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 110 bidonvilles8.000 baraques
 35.000 habitants
 Tel est l'aspect du " phénomène 
              Bidonville " à Alger. Cela n'a rien de comparable avec 
              les bidonvilles géants de Casablanca ou de Tunis, mais compte 
              tenu de l'accroissement très rapide de la population, le 
              problème demande à être traité de toute 
              urgence.
 Un musulman sur 4,5 habite en bidonville, dans des conditions d'hygiène 
              et de promiscuité lamentables.
 
 Il paraît inutile de décrire ces baraques de vieilles 
              planches disjointes et de tôles rouillées, où 
              se pressent des familles de 8 ou 10 personnes sur une surface de 
              6 ou 7 mètres carrés.
 
 La chaleur étouffante de l'été, le froid en 
              hiver, la pluie, l'absence de commodités (égouts, 
              eau, électricité) donnent à la moindre perturbation 
              atmosphérique l'ampleur d'une catastrophe.
 
 Souvent, les baraques sont établies sur des 
              terrains en pente, argileux, glissants, propres aux éboulements. 
              Une forte pluie provoque des inondations qui entraînent sur 
              leur passage les baraques et leur contenu. L'incendie est un fléau 
              aussi fréquent.
 Dans de telles conditions de vie, l'épidémie est reine. 
              Ce sont les enfants qui en pâtissent surtout.
 Le plus dur pour ces pauvres gens, est sans doute 
              l'indifférence et l'exploitation dont ils sont victimes. On penserait que ces miséreux ont pu au moins 
              édifier leur case comme ils le voulaient. Non. Déjà conditionnés à 
              l'excès par le milieu physique et économique où 
              ils sont inscrits et qui les écrase, ils sont exploités 
              honteusement par quelques individus qui, au mépris des droits 
              les plus élémentaires de l'humanité, ont fait 
              profession de rançonner les pauvres gens. Certains propriétaires ou locataires de terrains 
              exigent des loyers énormes allant jusqu'à 3.000 francs 
              par mois pour des baraques qu'ils n'ont même pas édifiées 
              eux-mêmes. Les pas de porte se vendent plusieurs dizaines 
              de milliers de francs. Certains de ces "caïds" se 
              font des revenus de 200.000 francs par mois. L'un d'eux a volé 
              aux pauvres plus de 10.000.000 en cinq ans.
 Les pauvres gens qui sont obligés d'en passer par de telles 
              conditions, ne gagnent que 15.000 à 20.000 francs par mois, 
              quand ils ont du travail, et doivent s'endetter pour conserver leur 
              pauvre gourbi.
 
 Dans ces conditions, on se demande comment les gens de la campagne 
              peuvent être tentés par la grande ville.
 Pourtant, la ville est le seul endroit où 
              un homme non spécialisé ait des chances de gagner 
              quelque argent en déchargeant des navires ou les colis des 
              halles. En ville, les enfants sont rentables, ils peuvent 
              cirer les chaussures, vendre des journaux. Enfin, à Alger, les pauvres gens peuvent 
              bénéficier de l'assistance médicale gratuite 
              et même d'une assistance matérielle (la Commune distribue 
              de 100.000 à 130.000 repas par mois dans 9 centres, situés 
              dans les quartiers les plus pauvres). Dans ces conditions, il serait inhumain de prendre 
              des mesures de coercition pour empêcher toute immigration. 
              D'ailleurs, l'immigration ne représente que 1,5 % sur les 
              4 % d'accroissement annuel de la population musulmane.
 La seule solution est que les possibilités de travail en 
              ville croissent au rythme de l'accroissement de la population, qu'une 
              mise en valeur des terres de l'intérieur retienne dans leur 
              douar les éventuels clients des bidonvilles d'Alger.
 
 Cela est du ressort de la planification et de l'industrialisation 
              de l'Algérie et intéresse le pays tout entier. Nous 
              croyons savoir que M. le Gouverneur Général s'y intéresse 
              profondément.
 
 La Ville, de son côté, a fait vivre des milliers d'ouvriers 
              en créant des chantiers de chômage et surtout en donnant 
              à l'industrie du Bâtiment un essor jusqu'alors inconnu. 
              II y a 3.000 ouvriers sur les chantiers de Mahçoul, Saâda, 
              Climat-de-France. Grâce à eux, depuis près de 
              deux ans, 20.000 personnes peuvent vivre plus décemment.
 
 Parallèlement, un très gros effort a été 
              entrepris pour effacer les bidonvilles les plus criards en remédiant 
              aux injustices dont nous avons parlé.
 Des cités de recasement dotées d'égouts, 
              d'eau, de W.C. publics et d'électricité ,abritent 
              plus de 6.000 personnes.  Une cité 
              de recasement, la Cité Legembre. Ces réalisations 
              pour louables qu'elles
 soient, ne peuvent constituer que des solutions transitoires.
 
 630 logements à normes réduites 
              ont été édifiés à Mahçoul, 
              pour abriter décemment la population la plus défavorisée.
 Avant même que soient terminées les cités qui 
              ont fait d'Alger la ville-pilote du logement, d'autres programmes 
              sont mis en route avec des moyens encore accrus pour aller plus 
              vite que la natalité, et que bientôt chaque famille 
              vive heureuse dans un logement clair.
 
 C'est toujours au même problème que s'attaque le programme 
              géant de la cité du 
              Climat-de-France, où 4.000 logements abritant 
              25.000 personnes permettront de décongestionner cet autre 
              bidonville qu'est la 
              Casbah.
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  La Casbah 
              d'Alger. -- Un nom de légende... mais aussi un quartier où, 
              sur 15 ha, vivent 42.000 habitants.
 
 Là, 42.000 personnes se pressent 
              sur 15 hectares, dans des maisons anciennes où chaque chambre 
              abrite une famille nombreuse (5,75 personnes par logement, en moyenne). 
              Les quartiers avoisinants sont également surpeuplés; 
              les conditions d'hygiène et la promiscuité y sont 
              pires que dans les bidonvilles.
 Même 6.000 personnes qui n'ont pu trouver à se loger 
              à l'intérieur, ont édifié leur bidonville 
              sur les terrasses de la Casbah. En décongestionnant et en 
              nettoyant la vieille ville musulmane qui est un des joyaux d'Alger, 
              la Municipalité entend redonner au tourisme la place qu'il 
              doit avoir dans l'économie de la cité.
 
 Ainsi, en prenant pleine conscience de tous les problèmes 
              qui ont compliqué à l'extrême la situation économique 
              et sociale, Alger entend retrouver et redonner au pays dont l'activité 
              est liée à la sienne, un équilibre dynamique, 
              source de paix et de prospérité.
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  Répartition 
              des bidonvilleset des cités de recasement
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