| AVANT-PROPOS -------Alors que les monographies 
        sont nombreuses et bien documentées sur les réseaux de toutes 
        les villes françaises, Alger qui fut, à un moment, la 4ème 
        ville de France, n'a jamais fait l'objet d'aucune étude historique 
        détaillée de son magnifique et original réseau de 
        transports. On n'en a réellement parlé qu'à l'occasion 
        de quelques congrès et inaugurations, avec tout ce que cela comporte 
        d'envolées cocardières et de digressions touristiques. En 
        outre, le départ précipité des Français en 
        1962 n'a pas été accompagné d'un rapatriement systématique 
        des archives dont la majeure partie est probablement encore à Alger 
        mais inaccessible du fait que les autorités du réseau ne 
        répondent pas aux demandes formulées par différents 
        canaux.-------On pourrait penser que les témoignages 
        d'anciens agents de ce réseau, qu'ils soient "pieds-noirs" 
        ou musulmans, devraient pallier l'absence de documents. Hélas, 
        beaucoup de ce qui touche à l'histoire de l'Algérie est 
        encore, plus de vingt-cinq ans après, sujet à la passion 
        mais aussi à la confusion et à l'erreur, tous sentiments 
        fort humains, mais peu compatibles avec une étude historique objective.
 -------Il n'a pas été facile 
        de cerner certains faits et de faire préciser certaines dates, 
        d'autant que la disparition du superbe réseau électrique 
        s'est faite lors de la montée de la violence urbaine dans les années 
        50 à 60, et fut donc complètement occultée par les 
        évènements majeurs de cette douloureuse période. 
        Nous souhaitons que nos lecteurs veuillent bien nous pardonner d'éventuelles 
        imprécisions ou erreurs et s'ils en ont connaissance, nous aident 
        à rétablir la vérité. Car faute de documents 
        et de témoins, cette étude sera peut être la dernière 
        qui pourra être menée sur ce sujet.
 -------Il convient d'autant plus de remercier 
        les personnes qui ont bien voulu apporter à cette étude 
        leur expérience et leur documentation, en particulier M. JUNG de 
        Mulhouse, M. CHAINE, Directeur de Metram, M. HEBRARD, Ingénieur 
        en chef honoraire, M. ROTY, M. COLLARDEAU et M. Rahmani LAKHDAR.
 ALGER -------La vieille El-Djezaïr 
        ne fut pendant longtemps qu'une grosse bourgade barbaresque, lointaine 
        vassale des Turcs et groupée sur le piton rocheux dominant le port, 
        là où se trouve encore la Casbah. Mais son site était 
        l'un des plus beaux du monde. On peut en juger en y arrivant par la mer, 
        ce qui hélas est de moins en moins fréquent : le golfe admirable 
        est surmonté par un relief abrupt où s'étagent les 
        bâtiments d'un blanc éblouissant. Derrière, les hauteurs 
        du Sahel sont parsemées de taches de verdure, tandis que, dans 
        le lointain, les montagnes de Kabylie et de l'Atlas limitent l'horizon 
        sous un ciel rarement troublé. ------Au 
        cours du XIXe siècle, la population d'Alger passa de 30.000 à 
        200.000 habitants, en débordant largement sur les petites plaines 
        situées de part et d'autre du site original. Or, l'expansion se 
        poursuivit pendant tout le XXe siècle ; l'agglomération 
        atteignit 400.000 habitants en 1941 et, de nos jours, elle frôle 
        les 2 millions, formant une bande urbanisée de plus de 40 km le 
        long de la mer, malheureusement sans que les voiries aient suivi cette 
        fantastique progression. 
 
 
         
          |  |  le 
              bd de la République et le train de la C.F.R.A. |  
 
        GÉNÉRALITÉS -------Parler 
          du "réseau" d'Alger est un terme impropre car cette 
          ville en a en fait compté trois, bien distincts, qui se sont 
          longtemps ignorés : les CFRA, le TMS et 
          les TA. Certes des villes comme Paris, Lyon, Lille, St Étienne, 
          ont connu des réseaux multiples mais étroitement imbriqués 
          ; au contraire, à Alger, chacune des trois compagnies avait un 
          secteur géographique tacitement délimité et, pendant 
          au moins 30 ans aucune jonction, aucun tronc commun, aucun croisement 
          ne vinrent ternir leur ombrageux isolement. Toujours une sourde méfiance 
          régna entre eux, et la grande joie des états-majors était 
          de débaucher le personnel des autres entreprises, surtout quand 
          il s'agissait d'ingénieurs de haut rang. 
