| CHAPITRE IIILES CHEMINS DE FER À VOIE DE 1,000 M
 -a) Remarques préliminaires 
         -----Comme 
        il a été dit dans l'introduction, il a paru intéressant 
        de faire pour la voie de 1 mètre le même travail que pour 
        la voie de 1,055 m. Certes, comme déjà dit, les lignes à 
        voie de 1 mètre furent moins nombreuses et surtout bien moins longues 
        que celles à voie de 1,055 m, mais leur histoire particulièrement 
        complexe valait la peine d'être étudiée. -----Nous 
        ne reviendrons pas sur la ligne Bône -
 Saint-Charles rencontrée au tout début de cette étude 
          
        (cf. chapitre I). On rappellera simplement que sa 
        section Kerazas - La Seybouse fut le premier chemin de fer ayant existé 
        en Algérie et que la ligne fut tout d'abord en totalité 
        à voie de 1 mètre avant d'être mise ultérieurement 
        à voie normale.
 -----Pour 
        bien comprendre la suite, il est nécessaire de se reporter à 
        l'année 1885.
 -----Du côté 
        voie normale, le PLM exploite ses deux lignes Alger - Oran et Constantine 
        - Philippeville et l'Ouest Algérien ses deux lignes Sainte-Barbe-du-Tlelat 
        - Crampel et La Senia-Ain-Temouchent, les deux sections terminales étant 
        ouvertes cette année-là.
 -----L'Est 
        Algérien termine sa ligne Maison-Carrée - Constantine (le 
        tronçon central Palestro - El Achim ne sera ouvert qu'en 1886). 
        En revanche, il a ouvert la première section El Gherrah - Batna 
        de sa ligne de pénétration dans le sud, et cette ligne est 
        bien à voie normale, comme celle de Crampel.
 -----Le Bône 
        - Guelma a ouvert ses deux lignes de Kroubs et de Ghardimaou, en tronc 
        commun de Bône à Duvivier, et à Ghardimaou il rejoint 
        la ligne venant de Tunis qu'il exploite également.
 -----Pour 
        la voie de 1,055 m, la Franco Algérienne exploite la ligne Arzew 
        - Méchéria, les deux lignes Tizi - Mascara et Mostaganem 
        - Tiaret ont été concédées et sont en cours 
        de construction. Mais pour la voie de 1 mètre, on ne trouve encore 
        que la ligne privée Bône - Aïn-Mokra, ouverte au service 
        public cette année-là.
 -
 ----Le point clé est alors le suivant : à 
        quelques jours d'intervalle, en août 1885, l'Est Algérien 
        et le Bône - Guelma reçoivent chacun la concession au titre 
        de l'intérêt général d'une ligne considérée 
        comme secondaire et qui doit donc être construite à voie 
        métrique.
 -----Il s'agit 
        de la ligne Ouled Rhamoun - Aïn-Beïda pour l'Est Algérien 
        et de la ligne Souk-Ahras - Tebessa pour le Bône - Guelma. Nous 
        avons dit que ces deux lignes étaient considérées 
        comme secondaires, la première étant une pénétration 
        vers les Aurès à travers un début de désert, 
        la seconde étant surtout d'intérêt militaire, devant 
        assurer la protection de la frontière tunisienne.
 -----Nous 
        allons voir que l'une et l'autre connurent un destin fabuleux, à 
        titre transitoire pour la première, et à titre permanent 
        pour la seconde.
 -----Ainsi, 
        pour deux lignes secondaires, la voie métrique s'impose. Mais alors 
        pourquoi avoir choisi l'écartement de 1 mètre de préférence 
        à celui de 1,055 m ? Encore aujourd'hui, 
        c'est une énigme historique.
 -----L'analyse 
        que nous allons faire mettra en évidence que chacun de ces écartements 
        présentait des avantages et des inconvénients, mais ne permettra 
        pas de conclure pourquoi la voie de 1 mètre l'a emporté 
        sur l'autre.
 ----usque 
        là, nous venons de le rappeler, les concessions accordées 
        au titre de l'intérêt général ne comportaient 
        que deux écartements la voie normale et celle de 1,055 m. Le premier 
        inconvénient du choix effectué est d'introduire un troisième 
        écartement et d'obtenir ainsi deux voies métriques non échangeables 
        entre elles. Au contraire, certains responsables algériens, les 
        militaires en tête, regrettaient la "bizarrerie" présentée 
        par la voie de 1,055 m, et il était d'autant plus naturel d'abandonner 
        cette dernière que son domaine était l'Oranie, donc à 
        l'opposé du Constantinois. Mais alors, pourquoi en 1886, l'année 
        d'après, revient-on à elle pour la ligne Blida - Berroughaia 
        ? Il y a bien contradiction. De plus, nous l'avons rappelé, en 
        1885, le seul cas de voie de 1 m en Algérie est la ligne Bône 
        - Aïn-Mokra, et avec ses 32 km c'est vraiment une bien petite ligne 
        pour pouvoir servir de modèle à imiter. Prenons alors la 
        carte du réseau ferré nord-africain au moment de son développement 
        maximum. On peut dire alors que le Maroc (partie espagnole exclue) ne 
        connaît pas la voie métrique, que les départements 
        d'Oran et d'Alger connaissent la voie de 1,055 m, que le département 
        de Constantine et la Tunisie connaissent la voie de 1 m. Mais tout ceci 
        est bien prématuré en 1885. En particulier, le département 
        d'Alger, nous venons de le rappeler, ne connaît pas encore la voie 
        métrique. Quant au réseau tunisien à voie de 1 m, 
        son extension sera certes très importante, mais elle ne débutera 
        que 10 ans plus tard en 1895. En conclusion, la seule chose que nous pouvons 
        dire sans nous tromper est la suivante : les décisions de 1885 
        et de 1886 sont contradictoires et, à ce titre, sont aberrantes 
        toutes les deux. Il parait alors inutile d'épiloguer plus longtemps.
 Nous allons donc étudier ces lignes algériennes à 
        voie de 1 m en les prenant par ordre chronologique d'ouverture. Mais, 
        comme nous l'avons fait pour la voie de 1,055 m, nous allons les regrouper 
        par grands ensembles. Commençons alors par celle du Bône 
        - Guelma, ouverte un an avant celle de l'Est Algérien.
 
