| -----Le développement 
        des chemins de fer en Algérie fut l'uvre de Napoléon 
        III vivement encouragé par son demi-frère le duc de MORNY. 
        Celui-ci fort intéressé, à tous les sens du terme, 
        par ce nouveau mode de transport, fut entre autres postes, Président 
        de l'éphémère Compagnie du Grand-Central et Vice-président 
        de la Compagnie du chemin de fer d'Orléans (Le Paris-Orléans).
 ------Le décret impérial du 8 avril 
        1857 prévoyait la construction
 ------- d'une 
        ligne principale parallèle à la côte de Constantine 
        à Alger et Oran par ou près Aumale, Sétif, Blidah, 
        Orléansville et Sainte-Barbe-du-Tlélat, soit 881 km,
 ------- de 
        lignes partant de la ligne principale et aboutissant aux principaux ports
 ------- Philippeville 
        à Constantine, 87 km
 ------- Bougie 
        à Sétif, 110 km
 ------- Bône 
        à Constantine, 202 km
 ------- Ténès 
        à Orléansville, 58 km
 ------- Oran 
        à Tlemcen par Sainte-Barbe-du-Tlélat et Sidi-Bel-Abbès,	
        120 km
 ------- Arzew 
        et Mostaganem à Relizane 68 km
 
 ------Ce plan 
        de développement, le premier des trois qui se succéderont, 
        correspondait sensiblement au projet présenté dès 
        1833 par Emile PEREIRE soutenu par ses amis saint-simoniens, et financièrement 
        par la famille ROTSCHILD. Pour des raisons économiques et politiques, 
        ce projet était alors resté sans suite.
 
 ------Emile 
        PEREIRE et son frère Isaac jouèrent directement et indirectement 
        un rôle important dans le développement des chemins de fer 
        tant en métropole qu'en Algérie.
 
 ------Revenons 
        au plan de Napoléon III.
 Trois tronçons de ligne devaient être construits en priorité, 
        d'une part pour permettre l'exploitation des ressources naturelles des 
        régions concernées et d'autre part, pour consolider la présence 
        française en Algérie. Il s'agissait des tronçons:
 - Alger-Blida
 - Philippeville-Constantine
 - Oran-Saint Denis-du-Sig
 
 ------La construction 
        et l'exploitation de ces trois tronçons furent concédées 
        à une société anonyme créée pour la 
        circonstance : la Compagnie des chemins de fer algériens 
        dont le siège était à Paris, 66 rue de la Chaussée 
        d'Antin. Une partie des actions de cette société était 
        acquise par des sociétés, banques et particuliers fortunés 
        ; une autre partie était mise en vente publique. Cette concession 
        avait été accordée par des lois du 20 juin et du 
        11 juillet 1860. Notons que pour répondre à l'impatience 
        de l'opinion publique algérienne, Napolon III avait fait entreprendre, 
        par l'armée et dès 1858, la construction de l'infrastructure 
        et des ouvrages d'art entre Alger et Boufarik.
 
 ------La première 
        séance du conseil d'administration de la Compagnie des chemins 
        de fer algériens se tint le 23 août 1860. On y procède 
        à la nomination de son président (M. Ferdinand BARROT) et 
        la première décision opérationnelle fut prise : l'envoi 
        à Alger d'une locomotive à vapeur qui devait figurer dans 
        les cérémonies données à l'occasion du voyage 
        projeté en Algérie par Napoléon III.
 
 ------À 
        titre anecdotique, cette locomotive fournie par la Compagnie du PLM, arrivera 
        à Alger en septembre 1860. Endommagée, elle ne pourra pas 
        être mise en service.
 
 ------L'Entrepreneur 
        Général des travaux de la Compagnie des chemins de fer algériens 
        fut Sir MORTON-PERO, Baronnet, membre du parlement britannique, et par 
        ailleurs gros actionnaire de la Compagnie car par contrat, il s'engageait 
        à acquérir les actions qui mises en vente dans le public 
        n'auraient pas trouvé d'acquéreurs. Or, il n'y eut pas beaucoup 
        d'acheteurs puisque sur les 110 000 actions mises en vente, seulement 
        33 000 furent acquises.
 
