sur site le 17/03 /2002
-l'Afrique du Nord
Son histoire, géomorphologie,géographie ( texte 2 )
L'Histoire d'un pays est intimement lié à la géographie qui explique l'aspect humain issu des caractères physiques du sol. Et nous savons que plus celui?ci est ingrat, plus son climat est rude, plus l'homme s'y attache. Et l'on comprendra pourquoi les Français d'Algérie, qu'ils soient de souche berbère ou de souche...
Gaston Bautista
pnha n°51 novembre 1994

28 Ko
retour

-------L'Histoire d'un pays est intimement lié à la géographie qui explique l'aspect humain issu des caractères physiques du sol. Et nous savons que plus celui-ci est ingrat, plus son climat est rude, plus l'homme s'y attache. Et l'on comprendra pourquoi les Français d'Algérie, qu'ils soient de souche berbère ou de souche européenne, soient attachés à leur sol natal. C'est contre leur gré qu'ils en ont été arrachés ou déplacés pour sauvegarder leur vie et celle de leurs familles, à la suite de la décision du gouvernement de la France d'amputer quatre-vingts pour cent du territoire national et de larguer nos quinze départements, sans prévoir les conséquences que cela entrainerait, tant pour nos provinces françaises d'Algérie que pour la métropole. Et cela nonobstant la parole donnée au nom de la France par l'Armée qui dut se parjurer pour satisfaire au mensonge du pouvoir politique, et malgré les adjurations des Français d'Algérie, de toutes confessions ou origines ainsi que des partisans de l'Algérie française. De Gaulle avait, lui-même, prévu les hécatombes auxquelles nous condamnerions ce pays "si nous étions assez lâches et stupides pour l'abandonner". Qu'a-t-il fait d'autre, en la faisant livrer à des assassins et des bourreaux ?
La préhistoire
-------Expliquer les problèmes qui se posent aujourd'hui à l'Algérie nécessiterait de remonter jusqu'à l'origine de l'histoire de l'Afrique du Nord, relative à la géomorphologie, discipline qui permet d'expliquer et de décrire les formes du relief terrestre, d'une part et à la géographie, science qui a pour objet la description et l'explication de l'aspect actuel, naturel et humain, de la Terre, d'autre part.
-------Nous ne nous étendrons pas sur les études relatives aux transformations, passées et actuelles, subies par l'écorce terrestre, ce qui nous ferait évoquer les données paléontologiques et archéologiques, mais il nous faut retenir leurs résultats, depuis l'apparition de l'Homme, par la mise à jour dans des fouilles de fossiles d'êtres vivants qui peuplaient la terre et de vestiges matériels.
-------Dans le temps de la préhistoire, l'Afrique du Nord était liée au continent européen. Dans un raccourci des sciences précitées, nous nous situerons à l'époque qui suit la dernière glaciation et la dernière transgression marine qui l'a suivie, après la séparation de l'Afrique et de l'Europe.
-------La Berbérie, d'après les analyses et les diverses synthèses des éléments fournis par ces sciences à la préhistoire, il semblerait que l'Afrique du Nord soit entrée dans l'Histoire à la fin du deuxième millénaire de notre ère. Mais ce qui nous intéresse c'est l'apparition de l'homme en Afrique du Nord, sachant que l'homo sapiens commença son développement, il y a environ trente mille ans.
-------Les données de la paléontologie basée sur l'étude des fossiles et de la paléohistologie sur celle des tissus d'animaux et de végétaux conservés dans ces fossiles, nous permettent de savoir que la faune nord?africaine est celle d'un pays chaud et humide, durant le quaternaire, avant que le climat ait évolué vers la sécheresse.
Le paléolithique inférieur est la phase la plus ancienne de la première période de la Préhistoire caractérisée par l'industrie de la pierre, qui se situe entre trois millions d'années et le X` siècle avant Jésus?Christ. Les espèces
dont les fossiles sont mêlés aux outillages de cette période, permirent de constater l'existence de rhinocéros, d'éléphants, d'hippopotames, de bovidés, de girafes, d'antilopes et d'autruches. Les cervidés, ruminants à corne, et les ursidés, mammifères carnivores plantigrades et omnivores tels les ours, vinrent du Nord à partir du paléolithique moyen, seconde phase de cette première période. C'est pourquoi la faune de la Berbérie présente un aspect africain et un aspect eurasique. Isolée, cette faune restera propre à l'Afrique du Nord en raison de la séparation de l'Europe et de l'Afrique. Le chameau et le cheval, animaux domestiques, ont été introduits avant notre ère. Le cheval semble l'avoir été vers le 2"" millénaire.
La disparition de certaines espèces est le fait de l'homme au cours de chasses préhistoriques ou, tout simplement, pour les besoins des armées et des cirques. Par ailleurs, la déforestation des surfaces terrestres du Maghreb est due au développement de la vie pastorale, au déboisement volontaire et à l'extension des zones de culture.
Les premiers berbères ? leur civilisation
Après ce bien trop bref exposé, que pouvons?nous savoir des premiers hommes qui peuplèrent la Berbérie ?
Les restes humains retrouvés près de Rabat, au Maroc, présentent les mêmes caractères que celui de l'homme de Néandertal qui vivait entre 80 000 et 35 000 ans avant Jésus?Christ. Il avait une petite taille, une grosse tête à face longue et crâne plat. Le squelette de cet espèce d'homme a été découvert en 1836, dans la vallée du Néander, près de Düsseldorf, en Allemagne.
Dans le Constantinois, des squelettes humains, différents des précédents, ont été découverts ; ils sont de grande
taille, supérieure à un mètre soixante?dix et se rattachent à l'Homo Sapiens dont nous descendons et qui apparut vers trente cinq mille ans avant Jésus?Christ. Ils ont été dénommés "Hommes de Mechta el?Arbi", nom du douar près duquel ils ont été découverts.
Malgré les siècles écoulés, la Berbérie a conservé son caractère insulaire, et nonobstant les civilisations successives qui venaient de l'extérieur du Maghreb. Retenons que les "Montagnards" sont les plus conservateurs.
La civilisation berbère est une somme de traditions, de moeurs, de coutumes et d'institutions d'ordre politique ou religieux. C'est pourquoi l'on rencontre une si grande diversité dans les genres de vie, tant dans le passé que dans le présent, bien qu'une grande unité berbère perdure. Cette unité se manifeste par les dialectes proches les uns des autres sans qu'ils soient rigoureusement identiques. Essentiellement oral, chacun de ces dialectes n'a jamais fait l'objet d'un développement écrit. Ils se rattacheraient aux mêmes origines que les langues des peuples sémites du Proche-Orient.
------- ------------Cependant le Berbère connaissait une écriture, probablement, mais sans aucune certitude, d'origine phénicienne. Des inscriptions découvertes de cette écriture se retrouvent dans celle, actuelle, des Touareg, mais elles n'ont pas toutes étaient déchiffrées. L'arabe est parlé dans les villes alors que les parlers berbères se sont maintenus dans les montagnes difficiles d'accès aux conquérants. Le Français est aujourd'hui courant.