 ------Cette autarcie totale était d'autant plus curieuse 
          que les normes techniques des trois réseaux étaient à 
          peu près les mêmes, à savoir courant de 600 volts 
          et voie de 1,055 m. Cet écartement reste d'ailleurs une énigme. 
          Tous les spécialistes répondent qu'il fut adopté 
          pour permettre aux lignes à voie étroite africaines de 
          se raccorder aux réseaux ferroviaires antérieurs de l'Afrique 
          anglophone. Cela paraît suspect quand on considère que 
          l'écartement "métrique" anglais est de 1,067 
          m et non de 1,055 m ; une différence de 12 millimètres 
          est déjà un sujet de déraillement sur les aiguillages. 
          Ensuite, il faut noter que le réseau à écartement 
          "métrique anglais" le plus proche d'Alger s'en trouve 
          tout de même à 3.400 km (au Ghana) ; difficile pour un 
          raccordement de tramways ! Quoi qu'il en soit, cet écartement 
          bizarre fut une entrave à tout achat ou vente de matériel 
          et une sujétion supplémentaire lors des commandes de matériel 
          neuf. Notons qu'hormis Alger, seules les voies étroites d'Oranie 
          et le "Blida-Djelfa" ont utilisé l'écartement 
          de 1,055 m, qui fut en décadence dès 1890. Alger est la 
          seule ville du monde qui offrait, sur la PIace du Gouvernement, le spectacle 
          de trois réseaux au même écartement bigarre, se 
          cotoyant sans se toucher (quoique, vers 1900, une jonction ait peut-être 
          existé à hauteur de Bab El Oued pour la livraison du matériel 
          réceptionné sur le port et destiné soit aux TA, 
          soit aux TMS). Les raisons psychologiques d'une telle aberration sont 
          à rechercher dans les origines très différentes 
          de ces trois compagnies. Leurs buts et leurs styles étaient fort 
          différents, avant que l'extension d'Alger ne vienne uniformiser 
          leurs prestations et leurs caractéristiques, ce qui aboutit à 
          la fusion des exploitations le ler Janvier 1959, date hélas bien 
          trop tardive puisque retentissait déjà le glas de ce qui 
          avait été un si beau système de transport.
 LES 
          CFRA  -------Dès 
          1862, une ligne de chemin de fer à voie normale reliait Alger 
          à Blida et le réseau à grande distance se développa 
          très vite sous l'égide de grandes compagnies comme le 
          PLM algérien, l'Etat algérien, le Bône-Guelma, etc... 
          Le tronçon à double voie d'Alger à Maison Carrée 
          assura dès l'origine un petit trafic de banlieue facilitant l'urbanisation 
          du rivage à l'est de l'agglomération. Lorsque la voie 
          normale eut atteint tous les centres vitaux de l'Algérie, l'administration 
          coloniale entreprit d'une part de construire des pénétrantes 
          à voie étroite vers le Sahara (Touggourt, Djelfa, Colom-Béchar), 
          d'autre part d'assurer des dessertes vicinales également à 
          voie étroite dans les régions assez peuplées, à 
          l'image des réseaux départementaux de la métropole. 
          ------Dans la région algéroise, 
          ce rôle fut dévolu à la Compagnie des "Chemins 
          de fer sur routes de l'Algérie". Celle-ci était 
          liée au consortium financier dit "L'Omnium 
          Lyonnais" créé en 1896, et bénéficia 
          d'une concession accordée par le département d'Alger. 
          Il ne s'agissait nullement alors de créer un réseau urbain, 
          mais seulement de desservir quelques villes moyennes non encore atteintes 
          par les grands réseaux, soit en aboutissant directement à 
          Alger, soit en se rabattant sur des lignes à voie normale.
 ------A cette époque, les transports 
          ruraux s'effectuaient dans des conditions invraisemblables à 
          bord de pataches surchargées, avec des normes de sécurité 
          déplorables et des tarifs "à la tête 
          du client". On les appelait les "corricolos" 
          et leurs exploitants s'arrachaient souvent la clientèle au cours 
          de bagarres très violentes.
