| ------À 
      1083 mètres d'altitude, aux confins du Tell et des hauts plateaux, 
      sur le versant sud du Djebet Guezoul, Tiaret a toujours occupé une 
      position stratégique pour les hommes, toutes civilisations confondues. ------Tiaret a largement participé à 
      l'histoire du monde. Du phéhominien (4 à 500.000 ans avant 
      J.C.) à l'homo sapiens en passant par le néenderthalien, tous 
      ont laissé à Tiaret des vestiges.
 ------Le pays a toujours joui d'un climat chaud 
      et humide créant des conditions idéales d'autant que ce site 
      remarquable, qualifié par les auteurs, tour à tour, de "balcon 
      du Sud" ou de "Porte du Sahara" est situé au croisement 
      de deux grandes voies naturelles de circulation.
 
 Tingartia
 ------Un tel site n'allait pas échapper 
      aux légions romaines. Le fort bien connu des Tiaretiens occupait 
      l'emplacement d'un établissement romain qui avait nom Tingartia.
 ------D'après plusieurs auteurs l'ancienne 
      Tingartia fut le siège d'un important évêché 
      au IV, siècle, et la région jouissait à l'époque 
      d'une réelle prospérité.
 ------Les romains tenaient les principaux points 
      stratégiques pour organiser la pacification du territoire. La France 
      reprendra ce schéma et établira fidèlement la plupart 
      de ses garnisons sur l'emplacement des villes et des camps romains.
 Tahert ou Tihert------En 681, lors de l'invasion arabe, Tingartia 
        occupée alors par des grecs soldats de Byzance, subit le sort de 
        presque toutes les villes de l'Afrique du nord : Okba ben Nafi la saccagea 
        et la ruina. Les tribus berbères beni Iffren et Maghraoua vassales 
        des byzantins quittèrent la région. D'autres berbères 
        alliés, eux, aux conquérants arabes élevèrent 
        sur les ruines Tahert ou Tihert la vieille. Mais cette ville ne retrouvera 
        plus son lustre précédent car bientôt Tahert la neuve, 
        construite à Tagdempt parle célèbre persan Abderrahmane 
        Ibn Rostem,allait l'éclipser. Ibn Rostem suivi de ses fidèles 
        marchait vers l'ouest, cherchant une contrée où il pourrait 
        s'établir. Quelques temps gouverneur de Kairouan affranchie du 
        joug des Kalifes, il tut contrait de fuir cette ville après la 
        destruction de l'Imanat par une armée abasside. Ibn Rostem était 
        un Kharedjite c'est à dire un de ces croyants qui proclamaient 
        l'égalité entre tous les musulmans arabes ou non, et ne 
        reconnaissaient comme chef qu'un homme élu en fonction de ses qualités 
        religieuses supérieures.
 ------Les fugitifs s'arrêtèrent 
        près de l'actuel Tiares, à Tahert où les habitants 
        séduits par leur doctrine les accueillirent favorablement. Ils 
        s'installèrent sur le terrain concédé : une épaisse 
        forêt peuplée de lions, de bêtes sauvages et de petits 
        reptiles.
 ------De 761 à 909 la dynastie des 
        rostémides allait créer un véritable état 
        Ibadite d'Afrique du Nord dont l'influence s'étendra de Tlemcen 
        à Tripoli. Nous reviendrons plus tard sur cet état Rostémide 
        qui connut un rayonnement important. La théologie, la controverse 
        religieuse, la grammaire, l'astronomie parmi d'autres disciplines s'épanouirent 
        sous l'influence Rostémide.
 ------ Sous le règne des descendants 
        d'Ibn Rostem qui avait reçu le titre de Kalife, Tahert la neuve 
        connut la paix, la prospérité et l'abondance. La ville possédait 
        d'importants bazars très fréquentés. C'était 
        le rendez - vous des caravanes sahariennes et des commerçants génois 
        et vénitiens qui s'y rencontraient en été pour de 
        fructueux échanges.
 ------Cette situation florissante lui suscita 
        des envieux. D'autre part, la puissance des Rostémides inquiéta 
        le roi de Fez Idris, celui - ci attaqua le royaume de Tahert mais il échoua 
        et reprit le chemin de sa capitale. En 909 l' armée fatimide commandée 
        par Arouba, attaqua Tahert alors affaiblie par plusieurs guerres malheureuses 
        contre des tribus voisines. Le dernier descendant rostémide régnant
 Yakhtan fut défait et mis à mort. La ville fut saccagée 
        et détruite, les Ibatites rescapés du massacre et poursuivis 
        sans relache s'enfuirent vers le désert où après 
        un séjour à Sédrata au Sud de Ouargla ils s'installèrent 
        dans l'oued M'Zab. Leurs descendants les mozabites y vivent toujours. 
        Signalons qu'une communauté chrétienne subsista à 
        Tatien dans le royaume rostémide jusqu'à sa destruction.
 ------Pendant une longue période de 
        confusion et de désordre, la région, convoitée pour 
        sa richesse, connut bien des vicissitudes. L'histoire ne mentionne aucun 
        fait saillant concernant la ville de Tahert jusqu'à l'arrivée 
        des Turcs.
 ------Sous la domination turque Tahert fût 
        rattachée à l'Odjak et devint le siège d'un caïdat 
        dépendant d'Oran. Il semble que l'emprise turque sur la région 
        eut vraiment peu d'effets et que les chefs religieux et quelques grandes 
        familles détenaient le pouvoir. Au cours de l'occupation Turque 
        Tahert périclita. Ce n'était plus qu'une misérable 
        bourgade, une partie de sa population émigra, l'autre se joignit 
        aux nomades pour échapper aux vexations et à l'exploitation 
        fiscale des janissaires et agents turcs. Ainsi pendant 318 ans, Tahert 
        n'offre rien d'intéressant. Après la ruine du corps des 
        janissaires de l'empire Ottoman, ce fut la conquête de l'Algérie 
        par la France.
 ------Vers 1836 l'émir Abd El Kader 
        avait fait de Tagdempt (Tahert la neuve) une citadelle sur les ruines 
        de l'ancienne capitale Rostemide. Dans cette place forte occupée 
        par une nombreuse garnison, il avait fait édifier plusieurs constructions 
        : fabriques d'armes et de munitions, magasins de matériel, réserves 
        de vivres. Il entreposait aussi une partie de son trésor et frappait 
        monnaie. Tagdempt débordait d'activité et comptait environ 
        500 foyers. L'émir croyait son arsenal à l'abri dans la 
        citadelle. Le gouverneur général Bugeaud résolut 
        de détruire Tagdempt. Il arriva le 24 mai 1841 devant la citadelle 
        qu'il prit après un violent combat. Ces troupes rasèrent 
        toutes les constructions ainsi que le village.
 Le lendemain 25 mai, les troupes, commandées par le général 
        de Lamoricière, se présentèrent devant Tiaret (Tahert 
        la vieille), la bourgade évacuée la veille, était 
        déserte. Sans combattre, les troupes s'y installèrent et, 
        le jour même, le génie après avoir relevé le 
        plan des ruines romaines commença le creusement des fondations 
        des remparts et des bâtiments militaires.
 ------ La ville d'abord 
        placée sous l'autorité militaire devint le siège 
        d'un commissariat civil puis fut érigé en commune de plein 
        exercice (décret du 27 janvier 1869).
 Au point de vue administratif, Tiaret faisait partie de l'arrondissement 
        d'Oran, pour les affaires militaires mais dépendait de la subdivision 
        de Mascara en cette fin de siècle.
 Tiaret de 1880 à 1925------La ville moderne, (la redoute) fût 
        fondée en 1843 par le général Lamoricière. 
        Lamoricière insistait sur la situation stratégique de Tiaret 
        à la limite méridionale du Tell, mais Bugeaud préférait 
        la position qui allait devenir Orléansville. Finalement le site 
        fut retenu non comme un grand centre militaire, mais comme un poste magasin 
        destiné au ravitaillement des colonnes qui occuperaient et transiteraient 
        sur les Hauts Plateaux.
 ------Ce n'est qu'à partir de 1880 
        que la ville commence à prendre de l'extension. Son marché 
        redevient important, il est fréquenté par tous les nomades 
        du Sud oranais. Tiaret comprend la ville haute vers ses remparts flanqués 
        de bastions, ses bâtiments militaires : casernes, hôpital, 
        matériel, entrepôts, pavillons des officiers, cercles, ses 
        bâtiments civils : magasins, bains maures, maisons fondouks, cafés.
 
