sur site le 24-03-2003
-L'Algérie, Alger, leur Histoire.
Peuplement de l'Algérie : 1 831 1936
pnha, n°95, novembre 1998

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---------Après l'ordonnance du 22 juillet 1834 créant un Gouvernement Général des Possessions Françaises dans le Nord de l'Afrique, un élan se dessine dans le milieu privé disposant de capitaux importants.
---------Des établissements se forment dans la plaine et achètent des terres aux indigènes. Des métayers viennent de France à l'appel des nouveaux propriétaires des terres acquises.
---------En 1836 l'on dénombre 5 500 Français et 9 000 étrangers européens, la colonisation est officielle. Alors qu'Alger commence à changer de physionomie, Boufarik se crée. Les environs d'Alger, alors arides, voient l'installation d'exploitations sur le type européen. Même les terrains les plus accidentés se couvrent de vignobles. Les céréales se développent par une culture plus sophistiquée grâce à des instruments aratoires des plus perfectionnés. I. on fait des essais dans des fermes modèles, telles celle du baron de Vialar.
---------Le repli des colons sur Alger lors de l'insurrection de 1839, suite à la déclaration de guerre dAbd-et-Kader réduit à néant cette première colonisation.
---------Bugeaud se voulait plus colonisateur ardent que combattant vainqueur, pour fonder quelque chose d'utilement durable pour la France.
---------C'est lui qui instaure le titre provisoire attribué aux colons. Ce titre fixe les conditions a remplir et impartit le délai de mise en valeur de la concession. Attaché à celleci, ce titre devient définitif lors de la réalisation du contrat.
---------Il fallait justifier être en possession de 1200 à 1500 francs pour avoir, à partir de la France métroplitaine, droit au passage gratuit pour l'Algérie. Ce pécule donnait droit à l'attribution, à titre provisoire, dans les conditions ci-dessus,
d'un lot de 4 à 12 hectares de terre, pour de la culture.
---------Bien sûr, chacun reçoit, suivant ses besoins, des matériaux à bâtir, des instruments agricoles et des semences. C'est la colonisation civile autour des centres qui se créent dans la plaine.
---------Puis Bugeaud crée des villages, dans des endroits désignés, avec la main d'oeuvre militaire et avec des ouvriers qualifiés civils transportés gratuitement maçons, charpentiers, charrons, forgerons.
---------Chaque émigrant reçoit un lot urbain dans le village et, concomitamment, un lot rural. Bugeaud favorise aussi la colonisation religieuse ; il concède, notamment aux Trappistes l'ancien camp de Staouéli.
---------Il encourage aussi l'entreprise telle d'Union Agricole" qui installe dans la plaine du Sig en Oranie, près de 300 familles, forme de collectivisme qui ne perdure pas en Algérie.
---------D'anciens soldats se fixent après avoir quitté l'Armée, mais des soldats en activité reçoivent mission non seulement de défendre le sol mais aussi de le cultiver. Ces soldats sont des défenseurs, des bâtisseurs, des défricheurs, des cultivateurs, des planteurs ; ce sont des colons dans la plénitude du terme, ils fertilisent par leur travail, leur sueur, leur sang cette terre inculte. Ils prennent femmes que Bugeaud va chercher, et fondent des foyers.
---------Ils exécutent aussi, en dehors de la période de travaux des champs, des travaux d'utilité publique : voies de communication, postes de défense prés des villages, en limite du Tell, protégeant ainsi la population des invasions et des razzias des nomades. C'est sous l'impulsion, de Bugeaud que la colonisation indigène se développe grâce aux bureaux arabes qui prodiguent tous les conseils nécessaires pour le développement des cultures et la création de villages où se sédentarisent de nombreux nomades ; ce programme s'adapte au fur et à mesure du développement de la pacification.
---------Bugeaud réclame des crédits indispensables pour poursuivre son heureuse expérience. Devant le refus de lui accorder ces crédits par les parlementaires, Bugeaud démissionne, mais laisse à son départ, en 1847, 116 villages créés ou agrandis représentant 105.000 hectares de culture. Le nombre des colons s'est multiplié par dix (10) en six (6) années, pour atteindre 15.000.
---------Sur les 161.000 habitants origine européenne peuplant l'Algérie, le nombre de Français ne s'élève qu'à 52.000.

Les années noires

---------Les troubles sociaux de 1848 et la fermeture des ateliers nationaux inquiètent le gouvernement de la II`m` République. Celuici, après les émeutes parisiennes, cherche à donner du travail au peuple qui en manque et ainsi ramener le calme. Dans ces perspectives, il invite les citoyens français à se faire inscrire dans leur mairie sur des listes ouvertes pour l'installation de douze mille (12.000) colons émigrants, en Algérie. Près de cent mille (100.000) se portent volontaires.