 ------L'histoire 
        des lignes à voie de 1 m Bône - Guelma et de l'Ouenza étant 
        particulièrement complexe, il nous a paru utile d'en récapituler 
        quelques points clés dans le tableau suivant.
 
         
          | Section  | Ouverture | Voie normale | Electrification  | Observations |   
          | Bône - Duvivier | 1876 | * | 1933 |  |   
          | Duvivier - Souk-Ahras | 1881 | * | 1932
 |  |   
          | Souk-Ahras - Oued-Keberit | 1888 | 1922 | 1932 | Partie double voie 1951 |   
          | Oued-Keberit - Tebessa | 1888 | 1946 | 1951 |  |   
          | Tebessa - Djebel-Onk | 1966 |  |  |  |   
          | Duvivier -Guelma | 1877
 | * |  |  |   
          | Guelma-Hammam-Meskoutine | 1878 | * |  | Abandonnée en 1957 |   
          | Hammam-Meskoutine - Oued-Zenati | 1879
 | * |  | Abandonnée en 1957 |   
          | Oued-Zenati - Le Kroubs | 1879 | * |  |  |   
          | Souk-Arhas -Tarja | 1884 | * | 1951 |  |   
          | Tarja - Frontière | 1884 | * |  |  |   
          | Oued-Keberit - Ouenza | 1921 | * | 1932 |  |   
          | Aïn-Chenia - Bou-Khadra | 1929 | * | 1932 |  |   
          | Tebessa - Rhilane | 1893 | 1946 | 1951 | 3 files rails avant 1959 |   
          | Rhilane - Le Kouif | 1893 | 1946 | 1951 | 3 files rails avant 1959 |   
          | Rhilane - Frontière | 1931
 | * |  | Abandonnée en 1951 |   
          | NB : Dans la colonne voie normale, le 
            signe * indique que la section correspondante a été 
            construite à voie normale, donc dès le départ. |  
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