 ------Hélas, 
        très rapidement, la Compagnie des CFA connut des gros problèmes 
        financiers, à cause notamment d'une conjoncture économique 
        difficile dans toute l'Europe. Dès octobre 1860, l'ingénieur 
        en chef de la Compagnie, Hippolyte MANTION, transfuge de la Compagnie 
        du Nord dirigée alors par James de ROTSCHILD, proposait de réduire 
        à 300 voire à 250 mètres les rayons des courbes alors 
        que le cahier des charges imposait des rayons de 500 mètres au 
        moins. Cette mesure en permettant à la voie de mieux épouser 
        les reliefs du terrain, et notamment le tracé sinueux des vallées, 
        supprimait ipso facto la construction de nombreux ouvrages d'art et permettait 
        ainsi des économies substantielles, malgré l'allongement 
        du kilométrage des lignes.
 
 ------On peut 
        dire, en résumant à peine, que ce principe sera retenu pour 
        l'ensemble des voies ferrées d'Algérie, ce qui donnera au 
        réseau son relief tourmenté et nuira à la vitesse 
        des circulations en raison notamment, sur certaines portions, des fortes 
        déclivités imposées par le manque de tunnels.
 
 ------Difficilement, 
        entrant même en conflit avec l'Empereur, les administrateurs parvinrent 
        au bout de la construction du tronçon d'Alger à Blida 
        qui fut inauguré le 15 août 1862, en présence 
        du Maréchal PELISSIER, duc de Malakoff, Gouverneur Général 
        de l'Algérie, des généraux YUSUF et LASERRE, du maire 
        de Blida, Raoul de MONTAGNY et du journaliste parisien Théophile 
        GAUTIER, décidément spécialiste de ce genre de manifestation 
        car il avait déjà couvert l'inauguration de la ligne de 
        Paris à Lille. Le banquet officiel se tint sous les oliviers du 
        "Bois Sacré", jardin bien connu des blidéens.
 
 ------La ligne 
        fut réellement mise en service le 8 septembre 1862 pour les marchandises 
        et 25 octobre 1862 pour les voyageurs.
 
 ------Les 
        huit locomotives à vapeur affectées à cette liaison 
        devaient assurer des vitesses commerciales de 20 à 45 kilomètres 
        par heure. Elles reçurent évidemment chacune un nom de baptême 
        : Sidi-Ferruch, l'Atlas, le Sahel, la Mitidja, l'Harrach, La Chiffa, 
        le Bou-Roumi, le Mazafran.
 
 ------La Compagnie 
        des chemins de fer algériens ne survécut pas longtemps à 
        cette mise en service. Une loi du 11 juin 1863 transférait à 
        la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, les 
        tronçons des lignes précédemment concédées 
        à la Compagnie des chemins de fer algériens. Ce transfert 
        avait été évoqué dès août 1861 
        par les ministères de la Guerre et des Travaux Publics, mais, l'un 
        des directeurs de la Compagnie PLM, Paulin TALABOT, n'avait pas reçu 
        favorablement cette proposition. La même loi accordait à 
        la Compagnie PLM la concession du tronçon de Blida à 
        Saint-Denis-du-Sig, donc finalement la totalité de la ligne 
         Alger-Oran qui fut ouverte aux circulations par tronçons 
        les ler novembre 1868 (Relizane-Oran), 8 juillet 1869 (Blida-Bou-Medfa), 
        15 juin 1870 (Affreville-Relizane) et le 1er mai 1871 (Bou-Medfa-Affreville). 
        Le tronçon Alger-Blida était déjà opérationnel.
 
 ------La construction 
        et l'exploitation de la ligne d'Alger à Constantine 
        furent concédées à la Compagnie de l'Est algérien 
        par des lois et des décrets successifs des 15 décembre 
        1875 (Constantine à Sétif), 20 décembre 1877 (La 
        Maison-Carrée à l'Alma), 3 décembre 1878 
        (l'Alma à Ménerville).
 
 ------Ces 
        tronçons furent livrés aux circulations respectivement les 
        10 mai et 5 août 1879 et le 25 septembre 1881.
 12
 
 ------Le chaînon 
        manquant de Ménerville à Sétif ne sera concédé 
        que plus tard.
 
 ------La ligne 
        de Philippeville à Constantine sera ouverte le 1er 
        septembre 1870.
 
