------Nonobstant
les attaques aussi nombreuses que violentes contre le Maréchal
Bugeaud, tant à Paris qu'à Alger, la reconnaissance des
nations civilisées pour l'action de la France fut manifeste.
------L'armée
française, par sa présence en Algérie, renverse une
situation non seulement humiliante pour la France mais aussi préjudiciable
pour l'Europe. L'extrait qui suit "La vie intense" de Théodore
Roosevelt en dit long à ce sujet .
------"Toute
expansion de civilisation travaille pour la Paix. En d'autres termes,
toute expansion d'une grande puissance civilisée signifie une victoire
pour la paix, l'ordre et la justice. Ceci a été vrai, dans
tous les cas d'expansion durant le présent siècle (le XIXè
siècle), que la puissance expansionniste fut la France ou l'Angleterre,
la Russie ou l'Amérique. Dans tous les cas, l'expansion a été
un profit non pas tant pour la puissance qui en profitait nominalement
que pour le monde entier. Dans tous les cas, le résultat a prouvé
que la puissance expansionniste remplissait un devoir envers la civilisation
bien plus grand et important que n'aurait pu le faire aucune puissance
stationnaire. Prenez la cas de la France et de l'Algérie. Pendant
les premières décades du présent siècle (XIXè
siècle) la piraterie de la plus terrible espèce régnait
sur la Méditerranée et des milliers d'hommes civilisés
étaient, chaque année traînés en esclavage
par les pirates Maures. Une paix dégradante fut achetée
par les puissances civilisées par le paiement d'un tribut. Notre
propre pays fut l'une des nations tributaires qui payèrent ainsi
l'argent du sang aux musulmans bandits de la mer.
------Nous
leur livrâmes par occasion quelques batailles et ainsi sur une plus
grande échelle firent les Anglais. Mais la paix ne s'en suivit
pas, parce que le pays n'était pas occupé. Notre dernier
paiement fut fait en 1830, et la raison pourquoi ce fut le dernier, c'est
parce que cette année là commença la conquête
française de l'Algérie. De falots "sentimentalistes",
comme ceux qui écrivaient les petits poèmes en faveur des
Madhistes contre les Anglais, et qui, maintenant écrivent des petits
essais d'Aguilnads contre les Américains, célébrant
les flibustiers algériens comme des héros qui luttaient
pour la liberté contre l'invasion française. Mais les Français
continuèrent leur oeuvre, la France s'épandit sur l'Algérie,
et le résultat fut que la piraterie sur la Méditerranée
prit fin, et l'Algérie a prospéré comme jamais auparavant
dans son histoire".
------Bugeaud
homme d'action, désavoué par les hommes politiques et intellectuels,
s'en va. La charge que représente l'occupation de l'Algérie,
pour la métropole est lourde. Les moyens d'approche des populations
avec lesquelles les relations, par l'intermédiaire des soldats
métropolitains ignorants de la langue arabe et des dialectes provinciaux,
sont difficiles. C'est pourquoi nous l'avons exposé précédemment,
les effectifs métropolitains sont remplacés progressivement
par des corps auxiliaires indigènes.
------La pacification
conduite par le Maréchal Bugeaud est en bonne voie, mais le Gouverneur
se lasse des violentes attaques dont il est l'objet, tant à Paris
qu'à Alger. Il estime ne plus être en mesure d'exercer, pleinement,
ses responsabilités et demande alors d'en être déchargé.
Il rentre en France le 5 juin 1847. Le duc d'Aumale est son heureux successeur
car il va avoir l'honneur de recevoir la reddition d'Abdel-Kader qui est
réfugié au Maroc.
Rôle social de
l'Armée
------L'Algérie
est bien protégée. L'oeuvre qui y est accomplie par l'Armée
d'Afrique est rappelée dans l'ordre du jour de départ du
Maréchal Bugeaud. En quelques lignes, celui-ci rappelle les caractéristiques
de cette armée qui manie, tout à la fois, le fusil et les
outils pour construire et pour pacifier. Voici le texte, empreint de vérités,
de cet ordre du jour.