 ------En 1892, les CFRA entreprirent la 
          construction de trois réseaux à traction vapeur, l'un 
          centré sur Alger,un second entre El Affroun et Cherchell (70 
          km plus à l'Ouest) et un troisième dans les montagnes 
          de Kabylie. Des projets grandioses visaient à relier plus tard 
          ces réseaux entre eux au moyen de lignes zigzagantes et peu rentables 
          mais, comme dans la métropole, la guerre de 1914 vint mettre 
          un terme aux travaux des lignes de jonction déjà entamées.
 ------Seul le réseau centré 
          sur Alger nous intéresse ici. I1 se composait d'une très 
          longue ligne côtière allant de Castaglione (50 km à 
          l'ouest d'Alger) à Aïn-Taya (27 km à l'est), en traversant 
          toute la ville par les boulevards surplombant le port. Un embranchement 
          à l'extrémité ouest atteignit Koléa. Au 
          droit de Maison Carrée, une ligne perpendiculaire à la 
          mer s'enfonçait dans la riche plaine de la Mitidja, jusqu'à 
          l'Arba et Rovigo (37 km d'Alger). Les trains de voyageurs étaient 
          peu fréquents : de 3 à 10 allers retours par jour selon 
          les tronçons, mais le trafic des marchandises était considérable, 
          justifiant une grande gare de marchandises à Alger-Bab el Oued,sans 
          préjudice des nombreuses voies de desserte des entrepôts 
          portuaires. La traction sur le réseau CFRA à vapeur était 
          assurée par 49 locomotives. Les trains comportaient 3 classes, 
          mais les automotrices n'avaient pas de 1è.
 ------En 1898, les CFRA décidèrent 
          d'électrifier leur réseau dans sa partie urbaine, c'est-à-dire 
          des Deux Moulins à Maison Carrée. En revanche, une voie 
          non électrifiée fut posée sur le port le long de 
          la voie normale des Chemins de fer algériens et un tunnel de 
          800 m fut creusé sous le cap de l'Amirauté et la Pointe 
          Kettani. Il permettait la liaison de la ligne de Castaglione avec les 
          voies du port de commerce sans emprunter les boulevards.
 ------De la sorte, les trains de marchandises 
          et les trains de voyageurs à longue distance continuaient à 
          venir du centre d'Alger (rue Waïsse, près de la gare), sans 
          encombrer les rues. L'électrification, exécutée 
          par la Sté "Hydraulique et Electricité" 
          de Charleroi amena un fort trafic supplémentaire, indépendant 
          de celui des lignes primitives. Très 1entes, ces dernières 
          furent, dès les années 1920, concurrencées par 
          d'anarchiques exploitations d'autocars. Héritières des 
          "corricolos", ces guimbardes artisanales passaient juste devant 
          les trains à vapeur CFRA et raflaient à moitié 
          prix la clientèle peu regardante sur la promiscuité. La 
          situation financière des parties rurales se détériorait 
          vite, en dépit d'économies recherchées par l'emploi 
          d'automotrices dont les résultats furent peu convaincants.
 ------Au début du siècle, 
          de nouveaux quartiers se développèrent, un peu en retrait 
          de la mer en se dirigeant vers le Sud-Est. Pour les desservir, les CFRA 
          construisirent en 1905 une antenne se détachant de la ligne de 
          Maison Carrée au lieu dit "Le Champ de Manoeuvre". 
          Elle traversait Mustapha inférieur, Belcourt, Le Ruisseau et 
          aboutissait au bourg de Kouba. La pente terminale extrêmement 
          forte obligeait à laisser les remorques au Ruisseau. Cet embranchement 
          connut aussitôt un succès considérable. La parc 
          des CFRA se composait dès lors de 60 petites motrices à 
          essieux, aux plates-formes entièrement ouvertes.Il y avait aussi 
          4 types de remorques dont un à bogies, avecattelages à 
          manille " chemin de fer "car elles étaient utiliséesaussi 
          bien en traction à vapeur qu'électrique. Un tracteurélectrique 
          assuraitle service urbain des marchandises. Alors que le réseau 
          électrique des CFRA se développait très régulièrement, 
          le trafic du réseau rural à vapeur continuait à 
          se détériorer, tant pour les voyageurs que pour les marchandises, 
          malgré l'apport d'un gros trafic d'enrochements pour conforter 
          les nouvelles jetées du port d'Alger.