 ------La ligne 
        de Bougie à Sétif ne sera pas construite dans 
        le cadre de ce premier plan .
 
 ------La liaison 
         Bône-Constantine, retardée par la guerre de 
        1870, connut une réalisation particulière.
 
 ------Dans 
        un premier temps, la concession du tronçon de Bône à 
        Guelma fut accordée, par un décret du 7, mai 1874, à 
        la Société de Construction des Batignolles, société 
        créée par Félix GOUIN, parent par alliance des frères 
        PEREIRE et ami en affaire des frères ROTSCHILD. Félix GOUIN 
        participa, tant en France que dans plusieurs pays étrangers - Espagne 
        et Roumanie notamment - à la construction de nombreuses lignes 
        de chemins de fer. Sa principale activité fut toutefois dans le 
        domaine ferroviaire, la construction de locomotives à vapeur dont 
        il équipa la plupart des pays européens. Félix GOUIN 
        créa pour la circonstance, la Compagnie de Bône à 
        Guelma qui devint donc concessionnaire officiel et qui, en toute 
        logique, fit appel pour la réalisation des travaux à... 
        la Société de Construction des Batignolles.
 
 ------La ligne 
        Bône-Guelma (88 km) fut ouverte aux circulations le 1er septembre 
        1876 pour la partie de Bône à Duvivier (55 km) et le 23 avril 
        1877 pour la partie de Duvivier à Guelma (33 km).
 
 ------Par 
        une loi du 26 mars 1877, la Compagnie de Bône à Guelma obtiendra 
        également la concession de Guelma au Kroubs (115 km). Ce tronçon 
        sera mis en service entre le 19 décembre 1878 et le 30 mars 1879. 
        La liaison terminale Le Kroubs-Constantine sera réalisée 
        lors de la construction du tronçon Sétif-Constantine.
 
 ------Par 
        cette même loi du 26 mars 1877, la Compagnie de Bône à 
        Guelma obtenait la concession de la portion de ligne de Duvivier à 
        Souk-Ahras (52 km), puis par une loi du 20 avril 1882, la concession de 
        la portion de ligne de Souk-Ahras à Sidi-El-Hémessi - frontière 
        tunisienne (53 km).
 
 ------Ces 
        tronçons furent mis en service respectivement les 30 juin 1881 
        et 29 septembre 1884 permettant ainsi la connexion des réseaux 
        algérien et tunisien.
 
 ------Notons 
        que la Société de Construction des Batignolles fut également 
        concessionnaire de la ligne de Tunis à la frontière algérienne 
        en 1876 et 1878.
 
 ------La ligne 
        de Ténès à Orléansville ne sera 
        pas construite dans le cadre de ce premier plan.
 
 ------Pour 
        ce qui est de la ligne d'Oran à Tlemcen, la liaison 
        entre Oran et Sainte-Barbe-du-Tlélat avait été réalisée 
        lors de la construction de la ligne d'Alger à Oran (tronçon 
        de Relizane à Oran mis en service le 1er novembre 1868). La jonction 
        entre Sainte-Barbe-du-Tlélat et Sidi-bel-Abbès (52 km) fut 
        concédée à la Compagnie de l'Ouest algérien, 
        par une loi du 30 novembre 1874, et fut mise en service le 3 mai 1877. 
        Le reste de la ligne jusqu'à Tlemcen sera réalisé 
        dans le cadre d'un deuxième plan de développement.
 
 ------Enfin, 
        pour en terminer avec ce premier plan, signalons que la ligne d'Arzew 
        et Mostaganem à Relizane ne sera réalisée 
        que lors du deuxième plan de développement évoqué 
        ci-dessus.
 
 ------Deux 
        réalisations complétèrent le plan impérial 
        : la ligne d'Arzew à Saïda et la ligne de Bône à 
        Aïn-Mokra.
 
 ------La construction 
        de la ligne, à 
        voie étroite, d'Arzew à Saïda (171 km) fut 
        confiée à la Compagnie Franco-algérienne 
        par décret du 29 avril 1874. Elle fut mise en service le 28 septembre 
        1879. En contrepartie de ses investissements, la Compagnie Franco-algérienne 
        reçut le monopole de l'exploitation de 300 000 hectares d'alfa.
 