Anthropologies berbères
-------Les populations qui occupent, présentement, le Maghreb, compte tenu de quelques rares métissages, sont les mêmes que celles des temps préhistoriques.
Par l'anthropologie physique il est démontré que les Berbères ne constituent pas une race homogène. Il suffit de comparer les montagnards Kabyles avec les Mzabites. Alors que ceux-ci sont petits, bruns, à face plate, ceux?là ont le crâne plus long que large, la taille moyenne, les yeux clairs et les cheveux blonds ou roux. Il existe une grande diversité anthropologique chez les actuels Berbères qui tirent leur origine des hommes de "Mechta El Arbi" et de "Préméditerranéens". Quelques brassages des populations au néolithique ou antérieurement sont à l'origine de quelques types somatiques particuliers résultant de croisements avec soit des Nègres anciens, soit des Arabes. Ainsi, après avoir parcouru les temps de la préhistoire, nous voici aux portes de l'Histoire qui devrait nous conduire à la colonisation phénicienne. Mais auparavant, il nous faut signaler et prendre en considération certains récits qui relèvent peut-être de légendes, mais dont leurs transmissions orales ont certainement influencé les auteurs écrivains.

Influence des civilisations
-------La pénétration, en Afrique du Nord, du peuple de Perse, ancien nom de l'Iran, qu'ils furent Mèdes, au VIIè siècle avant Jésus Christ ou bien Achéménides, du VIè, au IVè siècle avant Jésus Christ, n'a jamais été prouvée ; seule la tradition s'en est fait l'écho.
Mais la Crête fut un état dont la puissance résidait dans la maîtrise des mers ; c'était une "Thalassocratie" qui fonda sur le littoral de l'Afrique du Nord des comptoirs. C'est ainsi qu'elle put propager sa civilisation qui était préhellénique, antérieurement à l'invasion des
guerriers Doriens, peuple indo européen qui envahit la Grèce à la fin du II` millénaire avant Jésus Christ. L'influence phénicienne date du XIIè siècle avant Jésus Christ et prit une certaine acuité.