 ------En 1926, le gouvernement de la colonie 
          décida de scinder ces deux exploitations : les lignes urbaines 
          électriques furent confiées aux CFRA mais sous forme de 
          régie intéressée, le matériel appartenant 
          donc désormais au département. Par contre, les lignes 
          rurales à vapeur furent rattachées aux Chemins 
          de fer algériens de l'Etat (CFAE).Ceux-ci ne tardèrent 
          pas à en envisager la suppression qui devint effective de 1933 
          à 1935, d'abord pour les voyageurs, ensuite pour les marchandises. 
          On ne peut que regretter cette décision pour la ligne de l'Ouest 
          qui traversant le centre d'Alger en tunnel, comportait de longues distances 
          en site propre et desservait des plages très fréquentées 
          où on aurait pu établir une sorte de métro suburbain. 
          Désormais, le réseau CFRA prit sa tournure définitive, 
          à savoir
 Ligne 1 : Pl du Gouvernement-Maison Carrée, avec des partiels 
          pour HusseinDey et, les jours de courses, pour le Caroubier.
 Ligne 2 : Nelson-Pl du Gouvernement-Le Ruisseau.
 Ligne 3 : navette Le Ruisseau-HusseinDey (motrices seules).
 Ligne 4 : Champ de Manoeuvre-PI du Gouvernement-St Eugène-Deux 
          Moulins
 Ligne 6 : Le Ruisseau-Kouba (motrices seules).
 ------Les ateliers se situaient au Caroubier, 
          les dépôts au Ruisseau et à la rue Alfred de Musset 
          siège de la société. Un petit dépôt 
          annexe aux Deux Moulins permettait d'assurer les premiers services du 
          matin sur la Ligne 4. L'ancien dépôt de la rue Sadi Carnot 
          (rampe Poirel) disparut vers 1939. Le matériel des CFRA était 
          de couleur marron-grenat mais des essais 
          de gris ont eu lieu au début du siècle. Il faut noter 
          à partir de 1933 l'apparition d'aiguillages électromécaniques 
          à certaines bifurcations importantes.
 ------En 1930, ce réseau dépassa 
          30 millions de voyageurs. Mais le matériel de 1898 commençait 
          à vieillir et un renouvellement important apparaissait nécessaire. 
          Dès 1935, apparurent les premiers autobus, destinés soit 
          à des services directs Alger-Maison Carrée plus rapides 
          que les tramways à voie unique, soit au rachat de certains "corricolos" 
          concurrents à destination de quelques quartiers périphériques, 
          soit encore et surtout au remplacement des trains à vapeur en 
          proche banlieue, vers Sidi Ferruch et Fort de l'Eau, les zones plus 
          lointaines étant laissées désormais à des 
          cars privés.
 ------En 1937, deux évènements 
          sont à signaler
 ------°D'abord 
          les tramways et messageries du Sahel, qui exploitaient une unique ligne 
          de tramway entre la P1 du Gouvernement et E1 Biar-Chateauneuf, furent 
          repris par les CFRA qui s'empressèrent d'y mettre des autobus 
          puis, compte tenu des pentes très fortes, des trolleybus au nombre 
          de 10, garés dans l'ancien dépôt TMS de Chateauneuf 
          et inaugurés en 1938.
 -----°Ensuite 
          un prototype de rame réversible de type M + R fut étudié 
          pour la ligne du Ruisseau afin d'éviter les difficiles manoeuvres 
          de remorques avec attelages à tendeurs. Ces rames furent construites 
          en 1938 par les Ateliers CFRA à partir d'anciennes motrices à 
          2 essieux et remorques à bogies.D'un gabarit de 2,30 m elles 
          avaient une allure moderne.Jumelés en permanence, les deux véhicules 
          avaient chacun un poste de conduite en bout et offraient au total 120 
          places dont 68 assises. Un programme de 42 rames MR avait été 
          prévu, mais il est probable qu'une vingtaine seulement furent 
          construites.Les dernières furent remplacées par des rames 
          MRM, où deux motrices à essieux tournaient le dos à 
          une remorque à bogies et qui pouvaient emmener 180 voyageurs.Il 
          semble que 11 de ces rames furent construites.