 ------A des 
        fins stratégiques (surveillance de la frontière marocaine 
        et à la suite de mouvements insurrectionnels dans le sud oranais), 
        cette ligne sera prolongée jusqu'à Aïn-Séfra 
        (283 km), section dont la mise en service aura lieu entre le 1" juin 
        1881 et le 28 août 1887.
 
 ------La liaison, 
        à voie étroite, de Bône à Aïn-Mokra 
        (33 km) fut concédée, à titre de ligne industrielle, 
        à la Compagnie des Mines de Mokta-El-Hadid par arrêté 
        impérial du 12 juin 1863. Cette liaison sera mise en service en 
        1864.
 
 ------En 1879, 
        sous la troisième République et la présidence de 
        Jules GREVY, un deuxième plan de développement des chemins 
        de fer en Algérie fut adopté.
 
 ------La loi 
        du 18 juillet 1879 prévoyait notamment les liaisons
 - Sainte-Barbe-du-Tlélat à Tlemcen 139 km
 - Tlemcen à la frontière marocaine 59 km
 - Mostaganem à Tiaret par Aïn-Tédelès et Relizane	
        200 km
 - Ténès à Orléansville 58 km
 - Mouzaïaville à Berrouaghia 96 km
 - Ménerville à Sétif 254 km
 - Ménerville à Tizi-Ouzou 51 km
 - Bougie à Beni-Mançour 87 km
 - El-Guerrah à Batna et Biskra 201 km
 - Aïn-Beïda à Ouled-Rahmoun (embranchement sur la ligne 
        d'Alger à Constantine) 89 km
 -Tébessa à Souk-Ahras (avec embranchements ultérieurs 
        vers l'Ouenza et le Kouif) 130 km
 - Oran (La Sénia) à Aïn-Témouchent 70 km
 
 ------La ligne 
        de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Tlemcen fut ouverte 
        au trafic dans les conditions suivantes
 - de Sainte-Barbe-du-Tlélat à Sidi-bel-Abbès (52 
        km) lors de la réalisation du premier plan,
 - le tronçon de Sidi-bel-Abbès à Tabia (23 km) sera 
        réalisé, par la Compagnie de l'Ouest algérien, dans 
        le cadre de la ligne de Sidi-bel-Abbès à Ras- el- Mâ- 
        Crampel et mis en service le 8 juin 1883, le tronçon terminal de 
        Tabia à Tlemcen (64 km), concédé par une loi du 16 
        juillet 1885, sera terminé entre 1887 et 1890.
 
 ------Pour 
        ce qui est de la liaison de Tlemcen à la frontière 
        marocaine, il faudra attendre 1907 pour que la section de Tlemcen 
        à Turenne (30 km) soit mise en circulation par la Compagnie 
        de l'Ouest algérien et 1916 pour que les derniers 40 km 
        entre Turenne et Zoudj-El-Béghal (frontière du côté 
        algérien) soient livrés aux circulations. La connexion civile 
        des réseaux algérien et marocain était enfin réalisée. 
        Une connexion à usage militaire existait depuis 1910.
 
 ------La concession 
        de la ligne de Mostaganem à Tiaret fut accordée 
        par une loi du 15 avril 1885 à la Compagnie Franco-Algérienne. 
        Cette ligne, à voie étroite, sera mise en exploitation le 
        15 mai 1888 (de Mostaganem à Relizane - 76 km) et le 20 février 
        1889 (de Relizane à Tiaret - 126 km). Notons dès maintenant 
        que cette ligne sera prolongée jusqu'à Trumelet le 15 mars 
        1921 à l'initiative du département d'Oran et jusqu'à 
        Burdeau en 1942 par les Chemins de fer algériens.
 
 ------La ligne 
        de Ténès à Orléansville, déjà 
        envisagée lors du premier plan, ne sera encore pas construite dans 
        le cadre du deuxième plan.
 
 ------La ligne 
        prévue de Mouzaïaville à Berrouaghia fut 
        remplacée par une ligne, à voie étroite, de 
        Blida à Berrouaghia (84 km). La mise en service, confiée 
        à la Compagnie de l'Ouest algérien, sera effectuée 
        par tronçons entre 1891 et 1892.
 