 

--------Quant à la Berbérie, il est étonnant d'apprendre que, malgré les siècles traversés, un ensemble de traditions soit conservé : moeurs, coutumes, voire des règles établies dans l'intérêt de la collectivité. Cette stabilité est puisée dans le passé le plus lointain alors que la mentalité tribale qui dominait, perdure. C'est pourquoi les maeurs des Berbères ont subi peu de modifications. Ils chassent pour assurer, non seulement leur pitance mais aussi leur sécurité car ils étaient éleveurs de boeufs, de moutons, de chèvres et de chevaux qui servaient pour leur susbistance et le troc. Les pâturages des plaines et des montagnes en firent des transhumants. Les herbages des régions humides du Tell dominant le littoral de l'Afrique du Nord, pallient la sécheresse avant que soit mis en valeur le milieu naturel par le développement de l'agriculture, bien plus tard.
-------Les tribus pastorales sont, par la tradition, collectivement propriétaires du sol, même lorsque leur genre de vie relève du nomadisme. Les tribus sédentaires des plaines se répartissent les récoltes et tous les fruits de leur travail collectif.
-------Les habitations étaient élémentaires : les Berbères vivaient dans des grottes ou sous des tentes. Les gourbis faits de pierres et de terre sèche remplacèrent les cases faites de branches coupées. Pour se protéger des pilleurs, des places fortes furent construites. Dans ces "Ksours" ou " Bordgs" les berbères entreposaient leurs biens les plus précieux et y édifièrent leurs greniers. Les villes ne virent le jour qu'avec la colonisation phénicienne.
-------Le Berbère était végétarien ; bien qu'il appréciât, à l'occasion, le gibier, il se nourissait de lait de chèvre et de céréales. L'eau était sa seule boisson.
-------Le vêtement des Berbères évolua au fil des siècles et en fonction du climat : ils ont vécu nus puis les hommes portèrent une enveloppe phallique. Pour se protéger du froid, ils se couvrirent de peaux de bêtes et enfin tissèrent une tunique, la gandoura. Puis ils tissèrent un manteau à capuchon qui leur servit à lutter contre le froid et la chaleur, l'actuel burnous ou djellaba.
Leurs premières armes furent les pierres de la préhistoire, puis rapidement la matraque. Arcs et javelots servirent, plus tard, à l'attaque, alors qu'un coutelas, espèce de sabre court et large, restait attaché au poignet et servait à égorger l'adversaire au combat.

Cultes et religions des berbères
-------Au temps les plus reculés, les Berbères étaient pénétrés de pratiques religieuses touchant soit à l'animisme, croyance qui attribue une âme aux animaux, aux phénomènes et aux objets naturels, soit à la zoolatrie, croyance à la divinité des animaux. Ils croyaient aux être détenteurs de pouvoirs magiques, les génies qui, suivant les circonstances, devinrent localement des Dieux, avant que ne s'imposent à leur vénération les grands Dieux de l'Egypte, de Carthage et de Rome. Ils furent Chrétiens jusqu'à l'invasion des Arabes qui les forcèrent à se convertir à la religion musulmane. Nous aurons l'occasion d'en retracer l'Histoire. Ils avaient aussi, des temps les plus éloignés, le culte des morts. Les cadavres étaient enterrés en dehors des lieux habités sous des tumulus constitués de pierres et de terre. Les tumulus, en forme de cercle, d'un périmètre d'environ cent cinquante mètres, sont des monuments typiques, exclusivement berbères, recouvrant parfois des dolmens servant de chambre funéraire. Parfois plusieurs cadavres étaient placés dans la même tombe, après les avoir repliés. Peut-être est-ce la peur du retour des morts ?