 

---------Après une sélection, 13.500 s'embarquent et chacun d'eux se voit attribuer un lot de terrain de 2 à 10 hectares, une maison, des outils aratoires, des semences, des bestiaux (chevaux et boeufs). Ils reçoivent, jusqu'à ce que le sol qu'ils ont la charge de féconder leur permette de subvenir à leurs besoins, des rations journalières de vivres. Toutes les terres attribuées sont en friche ; le choléra à l'état endémique ravage les adultes et les enfants. La mortalité infantile est grande.Que de souffrances pour parvenir sur les lieux de l'installation de ces colons qui quittent Bercy le 8 Octobre 1848 après la remise par le Général de Lamoricière d'un drapeau français ; pour les exhorter à le respecter il leur dit "Jurez tous de mettre en pratique les mots tracés sur cet étendard, et rappelez-vous au jour de danger que, bien que séparés de la mère Patrie, vous êtes ses enfants chéris". Ils remplissent leur mission et tiennent leur serment, tout comme leurs enfants et leurs descendants. La fraternité préside toujours à l'éxécution de leur tâche quotidienne.
---------Ces premiers colons, animés du désir de bien faire, travaillent en symbiose avec les militaires.
---------Les villages, construits en damiers, les rues plantées d'arbres, les bâtiments collectifs achevés pour loger les ouvriers et abriter les matériels, les colons ensemencent leurs terres, plantent des arbres (peupliers, figuiers, noyers, amandiers), de la vigne et jardinent. A l'abri du mur d'enceinte et du fossé, la vie de famille s'installe, les enfants vont à l'école.
---------La chaleur et les vents de sable ont une influence tant sur la santé des personnes que sur les cultures. L'eau manque dans certains villages. Si elle se trouve à 5 mètres à Novi ou Marengo, elle est à 16 mètres de profondeur à Pontéba, dans un sol croulant.
---------En 1850, les colons perdent le moral, la sécheresse sévit gravement et le blé sèche sur pied, la malaria s'étend. Les colons les plus solides résistent, les autres partent s'ils ne meurent pas. Ils sont remplacés par de nouveaux volontaires.
---------1852 est une année qui voit poindre une amélioration bien que la situation des colonies soit précaire.
---------Le génie militaire poursuit ses constructions ou améliore celles existantes. Des églises sont érigées, des moulins à grains sont construits ainsi que des puits à noria. Les récoltes semblent satisfaisantes mais voilà l'invasion de sauterelles qui détruit de nombreuses cultures.
---------Les indigènes trouvent les récoltes à leur goût, ils coupent les blés dès leur maturité ou font une razzia sur les gerbes éparses sur le terrain. Malgré cela, les relations avec les autochtones sont pacifiques. Ils commercent avec les colons qui remboursent leurs dettes à l'Etat.

La colonisation progresse

---------Dans la douleur, la sueur, le sang, les terres de concession sont mises en valeur.
---------A partir de 1866, après constat par
l'Administration de la bonne réalisation du contrat par le concessionnaire, les colons qui se sont employés à créer des fermes prospères reçoivent, à titre définitif, leurs titres nominatifs. C'est ainsi que la colonisation progresse dans la Mitidja, le Chélif et la haute plaine d'Aumale. Les plateaux de Sétif, de Constantine et de Guelma se peuplent peu à peu.
---------Le marché métropolitain s'ouvre aux produits (le l'Algérie et les conséquences sont bénéfiques: 1.500.000 hectares de surfaces cultivés en céréales, en 1851 alors que de nouvelles cultures riches naissent et s'étendent, notamment celles du coton, du lin, du tabac.
---------Entre les années 1850 et 1860, les émigrants reçoivent les dernières concessions gratuites, environ 50.000 hectares. Le 25 Juillet 1860 un décret met fin à la gratuité des concessions. Un système de vente, lui fait suite, soit à prix fixe, soit aux enchères ou de gré à gré, sans obligation de résidence ou de mise en valeur. ---------De plus, de grandes sociétés financières reçoivent une partie des réserves domaniales contre soit la réalisation de grands travaux au bénéfice de l'Algérie soit en finançant des travaux publics. C'est ainsi que la Société de l'Habra et de la Macta doit construire le barrage de Perrégaux contre 24.000 hectares de ces réserves domaniales.
---------La Société Générale Algérienne reçoit [0.000 hectares contre une avance de 100 millions à l'Etat pour les travaux publics. Ainsi les terres domaniales manquent à la colonisation.

Lt Colonel (ER) Bautista