 ------La liaison 
        de Ménerville à Sétif qui permettait 
        enfin de relier Alger à Constantine fut, par décret du 2 
        août 1880, concédée à la compagnie de 
        l'Est algérien. Sa mise en service eut lieu par tronçons 
        entre le 1er novembre 1882 et le 3 novembre 1886.
 
 La ligne Ménerville-Tizi-Ouzou confiée à 
        la Compagnie de l'Est algérien par une loi du 23 
        août 1883, nécessitera trois mises en service successives
 - de Ménerville à Bordj-Ménaïel le 20 août 
        1886 (15 km)
 - de Bordj-Ménaïel à Haussonvillers le 25 janvier 1887 
        (12 km)
 - de Haussonvillers à Tizi-Ouzou le 27 mai 1888 (26 km)
 
 
 -----La 
        ligne directe de Bougie à Sétif prévue dans le premier 
        plan sera remplacée par une liaison Bougie-Beni-Mançour 
        qui, concédée à la Compagnie de l'Est algérien 
        par une loi du 21 mai 1884, sera ouverte au trafic le 10 décembre 
        1888 (Bougie à Tazmalt - 81 km) et le 24 mars 1889 (Tazmalt à 
        Béni-Mançour - 7 km).
 ------La ligne, 
        à voie étroite, El-Guerrah-Biskra, également 
        concédée à la Compagnie de l'Est algérien 
        par des lois du 2 août 1880 et 21 juillet 1884, fut exploitée 
        à partir du 1er novembre 1882 (El-Guerrah à Batna - 80 km), 
        du 26 juillet 1886 (Batna à Aïn-Touta - 33 km), du 9 février 
        1887 (Aïn-Touta à El-Kantara - 32 km) et du 1 er juillet 1888 
        (El-Kantara à Biskra - 56 km).
 
 ------La concession 
        de la ligne d'Aïn-Beïda à Ouled-Rahmoun 
        fut accordée à la Compagnie de l'Est algérien 
        par une loi du 7 août 1885. Construite à voie étroite, 
        la ligne sera ouverte le 11 juillet 1889. Elle sera prolongée d'Aïn-Beïda 
        à Kenchela en application d'une loi du 30 juillet 1900 et ce tronçon 
        sera mis en service le 10 juin 1905.
 
 ------Une 
        loi du 28 juillet 1885 déclara d'utilité publique la construction 
        d'une ligne à voie étroite, entre Souk-Ahras et Tébessa. 
        La réalisation en fut confiée à la Compagnie 
        Bône-Guelma et sa mise en exploitation eut lieu le 27 mai 
        1888. Plus tard, le développement de l'exploitation minière 
        de l'Ouenza exigera la mise à écartement normal de la section 
        de ligne de Souk-Ahras à Oued-Kébérit et ses prolongements 
        vers les mines de l'Ouenza. Ces travaux seront terminés le 10 février 
        1922. A noter que la liaison de Bône à Oued-Kébérit 
        sera électrifiée en 1932 et les embranchements vers l'Ouenza 
        entre 1938 et 1939.
 
 ------Enfin 
        en 1942, la section de ligne entre Oued-Kébérit et Tébessa 
        et son prolongement vers Le Kouif (25 km) seront portés à 
        écartement normal et électrifiés.
 
 ------La construction 
        de la ligne d'Oran (La Sénia) à Aïn-Témouchent 
        (70 km) sera confiée, par une loi du 5 août 1882, à 
        la Compagnie de l'Ouest algérien. Cette ligne sera 
        mise en service par tronçons entre 1884 et 1885.
 
 ------Un ajout 
        au plan 1879 confiera, par une loi du 22 août 1881, à la 
        Compagnie de l'Ouest algérien, la construction d'une 
        ligne de Sidi-bel-Abbès à Ras-El-Mâ-Crampel 
        (100 km). La ligne fut mise en service par tronçons entre 
        le 8 juin 1883 (Sidi-bel-Abbès-Chanzy - 31 km) et le 1" juillet 
        1885 (Chanzy-Ras-El-Mâ-Crampel - 69 km).
 
 ------Enfin, 
        une loi du 3 juillet 1884 permettra la construction de la ligne de Tizi 
        à Mascara (12 km) qui sera mise en service le 20 novembre 
        1886.
 
