Général
d'Amade
-------Extrait
de la lettre du 12 juin 1923, adressée de Pontus-Fronsac à
Monsieur Flandrin figurant en tête de l'album de photographies rétrospectives
montrant le développement de la ville de Casablanca (1): "Le
Maroc n'est-il pas le fruit de cent années d'énergies françaises
; l'épanouissement naturel et légitime de notre domaine
Nord-Africain sur l'Atlantique ; son débouché sur une mer
libre ? Il s'ouvre sur la Méditerranée de demain ; en face
de lui, sur la rive américaine, l'Argentine, le Brésil,
l'Uruguay, le Venezuela, les Etats-Unis, étalent leurs splendides
perspectives ; et aussi Panama d'où l'on prend une vue directe
sur le Pacifique, le Japon, la Chine, sur tout l'avenir permis à
l'activité de l'homme, à son labeur, à son génie.
-------Vos
belles photographies sont les jalons, les premières bornes militaires,
sur la nouvelle grande route de l'Histoire de demain. Avant la fin du
siècle que sera la France nord-africaine, que sera Casablanca ?
Ce seront avec les autres colonies françaises d'Afrique, les États-Unis,
New-York.
-------En
avant Français du Maroc ! En marche
vers l'avenir ! Un avenir radieux comme votre lumière, une moisson
d'efforts de confiance et de gloire, lourde aussi de devoirs, et plus
magnifique que toutes les visions des semeurs !"
Maréchal de France
Lyautey
-------Commentaires
sur la "guerre coloniale" d'après un document appartenant
au général Durosoy (2)
"La guerre coloniale n'a rien de commun
avec les guerres entre nations. Elle est une organisation qui marche.
--------
Elle est constructive, celles-ci sont destructives.
Elle crée de la vie et non des ruines
On ne s'empare pas d'un repaire comme d'une position lorsqu'il doit devenir
immédiatement un centre d'attraction, un marché, et que
l'adversaire d'aujourd'hui doit y être le collaborateur de demain".
-------- Le
Maroc devient un grand pays en vingt années de présence
française. Grâce à une pléiade d'hommes de
très grande valeur, le Maroc sort d'une léthargie et une
anarchie pour se métamorphoser. Avec l'ordre rétabli, l'architecture
se développe en respectant le caractère du pays ; les communications,
la voirie se développent à la même cadence que l'hygiène
introduite. Tout cela grâce à un urbanisme bien pensé
et mis en uvre par des entreprises de qualité. Les plantations
bénéficient aussi du savoir-faire français ; elles
se développent et poussent d'une manière active.
Les résultats obtenus se constatent par un afflux du trafic maritime,
ferroviaire et aérien.
-------- Combien
furent admirables ces soldats qui étaient demeurés fidèles
à la France et à son drapeau dont ils défendirent
les couleurs sur tous les fronts où la France était engagée
pour sa liberté.
-------- Quelles
belles leçons d'union de populations de différentes ethnies
aurions-nous pu donner au monde si nos politiques l'avaient souhaité
et surtout avaient eu le courage de poursuivre, avec la même vigueur
et la même hardiesse, l'action de leurs aînés. Ils
disposaient pourtant de plus de moyens, d'autant de pacificateurs humanistes
et d'entrepreneurs laborieux. Nous avons entendu : "Ils
veulent l'indépendance ? qu'ils la prennent !.
-------- Toutes
ces énergies, dépensées par la France pour le bonheur
des hommes dont elle avait la charge de conduire à bon port, vont
être balayées par cette réponse dramatique et lourde
de conséquences. Devant l'exigence d'ambitieux intellectuels ou
(et) de chefs religieux, les premiers à bonne école, hélas,
dans certains milieux d'idéologues français, un des gouvernements
de la France accepte de larguer une grande partie de son territoire et
les pays qu'elle avait mission de conduire, après une pacification
réussie, vers une civilisation nouvelle et originale. Celle-ci,
en bonne voie de concrétisation, sous la forme islamo-judéo-chrétienne,
voit les cultures Moyen-orientale et occidentale se côtoyer, ce
qui fait le charme des populations et de l'architecture des édifices.
Le monde musulman, qui avait succédé à celui chrétien,
et celui européen voisinaient avec une tolérance réciproque.
Le premier affichait la générosité intellectuelle
et la charité de l'esprit, deux qualités prônées
par l'Islam, et que nous connaissions. Cet altruisme devait permettre
aux populations indigènes d'atteindre la plus élevée
et la meilleure des conditions sociales.