 ------Dès lors, le réseau 
          CFRA était structuré comme suit à la fin 1939
 Ligne 1 : Pl du Gouvernement-Maison Carrée, exploitée 
          par motrice ancienne + remorque à essieux + remorque à 
          bogies et, pour les services partiels d'Hussein Dey par rame MR.
 Ligne 2 : Nelson-Le Ruisseau, exploitée par rames MRM.
 Ligne 3 : Navette le Ruisseau-Hussein Dey (Génie) avec une motrice 
          ancienne seule.
 Ligne 4 : Champ de Manoeuvre-2 Moulins, exploitée par rames MR.
 Ligne 5 : PI du Gouvernement-El Biar/Chateauneuf, exploitée par 
          trolleybus 
          CS 60.
 Ligne 6 : Le Ruisseau-Kouba exploitée par une motrice ancienne 
          seule.
 Autobus (non numérotés) Pl du Gouvernement-La Bouzaréah.
 P1 du Gouvernement-Baïnem/Sidi Ferruch.
 Pl du Gouvernement-Maison Carrée/Fort de l'Eau.
 Hussein Dey-Leveilley.
 Le parc d'autobus, garés au Caroubier et au nouveau dépôt 
          de la rue Mazela se composait de 58 Renault de 50 places, 8 Panhard 
          de 50 places, 7 Berliet de 45 places, 10 divers (en partie anciens "corricolos").
 ------Les CFRA se trouvaient donc assez 
          bien équipés lorsque la guerre survint, si ce n'est que 
          6 dépôts pour moins de 200 véhicules constituent 
          une charge assez lourde. De plus, on pourrait leur reprocher de n'avoir 
          pas évolué sur le plan tarifaire, en ayant conservé 
          la lourde structure du tarif kilométrique cher aux voies ferrées. 
          Il s'en suivait l'utilisation de billets gigantesques portant tous les 
          noms des stations et où le receveur cochait (au crayon bleu dans 
          un sens, rouge dans l'autre) le point de montée, le point de 
          descente, la date, l'heure et la minute. En service urbain très 
          dense, c'était un bel exercice d'écriture engendrant beaucoup 
          d'erreurs.
 ------Comme partout, la guerre, amenant 
          la raréfaction des voitures particulières et la disparition 
          des autobus, provoqua de fortes surcharges sur les tramways. Les rames 
          MRM étaient alors particulièrement appréciées, 
          ainsi que les lourds convois anciens qui mettaient une heure à 
          atteindre Maison Carrée avec une charge de plus de 250 personnes, 
          sur les tampons et marchepieds compris !
 ------Pour économiser des kilomètres 
          une refonte des services eut lieu en 1942 avec fusion de la ligne 
          4 et des partiels Hussein Dey de la 
          ligne 1, tandis que les rames MRM de la 
          ligne 2 partaient de la Pl du Gouvernement au lieu de Nelson.(Note 
          d'un lecteur assidu et attentif 
          :J'ai beaucoup apprécié 
          tes nouvelles pages sur les transports à Alger. Il y a beaucoup 
          de renseignements mais, à mon sens, quelques erreurs (l'auteur 
          indique qu'il a conscience qu'il peut y avoir quelques inexactitudes) 
          :ainsi, bien que né en 1942, j'ai bien connu le tram des Céféra 
          qui allait à Nelson (il me semble me souvenir que le terminus 
          était indiqué "ICOSIUM" du nom de la rue) et 
          qui passait par le Bd Amiral Pierre où habitait ma grand-mère. 
          Il nous réveillait tous les matins par son tintamarre dû 
          à son allure brinquebalante sur les rails et à ses intempestifs 
          coups de sonnette (au pied !). Il est donc invraisemblable que le terminus 
          des trams de cette ligne ait été reporté de Nelson 
          à la Place du Gouvernement en 1942 (j'opterais plutôt pour 
          1945-1948. Donc, 
          merci à ce lecteur attentif qui recevra, s'il m'en reste une 
          photo dédicacée de Dorothée...Oui, 
          il m'en reste ! Veinard).