 ------La ville basse s'étend dès 
        1870 et descend vers la plaine. Moderne et animée, elle s'étire 
        vers le Djebel Nador. De belles maisons et de riches magasins s'édifient 
        quelques années plus tard. Ses constructions noyées dans 
        la verdure suivent la vallée et s'étagent en amphithéâtres 
        sur les pentes des 2 collines, puis elles vont jusqu'à la plaine 
        où elles s'éparpillent sur une large surface. A mi - chemin 
        se trouve la place Carnot avec ses beaux platanes, l'Hôtel d'orient, 
        la mosquée avec son minaret et ses escaliers. A l'est on remarque 
        la mairie de style renaissance, le tribunal de première instance 
        avec murs crénelés surmontés de jolies tourelles, 
        l'église de style roman, à laquelle il ne manque que le 
        clocher. Au Sud - est le superbe château Rousseau dresse son élégante 
        silhouette. Vers la gare le regard s'arrête sur l'école de 
        garçons, robuste construction avec ses ouvertures et ses coupoles 
        orientales.
 ------Au sud de Tiaret s'étend, l'immense 
        plateau du Sersou, où l'on peut admirer de belles propriétés. 
        Vu du monticule sur lequel se trouve bâti le marabout de "Sidi 
        Khaled" patron de la ville, cette vaste plaine offre, surtout au 
        printemps, un tableau splendide. Au fond de ce merveilleux panorama se 
        dresse géométrique une chaîne de montagnes violacées 
        le Djebel Nador.
 A l'est sur la route de Trumelet, au milieu de riches prairies se développe 
        un important établissement hippique appartenant à l'état, 
        Chaouchaoua où l'on peut admirer de superbes pur sang arabes et 
        des géniteurs de race barbe.
 ------A l'ouest entre Tiaret et Palat en 
        gerbes éblouissantes où vient se réfracter la lumière, 
        la cascade de Harour tombe avec fracas dans l'oued Mina. Non loin de là 
        on remarque l'usine électrique qui alimente la ville en énergie.
 ------Tiaret jouit d'un climat rude mais 
        très salubre, la température en été ne dépasse 
        pas 38°C, sauf exception. En hiver elle oscille entre 4° et -4°. 
        Vers 1925 Tiaret compte environ 16.000 habitants et tend à devenir 
        la capitale des Hauts plateaux. A cette époque Tiaret se développe 
        sereinement et l'on peut alors résumer sa situation par ces mots 
        : paix, sécurité, travail, prospérité.
 En 1957, Tiaret deviendra la préfecture du département du 
        même nom.
 ------Cette belle ville de 25.000 habitants 
        en 1962 compte aujourd'hui 200.000 habitants.
 
