-----Fin
juin 1688, une escadre sous le commandement du maréchal d'Estrée
dut faire feu une nouvelle fois sur Alger où les actes de cruauté
décuplèrent. La sécurité du commerce de
la France fut, plus que jamais menacée. Cela dura jusqu'en
1690. Le 26 juillet de cette année alors que Mezzomorte avait
fuit la régence, un autre traité est signé avec
le nouveau chef de l'oudjak, le dey Chaaban, qui avait assuré
le gouvernement de la France de ses bonnes dispositions pour la paix. |
-----Les Etats d'Europe continuaient à
se déchirer et la France souhaitait que l'oudjak déclara
la guerre à l'Angleterre qui ne lésina pas sur les bakchichs
en pièces d'or. Seule une vague rupture avec la Hollande se dessina
: l'oudjak s'engagea à faire capturer les navires anglais par ses
fameux corsaires. Là se bornèrent les actions de la régence
qui avait d'autres vues sur la Berbèrie. Elle souhaitait étendre
sa domination à l'Ouest de ses frontières où le roi
du Maroc venait ravager sporadiquement son territoire.
-----La guerre
déclarée au Maroc, Chaaban parvient après de durs
combats à Fez où une paix fut signée, mais à
de telles conditions que le roi Ismaël ne put les tenir. Cela encouragea
le dey à étendre la domination turque et il se tourna vers
Tunis dont ses troupes s'emparèrent après plusieurs assauts.
Mais la milice d'Alger ne vit pas d'un bon oeil cette action contre Tunis
et après bien des déboires, Chaaban est jeté en prison
et étranglé.
-----Les deys
se succédèrent et la paix avec la France fut ratifiée
à nouveau, mais aussi avec l'Angleterre. Mais les corsaires continuèrent
leur course s'en prenant aux navires des autres Etats chrétiens,
alors que le bey, Mourad de Tunis qui s'était allié au roi
du Maroc attaque par surprise les troupes de l'oudjak et fait le siège
de Constantine. Alger menacée, la milice repousse les Tunisiens
qui battent en retraite dans le plus grand désordre, laissant plus
de deux mille prisonniers qui seront égorgés. Après
cette victoire, Hadji-Moustapha a été élu dey à
la place de Hassan-Chiaoux parti à Tripoli après s'être
démis de son pouvoir. Dans l'euphorie de la victoire contre les
Tunisiens, Moustapha s'élance à nouveau contre les troupes
du roi du Maroc qui ne payait pas le tribut imposé par la paix
et les bat à plate couture, le cheval d'Ismaël pris par les
Turcs fut offert à Louis XIV
-----C'est
une époque faste qui va être ternie par la peste qui sévit
à Alger et qui sera suivie par de nouveaux traités de paix
avec le dey de Tunis ;paix qui fut d'ailleurs rapidement brisée,
pour renflouer les caisses vides de l'oudjak. Mais le siège de
Tunis se retourna contre les agresseurs qui subirent de lourdes pertes
à chacune des sorties des Tunisiens. Ceux-ci réclamèrent
au dey une forte indemnité pour signer la paix. Cela ne convenant
pas au chef de l'oudjak, il fit lever le siège de Tunis et fit
replier ses troupes sur Alger. En chemin, elles sont attaquées
par les Arabes. C'est une troupe réduite dans ses effectifs et
affamée qui rejoint Alger. La sentence est claire : Moustapha est
étranglé et le bey de Tunis libéré, mais arrivé
dans sa capitale, il est tué !...
-----La milice
pas payée, le trésor étant vide, gronde ; pour les
occuper le nouveau dey du nom de Pectache-Cogea, les envoie dans l'Ouest
avec mission de reconquérir Oran aux Espagnols en proie à
des divisions internes et sanglantes. Alliés aux Beni-Ameurs, les
Espagnols repoussent les janissaires, mais les Algériens commandés
par Baba-Hassan le gendre du dey d'Alger, reviennent en puissance. Les
Espagnols sans aucun secours et acculés à la famine, capitulent.
------La décadence de l'empire ottoman
se fait ressentir. Les intrigues se succèdent à Alger, les
deys étant assassinés, les uns après les autres,
jusqu'à l'arrivée de Ali Chiaoux qui se maintient au pouvoir
par la férocité, flattant le sultan qu'il n'aimait pas,
pour bénéficier des liens qui unissaient Alger à
Constantinople.
