-----0n a beaucoup insisté sur les
ressemblances des deux hommes politiques que furent De Gaulle et Mitterrand.
Malgré leur opposition farouche, ils avaient en commun " le
courage" de dire tout et son contraire et de faire tout et le contraire
de tout.
-----Nous connaissons bien, pour avoir eu
à en pâtir, De Gaulle et son "Je vous ai compris",
"Vive l'Algérie Française" tout en abandonnant
nos 15 départements d'Algérie.
-----Nous connaissons moins l'itinéraire
singulier de celui qui par tous les moyens, ne recherchera qu'une seule
chose à travers tous les régimes : le pouvoir.
-----Nous ne traiterons ici que de L'Algérie,
d'excellents livres ayant été rédigés sur
les autres domaines tels celui de Pierre Péan sur la période
de Vichy ou celui de Jean Montaldo sur les scandales politico-économiques.
LE MINISTRE DE L'INTÉRIEUR
-----Le 1er novembre 1954, le Président
du Conseil s'appelait Pierre Mendès-France et son Ministre de l'Intérieur
François Mitterrand. C'est à celui-ci que revenait la "pacification".
Il l'assura d'un coeur léger. Le 12 novembre 1954, à la
tribune de l'Assemblée Nationale, il s'écriait : "L'Algérie,
c'est la France. Les départements de l'Algérie sont des
départements de la République française. En trois
jours tout a été mis en place. On a dit : "Est-ce pour
maintenir l'ordre ?". Non, pas seulement. C'est pour affirmer la
force française et marquer notre volonté... L'Algérie
c'est la France ! Et qui d'entre vous, Mesdames et Messieurs, hésiterait
à employer TOUS LES MOYENS pour préserver la France ? Tout
sera réuni pour que la force de la nation l'emporte en toute circonstance.
C'est vers les leaders, vers les responsables qu'il faudra orienter notre
RIGOUREUSE RÉPRESSION".
-----Il dira aussi : "
Je n'admets pas de négociations avec les ennemis de la Patrie,
la seule négociation, c'est la guerre".
LE MINISTRE DE LA JUSTICE
-----Il ne s'agissait pas là de vaines
paroles. Deux ans plus tard, Mitterrand était Garde des Sceaux
et Ministre d'Etat du cabinet Guy Mollet. Il fut solidaire de l'envoi
du contingent en Algérie (23 mai 1956). Normal : l'Algérie
n'était-elle pas la France ? Les départements d'Algérie
n'étaient-ils pas des départements français ?
-----Alors qu'il était Ministre de
la justice, un militant communiste, poseur de bombes, nommé Fernand
Yveton, fut arrêté à Alger. Condamné à
mort, personne dans le gouvernement n'intervint pour demander sa grâce
au président Coty. Yveton fut exécuté. Cette exécution
était parfaitement logique, justifiée si l'Algérie
était la France.
-----C'est dans ces années-là
que se déroulèrent l'affaire du bazooka puis celle de l'Observatoire.
-----C'est devant un hémicycle bondé
au Sénat que le débat sur la levée de l'immunité
parlementaire du sénateur Mitterrand a lieu le 19 novembre 1959
à la demande des autorités judiciaires dans cette dernière
affaire.
-----Fabien Quesnay dans "Enquête
sur l'histoire" n°13 consacré à Mitterrand rappelle
l'intention de ce dernier à l'époque de mettre gravement
en cause le gouvernement.
-----Il faut nous souvenir que cet attentat
dirigé le 16 janvier 1957, à Alger contre le général
Salan, commandant en chef en Algérie coûta la vie à
son chef de cabinet, le commandant Rodier.
-----François Mitterrand, à
la tribune du Sénat, expliqua qu' "un jour de février
1957, un homme attend quelques instants dans le bureau voisin de mon cabinet,
à la chancellerie, place Vendôme. Je le reçois. Tout
de suite, il proteste de son innocence dans cette affaire... Sans doute
existet-il dans le dossier des pièces accusatrices et des aveux
troublants, mais il s'en expliquera plus tard... Cet homme, c'est le Premier
Ministre, c'est M. Michel Debré !" .
-----Au lieu de la lumière promise,
cette affaire sombrera dans les secrets d'Etat bien gardés.
-----Tout comme le 16 octobre 1959, dans
le faux attentat dans les jardins de l'Observatoire monté de connivence
avec Robert Pesquet qui bénéficiera plus tard d'un non-lieu.
Il faut lire avec intérêt son livre dé révélations
paru en 1995, où Mitterrand a orchestré cet attentat bidon
dans le but de revigorer sa popularité chancelante. Fin novembre
1959, la levée de l'immunité est votée. Le juge inculpera
Mitterrand d'outrage à magistrat dans l'affaire.
-----II semble donc que François Mitterrand,
Garde des Sceaux, a enterré l'affaire Debré du bazooka comme
Debré, Garde des Sceaux, enterrera l'affaire Mitterrand de l'observateur.