------"En
moins de trois ans, vous avez dompté les Arabes du Tell et forcé
leur chef à se réfugier dans l'empire du Maroc. Les Marocains
entrèrent dans la lutte ; vous les avez vaincus dans trois combats
et une bataille.
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------Abd-el-Kader
rentré en Algérie, à la fin de 1845, a soulevé
presque tout le pays ; vous l'avez vaincu de nouveau. Il avait trouvé
des appuis et des ressources ; vous avez su l'atteindre, vous rendant
aussi léger que les Arabes... vous avez pu frapper vos ennemis
dans les plaines du Sahara comme dans les montagnes les plus abruptes
du Tell. Vous ne leur avez laissé aucun refuge et voilà
comment vous avez établi cette puissance qui garde les routes et
protège la colonisation sans exiger votre présence constante...
Vous avez trouvé glorieux de savoir manier, tour à tour,
les armes et les instruments de travail ; vous avez fondé toutes
les routes qui existent, vous avez construit des ponts et une multitude
d'édifices militaires ; vous avez créé des villages
et des fermes pour les colons civils ; vous avez défriché
des terres de cultivateurs trop faibles encore pour les défricher
eux-mêmes ; vous avez fait des prairies, semé des champs
et vous les avez récoltés ; vous avez montré par
là que vous êtes digne d'avoir une bonne part dans le sol
conquis et que vous sauriez aussi bien le cultiver que le faire respecter
de vos ennemis.
------Il est
des armées qui ont pu inscrire dans leurs annales des batailles
plus mémorables que les vôtres, il n'en est aucune qui ait
livré plus de combats, ni exécuté plus de travaux".
La soumission d'Abd-el-Kader
------Le séjour
d'Henri d'Orléans, duc d'Aumale, nouveau Gouverneur en Algérie
est de courte durée puisqu'il doit quitter Alger en mars 1848,
à la chute de son auguste père, le roi Louis-Philippe. ------Mais
comme dit ci-dessus, il a l'honneur de recevoir la soumission d'Abd-el-Kader,
après que les deux frères de celui-ci eussent demandé
l'aman. Cette reddition est d'une grandeur à la mesure du drame
qui se jouait dont voici, résumées, les circonstances .
------L'Emir,
poursuivi par les Marocains, arrive à l'embouchure de l'oued Moulouya
avec sa deira. Il engage les siens à se soumettre mais, lui, tente
de s'échapper avec quelques fidèles pour gagner le Sahara.
Le général Louis Juchault de Lamoricière fait bonne
garde ; tous les passages sont surveillés et l'Emir doit se rendre.
Il écrit une lettre dans laquelle il demande la garantie d'être
transporté soit à Alexandrie, soit à Akka (Saint
Jean d'Acre), Lamoricière accepte ses conditions confirmées
par le gouverneur, dut d'Aumale, au nom du gouvernement français.
La reddition officielle a lieu le 23 décembre 1847. En signe de
soumission, Abd-et-Kader remet son cheval au commandant en chef, le Duc
d'Aumale. Mais ni les gouvernements successifs, ni la monarchie de juillet,
ne lui permirent de quitter le territoire français. C'est Napoléon
III qui tint la parole donnée avec une pension annuelle de 100
000 francs, versée par la France, le 21 décembre 1852 l'Emir
arrive à Brousse, en terre d'Islam, comme il le souhaitait dans
sa lettre de capitulation. Il accepte pleinement sa situation et met toute
son énergie pour parvenir à sauver des français,
lors des émeutes de Damas, en juillet 1860. Il adresse alors aux
musulmans et aux chrétiens des mots d'espoir que les religieux
d'aujourd'hui, au crépuscule du second millénaire devraient
mettre en pratique afin que le troisième soit celui d'une paix
durable entre les hommes. Mais hélas ! que de crimes au nom d'Allah
sont commis dans le monde entier et notamment dans notre chère
et souffrante Algérie en cette année 1998. Il écrit
:
------"Si
les Musulmans et les Chrétiens me prêtaient l'oreille, je
ferais cesser leur divergence, et ils deviendraient frères à
l'extérieur et à l'intérieur".
Lt Colonel (ER)
Gaston Bautista
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