 o Avec l'aide de M. Cadenat et Mme 
        et Mr Constantini.  Une association très active vous attend !ANCIENS DE TIARET - MARCEL CONSTANTINI- LE BERNARD 2 - 38, RUE DE CANNES- 
        06110 LE CANNET
 SUR UNE ÉGLISE DETRUITE ------Comme tant d'autres en Algérie
 Tiaret n'était qu'une cité
 sans grande originalité,
 mais, sur fond de djebel en broderie,
 son clocher pointait droit vers le ciel,
 et dans le faste bleu de l'été,
 pour mieux étendre sa bénédiction,
 dans une même communion
 son ombre qu'entraînait le soleil
 au rythme des heures, diligente abeille,
 bénissait le quartier tout entier
 en baisant de la croix
 la terre maugrabine priant à sa voix.
 Séminaire de prêtres en surplis,
 nichaient des couples de cigognes,
 robes blanches, noirs boléros,
 et pour mieux célébrer la messe
 offerte à Dieu, avec largesse
 s'agrandissaient de cigogneaux,
 et la volée de cloches argentines
 dont l'écho courant les collines
 ne troublait point le doux tableau,
 mais redoublait l'ardeur du bronze
 en heurtant les falaises
 plus blanches dans la fournaise.
 Dans l'août ensoleillé,
 il n'est pas jusqu'au néflier
 adossé aux pieds des solides murs
 qui, au temps des fruits mûrs,
 ajoutait à la pastorale,
 avec les rires de la chorale
 de catéchumènes polissons,
 sur les branches à califourchon,
 disputant les fruits âcres, braillards
 autant que moineaux pillards.
 C'était une superbe église de pierre,
 faite de mains d'hommes pieux et fiers,
 que dorait la lumière d'Afrique,
 à la transformer en oasis idyllique
 quand un midi chaud
 faisait flamber sur les dalles,
 la couleur somptueuse des vitraux
 auréolant le tabernacle.
 Vous qui croyez avoir jeté à bas
 quelque néfaste obstacle
 et chassé, avec les Ave Maria
 tant de souvenirs pieux,
 et les âmes qui hantèrent ces lieux,
 sachez qu'elles reviendront
 à travers les temps,
 et dans la ronde frondeuse
 d'une opprobre silencieuse,
 nos morts, nos chers morts
 des profanateurs seront l'éternel remords.
 Maurice Ursch
 Extrait de la situation 
        de la Place de Tiaret au 1er Novembre 1847Tiaret attire toujours quelques espagnols qui viennent, pour la confection 
        du plâtre et la tuilerie, en action pour les travaux du genre. Ce 
        n'est du reste qu'une population flottante et variable à laquelle 
        se joint plusieurs européens qui séjournent ici pour l'achat 
        de sangsues, afin d'accomplir leurs engagements, avec divers hôpitaux 
        de la Provence, même de Marseille ou Toulon. Ainsi les sangsues 
        de Tiaret avaient forte réputation en Métropole !
 de Madame Cailhol (dans l'Echo de l'Oranie)
 
 
 
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