La famille.
-------La cellule familiale est le fondement, depuis les temps les plus lointains, de la vie sociale des Berbères. La famille est constituée d'agnats, c'est à dire de chacune des personnes qui descepdent d'une même souche masculine. Les familles de même origine vivent groupées, soit dans la même région, soit se déplaçant ensemble ; ce groupement de familles constitue la tribu. C'est donc une organisation qui obéit au principe du patriarcat fondé sur le pouvoir exclusif ou prépondérant du père, voire du grand-père. L'aîné des agnats succède au vénérable "patriarche" de la famille, au décès de celui-ci.
-------La polygamie est à l'origine d'une natalité abondante.
-------Aux femmes sont réservées les plus viles besognes. Les filles sont vendues par le père qui marie, à son gré, ses fils.
-------Ainsi les peuples du Maghreb, conservèrent avec la plus grande rigueur leurs moeurs, us, coutumes et traditions depuis le début de l'entrée de l'Afrique du Nord dans l'Histoire. La France les respecta.

Organisation sociale et politique.
-------Les Berbères, qu'ils aient une vie pastorale ou agricole, doivent, par nécessité, disposer d'une force d'attaque ou de défense. Les sédentaires devaient résister aux assauts des nomades qui voulaient conquérir des terres de parcours pour leurs troupeaux et en garder ensuite l'usage pour leurs transhumances.
-------Les villages sont édifiés par les sédentaires, au centre des terres qu'ils cultivent, non loin d'un point d'eau et en général le long d'un talweg.
-------La Gérontocratie est leur forme d'organisation sociale dans laquelle les vieillards dominent. Elle est identique pour les sédentaires et les nomades, mais ces derniers sont plus disséminés sur le territoire.
-------Les tribus sont de véritables petits Etats indépendants, souvent fédérés. Une Assemblée est constituée par des représentants de chacune des tribus. Un chef y est choisi. Là, intervient le fameux et vieux démon qu'est le "Pouvoir". Le chef choisi tentera, par tous les moyens de le conserver, à titre personnel et héréditaire. II en devient l'alguellid, le roi. II en résulte des guerres tribales. C'est ainsi que, au gré des victoires et de l'effondrement des tribus, se forment des groupements instables. Ces situations conflictuelles sont quasi permanentes et partant, l'insécurité notoire, pour ceux qui, sans autorisation, se déplacent à l'intérieur des limites territoriales, sans cesse modifiées suivant le résultat des combats. Cela dura jusqu'à ce que la présence française y mit un terme et créa cette unité tant souhaitée mais jamais atteinte depuis des millénaires.
-------Depuis que la France n'est plus en Algérie, cette organisation resurgit, au grand dam de ceux qui ont souhaité le départ de la France et qui découvrent cette situation. Connaissaient-ils l'Histoire du Maghreb et notamment celle de l'Algérie ? Je ne leur ferai pas l'injure de dire qu'ils ne la connaissaient pas, mais qu'ils voulaient bénéficier, en prenant le pouvoir, de tous les bienfaits que les enfants de France et les Français d'Algérie ont apportés à cette importante partie du territoire national français. Nous ne dirons jamais assez qu'ils l'avaient transformée pendant cent trente années par des labeurs quotidiens, de la sueur, du sang versé et des sacrifices, jusqu'au suprême, celui de donner leur vie sans autre merci que celui de savoir qu'ils défendaient la France et pour le plus grand nombre, leur sol natal. Malgré les aides substantielles qui leur sont versées par l'actuel gouvernement de la France, la situation, antérieure à 1830, se recrée avec, en plus des conflits entre chefs de partis politiques ou d'autres groupements tribals, une nouvelle guerre religieuse entre musulmans. -------L'état de misère dans laquelle la domination turque maintenait les Berbères jusqu'à ce que les Turcs soient rejetés du Maghreb par les Français, se reconstitue.
J'arrête là ces considérations pour revenir à l'Histoire.
-------L'autorité du roi est proportionnée à son prestige ; il se fait aider par ses parents ou des serviteurs, pour l'administration de son royaume. Les chefs de tribus sont consultés et le poids de l'avis de chacun d'eux est fonction des effectifs sous son autorité.
Les hommes de guerre, cavaliers en général, sont fournis, pour leur plus grand nombre, par la tribu du roi ; les soldats sont levés dans les autres tribus.
-------Le roi perçoit les impôts sous forme soit de dons volontaires soit de pillages des tribus insoumises. Les tribus sont taxées en nature : bétail, récoltes ou de leurs valeurs en argent.
-------Quand les tribus sont mécontentes de leur roi, elles le massacrent et le remplacent par un nouveau chef qui s'est fait remarquer par sa vaillance et son autorité.
-------Voilà l'organisation sociale des populations Berbères, qui va être confrontée à celle des Phéniciens, tout au long de la colonisation de ceux-ci dans le Maghreb et, bien plus tard, sous les autres dominations.

Gaston Bautista