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Un nouveau titre, celui
de "dey-pacha"
marque la fin de la révolution
-----Alger, sous
l'impulsion de Ali-Chiaoux, se révolte contre le sultan mais de
façon si obséquieuse que celui-ci ne peut sanctionner cette
révolution qu'en donnant satisfaction à son instigateur.
-----Ahmed
III concentre alors, sur une seule tête, la double dignité
de dey et de pacha, réunissant, à nouveau le pouvoir dans
une seule main, celle du dey qui dorénavant régnera sans
partage aucun. C'est la fin de la révolution commencée,
quarante et un ans plus tôt, en 1659 et Ali fut vénéré
des janissaires, longtemps encore après sa mort.
-----Mais
ceux-ci n'en demeurèrent pas moins indisciplinés et tout
aussi redoutables.
-----La navigation
en Méditerranée et le commerce avec la Berbérie sont
toujours, et de plus en plus, dans l'insécurité la plus
complète ; les corsaires ont repris leur course avec encore plus
d'audace, attaquant tous les bateaux de commerce, quel que soit le pavillon
sous lequel ils naviguent.
-----Les Etats européens
calment, quelque peu leur velléité de guerre et la paix
d'Utrecht raffermit la position de Phillippe V sur le trône d'Espagne.
Il veut donner satisfaction au pape qui se plaint des actes de terrorisme
commis par les corsaires dépendant soit de la régence, soit
de privés et décide de reconquérir Oran.
-----Le 15
Juin 1732, une flotte, partie d'Alicante transporte un corps expéditionnaire,
commandé par le comte de Montemar, qui débarquera au Cap
Falcon, à l'Ouest de Mers-El-Kébir. En peu de combats, les
troupes espagnoles se rendent maîtresses de la ville d'Oran, et,
de ses fortifications qu'elles renforcent. Mers-El-Kébir tombe
aussi entre leurs mains et elles envisagent de poursuivre leur progression
dans l'arrière- pays. Mais les Turcs formèrent une ligne
difficile à franchir car les autochtones qui étaient fidèles
aux Espagnols avaient été refoulés dans le djebel.
-----Cette
nouvelle position de l'Espagne, en Méditerranée n'empêche
nullement les Algériens de poursuivre leurs brigandages. L'avènement
de Louis XV, ne changea en rien les relations avec la régence avec
qui des traités sont sans cesse renouvelés pour être
tout aussitôt rompus par les Algériens ; la situation devient
chaque jour de plus en plus insupportable, l'oudjak exigeant des puissances
le versement d'un tribut pour autoriser leurs vaisseaux à naviguer.
L'intolérable était atteint, seuls, les Etats du Saint-Siège,
se plaçant sous le protection du roi de France, furent exonérés
du tribut, et de tout présent consulaire. En effet, tout Etat qui
était autorisé à avoir des consuls à Alger,
devait verser à titre de redevances envers la régence, soit
un tribut annuel, soit des présents de valeur. Telles étaient
les exigences turques d'Alger. Certes, certains Etats étaient dispensés
de ces redevances, officiellement, mais pas officieusement, soit par médiation
de la Porte ottomane, soit par la force employée par riposte, contre
Alger, telle que l'a faite l'Angleterre qui continua à payer après
le bombardement d'Alger en 1816.
-----Malgré
cela les navires de commerce de tous ces Etats européens continuaient
à être exposés aux corsaires algériens. Les
expéditions se succédèrent contre Alger.; D'abord
les Espagnols qui, débarquent le 8 Juillet 1775 et essuient une
défaite. Plus tard, à la suite d'un fort tremblement de
terre qui dévasta Oran, dans la nuit du 8 au 9 Octobre 1790, les
Espagnols signent un traité, plaçant Oran et Mers-El-Kébir
sous l'autorité du dey d'Alger. La population civile quitte la
ville et se trouve remplacée par de nombreuses familles maures
et juives de Mascara, de Mostaganem, de Mazagran et de Tlemcen,
-----Les Turcs
sont à nouveau maîtres de l'Algérie et les corsaires
s'en donnent à coeur joie, sur mer.
-----En France
la révolution de 1789 ne modifie en rien les relations avec la
Régence. Les traités sont renouvelés.
Mais Bonaparte prend le pouvoir en France. Au nom de l'islamisme, les
corsaires d'Alger firent une guerre sans répit à notre marine
et à notre flotte de commerce, par représailles à
l'expédition d'Egypte. Les concessions sont reprises, le Bastion
de la Calle incendié, le consul français emprisonné.
La paix une nouvelle fois est signée mais elle sera fétu
de paille, ce qui va conduire à l'intervention de la France.
Gaston BAUTISTA
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