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-------- Bien
sûr il fallait pour cela l'appui, sans réserve de l'une des
nations occidentales, européenne, de préférence.
-------- Laquelle
d'entr'elles pouvait mieux faire que la France qui avait commencé
à établir ce trait d'union indispensable à attirer
les bénéfices de la civilisation occidentale, sans aucun
fard politique, économique ou religieux, ni volonté d'asservissement
?. C'était le souhait de l'ensemble des habitants, de toutes confessions,
d'Afrique du Nord ! Mais il fallait une volonté politique qui a
manqué aux grandes nations civilisées, aux intellectuels
conseillers du pouvoir et partant aux gouvernants de l'époque qui
n'étaient pas de la même trempe de ceux qui, malgré
les difficultés internationales rencontrées, ont montré
tant d'esprit d'initiative, d'entreprise et de courage. Malgré
les embûches, croyant à leur mission humaniste, ils ont persévéré
dans leur tâche, bien des fois au milieu de la tourmente, sans jamais
abdiquer. Quitte à me répéter, devant une rébellion
vaincue et, probablement, pour satisfaire à des ambitions européennes,
le pouvoir a préféré "mettre les pouces"
plutôt que de s'attaquer à résoudre les problèmes
politiques, propres à chacun des Essais de l'Union Française.
Questions patentes depuis le discours prononcé par le chef du gouvernement
provisoire de la République, lors de l'ouverture de la conférence
africaine qu'il avait prononcé à Brazzaville, le 30 janvier
1944. L'engagement des colonies sur la route de temps nouveaux que préconisait
celui que d'aucuns disaient être un visionnaire n'a pas eu de suite
logique. En effet, celui-ci, plutôt que de continuer à se
battre a préféré se plonger dans un désert
politique abandonnant sa Patrie avec ses problèmes issus de l'occupation,
aux politiciens dont il avait, dès le lendemain de la libération
fait revenir certains qui ont été si néfastes
à la nation en 1940 et bien avant.
-------- Son
retour au chevet de la France, malade certes mais encore grande, ll années
plus tard, se conclut par l'effondrement de l'Union Française et
le largage de la plus grande partie du territoire de la France nord-africaine.
Cela alors qu'aux moments les plus dramatiques de son histoire, de 1940
à 1944, ses gouvernements successifs, malgré les difficultés
de faire jouer nos institutions sous la pression des occupants allemands
et italiens, ont su conserver par des artifices, toujours pas facile à
concevoir, l'intégrité de ses diverses possessions, hormis
celles de la Syrie et du Liban. Après l'armistice signé
à Saint Jean-d'Acre le 14 juillet 1941, en dehors du général
de Gaulle, ce qui mécontenta fortement celui-ci, entre le général
Dentz, représentant le gouvernement légal de la France,
à Vichy et le général britannique Henry Wilson, le
Général Catroux, au nom du président du Comité
National Français (CNF), créé le 24, proclame le
27 septembre 1941, de Londres, l'indépendance de la Syrie. Deux
mois après, le 26 novembre, la même autorité proclame
l'indépendance du Liban. Nous pourrions ajouter, pour le grand
malheur de leurs habitants, car l'Angleterre avait évacué,
pour les remplacer, les Forces Françaises Libres qui s'étaient
substituées à l'Armée de la France qui leur assurait,
depuis des décennies, la paix. La voix politique de notre visionnaire
était d'ores et déjà tracée. Il l'appliquera
dès son retour aux affaires par des artifices non glorieux.
-------- L'avenir
radieux que prédisait le général d'Amade, ce grand
pacificateur, et qui s'approchait à grand pas, où en est-il
?. Tout comme les États-Unis d'Afrique dont il rêvait ?.
-------- Les
populations montantes, tant en France que dans nos anciens protectorats
et celles d'Algérie réconciliées sauront-elles conserver
cet esprit légué en héritage par leurs anciens pour
bâtir, ensemble, ce vieux rêve qui devrait un jour se matérialiser,
faire de la France et de l'Afrique du Nord le pont de l'Eurafrique, pour
le bien être de leurs habitants
Gaston BAUTISTA
Lt Colonel (ER) du Génie
(1) Documents réunis par le photographe Flandrin,
Casablanca de 1889 à nos jours. Édition photographiques
"MARS", Casablanca 1928. Lettre autographe de M. le général
d'Amade
(2) Généraux Hure, Delabare de Nanteuil, Colonels Devautour
et de Pradel de Lamaze, l'Armée d'Afrique 1830-1962
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