 ------A la 
        fin de ce 2ème plan, pour répondre aux besoins de plus en 
        plus affirmés des populations, certains ajustements se produisirent 
        sur l'initiative des autorités des trois départements. C'est 
        ainsi que furent construits
 dans le département d'Alger
 ------ en application d'un décret 
        du 16 janvier 1892, les lignes, à voie étroite, d'El-Affroun 
        à Marengo (20 km), d'Alger à Rovigo 
        (36 km), d'Alger à Koléa (48 km) avec un embranchement 
        sur Castiglione à partir de Mazafran, de Dellys à 
        Boghni (67 km). Ces quatre lignes furent concédées 
        à la Société des Chemins de fer sur routes 
        d'Algérie et réalisées dans des conditions 
        particulièrement économiques. Elles furent ouvertes aux 
        circulations entre 1894 et 1900.
 
 ------- en 
        application d'un décret du 19 septembre 1905, la ligne, à 
        voie étroite, Ténès-Orléansville 
        (58 km) ; le prolongement jusqu'à Cherchell (29 km) de la ligne 
        d'El-Affroun à Marengo ; l'embranchement Maison-Carrée 
        à Aïn-Taya (20 km) sur la ligne d'Alger à Rovigo ; 
        la ligne, à voie étroite, de Bouïra à 
        Aumale (43 km). Toutes ces liaisons, confiées également 
        à la Société des Chemins de fer sur routes 
        d'Algérie, seront mises en service entre 1907 et 1910.
 
 dans le département de Constantine
 ------ en application d'une loi du 25 avril 
        1900, le prolongement jusqu'à Saint-Charles (68 km) de la ligne 
        de Bône à Aïn-Mokra. Confiée à la Société 
        des Mines de Mokta-ElHadid, cette portion de ligne sera mise en service 
        en 1904.
 ------ en application d'un décret 
        du 18 août 1900, la ligne de tramway, à voie étroite, 
        entre Bône et La Calle (88 
        km). La mise en service interviendra le 1er juin 1904.
 
 dans le département d'Oran
 ------ en application d'une loi du 25 janvier 
        1892, le prolongement jusqu'à Colomb-Béchar de la ligne 
        d'Arzew à Aïn-Séfra. Les travaux, conduits 
        par les Ponts et Chaussées, seront retardés à plusieurs 
        reprises ; de ce fait la mise en service interviendra seulement le 31 
        août 1901 pour la portion d'Aïn-Séfra à Duveyrier 
        (118 km) et entre le 3 août 1903 et le 21 avril 1906 pour la portion 
        de Duveyrier à Colomb-Béchar (139 km). Un tronçon 
        complémentaire (22 km) conduira jusqu'à Kénadza et 
        permettra l'exploitation des mines de charbon de ce gisement.
 ------ en application d'une loi du 9 avril 
        1898, la ligne à voie étroite d'Oran à Arzew 
        (43 km) qui sera mise en service en 1900 par la Compagnie des Chemins 
        de fer algériens de l'Etat.
 
 -----Certes, ces dernières réalisations 
        correspondaient, pour l'économie de l'Algérie, à 
        des besoins réels, mais accentuaient le caractère hétérogène 
        du réseau constitué de voies à écartements 
        différents (l,45m - l,05m- lm voire O,60m), dont les infrastructures 
        étaient de qualité très variable et concédées 
        à de trop nombreuses compagnies ce qui en alourdissait l'exploitation.
 
 -----Le Gouvernement Général 
        de l'Algérie jugea alors le moment venu de remettre de l'ordre.
 
 -----Les mesures prises conduiront à 
        un 3ème plan de développement qui 
        sera mis en oeuvre à partir des années 19071909.
 
 -----Un 1er volet de ce plan prévoyait la mise à 
        niveau du réseau : consolidation d'ouvrages d'art existants, mise 
        à écartement normal de certaines voies étroites, 
        travaux de réfection de voies pour permettre la circulation de 
        convois de plus en plus lourds.
 
