-------À
l'exception de la période de la romanisation, l'Afrique du Nord
n'avait pas connu la paix. Il en a été de même pour
sa prospérité qui en découlait.
-------Faute d'unité, le pouvoir
politique a été, et l'est toujours, affaibli par des luttes
tribales, par des troubles et des misères résultant non
seulement de la pauvreté du peuple mais aussi de l'impuissance
d'un trop grand nombre de chefs avides du pouvoir suprême. Les
discordes religieuses furent souvent à l'origine de luttes de
clans, ce qui conduisit le pays à se replier progressivement
sur luimême. Cela, nonobstant les efforts des générations
laborieuses pour la mise en valeur de l'Afrique alors que celle?ci bénéficiait
de certains bienfaits de la civilisation romaine qui avait marqué
profondément, les Berbères.
-------Aujourd'hui, cela se vérifie
à nouveau avec l'abandon de quinze de nos départements
Français d'Algérie par le pouvoir d'il y a trente sept
ans alors que nos compatriotes, de toutes confessions, avaient, par
les sueurs et les sacrifices des Musulmans et des nonMusulmans, fécondé
la terre et civilisé tout en transformant et enrichissant le
pays. Ils étaient parvenus à unifier les départements
au sein de la Mère-Patrie, sous le drapeau tricolore, symbole
de la Liberté dans la Paix. Ceux que l'histoire appellera désormais
les Pieds-Noirs avec un grand nombre de leurs frères, Français
musulmans qui n'ont pas subi le génocide qui suivit l'abandon
des quatre cinquièmes de notre territoire national, n'ont pu
qu'y laisser avec leurs ancêtres dans leurs sépultures
hélas trop souvent profannées, leur âme et leur
coeur déchirés par l'imprévoyance de ceux qui,
arguant le fallactieux prétexte des droits de l'homme, sans vouloir
connaître les problèmes qui se posaient encore à
l'Afrique, se firent les complices des assassins terroristes, d'hier
et d'aujourd'hui. Oui, l'armée française d'Afrique était
l'armée de la Paix, celle que nos casques bleus d'aujourd'hui
assument si difficilement. S'il y avait eu une volonté politique
saine, à l'époque, elle aurait achevé, aujourd'hui,
sans perdre la face aux yeux du monde, la mission pacificatrice et civilisatrice
que la France s'était fixée, alliant dans un même
creuset, l'Orient
à l'Occident.
-------Premier
envahissement de l'Afrique du Nord par les Arabes
-------Une nouvelle période s'ouvre
dès lors dans l'histoire de l'Afrique du Nord qui avait changé,
à plusieurs reprises, de maîtres, au cours des siècles
précédant le VIF qui vit la première grande ivasion
des Arabes.
-------Ce n'est qu'en l'an 647 que les
premiers envahisseurs arabes se manifestèrent en Afrique du Nord,
au cours d'une razzia près de Sutefula (Sbeitla), contre les
armées byzantines commandées par le Patrice Grégoire
qui fut tué durant l'action.
-------L'Afrique musulmane n'avait pas,
jusqu'alors, d'existence propre.
-------La prise de Carthage, en 698, puis
celles de toutes les autres possessions byzantines dans les quelques
années qui suivirent, marquèrent le triomphe de la conquête
arabe et l'incorporation de l'Afrique du Nord à l'immense domaine
musulman dont l'Islam est la religion. La très succinte notion
qui suit, parait indispensable pour mieux appréhender les problèmes,
fort complexes, auxquels les Berbères n'ont toujours pas trouvé
les solutions qui conduiraient le pays à l'unité, dans
la paix. L'insécurité renaît et perdure, tant pour
les voyageurs que les populations au départ de chacun des conquérants.
Ce fut le cas pour les Romains avec la "Pax romana", avant
celle des Français.
Naissance de l'Islam
-------L'Islam
est né en Arabie occidentale, dans la région, située
à l'Est de la Mer Rouge, qui borde la péninsule arabique.
-------Les Bédouins constituent
la majorité de la population ;ils sont de race et de langue arabes.
Ce sont des nomades, pasteurs. Mais
une partie d'entre eux est sédentarisée dans les oasis,
peu fertiles, et dans trois villes
Medine, La Mecque et Tait
-------Il y a aussi, dans ces oasis et
villes, des Juifs et des Chrétiens, les premiers en plus grand
nombre que les seconds.
-------L'Arabe pratiquait, avant l'entrée
en scène de Mohammed, une religion qui présentait deux
caractéristiques
-Le polythéisme qui révère une dizaine de divinités
dont trois femmes ;
- La "litholâtrie", culte, très populaire, des
"Pierres sacrées", monolithes et blocs erratiques structurés
par les érosions.