 ------Quelques autobus furent équipés 
          de gazogènes pour maintenir un maigre service vers Balnem, Staoueli 
          et Sidi Ferruch. En 1945, le matériel et les voies avaient beaucoup 
          souffert. La navette de Kouba (Ligne 6) fut très vite remplacée 
          par un trolleybus et l'autobus de la Bouzaréah fut aussi remplacé 
          par une antenne trolleybus branchée sur la ligne de Chateauneuf, 
          ellemême prolongée à Ben Aknoun.
 ------Un peu plus tard, la section P1 du 
          Gouvernement-Deux Moulins reçut à son tour des trolleybus, 
          ce qui entraîna la disparition des derniers tramways du début 
          du siècle.
 ------La ligne de Maison Carrée, 
          si belle avec ses longues lignes droites parmi les dunes littorales, 
          vit l'exploitation tramway limitée à Hussein Dey et, en 
          1950 l'ensemble de la Ligne 1 fut transformée en autobus. Des 
          extensions de trolleybus jusqu'à Baïnem à l'ouest 
          et Maison Carrée à l'est furent entreprises en 1950 mais 
          les travaux en furent arrêtés avant leur achèvement.
 ------Enfin, en 1955, les belles rames 
          MRM de la ligne du Ruisseau, qui avaient été repeintes 
          aux nouvelles couleurs blanc et bleu clair, 
          disparurent à leur tour avec les derniers vestiges des prestigieux 
          CFRA.
 ------Ce réseau prit alors le nom 
          de Régie départementale des 
          transports algérois, pour peu de temps puisque le 
          1 er Janvier 1959 tous les transports de cette ville fusionnèrent 
          au sein de la Régie syndicale des 
          transports algérois (la RSTA).
 LES 
          TMS ( 
          voir tickets) 
          
            |  Les 
                T.M.S. sont incorporés au réseau des C.F.R.A.
 Echo 
                1-1-1937
 oct.2019
 |  ------La compagnie des "Tramways et 
          messageries du Sahel" fut certainement l'une des plus curieuses 
          entreprises de tramways du monde. Pendant toute son existence, elle 
          a appartenu à une seule famille, les AUBRY, et comme cette famille 
          n'avait eu que des filles, ce sont les trois demoiselles AUBRY qui régnèrent, 
          de main de maître, sur cette compagnie dans ses dernières 
          années. Le réseau TMS ne comportait qu'une ligne mais 
          son profil et son tracé feraient frémir tous les ingénieurs 
          épris de normes de sécurité. En effet, partant 
          de la Pl du Gouvernement (sans se mêler, bien sûr, aux voies 
          des TA ni des CFRA), elle grimpait par la Rue de La Lyre et les 
          tournants Rovigo jusqu'à la crête d'El Biar, 
          grâce à des rampes dépassant 60% et à de 
          nombreux virages en "épingles à cheveux".
 ------Le dépôt était 
          situé à 
          Chateauneuf, sur le plateau du Sahel et le Terminus de Ben 
          Aknoun n'était qu'à quelques kilomètres plus loin. 
          Les 8 petites motrices jaunes étaient complétées 
          par 4 remorques dont la traction devait être bien difficile sur 
          les pentes impressionnantes des "tournants Rovigo".
 ------Construite en 1901 sous le régime 
          d'une concession départementale aux risques et périls 
          de l'exploitant, elle connut une certaine prospérité jusqu'au 
          jour où les tramways algériens entreprirent de desservir 
          El Biar par autobus suivant un autre itinéraire plus long mais 
          moins escarpé Dès lors, la Compagnie TMS rendit son tablier 
          et la ligne revint au département qui s'empressa de la confier 
          aux CFRA en 1937. Ceux-ci supprimèrent le tramway pour y installer 
          des trolleybus Vectra CS 60 en 1938.
 ------La plupart des motrices et remorques 
          TNS furent envoyées à Oran, où elles assurèrent 
          encore un bon service pendant toute la guerre, mais deux de ces remorques 
          (111 et 112) furent mutées sur les CFRA.
 
 Article paru dans "Chemins de fer régionaux et urbains" 
          n° 210 en 1988 (excellente revue pour les amateurs de trains et 
          d'histoire).
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