 -----Un 2ème volet du plan permit 
        la construction de lignes nouvelles ou le prolongement de lignes existantes. 
        C'est ainsi que furent construits
 ------ par une loi du 16 juillet 1908, la 
        liaison, à voie étroite, de Béni-Saf à 
        Tlemcen (67 km)
 ------la liaison, à voie étroite, 
        de La Macta à Mostaganem (30 km) mise en service 
        le 20 septembre 1908
 ------par une loi du 26 février 1910, 
        le prolongement de la ligne de Blida à Berrouaghia 
        jusqu'à Boghari puis Djelfa (195 km). La mise en service se fera 
        dans les conditions suivantes
 ------ de Berrouaghia à Boghari (40 
        km) le 15 juillet 1912
 ------ de Boghari à Aïn-Ousséra 
        (57 km) en 1916
 ------ d'Aïn-Ousséra à 
        Hassi-Bahbah (46 km) en 1918
 ------ d'Hassi-Bahbah à Djelfa (52 
        km) en 1921.
 
 -----Cette ligne, construite par l'Etat, 
        sera exploitée dans les premiers temps par la Compagnie de 
        l'Ouest algérien.
 ------par une loi du 6 mars 1910, la ligne, 
        à voie étroite, de Sidi-bel-Abbés à 
        Uzès-le-duc par Tizi et Mascara (157 km). La mise en service 
        interviendra entre le 3 août 1919 et le 15 mai 1927, sauf pour le 
        tronçon de Tizi à Mascara déjà ouvert en 1886.
 ------par une loi du 22 mars 1910, la ligne, 
        à voie étroite, de Relizane à Prévost-Paradol 
        par Zémmorah et Montgolfier (82 km) pour doubler le tronçon 
        de Relizane à Prévost-Paradol par Uzès-le-Duc de 
        la ligne de Mostaganem à Tiaret... La mise en service aura lieu 
        le 30 juillet 1916 de Relizane à Zémmorah et le 15 juillet 
        1925 de Zémmorah à Prévost-Paradol,
 ------ par une loi du 1er avril 1910, le 
        prolongement jusqu'à Tébessa de la ligne d'Ouled-Rahmoun 
        à Aïn-Béïda. Cette section sera exploitée 
        à partir du 15 juillet 1926 d'Oulmène à La Meskiana 
        et du 15 octobre 1926 de La Meskiana à Tébéssa.
 ------par une loi du 4 avril 1910, le prolongement 
        jusqu'à Touggourt (217 km) de la ligne de El-Guerrah à 
        Biskra. La réalisation de cette ligne sera confiée 
        à l'Administration des Territoires du Sud. La mise 
        en service aura lieu le 1er juin 1914. Cette ligne revint aux Chemins 
        de fer algériens de l'Etat, en 1922, ainsi que l'embranchement 
        d'Oumache à Tolga (35 km) mis en service le 1er octobre 1916.
 - -----par une loi du 18 mars 1912, la ligne, 
        à voie étroite, de  Djidjelli à Sidi-Marouf.
 
 -----Ainsi, à la fin de ce 3ème 
        plan de développement, le réseau ferré de l'Algérie 
        était quasiment constitué.
 
 -----Bien entendu, il connaîtra au 
        fil des années les évolutions normales de tout réseau 
        : suppression de lignes, travaux importants notamment de remplacement 
        de voies étroites par des lignes à écartement normal 
        et de doublement de quelques tronçons de lignes, construction de 
        voies nouvelles.
 
 -----C'est ainsi que sera construite la ligne 
        de Zoudj-El-Béghal à Nemours (55 km) qui, 
        en prolongeant la ligne marocaine Colomb-Béchar-Oudjda permettait 
        d'évacuer le charbon de Kénadza, le manganèse de 
        Bouârfa, le plomb et le zinc de Bou-Béker et l'anthracite 
        de Jérada. Cette ligne sera mise en service le 9 mars 1936.
 
 -----Le 3ème volet de ce plan consistait 
        à réorganiser la gestion du réseau.
 
 -----En effet, au fil des concessions et 
        malgré la création des Chemins de fer algériens de 
        l'Etat qui avaient suppléé, par une loi du 12 décembre 
        1900, la Compagnie FrancoAlgérienne défaillante, cinq compagnies 
        se partageaient l'exploitation du réseau ferré algérien.
 
 -----Devant les disparités des règles 
        d'exploitation de ces différentes compagnies, une loi du 23 juillet 
        1904 autorisa le Gouvernement Général de l'Algérie 
        à unifier les tarifs en prenant pour base la tarification de la 
        ligne d'Alger à Oran qui était alors la moins élevée.
 