-----Mitterrand a été profondemment
attaché à l'Algérie Française. En février
1958, il jure dans le courrier de la Nièvre, que "l'abandon
de l'Algérie serait un crime" et sur cette question,
il a paradoxalement fait preuve d'une excessive constance.
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CHEF DE L'OPPOSITION
-----Anti-gaulliste irréductible face
au "général-micro"
(et ce, depuis la guerre 39-45, car sous Vichy, il refusera à De
Gaulle le monopole de la Résistance, la pratiquant sur le terrain
selon les instructions que le Maréchal Pétain avait données
au 2ème Bureau, comme le général Weygand réorganisant
l'Armée d'Afrique ) il s'opposera à la nouvelle constitution
de 1958 de toutes ses forces, la Vème République étant
"cette dictature visible à l'oeil
nu, sous son masque bonasse".
-----L'affaire du bazooka et la levée
de son immunité dans l'affaire de l'Observatoire laisseront à
Mitterrand une haine sans mélange contre le pouvoir gaulliste.
-----En témoignera son attitude lors
des procès intentés aux défenseurs de l'Algérie
Française.
-----Le 18 mai 1962, il dépose au
procès du général Salan. Résumant son témoignage,
il dira "Aujourd'hui, Salan est un rebelle. Et c'est un rebelle vaincu.
Deux fautes que ne pardonnera pas aisément son vainqueur, qui ne
respecte jamais autant l'État que lorsqu'il l'incarne lui-même.
-----Pis, c'est un rebelle à contretemps.
Voila bien le crime inexpiable !
-----Car on est prié de ne pas confondre
l'insurrection militaire du 13 mai 1958 préparée par une
conjuration qui, quatre ans avant l'O.A.S., n'hésita pas à
pratiquer l'assassinat quand l'assassinat servait ses desseins, avec l'insurrection
de 1961 qui déboucha sur une action terroriste multipliée
et systématisée".
LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
-----Outre le fait que dès sa nomination,
il dira "que les étrangers sont chez
eux chez nous" (mais là, il ne fait que poursuivre
une politique d'accueil organisée par tous les pouvoirs qui l'ont
précédé et notamment les gaullistes et M. Pleven)
il restera ambigu.
-----Malgré ses dires de 1954, comment
l'Algérie pourrait-elle avoir été la France quand
M. Cheysson, représentant Mitterrand, assista aux fantasias et
autres festivités qui vont marquer le 30ème anniversaire
des premiers massacres de Français, sacrifiés par les terroristes
arabes pour créer l'irréparable entre les deux communautés
?
-----La présence de M. Cheysson, ce
n'était donc pas seulement une " nouvelle gaffe" comme
disait M. Gaudin, ni "une bévue de plus" comme l'affirma
M. Poniatowski, c'est un reniement supplémentaire. -----C'est
un nouvel affront, un crachat de plus jeté sur les tombes de ceux
qui sont morts pour la France ou à cause d'elle.
-----Même des députés
socialistes éprouveront ce sentiment comme le député-maire
de Montpellier M. Freche : "Cette visite
inopportune constitue plus qu'une erreur, une faute non seulement en considération
des Rapatriés mais aussi de l'armée" ou
Laurent Cathala, député-maire de Créteil : "cette
initiative va à l'encontre de la volonté de rassemblement
de la communauté nationale exprimée par le gouvernement".
-----Pourtant le 24 novembre 1982, contre
sa majorité, Mitterrand faisait voter une loi dite de "Réconciliation"
concernant les Français ayant défendu l'intégrité
du territoire national rendant à nos militaires grades et décorations,
à nos fonctionnaires ou assimilés une revalorisation de
carrière.
-----Ce fut un début de réhabilitation
du combat pour l'Algérie Française qui allait bien au-delà
de la simple amnistie déjà votée, 14 ans plus tôt.
Cette nouvelle loi d'amnistie pour les généraux et officiers
impliqués dans la révolte d'Alger et l'OAS, obligera M.
Mauroy à engager sa responsabilité avec l'art 49-3 pour
contraindre la gauche à voter.
-----En conclusion, revenons au procès
du général Salan et réécoutons Mitterrand
: "L'histoire de l'Algérie douloureuse
a duré plusieurs années, que j'y ai rempli un rôle,
que j'y ai eu des responsabilités... (et de conclure) J'ai le sentiment
de rester logique avec le refus que, personnellement, j'ai apporté
dès 1958, non point par rapport aux institutions, mais au chef
qui se proposait".
-----Entouré de porteurs de valises
patentés, Mitterrand restera comme De Gaulle, chacun dans son camp,
grand récupérateur et auteur du drame algérien dont
seuls, aujourd'hui, les PiedsNoirs et Harkis clament la responsabilité.
Jean-Marc LOPEZ
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