sur site le 21-03-2003
-L'Algérie, Alger, leur Histoire.
Achèvement de la pacification 1847-1858
pnha, n°91, juin 1998

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------Nonobstant les attaques aussi nombreuses que violentes contre le Maréchal Bugeaud, tant à Paris qu'à Alger, la reconnaissance des nations civilisées pour l'action de la France fut manifeste.
------L'armée française, par sa présence en Algérie, renverse une situation non seulement humiliante pour la France mais aussi préjudiciable pour l'Europe. L'extrait qui suit "La vie intense" de Théodore Roosevelt en dit long à ce sujet .
------"Toute expansion de civilisation travaille pour la Paix. En d'autres termes, toute expansion d'une grande puissance civilisée signifie une victoire pour la paix, l'ordre et la justice. Ceci a été vrai, dans tous les cas d'expansion durant le présent siècle (le XIXè siècle), que la puissance expansionniste fut la France ou l'Angleterre, la Russie ou l'Amérique. Dans tous les cas, l'expansion a été un profit non pas tant pour la puissance qui en profitait nominalement que pour le monde entier. Dans tous les cas, le résultat a prouvé que la puissance expansionniste remplissait un devoir envers la civilisation bien plus grand et important que n'aurait pu le faire aucune puissance stationnaire. Prenez la cas de la France et de l'Algérie. Pendant les premières décades du présent siècle (XIXè siècle) la piraterie de la plus terrible espèce régnait sur la Méditerranée et des milliers d'hommes civilisés étaient, chaque année traînés en esclavage par les pirates Maures. Une paix dégradante fut achetée par les puissances civilisées par le paiement d'un tribut. Notre propre pays fut l'une des nations tributaires qui payèrent ainsi l'argent du sang aux musulmans bandits de la mer.
------Nous leur livrâmes par occasion quelques batailles et ainsi sur une plus grande échelle firent les Anglais. Mais la paix ne s'en suivit pas, parce que le pays n'était pas occupé. Notre dernier paiement fut fait en 1830, et la raison pourquoi ce fut le dernier, c'est parce que cette année là commença la conquête française de l'Algérie. De falots "sentimentalistes", comme ceux qui écrivaient les petits poèmes en faveur des Madhistes contre les Anglais, et qui, maintenant écrivent des petits essais d'Aguilnads contre les Américains, célébrant les flibustiers algériens comme des héros qui luttaient pour la liberté contre l'invasion française. Mais les Français continuèrent leur oeuvre, la France s'épandit sur l'Algérie, et le résultat fut que la piraterie sur la Méditerranée prit fin, et l'Algérie a prospéré comme jamais auparavant dans son histoire".
------Bugeaud homme d'action, désavoué par les hommes politiques et intellectuels, s'en va. La charge que représente l'occupation de l'Algérie, pour la métropole est lourde. Les moyens d'approche des populations avec lesquelles les relations, par l'intermédiaire des soldats métropolitains ignorants de la langue arabe et des dialectes provinciaux, sont difficiles. C'est pourquoi nous l'avons exposé précédemment, les effectifs métropolitains sont remplacés progressivement par des corps auxiliaires indigènes.
------La pacification conduite par le Maréchal Bugeaud est en bonne voie, mais le Gouverneur se lasse des violentes attaques dont il est l'objet, tant à Paris qu'à Alger. Il estime ne plus être en mesure d'exercer, pleinement, ses responsabilités et demande alors d'en être déchargé. Il rentre en France le 5 juin 1847. Le duc d'Aumale est son heureux successeur car il va avoir l'honneur de recevoir la reddition d'Abdel-Kader qui est réfugié au Maroc.

Rôle social de l'Armée

------L'Algérie est bien protégée. L'oeuvre qui y est accomplie par l'Armée d'Afrique est rappelée dans l'ordre du jour de départ du Maréchal Bugeaud. En quelques lignes, celui-ci rappelle les caractéristiques de cette armée qui manie, tout à la fois, le fusil et les outils pour construire et pour pacifier. Voici le texte, empreint de vérités, de cet ordre du jour.
------"En moins de trois ans, vous avez dompté les Arabes du Tell et forcé leur chef à se réfugier dans l'empire du Maroc. Les Marocains entrèrent dans la lutte ; vous les avez vaincus dans trois combats et une bataille.

