|  ---------DEPUIS plusieurs 
        années, l'OFALAC a lancé l'idée du tourisme estival 
        en Algérie. Elle a pu paraître au début paradoxale 
        ; en fait, elle correspondait à uneréalité fort simple : le désir qu'ont les touristes, 
        de toutes catégories, de jouir, pendant leurs vacances, d'un temps 
        favorable et ensoleillé qui leur permette de n'en perdre aucun 
        instant. Or. contrairement à l'opinion trop longtemps accréditée, 
        l'Algérie n'est pas un désert torride ; à côté 
        de régions assez déshéritées, elle possède 
        aussi des montagnes et une côte où la température 
        d'été reste agréable, où le soleil boude rarement, 
        où la nature enfin a conservé sa beauté sauvage, 
        celle d'une terre rude qui dresse des paysages attachants sur des horizons 
        immenses de ciel et de mer.
 
 ---------Ce sont eux sans doute qui ont séduit 
        les adeptes. toujours plus nombreux, du camping. Pour ceux-ci ne se pose 
        pas la question, au demeurant si importante pour le tourisme, de l'équipement 
        hôtelier... il ne s'agit que de sites favorables et d'abris légers. 
        Encore faut-il les organiser !
 
 ---------Devant les résultats obtenus 
        en 1952 par les premiers essais, en Algérie, de villages et camps 
        sous toile, dont la formule connaît actuellement en France et ailleurs 
        une vogue certaine, plusieurs groupements et associations, soutenus par 
        les grandes compagnies de transport, ont, cette année, équipé 
        divers camps qui ont reçu un grand nombre de campeurs.
 
 ---------L'Union française des Auberges 
        de la jeunesse s'était attachée à la réalisation 
        de villages de toile qui furent incontestablement des réussites, 
        tant par leur situation que par leur tenue et l'excellent esprit qui y 
        régna.
 
 ---------C'étaient : dans le département 
        d'Alger, le village de toile de Zéralda, niché dans les 
        dunes, au milieu d'un bois de pins, à proximité d'une jolie 
        plage, et, dans le département de Constantine, celui des Aftis, 
        qui a établi ses tentes sous les chênes-lièges, en 
        bordure d'une des plus belles anses de la corniche Bougie-Djidjelli. Dans 
        ces deux villages, munis de l'électricité et de l'eau, les 
        bâtiments communs (cuisines, installations sanitaires) sont construits 
        en dur. Pour la somme quotidienne d'environ 600 fr. par personne, un gîte 
        agréable y était assuré, ainsi qu'une nourriture 
        saine et copieuse.
 
 ---------Il existait aussi des camps de toile 
        légers, ne comportant aucune construction en dur, mais également 
        susceptibles de recevoir les campeurs avec ou sans matériel personnel 
        .
 
 ---------A 30 kilomètres d'Oran, le 
        camp des " Andalouses ", créé, en 1952, par M. 
        Amoignon ; installé en bordure de plage parmi les arbres d'un bois, 
        ravitaillé en eau potable par un puits avec installation de pompage, 
        éclairé à l'électricité, il avait une 
        capacité normale d'hébergement de 200 personnes et pouvait, 
        à l'occasion, abriter, dans cinq grandes tentes, les campeurs arrivant 
        à l'improviste ;
 
 ---------Le camp des Pins maritimes, 
        à 15 kilomètres d'Alger (SOVITA), celui des Salines, 
        près de Dellys, à 100 kilomètres à l'est d'Alger 
        (Camping club algérien) sensiblement équipés de la 
        même manière ;
 
 ---------Enfin, le Touring Club de France 
        possède à Herbillon, Constantine, Batna, Timgad et Biskra 
        des terrains de camping où les campeurs munis de leur matériel 
        trouvent les moyens nécessaires à leur installation et à 
        leur ravitaillement.
 
 ---------Les compagnies de transports ont 
        pris des mesures propres à favoriser le déplacement des 
        voyageurs, notamment les compagnies aériennes qui accordent une 
        réduction de 40 à 50% durant la période estivale, 
        aux campeurs titulaires d'une licence de camping nationale ou internationale.
 QUELQUES HEURESAU VILLAGE DE TOILE DES AFTIS
  ---------EN venant d'Alger 
        par la route, après avoir traversé les monts si pittoresques 
        de Kabylie, c'est un plaisir toujours nouveau de 
        retrouver la mer à Bougie et de longer ensuite les méandres 
        de la corniche boisée de la Côte de Saphir.
 ---------A l'un des détours de la 
        route apparaît, au pied du roc, une vaste crique de sable fin que 
        borde un bois de chênes-lièges s'avançant presque 
        jusqu'à la mer. Parmi leurs frondaisons sombres, on devine, aux 
        taches de couleur claire qu'elles y mettent, les tentes d'un camp : nous 
        sommes arrivés au village de toile des Aftis.
 
 ---------Tout y est net : les tentes se dissimulent 
        discrètement dans la verdure, se parent de vermillon et rutilent 
        au coucher de soleil qui transforme la mer en lac d'argent et teinte de 
        violet le tronc des arbres.
 