-------La Mecque est un carrefour commercial
et un passage obligé des caravanes en provenance d'Orient et
d'Arabie, vers l'Afrique du Nord.
Politiquement, le pays n'est pas structure, bien qu'il ait une assemblée
de notables appartenant à la tribu dominante des Karechites.
Les moeurs et préjugés de l'Arabe individualiste demeurent
bien vivaces et perdurent.
-------A l'origine, la Kaâba est
un temple païen ; dans un angle est enchâssée la "Pierre
noire" vénérée des litholâtres.
-------C'est donc dans une Arabie cosmopolite,
païenne et quelque peu anarchique que, en 580 ou 570 selon les
islamologues, Mohammed, désigné sous le nom de Mahommed,
vint au monde.
Le "Coran", incréé, est la parole révélée
d'Allah, conservée dans les mémoires.
-------Le texte du Coran est un recueil
de versets, réparti en cent quatorez "Sourates" ou
chapitres. Toutes les citations reproduites par des copistes sont en
langue arabe, tout comme la < Sira" et la "Sounnah"
qui permettent de connaître la vie de Mohammed dont l'élaboration
n'a commencé, qu'au moins, un siècle après la mort
du fondateur de l'Islam, à Medine, le 8 juin 632.
-------Leurs traductions, auxquelles il
faut se référer, comportent parfois des différences
considérables. Ainsi, l'infléchissement du sens des messages
islamiques et de la signification des versets, est possible suivant
les tendances personnelles du traducteur ! ! Il faut donc vérifier,
si tant faire se peut, que la traduction corresponde bien avant les
faits et la manière dont le musulman
perçoit, vit de façon concrète et met en pratique
le point du dogme considéré.
-------La femme était, dans la société
arabe, inférieure à l'homme. La naissance d'une fille,
plutôt que celle d'un garçon, était considérée
comme une disgrâce. Mohammed reprendra en compte ces usages dans
la religion qu'il a bâtie. Marié, en premières noces,
à Khadidjah, riche veuve de la Mecque, elle engendra des fils
qui moururent à la naissance. Quatre filles survécurent,
sources d'intrigues et de discordes dans la succession de Mohammed,
qui donnèrent naissance au schisme Chiite.
-------Pour une bonne compréhension
de la suite de l'exposé et sans entrer dans la carrière
religieuse de Prophète, ni dans une étude théologique,
quelques autres explications sur l'Islam sont nécessaires.
-------La religion islamique repose, cela
a été déjà dit, sur le "Coran"
qui est une révélation mais aussi sur unr tradion "
Hadith" intimement liée aux actes, aux préceptes
et aux décisions du Prophète Mohammed..
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-------" Sounnah"
veut dire "coutume". C'est un ensemble de règles de vie
religieuse, morale et sociale tirées de la vie de Mohammed et de
son enseignement. Elle a pour objet de compléter et d'expliquer
le "Coran". Les muslmans orthodoxes se désignent "Hommes
de la Sounnah", d'où le vocable de "Sunnites" alors
que les Chiites sont les légitimistes.
-------La " Charia" interprète
la "Révélation" et dicte au musulman le statut
familial, le droit pénal, le droit public et international, les
relations avec les non?musulmans. Elle règlemente enfin sa vie
religieuse, politique et sociale.
-------Le " Fiqh" , ou le "droit",
est la sagesse fixée par la loi coranique.
-------Le droit est enseigné par quatre
écoles juridiques : chafiite, malékite, hanifite et hanbalite,
nom tiré de celui de leur fondateur. Pour l'interprétation
des textes et de la Sounnah, il existe une assemblée de "Docteurs
de la Loi musulmane", juristes et théologiens, à qui
les fdèles s'adressent en cas de doute sur telle ou telle interprétation.
Ce sont les Ulemas dont la réponse écrite constitue une
décision.
-------Les cinq piliers de l'Islam sont
-Chahâda, la profession de foi : il n'y a pas d'autre Dieu qu'Allah
et Mohammed est l'envoyé de Dieu;
- Salaât, la prière : récitée cinq fois par
jour à des heures bien déterminées, elle est un acte
individuel qui devient une manifestation de la Communauté lorsqu'elle
est dite en commun ;
- Zaâkat, l'aumône, prélèvement annuel sur les
richesses personnelles, au profit des pauvres et des oeuvres de charité
;
- Ramadam, mois de jeûne ;
- Hadj, le pèlerinage de la Mecque ;les pauvres et les malades
en sont dispensés.
-------Il convient d'ajouter à ceux-ci,
l'interdiction de la consommation de la viande de porc et de toute chair
provenant d'un animal non égorgé, poisson excepté
:l'usage des boissons alcoolisées est bien nettement interdit,
tout en condamnant l'ivresse.
