------La Smala d'Abd-el-Kader
est à Taguin qui n'est pas éloignée de la garnison
de Boghar commandée par le duc d'Aumale. Au cours d'une reconnaissance
avec sa cavalerie, le duc se trouve devant le camp de la famille de l'Emir,
sans attendre l'arrivée de l'Infanterie, il ordonne l'attaque à
laquelle participe le colonel Yusuf.
------Si la
prise est considérable, l'effet est prodigieux car les Musulmans
voient là, la volonté de Dieu, par contre Abd-el-Kader qui
poursuit la mission qu'il croit être juste, se réfugie au
Maroc à partir duquel il lance des razzias et coups de main contre
l'Algérie, la guerre devient ainsi inévitable.
------L'occupation
pacifique de l'Algérie se poursuit et, au printemps 1844 Biskra
est occupée par le duc d'Aumale, Dellys par le Général
Bugeaud, un camp à Ghazaouet est aménagé par le Général
Lamoricière qui tient Lalla-Maghnia. Le Sultan du Maroc n'a jamais
renoncé à cette région très contrastée.
Le commandant des troupes marocaines, stationnées à Oudjda,
somme le Général Lamoricière d'évacuer LallaMaghnia.
Après d'infructueuses négociations, le conflit armé
est ouvert par les Marocains qui espèrent l'appui britannique.
Bugeaud remporte la victoire et occupe Oujda.
------Au mois
d'août, l'escadre commandée par le prince de Joinville bombarde
Tanger, le 6, et Mogador, le 15. L'armée marocaine commandée
par le fils du Sultan attaque,mais elle est défaite alentour de
l'oued Isly. C'est encoreYusuf qui, à la tête de ses Spahis
et de deux escadrons de Chasseurs d'Afrique fait tailler les canonniers,
réduire l'artillerie, renverser les cavaliers et fantassins marocains
et, enfin franchir le camp impérial.
------Les
Chasseurs d'Afrique du colonel Morris livrent un combat héroïque
contre 6 000 cavaliers marocains. Ils ne sont dégagés que
grâce à l'intervention de l'Infanterie de Bugeaud.
------Corollaire
de cette défaite des Marocains : les Beni-Snassens qui étaient
leur allié se retournent contre eux et pillent leur camp.
------La tactique
de Bugeaud se révèle des plus performantes et la bataille
d'Isly est l'exemple d'une adroite combinaison des troupes qui excellent,
chacune dans ses possibilités et qualités propres.
Abd-et-Kader hors-la-loi
------Le traité
de Tanger est signé le 10 septembre 1844. La clause principale
est la mise hors-la-loi d'Abd-el-Kader. Le général Bugeaud,
élevé à la dignité de Maréchal de France,
est fait duc d'Isly par le roi Louis-Philippe. Le nouveau dignitaire rentre
en France en novembre 1844, mais sans que soit résolu le problème
posé par Si Hadj Abd-el-Kader.
------Le 18
mars 1845, une convention signée à Lalla-Maghnia précise
l'extradition à la France d'Abd-el-Kader s'il se réfugie
au Maroc. Mais traité et convention restent aussi imprécis
quant au tracé de la frontière orientale du Maroc.
------Des
maladresses de l'administration française font éclore des
mécontentements dans les populations, insatisfactions mises à
profit par un Marabout, Bou Maza qui prêche la révolte dans
la vallée de l'oued Chélif. Orléansville et Sidi
Bel-Abbès sont menacés. Bien que Bou Maza se soit enfui
après avoir été battu par de Saint-Arnaud, Abd-el-Kader,
l'insaisissable entretient l'agitation.
------Le duc
d'Isly maintenu dans son commandement revient en Algérie, mais
alors qu'il rentre à nouveau en France, il passe son commandement
au Général Lamoricière qui l'assume, par intérim.
Alors que l'Armée se garde au Sud, elle va subir un grave échec
à Sidi-Brahim.
