| LES CHEMINS DE FER ALGÉRIENS 
        DE L'ETAT Le réseau des Chemins de fer algériens de 
        l'Etat déroule sa voie ferrée sur 3 600 kilomètres 
        environ. Il représente sensiblement les trois quarts de l'ensemble 
        des voies ferrées algériennes, et c'est le plus considérable, 
        et de beaucoup, de nos réseaux d'outremer. D'Alger à la 
        frontière tunisienne, il s'étend d'abord parallèlement 
        à la mer, poussant des antennes tantôt vers l'intérieur, 
        tantôt vers la côte. La plus importante est celle qui, de 
        Philippeville par Constantine et Biskra, aboutit dans le Sud-Constantinois, 
        à Touggourt, à plus de 500 kilomètres de la Méditerranée. 
 Dans le département d'Oran, le réseau dessert, par une ligne 
        de 300 kilomètres environ, les régions d'Oran, Mostaganem, 
        Relizane et Tiaret, où la vie agricole est extrêmement intense. 
        De cette ligne se détache une transversale parallèle à 
        la mer qui, par Mascara, va finir à Sidi bel Abbès et coupe 
        à Tizi la ligne d'Oran à Colomb Béchar et à 
        Kenadza. A 770 kilomètres de la côte, Kenadza est le siège 
        d'une houillère exploitée par le réseau.
 
 Ce réseau n'avait, en 1900, que 707 kilomètres de lignes 
        : son histoire est liée à celle du développement 
        même de l'Algérie.
 
 C'est le rachat, en 1900, des lignes de la Compagnie franco-algérienne 
        dans le département d'Oran qui a donné naissance au réseau 
        algérien d'Etat, dont la gestion fut confiée à la 
        direction des Chemins de fer métropolitains de l'Etat.
 
 Ces 
        lignes à voie étroite (1,055 m) avaient une longueur 
        de 707 kilomètres répartis entre la ligne d'Oran à 
        Aïn Sefra avec embranchement de Tizi à Mascara - à 
        la fois ligne d'exploitation des nappes d'alfa et ligne stratégique 
        - et la ligne de Mostaganem à Tiaret, ligne agricole destinée 
        à apporter à la mer les produits du Sersou.
 
 Par la suite, la voie d'Oran à Aïn Sefra fut prolongée, 
        toujours pour des raisons stratégiques et aussi en prévision 
        de la création de centres agricoles, jusqu'à Beni Ounif 
        de Figuig, Colomb Béchar et Kenadza (771 kilomètres) ; elle 
        était raccordée à la voie de Mostaganem à 
        Tiaret poussée elle-même jusqu'à Trumelet. Enfin, 
        la construction de la transversale de Sidi bel Abbès à Tiaret 
        portait la longueur totale de ce réseau oranais aux 1 322 kilomètres 
        exploités actuellement.
 
 En 1908, le réseau de l'Est-Algérien était racheté 
        à son tour : ses 898 kilomètres étaient constitués 
        par les lignes d'Alger à Constantine, avec embranchement à 
        Beni Mansour sur Bougie, à El Guerra sur Biskra (voie normale) 
        et à Ouled Rhamoun sur Aïn Beïda (voie métrique).
 
 En 1921, la ligne de Philippeville à Constantine, en 1922, la ligne 
        de Biskra à Touggourt y étaient incorporées. Des 
        lignes nouvelles venaient s'y ajouter, ligne d'Aïn Beïda à 
        Khenchela, d'Aïn Beïda à Tebessa, de Bouïra à 
        Aumale. Enfin le rachat du, réseau vapeur de la Compagnie des C. 
        F. R. A. complétait ce réseau qui a aujourd'hui une longueur 
        de 1 612 kilomètres.
 
 Le 27 septembre 1912, un décret avait institué une administration 
        autonome qui, placée sous l'autorité du gouverneur général 
        et sous le contrôle financier des Assemblées algériennes, 
        prenait le nom de Chemins de fer algériens de l'Etat.
 
 En 1915, les Chemins de fer algériens de l'Etat recevaient en charge 
        les 432 kilomètres de lignes algériennes rachetées 
        par la colonie à la Compagnie du Bône-Guelma et prolongements, 
        lesquelles, par suite de l'incorporation des lignes précédemment 
        exploitées par les Compagnies Bône-Mokta-Saint-Charles et 
        Bône-La Calle, forment, à l'heure actuelle, un réseau 
        de 629 kilomètres.
 
