sur site le 20-03-2003
-L'Algérie, Alger, leur Histoire.
La Smala d'Abd-eI-Kader
pnha, n°90, mai 1998

15 Ko
retour
 

------La Smala d'Abd-el-Kader est à Taguin qui n'est pas éloignée de la garnison de Boghar commandée par le duc d'Aumale. Au cours d'une reconnaissance avec sa cavalerie, le duc se trouve devant le camp de la famille de l'Emir, sans attendre l'arrivée de l'Infanterie, il ordonne l'attaque à laquelle participe le colonel Yusuf.
------Si la prise est considérable, l'effet est prodigieux car les Musulmans voient là, la volonté de Dieu, par contre Abd-el-Kader qui poursuit la mission qu'il croit être juste, se réfugie au Maroc à partir duquel il lance des razzias et coups de main contre l'Algérie, la guerre devient ainsi inévitable.

------L'occupation pacifique de l'Algérie se poursuit et, au printemps 1844 Biskra est occupée par le duc d'Aumale, Dellys par le Général Bugeaud, un camp à Ghazaouet est aménagé par le Général Lamoricière qui tient Lalla-Maghnia. Le Sultan du Maroc n'a jamais renoncé à cette région très contrastée. Le commandant des troupes marocaines, stationnées à Oudjda, somme le Général Lamoricière d'évacuer LallaMaghnia. Après d'infructueuses négociations, le conflit armé est ouvert par les Marocains qui espèrent l'appui britannique. Bugeaud remporte la victoire et occupe Oujda.
------Au mois d'août, l'escadre commandée par le prince de Joinville bombarde Tanger, le 6, et Mogador, le 15. L'armée marocaine commandée par le fils du Sultan attaque,mais elle est défaite alentour de l'oued Isly. C'est encoreYusuf qui, à la tête de ses Spahis et de deux escadrons de Chasseurs d'Afrique fait tailler les canonniers, réduire l'artillerie, renverser les cavaliers et fantassins marocains et, enfin franchir le camp impérial.
------Les Chasseurs d'Afrique du colonel Morris livrent un combat héroïque contre 6 000 cavaliers marocains. Ils ne sont dégagés que grâce à l'intervention de l'Infanterie de Bugeaud.
------Corollaire de cette défaite des Marocains : les Beni-Snassens qui étaient leur allié se retournent contre eux et pillent leur camp.
------La tactique de Bugeaud se révèle des plus performantes et la bataille d'Isly est l'exemple d'une adroite combinaison des troupes qui excellent, chacune dans ses possibilités et qualités propres.

Abd-et-Kader hors-la-loi

------Le traité de Tanger est signé le 10 septembre 1844. La clause principale est la mise hors-la-loi d'Abd-el-Kader. Le général Bugeaud, élevé à la dignité de Maréchal de France, est fait duc d'Isly par le roi Louis-Philippe. Le nouveau dignitaire rentre en France en novembre 1844, mais sans que soit résolu le problème posé par Si Hadj Abd-el-Kader.
------Le 18 mars 1845, une convention signée à Lalla-Maghnia précise l'extradition à la France d'Abd-el-Kader s'il se réfugie au Maroc. Mais traité et convention restent aussi imprécis quant au tracé de la frontière orientale du Maroc.
------Des maladresses de l'administration française font éclore des mécontentements dans les populations, insatisfactions mises à profit par un Marabout, Bou Maza qui prêche la révolte dans la vallée de l'oued Chélif. Orléansville et Sidi Bel-Abbès sont menacés. Bien que Bou Maza se soit enfui après avoir été battu par de Saint-Arnaud, Abd-el-Kader, l'insaisissable entretient l'agitation.
------Le duc d'Isly maintenu dans son commandement revient en Algérie, mais alors qu'il rentre à nouveau en France, il passe son commandement au Général Lamoricière qui l'assume, par intérim. Alors que l'Armée se garde au Sud, elle va subir un grave échec à Sidi-Brahim.
------Le colonel Montagnac commande le camp de Djemaa Ghazaouet (Nemours). Il apprend qu'Abd-el-Kader, à la tête de contingents importants franchit la frontière du Maroc. Il se porte, à la tête de sa propre troupe vers le Djebel Kerkour et engage le combat contre des effectifs ennemis supézieucs en nombze aux siens. Blessé au début de l'action, il continue à diriger le combat jusqu'à sa mort. La plupart des hommes sont massacrés ; quatrevingt-deux s'enferment dans le marabout de Sidi-Brahim et résistent durant quatre jours aux assauts. Le capitaine Dutertre, prisonnier d'Abd-el-Kader, est envoyé par celui-ci pour inciter les survivants à se rendre. Il les engage à se battre, héroïquement, jusqu'à la mort. Il est tué le 25 septembre 1845, décapité sa tête est brandie au bout d'une fourche. Le lendemain, 26, épuisés et torturés par la soif, les Chasseurs entonnent le "Chant du départ" et font une sortie valeureuse ; 14 hommes, seulement parviennent à rejoindre le poste de Djemaa-Ghazaouet. Seul le caporal ramène son arme.
-

