AïN - TEMOUCHENT

INAUGURATION du MONUMENT à la mémoire du gouverneur LAFERRIÈRE à.. Laferrière
INAUGURATION du
MONUMENT aux MORTS de Aïn-Témouchent
Afrique du nord illustrée du 13-12-1924 - Transmis par Francis Rambert

mise sur site: septembre 2012...+ janvier 2021
*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1924. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
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INAUGURATION du MONUMENT à la mémoire du gouverneur LAFERRIÈRE à.. Laferrière

INAUGURATION du MONUMENT à la mémoire du gouverneur LAFERRIÈRE à.. Laferrière

LES FÊTES DE LAFERRIÈRE ET D'A1N-TEMOUCHENT

Le 30 novembre 1924, l'Algérie a rendu un juste hommage à la mémoire du Gouverneur Laferrière dont l'œuvre, après un quart de siècle, nous apparaît particulièrement forte, essentielle et bienfaisante.
Ce fut à nos voisins de l'Oranie qu'échut l'honneur de commémorer le courage et la clairvoyance - et disons aussi, hélas ! le sacrifice - du créateur des Délégations Financières. Le sacrifice, en effet, car, ainsi que l'a rappelé si dignement dignement des orateurs de cette journée, M. Bons, maire de Laferrière, " tout donne à penser que c'est au milieu des tortures morales de toutes sortes qu'il devait subir ici, qu'il a contracté le germe de la terrible maladie, dont il a ressenti en Algérie les premières atteintes, qui l'a obligé, en septembre 1900, à demander à être relevé de ses fonctions et qui devait l'enlever l'année suivante ".

A 9 heures du matin, venant d'Alger par le train, Monsieur Steeg, Gouverneur général de l'Algérie, arrive à Aïn-Témouchent, accompagné de son officier d'ordonnance, le capitaine Bonnard, de MM. Ferlet, préfet d'Oran, Danthon, maire d'Aïn-Témouchent, Jourdain et Beuchot, directeur et inspecteur principal de la Compagnie P.-L.-M., Vérin vice-président du Tribunal d'Oran, Susini, substitut du Procureur de la République, etc.
Accueilli à l'arrivée par les accents de la Zidouria, le cortège traverse en automobiles la charmante cité dont la population salue respectueusement au passage le Chef de la Colonie. A l'Hôtel de Ville, des jeunes filles et des jeunes gens de l'Union Sportive d'Aïn-Témouchent sont harmonieusement groupés dans l'escalier d'honneur tandis que la musique de cette même société exécute la Marseillaise. Là, M. Danthon, maire, souhaite la bienvenue au Gouverneur général et lui présente les autorités et notabilités d'Aïn-Témouchent.

Quelques instants après, le cortège se dirige vers Laferrière où il arrive bientôt. Un magnifique soleil fait valoir par son éclat les gracieuses décorations de verdure, de fleurs et de drapeaux répandues ça et là dans le village.

M. Steeg se recueille devant le monument aux Morts tandis que les enfants des écoles chantent un chœur.
Sur la place publique envahie par la population de Laferrière et des localités environnantes, une stèle se dresse, surmontée du coq gaulois ; sur l'un des pans l'Histoire achève de graver ces belles lignes :
" En assumant la lourde lâche du Gouvernement général de l'Algérie à une époque troublée, Laferrière, alors vice-président du Conseil d'État, au faîte de la réputation et des honneurs, a sacrifié au patriotisme, le plus désintéressé les fruits d'une longue et magnifique carrière, son repos, sa santé, sa vie même comme l'évènement ne devait le prouver que trop tôt.

L'abnégation de ce grand français a valu à l'Algérie son autonomie financière, source de sa prospérité, par l'institution des Délégations et du budget spécial et son intégrité territoriale par l'occupation des oasis sahariennes. " et plus bas :

La France moissonne partout où le coq gaulois a chanté.

Une petite tribune a été dressée en avant du monument ; au premier rang des assistants on remarque accompagnée de son mari, Madame Bertaut, née Laferrière, fille de l'ancien Gouverneur général, M. Laferrière, professeur de Droit à la Faculté de Strasbourg, neveu de l'ancien, Gouverneur, le général Levé, ancien directeur du cabinet militaire du Gouverneur Laferrière. Les fatigues du voyage n'ont malheureusement pas permis à Madame Laferrière de se rendre jusqu'ici pour assister à l'hommage rendu à son illustre compagnon.

Tour à tour M. Bons, maire de Laferrière, M. Enjalbert, délégué financier, enfin M. Steeg s'attachent à glorifier, dans leurs discours, la mémoire de l'éminent Gouverneur.

Ils rappellent combien était troublée la situation de l'Algérie, en 1898, lorsque Laferrière y accepta le rôle difficile et si souvent ingrat de pacificateur et de réorganisateur.

Jusqu'à lui, - vers lui surtout qui apportait l'ordre - la rumeur furieuse monta des haines, des violences, des forces malfaisantes et fanatiques.

Cette agitation désordonnée, ces conflits de races, ces mécontentements innombrables, Laferrière ensemble en saisit les causes profondes et en trouva les remèdes. Il vit ce peuple neuf, comme un torrent trop riche de ses jeunes énergies, perdre ses forces à lutter contre lui-même en des convulsions vaines et dangereuses.

L'institution des Délégations Financières et du budget spécial permettant à l'Algérie de gérer elle-même ses intérêts, fut la digue qui arrêta le flot tumultueux pour le répandre ensuite - mais cette fois, ordonné, calme en sa force et bienfaisant - et permettre les moissons nouvel|les de paix et d'abondance.

Par leur conception même, les Délégations " composées d'hommes issus de tous les partis politiques, ont pu se dégager des controverses dogmatiques, des passions de groupe, des querelles locales et, comme en témoigne M. Steeg dans son discours, jamais le représentant de la France n'a fait en vain appel au civisme de nos assemblées algériennes ; toujours il les a trouvées prêtes à sacrifier des préoccupations, mêmes légitimes à l'intérêt supérieur de ce pays. "
Les orateurs rappellent que toute cette prospérité est due pour une grande part à la clairvoyance et à l'énergie de Laferrière.

Grâce à lui encore notre sécurité fui consolidée par l'occupation d'In-Salah et des oasis du Touat.
" Surtout, ajouta si judicieusement M. Bons en terminant son discours, Laferrière avec son grand cœur et son admirable lucidité, a estimé que l'élément le plus digne d'intérêt en Algérie était le colon français et qu'en faisant la conquête du colon il faisait celle de l'Algérie même. "

Les discours achevés et longuement applaudis par l'assistance, la cérémonie prend fin.

Dans l'après-midi le cortège se rend à Aïn-Témouchent afin d'inaugurer le monument aux Morts de cette cité.

La cérémonie s'ouvre par l'hymne aux Morts, de Victor Hugo, chanté par les élèves des écoles. Puis M. Gérard, instituteur à Oran récite un beau poème de circonstance.

M. Enjalbert s'avance alors et, au nom du Docteur Achard, président du Comité du monument et qu'un deuil récent a atteint, procède à la remise officielle du Monument à la ville d'Aïn-Témouchent.

Le maire, M. Danthon, remercie le Comité et glorifie le souvenir des héros.

Après la cérémonie le Gouverneur général visite les hôpitaux de la ville où il est reçu par le Docteur Béraud et la commission d'administration. Et la journée s'achève.

Belle et grave journée où furent exaltés, sous un même azur, par le représentant de la République, la gloire des héros de la guerre et celle, non moins illustre, d'un ouvrier de la paix.