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 |  | --------L'accueil de la directrice 
        du camp et de ses adjoints est direct, sympathique : sympathique 
        aussi la tente que garnissent un rayonnage léger où poser 
        son bagage, des lits de camp qui invitent au repos après la longue 
        route...    ---------Mais, auparavant, 
        un peu de toilette... Les douches sont installées dans un petit 
        pavillon, à cette heure-ci bruissant de l'animation joyeuse du 
        retour de promenade : les chants et les plaisanteries fusent ; la bonne 
        humeur règne ; cet autre pavillon, c'est la cuisine, équipée 
        au buta-gaz : celui-ci, en construction, abritera, l'an prochain, la direction 
        et l'infirmerie qui pourra servir, à l'occasion. de dortoir.
 ---------Ce préau couvert, légèrement 
        surélevé. que précède une plate-bande fleurie 
        donnant sur la plage, c'est la salle à manger. Il y règne 
        une fraîcheur délicieuse. Tout le monde arrive d'ailleurs 
        pour le dîner et tandis que cuillers et fourchettes vont bon train, 
        la nuit descend lentement, noyant de sa douceur les détails du 
        paysage, l'immensité de l'horizon à peine borné par
 une branche d'arbre, la splendeur pourpre d'un cana ou d'un dahlia.
 
 ---------Le dîner terminé, une 
        séance récréative s'organise : chacun fait montre 
        de ses talents particuliers ; des enfants chantent en choeur, d'autres 
        dansent ou jouent la pantomime, un tenorino lance quelques mélodies 
        à la mode ; tout le monde s'amuse. Mais il faut songer à 
        se séparer, car l'on est recru de sommeil après une journée 
        bien employée et la promesse d'une autre non moins agréable.
 
 ---------Le réveil est facile en pleine 
        nature. Des groupes de jeunes se sont mis en route, dès 6 heures, 
        sous la conduite d'un moniteur, pour une excursion aux environs de Cavallo, 
        munis d'un substantiel pique-nique, car rien n'ouvre mieux l'appétit 
        qu'une grande marche de plu-sieurs kilomètres. De ceux qui sont 
        restés au camp, les uns savourent les tartines généreusement 
        couvertes de confiture qui accompagnent leur bol de café ou de 
        lait, pendant que d'autres, hommes, femmes et enfants se sont attelés 
        à la corvée des peluches.
 
 ---------Chacun organise son emploi du temps 
        comme bon lui semble et tandis que tel part en promenade, tel autre s'adonne 
        à la lecture, bien accoté dans un confortable transat. Les 
        enfants, pour la plupart, sont sur la plage en train de faire de la gymnastique 
        aux agrès ou de barboter dans l'eau sous l'oeil vigilant du maître 
        nageur qui guide les débutants dans leurs premiers ébats 
        aquatiques. A partir de 10 heures, la plage se peuple rapidement ; elle 
        est vaste...nulle gêne pour personne ; le soleil bronze les corps 
        et l'air sent bon.... le temps passe ...la cloche du déjeuner tinte...
 
  ---------Autour des tables, 
        grands et petits, familles et isolés, rassemblés au gré 
        des affinités et des sympathies, font honneur au repas, tout en 
        échangeant gaiement le récit de leurs activités matinales.
 ---------Pour la directrice, Mme Soler, ses 
        adjoints, le professeur et mme Droz Bertolet et quelques
 autres qui, comme eux, assurent bénévolement les responsahilites 
        du camp, la matinée a été chargée ; il a fallu 
        aller à Djidjelli chercher le ravitaillement, faire face à 
        tous les petits problèmes qui se posent à chaque instant 
        dans une collectivité... Avant même que le déjeuner 
        soit terminé, de nouveaux arrivants débarquent du car de 
        Bougie. On va les accueillir, les conduire à leur tente, prévenir 
        la cuisine... Le dessert attend, qu'importe ! Ils conservent le sourire, 
        ils sont heureux de la bonne marche du camp, de la belle santé 
        des enfants qui, la première bouchée avalée, gambadent 
        sur l'esplanade, taquinent un jeune singe capturé la veille, enta-ment 
        une partie de ping-pong acharnée avant que les parents ne les amènent 
        faire un brin de sieste.
 
 ---------Il fait bon goûter le charme 
        de la nature dans cette ambiance cordiale, familière sans promiscuité, 
        disciplinée sans contrainte et l'on comprend que beaucoup qui l'ont 
        appréciée reviennent volontiers s'y retremper chaque année 
        pendant quelques jours de détente.
 
 ---------PARCE qu'ils constituent une formule 
        à la fois économique et saine, les camps de toile sont prisés 
        de tous ceux qui recherchent, dans les vacances, l'occasion de mener pendant 
        quelques jours la vie en plein air. Le succès qu'ils ont remporté 
        cette année est un encouragement précieux pour le tourisme 
        estival algérien dont le développement justifie les espoirs 
        que l'on avait fondés sur lui et qui ne feront très certainement 
        que s'affirmer.
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