-------Le Coran appelle à l'usage,
aux fins de renforcer la puissance de la théocratie que Mahommed
a fondé, de la "Djihad", ou guerre sainte. Le verset
29 de la Sourate (Chapitre) IX commande aux croyants: " Faites la
guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au jour dernier,
qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apôtre
ont défendu, et à ceux d'entre les hommes des Ecritures
qui ne professent pas la croyance de la vérité. Faites leur
la guerre jusqu'à ce qu'ils payent le tribut tous sans exception,
et qu'ils soient humiliés" (certains traducteurs remplace
le terme humiliés par "soumis").
-------La conception du martyre, pour le
musulman, est tirés du verset 112 de ce même chapitre IX
traduit par M. Kasimirski, édition française Sacelp, Paris.:
"Dieu a acheté des croyants leurs biens et leurs personnes
pour leur donner le paradis en retour ; ils combattront dans le sentier
de Dieu, ils tueront et seront tués. La promesse de Dieu est vraie
; il l'a faite dans le Pentateuque, dans l'Evangile, dans le Coran ; et
qui est plus fidèle à son alliance que Dieu ? Réjouissez-
vous du pacte que vous avez contracté ; c'est un bonheur ineffable".
-------Après cet intermède
exégétique, nous revenons à l'Afrique du Nord.
-------Omar, le second Khalife, successeur
de Mohammed et d'Abou Bakr, père de l'épouse favorite de
Mohammed, était également le père d'une épouse
de Mohammed. Vainqueur des Byzantins et des Persans, il avait interdit
la poursuite de la guerre sainte à l'Ouest de la Tripolitaine.
Assassiné en 644, Oth'man, gendre de Mohammed, lui succède
et lève cette interdiction.
Le gouverneur musulman de l'Egypte, for tde cette décision, lance
ses attaques contre l'Ifriqya, l'Afrique proconsulaire du temps des Romains.
Oqba,commandant arabe des opérations militaires en Afrique du Nord,
se battit contre les Berbères qui furent vaincus près de
Tlemcen ; leur chef, Kossayla, fut fait prisonnier.
-------Les poètes et les chroniqueurs
embellirent cette glorieuse et légendaire expédition qui
conduisit Oqba dans le Sous, jusqu'à l'Atlantique.
Kossayla qui s'était échappé regroupa une armée
de Berbères et battit, allié aux Byzantins, Oqba qui fut
tué devant Tehouda (Biskra). Il entra à Kairouan, mais il
en fut chassé par un nouvelle armée arabes, en 688.
-------Les Berbères, unis aux Byzantins,
étaient redoutables dans les opérations militaires, les
Arabes attaquèrent les seuls Byzantins. Ils prirent par deux fois
et définitivement Carthage, en 698. C'était la fin de la
domination byzantine en Afrique du Nord.
-------Contre les Berbères la lutte
fut bien plus difficile, dure et longue. C'est à partir de Kairouan,
citadelle militaire, que les expéditions furent lancées
sur les populations berbères.
-------La propagation manifeste de la foi
par les armes fut le premier mobile de la rapide extension du domaine
musulman à travers le monde, le vieux continent et l'Afrique. La
religion et la guerre étaient intimement liées. La violence
n'était pas exclue pour parvenir, de façon systématique,
à la conversion à l'Islam. Les Berbères en firent
l'expérience. En effet, au cours de ses expéditions militaires,
Moussa ben Noçayr faisait de nombreux prisonniers parmi les populations
qui n'avaient plus le choix qu'entre la conversion et l'exil ou la mort.
La conversion permettait l'acquisition des droits communs à tous
les musulmans qui étaient exempts de capitation, impôt par
tête, appelé "Jiziya" et d'impôt foncier,
appelé "Karadj". Ce procédé fut appliqué
systématiquement dès 718.
-------Malgré les avantages que la
conversion procurait aux Berbères, ceux-ci apostasièrent
un très grand nombre de fois. Douze renoncements dit-on, en soixante-dix
ans.
-------Comme les conversions n'étaient
pas durables, les Arabes appliquèrent un autre principe de la "guerre
sainte" : les territoires soumis par les armes devenaient et restaient
la possession du conquérant.
-------Foi et intérêt amalgamés
permirent aux Arabes musulmans de lancer les Berbères à
l'assaut et à la conquête de l'Espagne. Ceux qui restèrent
en Afrique du Nord furent contraints d'accepter la domination arabe, de
suivre les préceptes de l'Islam et, du point de vue linguistique,
d'adopter la langue du vainqueur, l'arabe.
-------Si les sédentaires et les citadins
se plièrent à ces exigences, il n'en fut pas de même
pour les montagnards des massifs difficiles à réduire. Ils
conservèrent leur langue parlée avec des nuances, propres
à chacune des ethnies.
Gaston Bautista
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