 

-----C'est alors que le "téléphone arabe" transmet, dans toute l'Algérie, ce grave échec militaire. Il a pour conséquence un effet immense sur les populations au sein desquelles l'insurrection se généralise et l'Armée française traverse une crise, sans précédent. En effet, non loin d'Aïn- Temouchent, le 27 septembre 1845, l'escorte d'un convoi, attaquée par Abd-el-Kader, capitule. Cela provoque une grande émotion en France. Le gouvernement renvoie Bugeaud avec trois Régiments d'Infanterie et deux de Cavalerie. Dix-huit colonnes sont mises simultanément sur pied de guerre ; elles opèrent, les uns sur le pourtour, les autres au centre de chacun des dispositifs. Les insurgés ne résistent pas ; les contingents, commandés par Bou Maza qui s'échappe, sont défaits et Abd-el-Kader qui est aux portes du Sersou, s'enfuit dans le Sud et trouve refuge dans le massif montagneux.

------Chassé de l'Ouarsenis, il s'élance du Djurdjura sur la Mitidja où il est stoppé, forcé de retourner dans le Djurdjura où il n'est pas suivi par les Kabyles. Il doit donc chercher un nouveau lieu de refuge et porte son choix sur le Djebel Amour.
------Mais les Oulad-Naïls et les Harrars ont demandé l'aman aux Français. En mai 1846, il se porte avec ses contingents chez les Oulad-Sidi-Cheikh, les colonnes commandées par le colonel Renaud arrivent à El-Abiod, au début de juin. L'Emir s'enfuit encore et s'installe à Figuig.
------Pendant cette campagne, très dure, de reprise en main des contrées où la révolte s'était installée ,les prisonniers français de Sidi-Brahim et d'Aïn-Temouchent, gardés à la Déira, Smala réduite, sur les bords de la Moulouya ont été presque tous massacrés en l'absence d'Abd-el-Kader. Les survivants ne sont libérés que contre rançon alors que quelques-uns réussissent à s'évader.
------L'homme à la chèvre, Sidi Bou Maza, tente d'agiter le Tittery. L'Emir, coupé des Algériens s'allie à lui. Le colonel Saint-Arnaud poursuit Sidi Bou Maza chez les Oulad-Nails. Après un nouvel échec dans le Dahra, l'homme à la chèvre se rend le 13 avril 1847 au colonel de Saint-Arnaud à qui il demande l'aman et fait sa soumission. Envoyé en France, il est enfermé dans la citadelle de Ham, d'où pour notre histoire, nous rappelons qu'en 1846, Louis Napoléon s'échappe.
------La pacification est en bonne voie en Algérie, Bugeaud estimait la soumission de la Kabylie indispensable à une paix durable. Le gouvernement de la France, toujours fluctuant sur les décisions à prendre quant à l'action à poursuivre en Algérie, fit des objections et ordonna même d'y renoncer. Nonobstant ces positions politiques ambiguës, Bugeaud décide une expédition au début de mai 1847. Une première colonne part d'Aumale, une seconde de Sétif avec mission de débloquer Bougie. C'est une véritable promenade militaire qui s'achève, pacifiquement par la soumission de l'importante tribu des BéniAbbés.

Lieutenant-Colonel(ER)
Gaston Bautista