 

------Abd-el-Kader rentré en Algérie, à la fin de 1845, a soulevé presque tout le pays ; vous l'avez vaincu de nouveau. Il avait trouvé des appuis et des ressources ; vous avez su l'atteindre, vous rendant aussi léger que les Arabes... vous avez pu frapper vos ennemis dans les plaines du Sahara comme dans les montagnes les plus abruptes du Tell. Vous ne leur avez laissé aucun refuge et voilà comment vous avez établi cette puissance qui garde les routes et protège la colonisation sans exiger votre présence constante... Vous avez trouvé glorieux de savoir manier, tour à tour, les armes et les instruments de travail ; vous avez fondé toutes les routes qui existent, vous avez construit des ponts et une multitude d'édifices militaires ; vous avez créé des villages et des fermes pour les colons civils ; vous avez défriché des terres de cultivateurs trop faibles encore pour les défricher eux-mêmes ; vous avez fait des prairies, semé des champs et vous les avez récoltés ; vous avez montré par là que vous êtes digne d'avoir une bonne part dans le sol conquis et que vous sauriez aussi bien le cultiver que le faire respecter de vos ennemis.
------Il est des armées qui ont pu inscrire dans leurs annales des batailles plus mémorables que les vôtres, il n'en est aucune qui ait livré plus de combats, ni exécuté plus de travaux".

La soumission d'Abd-el-Kader

------Le séjour d'Henri d'Orléans, duc d'Aumale, nouveau Gouverneur en Algérie est de courte durée puisqu'il doit quitter Alger en mars 1848, à la chute de son auguste père, le roi Louis-Philippe. ------Mais comme dit ci-dessus, il a l'honneur de recevoir la soumission d'Abd-el-Kader, après que les deux frères de celui-ci eussent demandé l'aman. Cette reddition est d'une grandeur à la mesure du drame qui se jouait dont voici, résumées, les circonstances .
------L'Emir, poursuivi par les Marocains, arrive à l'embouchure de l'oued Moulouya avec sa deira. Il engage les siens à se soumettre mais, lui, tente de s'échapper avec quelques fidèles pour gagner le Sahara. Le général Louis Juchault de Lamoricière fait bonne garde ; tous les passages sont surveillés et l'Emir doit se rendre. Il écrit une lettre dans laquelle il demande la garantie d'être transporté soit à Alexandrie, soit à Akka (Saint Jean d'Acre), Lamoricière accepte ses conditions confirmées par le gouverneur, dut d'Aumale, au nom du gouvernement français. La reddition officielle a lieu le 23 décembre 1847. En signe de soumission, Abd-et-Kader remet son cheval au commandant en chef, le Duc d'Aumale. Mais ni les gouvernements successifs, ni la monarchie de juillet, ne lui permirent de quitter le territoire français. C'est Napoléon III qui tint la parole donnée avec une pension annuelle de 100 000 francs, versée par la France, le 21 décembre 1852 l'Emir arrive à Brousse, en terre d'Islam, comme il le souhaitait dans sa lettre de capitulation. Il accepte pleinement sa situation et met toute son énergie pour parvenir à sauver des français, lors des émeutes de Damas, en juillet 1860. Il adresse alors aux musulmans et aux chrétiens des mots d'espoir que les religieux d'aujourd'hui, au crépuscule du second millénaire devraient mettre en pratique afin que le troisième soit celui d'une paix durable entre les hommes. Mais hélas ! que de crimes au nom d'Allah sont commis dans le monde entier et notamment dans notre chère et souffrante Algérie en cette année 1998. Il écrit :
------"Si les Musulmans et les Chrétiens me prêtaient l'oreille, je ferais cesser leur divergence, et ils deviendraient frères à l'extérieur et à l'intérieur".

Lt Colonel (ER)
Gaston Bautista