------Le colonel
Montagnac commande le camp de Djemaa Ghazaouet (Nemours). Il apprend qu'Abd-el-Kader,
à la tête de contingents importants franchit la frontière
du Maroc. Il se porte, à la tête de sa propre troupe vers
le Djebel Kerkour et engage le combat contre des effectifs ennemis supézieucs
en nombze aux siens. Blessé au début de l'action, il continue
à diriger le combat jusqu'à sa mort. La plupart des hommes
sont massacrés ; quatrevingt-deux s'enferment dans le marabout
de Sidi-Brahim et résistent durant quatre jours aux assauts. Le
capitaine Dutertre, prisonnier d'Abd-el-Kader, est envoyé par celui-ci
pour inciter les survivants à se rendre. Il les engage à
se battre, héroïquement, jusqu'à la mort. Il est tué
le 25 septembre 1845, décapité sa tête est brandie
au bout d'une fourche. Le lendemain, 26, épuisés et torturés
par la soif, les Chasseurs entonnent le "Chant du départ"
et font une sortie valeureuse ; 14 hommes, seulement parviennent à
rejoindre le poste de Djemaa-Ghazaouet. Seul le caporal ramène
son arme.
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-----C'est alors
que le "téléphone arabe" transmet, dans toute
l'Algérie, ce grave échec militaire. Il a pour conséquence
un effet immense sur les populations au sein desquelles l'insurrection
se généralise et l'Armée française traverse
une crise, sans précédent. En effet, non loin d'Aïn-
Temouchent, le 27 septembre 1845, l'escorte d'un convoi, attaquée
par Abd-el-Kader, capitule. Cela provoque une grande émotion en
France. Le gouvernement renvoie Bugeaud avec trois Régiments d'Infanterie
et deux de Cavalerie. Dix-huit colonnes sont mises simultanément
sur pied de guerre ; elles opèrent, les uns sur le pourtour, les
autres au centre de chacun des dispositifs. Les insurgés ne résistent
pas ; les contingents, commandés par Bou Maza qui s'échappe,
sont défaits et Abd-el-Kader qui est aux portes du Sersou, s'enfuit
dans le Sud et trouve refuge dans le massif montagneux.
------Chassé
de l'Ouarsenis, il s'élance du Djurdjura sur la Mitidja où
il est stoppé, forcé de retourner dans le Djurdjura où
il n'est pas suivi par les Kabyles. Il doit donc chercher un nouveau lieu
de refuge et porte son choix sur le Djebel Amour.
------Mais
les Oulad-Naïls et les Harrars ont demandé l'aman aux Français.
En mai 1846, il se porte avec ses contingents chez les Oulad-Sidi-Cheikh,
les colonnes commandées par le colonel Renaud arrivent à
El-Abiod, au début de juin. L'Emir s'enfuit
encore et s'installe à Figuig.
------Pendant
cette campagne, très dure, de reprise en main des contrées
où la révolte s'était installée ,les prisonniers
français de Sidi-Brahim et d'Aïn-Temouchent, gardés
à la Déira, Smala réduite, sur les bords de la Moulouya
ont été presque tous massacrés en l'absence d'Abd-el-Kader.
Les survivants ne sont libérés que contre rançon
alors que quelques-uns réussissent à s'évader.
------L'homme
à la chèvre, Sidi Bou Maza, tente d'agiter le Tittery. L'Emir,
coupé des Algériens s'allie à lui. Le colonel Saint-Arnaud
poursuit Sidi Bou Maza chez les Oulad-Nails. Après un nouvel échec
dans le Dahra, l'homme à la chèvre se rend le 13 avril 1847
au colonel de Saint-Arnaud à qui il demande l'aman et fait sa soumission.
Envoyé en France, il est enfermé dans la citadelle de Ham,
d'où pour notre histoire, nous rappelons qu'en 1846, Louis Napoléon
s'échappe.
------La pacification
est en bonne voie en Algérie, Bugeaud estimait la soumission de
la Kabylie indispensable à une paix durable. Le gouvernement de
la France, toujours fluctuant sur les décisions à prendre
quant à l'action à poursuivre en Algérie, fit des
objections et ordonna même d'y renoncer. Nonobstant ces positions
politiques ambiguës, Bugeaud décide une expédition
au début de mai 1847. Une première colonne part d'Aumale,
une seconde de Sétif avec mission de débloquer Bougie. C'est
une véritable promenade militaire qui s'achève, pacifiquement
par la soumission de l'importante tribu des BéniAbbés.
Lieutenant-Colonel(ER)
Gaston Bautista
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