 Le réseau des Chemins de fer algériens de l'Etat est, dans 
        son ensemble, un réseau agricole.
 
 Si l'on prend les différentes catégories de trafic pendant 
        l'année 1928, on s'aperçoit que les produits de l'agriculture 
        ont représenté plus de 50 % du trafic du réseau oranais 
        et plus du tiers de celui du réseau de l'Est-Algérien.
 
 Par contre, le réseau Bône-Guelma est avant tout un réseau 
        minier. Les minerais de fer de l'Ouenza et les phosphates du Kouif contribuent 
        pour plus des trois quarts au trafic général du réseau.
 
 Les transports en petite vitesse sur l'ensemble des réseaux ont 
        augmenté dans des proportions considérables. Le nombre des 
        tonnes transportées, qui atteignait 2 000 000 de tonnes en 1916 
        après la reprise du réseau Bône-Guelma, s'est élevé 
        à 4 200 000 tonnes en 1928. Le tonnage kilométrique est 
        passé, pendant la même période, de 280 000 000 de 
        tonnes à 630 000 000 environ.
 
 Le trafic voyageurs a progressé dans des proportions considérables. 
        Le nombre des voyageurs transportés est passé, en effet, 
        de 2 560. 000 en 1913 à 5 760.000 en 1928.
 
 Pour se rendre compte des efforts faits par les C. F. A. E. pour mettre 
        leur exploitation à la hauteur des besoins du commerce et de l'industrie, 
        il est utile tout d'abord de connaître les difficultés particulières 
        auxquelles ils se sont heurtés. On peut dire que le réseau, 
        dans son ensemble, est un réseau de montagne. Les rampes maxima 
        de 25 m/m y sont extrêmement fréquentes. Sur la voie normale 
        on trouve souvent des courbes d'un rayon de 200. Grâce à 
        un apport de matériel nouveau, une très sérieuse 
        modification a pu être apportée dans le service d'Oran à 
        Colomb Béchar. Ce service, qui ne comprenait autrefois qu'un train 
        hebdomadaire, est assuré maintenant par un train trihebdomadaire 
        composé uniquement de voitures à boggies, d'une voiture-lits 
        et d'un wagon-restaurant. Sur le réseau de l'Est-Algérien, 
        l'ancien train de nuit tri-hebdomadaire d'Alger à Constantine a 
        été remplacé par un train de nuit quotidien qui effectue 
        le parcours en douze heures au lieu de seize précédemment, 
        comme du reste les trains de jour, malgré les difficultés 
        du parcours.
 
 Ces trains sont formés de voitures à boggies avec frein 
        continu, intercirculation, chauffage par la vapeur et éclairage 
        électrique. Le train de jour comprend, en outre, un wagon-restaurant 
        et le train de nuit un wagon-lits. Depuis l'incorporation de la ligne 
        de Philippeville à Constantine, les trains ont leur point de départ 
        et d'arrivée à Philippeville.
 
 Enfin, depuis 1922, Biskra et Touggourt sont reliés par un train 
        quotidien, tandis qu'autrefois le service n'était assuré 
        que tous les deux jours entre ces gares.
 
 Les trains de voyageurs assurant le service de Constantine à Bône 
        et Tunis - un train de jour et un train de nuit - sont assurés 
        maintenant par des voitures à boggies munies de l'éclairage 
        électrique, du chauffage à la vapeur et du frein continu. 
        Ces trains comportent, comme sur l'Est-Algérien, des wagons-lits 
        et des wagons-restaurants.
 
 
 On a dit de l'Algérie qu'elle était le premier studio cinématographique 
        du monde. On a pu dire aussi du réseau des Chemins de fer algériens 
        de l'Etat qu'il était le réseau touristique par excellence.
 
 Il dessert en effet, par ses voies ferrées. et leurs correspondances 
        automobiles, les sites à la fois les plus divers et les plus beaux 
        de l'Algérie.
 Illustration" du 24 mai 1930Transmis par Raphaël PASTOR
 
 
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