 -----La Compagnie de l'Est algérien 
        n'ayant pas accepté ces nouvelles règles fut rachetée 
        et incorporée aux Chemins de fer algériens de l'Etat par 
        un décret du 25 août 1907. Il en fut de même pour la 
        Compagnie Bône-Guelma en 1914 (décret du 9 juin 1914) et 
        pour la Compagnie de l'Ouest algérien en 1920 (décret du 
        31 décembre 1920).
 
 -----Ainsi, au début de 1921, deux 
        Compagnies subsistaient : La Compagnie P.L.M. et 
        la Compagnie des Chemins de fer algériens 
        de l'Etat.
 
 -----Une convention qui sera entérinée 
        par une loi du 11 décembre 1922 coordonnera la gestion des deux 
        compagnies. Cette convention fixera notamment les conditions de rachat 
        de la compagnie P.L.M. par le Gouvernement de l'Algérie. Aux termes 
        de cette convention
 ------ celui-ci fait remise à la compagnie 
        P.L.M. de la totalité de sa dette,
 ------ en contrepartie, la compagnie P.L.M. 
        remet en toute propriété à l'Algérie, le matériel 
        roulant, le mobilier et l'outillage des lignes dont elle est concessionnaire, 
        soit Alger-Oran et Philippeville-Constantine.
 
 -----Ce rachat effectué, la Compagnie 
        P.L.M. recevra en affermage l'exploitation des lignes situées à 
        l'Ouest d'Alger et la Compagnie des Chemins de fer algériens de 
        l'Etat exploitera les lignes situées à l'Est d'Alger.
 Par ailleurs, la coordination des deux exploitations était placée 
        sous l'autorité du Gouverneur Général de l'Algérie 
        secondé par un Conseil Supérieur et un Comité de 
        Direction.
 
 -----À quelques ajustements près, 
        ce régime sera appliqué jusqu'en 1938.
 
 -----À cette date, la création 
        de la S.N.C.F. supprimait de facto les anciennes compagnies 
        métropolitaines, dont la Compagnie P.L.M. ; ce qui devait entraîner 
        une modification du régime du réseau algérien.
 
 -----Après avoir été 
        étudié, le rattachement pur et simple de ce réseau 
        à la S.N.C.F. fut abandonné au profit de la création 
        des Chemins de Fer Algériens (C.F.A.), désormais 
        seule Administration à exploiter le réseau ferré 
        d'Algérie. Le décret de création des C.F.A. 
        date du 31 décembre 1938.
 
 -----Enfin, une ordonnance du 4 février 
        1959 instituera la Société Nationale des Chemins de 
        Fer Français en Algérie (S.N.C.F.A.) en lieu et 
        place des C.F.A.
 Pierre MORTON 
        Adh. N° 1410 Sources et bibliographies-----Centre d'archives historiques de la 
        S.N.C.F. 2, avenue de Bretagne 72100 LE MANS
 ------ les chemins de fer de l'Algérie 
        - Tunisie par J. COUREAU, éditions J. MICHELET, 1891
 ------ les chemins de fer algériens 
        par Maurice Antoine BERNARD, éditions A. JOURDAN, 1913
 ------les chemins de fer algériens 
        par René THERY, éditions Economistes européens, 1922
 ------rapport présenté à 
        M. le Délégué général du gouvernement 
        en Algérie par M Paul JUSSEAU, Directeur général 
        des Chemins de fer algériens, avril 1959
 ------Centre des archives du monde du travail, 
        78, boulevard du Général Leclerc, BP 405, 59057 ROUBAIX
 ------ les voies ferrées de la France 
        (France, Algérie, Tunisie et colonies françaises) par MARLIO, 
        MAZERAT, VERGNIAUD, GODFERNAUX - 1912
 ------ Compagnie des Chemins de fer algériens 
        - Procès verbaux des délibérations du conseil d'administration, 
        1860 à 1863
 Documentation personnelle de PMorton
 ------ les cahiers du centenaire 
        de l'Algérie - tome VIII ------ les 
        liaisons maritime, aériennes et terrestres de l'Algérie, 
        par le Colonel DHE et Jean DENIZET, publications du comité national 
        métropolitain du centenaire de l'Algérie
 ------ L'épopée des chemins 
        de fer français par Arthur CONTE, librairie PLON, 1996.
 |