaine.

-----8°) La GRECE était représentée par un Consul (honoraire) à ALGER (M. ZIGOMALAS).

-----9°) La HESSE GRAND'-DUCALE était représentée par un Consul (honoraire) à ALGER (M. HOSKIER).

-----10°) Le Royaume d'ITALIE était représenté par un Consul général (de carrière) à ALGER (M. VICTARI de SAINT-AGABIO) et par un Consul (honoraire) à BONE (M. Paul BENSAMONI).
-----N.B. : si l'immigration italienne était déjà à l'époque importante en ALGÉRIE, surtout dans les villes de la côte constantinoise, l'unité du Royaume savoyard n'était pas encore achevée (la VÉNÉTIE était encore autrichienne et les ETATS PONTIFICAUX indépendants) et l'administration royale unitaire consulaire, faute de moyens, n'avait pas entièrement repris à son compte les implantations consulaires (de carrière ou honoraires) piémontaise, toscane, sarde et du Royaume des DEUX SICILES qui existaient depuis 1832.

-----11°) Le MECKLEMBOURG-SCHWÉRIN était représenté par un vice-consul (honoraire) à ALGER (M. PROBST).

-----12°) Le Royaume des PAYS-BAS était représenté par un Consul (honoraire) à ALGER (M. STUCKLE).

-----13°) Le PORTUGAL était représenté par un vice-consul (honoraire) à ALGER (M. RAVAN).

-----14°) La PRUSSE était représentée par un vice-consul (de carrière) à ALGER (M. HOSKIER), par un agent consulaire à BONE (M. C. BRONDE), par un agent consulaire à BOUGIE (poste alors vacant) et par un agent consulaire à ORAN (M. LIEPMANN).

-----15°) La RUSSIE était représentée par un Consul (de carrière) à ALGER (M. BOISMANN).
-----N.B. : la communauté russe était insignifiante en ALGÉRIE mais les pays méditerranéens étaient, au XIXè siècle, d'un intérêt stratégique primordial dans la diplomatie de la RUSSIE tsariste, d'où la présence à ALGER d'un Consul russe de carrière.

-----16°) Le Royaume de SUÈDE et NORVÈGE était représenté par un Consul général (honoraire) à ALGER (M. ROUGET de SAINT-HERMINE) et par un Consul général (honoraire) à ORAN (M. Achille GIULIANI).

----17°) La CONFÉDÉRATION SUISSE était représentée par un Consul (de carrière) à ALGER (M. BIELER) et par un vice-consul (honoraire) à ORAN (M. MANUEL).
-----N.B. : dès 1855-1856, avec l'accord de l'administration coloniale du Second Empire, des "petits capitalistes" de GENEVE avait créé la "COMPAGNIE GENEVOISE DES COLONIES SUISSES DE SÉTIF" pour la mise en valeur des terres agricoles des hauts-plateaux algériens, ce qui avait amené sur place une immigration vaudoise d'une certaine importance.

-----18°) Et les VILLES LIBRES ET ANSÉATIQUES étaient représentées par un Consul (honoraire) à ALGER (M. HONZ).


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COMMENTAIRES :
-----Au XIX" siècle, les représentations consulaires (étrangères en FRANCE comme celles de FRANCE à l'étranger d'ailleurs) assuraient surtout en premier lieu des fonctions commerciales et maritimes (la "protection" des nationaux était toutefois prévue par les traités bilatéraux ou par le "droit des gens" mais restait souvent secondaire) et c'est pourquoi les Consulats étaient avant tout implantés dans les ports.
-----Bien que la distinction ne fasse alors l'objet d'aucune convention internationale formelle les fonctions consulaires pouvaient être confiées, par l'Etat représenté (ou Etat d'envoi), soit à des Consuls généraux, Consuls ou vice-consuls ou Chanceliers de carrière (c'est à dire à des 'fonctionnaires" dans l'actuel sens français du terme, n'exerçant aucune autre activité, entièrement rétribués par leur Gouvernement, professionnellement formés pour leur mission, et, dans la quasi totalité des cas, nationaux du pays d'envoi), soit par des Consuls généraux, Consuls, vice-consuls ou agents consulaires honoraires (c'est à dire des particuliers non directement rétribués - ou partiellement rétribués par les "droits de chancellerie" perçus - pouvant être de la nationalité du pays d'envoi, du pays d'accueil ou d'un pays tiers, choisis par le pays d'envoi en raison de son propre intérêt diplomatique ou commercial et présentant des garanties d'honorabilité et d'entregent social sur le plan local, disposant d'une expérience certaine dans les échanges - commerciaux ou autres - bilatéraux concernés et ayant une bonne connaissance des langues des pays d'envoi et d'accueil). Les Consuls généraux, Consuls, vice-consuls et agents consulaires honoraires étaient surtout choisis, en raison de leur professionnalisme. parmi les commerçants importants et les agents maritimes locaux.
-----A l'époque, en ALGÉRIE comme en FRANCE métropolitaine, la création ou le maintien d'un poste consulaire étranger dans une ville donnée et l'installation de son titulaire (qu'il soit de carrière ou honoraire étaient soumis à un protocole rigoureux qui est encore en vigueur (demande de création du poste consulaire et présentation du titulaire pressenti par "voie diplomatique", accréditation du titulaire après enquête par "exequatur"). Seules pouvaient avoir des "représentants consulaires" les Nations "reconnues" sur le plan international par la FRANCE.
-----Les attributions des "représentants consulaires" (de carrière ou honoraires) étrangers, reconnues par "l'exequatur" accordé, pouvaient varier suivant la réglementation propre des pays d'envoi mais étaient en principe identiques dans les grandes lignes pour tous les pays étrangers représentés (recueil et transmission au pays d'envoi d'informations sur les activités agricoles, industrielles, commerciales et douanières du pays d'accueil, établissement de statistiques sur les exportations et les importations, assistance de tout ordre aux navires marchands ou de guerre nationaux en escale, "visas" des cargaisons et des rôles d'équipage, établissement des "certificats d'origine" pour les marchandises embarquées ou des "certificats sanitaires"' pour les passagers, "protection" des nationaux résidents ou de passage, rédaction en cas de besoin de "certificat de coutume" sur la législation du pays d'envoi...). Seule l'importance quantitative de ces activités administratives - et des contingences politiques ou stratégiques qui restaient au grand jour "officieuses" - conditionnaient, pour les pays d'envoi, le choix de l'implantation d'un poste consulaire de carrière ou honoraire.
-----Aussi, bien que leurs titres soient identiques, les activités de MM. BELL, de ZUGASTI et VICTARI de SAINTAGABIO, respectivement Consuls généraux d'ANGLETERRE, d' ESPAGNE et d' ITALIE à ALGER, étaient-elles différentes de celles de MM. HOSKIER, PROBST et HONZ qui y représentaient également à la même époque la HESSE GRAND'DUCALE, le MECKLEMBOURG-SCHWÉRIN et les VILLES LIBRES ET ANSÉATIQUES.
-----Il ne me reste qu'à souhaiter que certains adhérents de G.A.M.T. se retrouvent maintenant un aïeul "Consul honoraire" en ALGERIE en 1862 !

Pierre d'OUTRESCAUT